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Les violences faites aux femmes dans la ville de Kaolack au Sénégal

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par Djelia LY
Université Cheikh Anta Diop de Dakar - Maitrise 2011
  

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INTRODUCTION

Avec les bouleversements de la révolution du XIX eme siècle, de nouvelles idéologies sont nées déclenchant ainsi une lutte perpétuelle pour la reconnaissance et le respect des droits humains. La Déclaration Universelle des Droits de l'Homme et des Peuples de 1879 sonne l'alarme et octroie plus de liberté à la personne. Dans toutes les sociétés ce processus a permis de défendre des causes politiques, sociales, économiques, raciales et culturelles.Le statut de la femme préoccupe dès lors les mouvements féminins et les institutions tant nationales qu'internationales qui mettent en place des stratégies pour améliorer sa condition. Cette situation pousse les Etats à adopter de nouvelles politiques de développement tenant compte de la cible féminine jusque-là délaissée.En 1945, l'égalité des femmes et des hommes est admise en tant que principe fondamental de la personne à travers l'adoption générale de la charte des Nations Unies.De la conférence de Mexico en 1975 sur « le statut des femmes »,coïncidant avec la décennie des femmes, une série de conférences mondiales est organisée par l'ONU : celle de Copenhague en 1980 sur « égalité développement et paix », celle de Nairobie en 1985 chargée d'évaluer les résultats de la décennie des Nations Unies pour la femme, celle de Rio en 1992 sur « l'environnement et le développement », celle de Vienne 1993 sur « les droits de l'homme », celle de Caire en 1994 sur « la population et le développement » et par la suite celles de Beijing, AddisAbéba, Dakar, New York viendront approfondir les analyses et pousser la réflexion, toujours avec des éclairages plus pointus, des propositions mieux articulées et des engagements de plus en plus éclairés et argumentés des Etats et gouvernements. La rencontre Beijing + 10 notera des avancées appréciables, mais surtout relèvera des manques notoires qui font que les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) planifiés pour l'horizon 2015, ont peu de chances d'être atteints surtout en Afrique.

Après ces années de réformes et de grandes conférences, la communauté internationale s'est dotée de tout un appareil de conventions internationales et des plans d'actions en faveurs de l'égalité entre hommes et femmes.Au Sénégal avec la ratification et l'adhésion du pays à la CEDAW1(*), la CDE, les Conventions et Traités de l'OIT, la Charte Africaine des Droits de l'Homme et des Peuples d'Arusha et son Protocole Additifs Relatif aux Droits des Femmes, la Déclaration des Chefs d'Etats et de Gouvernements Africains sur la Parité à tous les postes Electifs et Nominatif, la Structuration de la Commission Africaine, les Textes de la CEDEAO et le fait que Dakar abrite le Centre de la CEDEAO pour le Développement du Genre (CCDG), l'adoption de la SNEEG , font que les questions relevant de la marginalisation et de l'exclusion ne doivent plus être posées en termes de manques mais plutôt en termes de droits à réaliser pour l'Equité, l'Egalité de Chances et l'Egalité de Traitement entre les sexes.
D'ailleurs la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes (CEDAW/CEDEF) adoptée en 1979 est ratifiée par le Sénégal le 5 février 1985 et son Protocole Additionnel ratifié en 2000 dont l'article 15.2  relatif à l'égalité des femmes et des hommes. L'égalité et l'équité genre a été inscrite dans la constitution2(*)du Sénégal en 2001. Pour permettre aux autorités de réaffirmer ces engagements à construire un Sénégal sans discriminationentre les sexes, la Stratégie nationale pour l'Egalité et l'Equité de Genre (SNEEG) a été élaborée pour la période 2005-2015.Dans le cadre de la mise en oeuvre du plan décennal de développement familial et social, des réformes sont mises en place par le gouvernement du Sénégal pour appuyer la promotion de la femme à travers la création d'une Direction Nationale de l'Equité et de l'Egalité de Genre, d'un Observatoire des Droits de la Femme et de l'Enfant et d'outils de suivi comme l'IDISA et d'autres indicateurs.

Le Sénégal comme beaucoup de pays Africains a ratifié des traités, signé des conventions, élaboré des chartes et même procédé à des réformes constitutionnelles visant à améliorer le statut de la femme.3(*)Cette période a aussi été marquée par l'émergence d'une masse critique de femmes sur les questions relatives à la condition féminine.Ainsi sont nées plusieurs organisations de femmes oeuvrant pour la promotion féminine. Les tendances du mouvement féministe remontent avant les indépendances, mais c'est avec le mouvement « yéwwu-yéwwi4(*) » vers les années 80 que le débat a été véritablement ouvert mais, traité de radicale, ce mouvement ne dura pas.Cependant, cette lutte continue permet quelques avancées. Le 03 Mai 2010, la loi sur la parité est votéepar l'assemblée nationale du Sénégal, même si son application n'est pas encore effective. Des améliorations sont perçues au Sénégal : des femmes ont été promues à des postes de responsabilité, beaucoup de projets et programmes publiques et privés tiennent particulièrement compte de leurs préoccupations et la tendance à trouver des solutions à leurs problèmes continue de susciter aujourd'hui des réflexions poussées et la création de mouvements autour de ce sujet. Cependant comme l'attestent les rapports5(*) sur la situation de la femme sénégalaise, ces acquis semblent dissimuler une réalité autre, marquée par leur sous représentativité dans la plupart des instances de prise de décision, leur difficile accès aux ressources, leurs problèmes de santé, de scolarisation et une persistance de la violence qu'elles subissent au quotidien.

Pour pallier à cela, depuis la décennie des femmes instituée en Décembre 1972 par l'Assemblée Générale des Nations Unies dans sa résolution 3010 et proclamée en 1975, la période 1976-1985 ainsi que le 08 Mars retenue comme Journée Internationale de la Femme, la lutte contre la pauvreté a pris essentiellement en considération les problèmes de la femme à travers différentes approches dont l'IFD (intégration des femmes dans le développement), la FED (femmes et le développement) et le GED (genre et développement). Le concept Genre est donc apparu dans ce contexte, vers les années 1990 après des recherches menées en vue de pallier aux inégalités observées entre les Hommes pour accéder au développement. La rupture opérée par l'approche genre montre que le déséquilibre noté entre les hommes et les femmes ne résidait pas chez l'un d'eux mais dans leurs relations. Il faudrait alors pour améliorer la condition de la femme redresser ces rapports inégaux entre elles et les hommes. Le genre tente donc une analyse de la société dans sa totalité en analysant la capacité de chacun.Etant donné qu'en Afrique le patriarcat prédomine au sein des communautés et influence les valeurs et les croyances, il sied de s'interroger sur les déterminantes psychosociologiques qui structurent les rapports entre les hommes et les femmes. La construction sociale des rapports entre les hommes et les femmes dans la société a été l'objet de nombreuses interrogations à travers le concept de genre.Des chercheurs s'intéressent de plus en plus à ce concept sociologique qui jette un regard analytique sur les rapports entre les diverses catégories sociales, notamment entre les hommes et les femmes. A ce titre,Fatou SARR SOW6(*), conçoit que «  Introduire l'analyse genre dans les sciences sociales, c'est s'interroger à la fois sur les statuts et les rôles des femmes et des hommes dans la stratification sociale, sur l'impact des rapports sociaux de sexe ou de genre sur les situations qui concernent l'individu ou le groupe ; c'est s'interroger sur les manières dont les statuts et les rôles par l'appartenance à un sexe donné ».Ainsi, le genre en s'intéressant aux relations homme/femme et aux inégalités observées dans ces relations souvent caractérisées par des rapports de pouvoir, de subordination d'une catégorie sur l'autre, s'inquiète nécessairement des violences faites aux femmes. 

Dans la région de Kaolack située au centre du Sénégal, ces violences y sont depuis un certain temps de plus en plus nombreuses.Nous ne disposons pas de statistiques fiables qui informent sur le nombre de femmes victimes de violences dans cette zone, mais devant la fréquence des cas de violences faites aux femmes, le Groupe de Recherche sur les Femmes et les Lois GREFELS avait mené une première recherche sur le thème à Dakar et Kaolack. En2000, l'unité Promotion des Droits des Femmes (PDPF) du Centre Canadien de Coopération Internationale (CECI) a mené une deuxième étude sur les violences conjugales dans ces deux régions. Ces études et les actions menées par les ONG montrent une effectivité et une recrudescence de ces violences dans la région de Kaolack. Mais c'est surtout à travers la presse que de nombreux cas de violences ont été dénoncés dans cette zone. La couverture de la presse écrite sur les violences à l'égard des femmes a connu une amélioration depuis quelque temps. C'est surtout vers la fin de l'année 1994 avec l'affaire DOKI NIASS dans la région de Kaolack que la presse a commencé à vraiment s'intéresser à ce phénomène. Notons aussi que les jugements en 1996 du cas DOKI NIASS, de l'assassinat de ASTOU MBENGUE, des cas de viols collectifs à Dalifort, Saint- Louis et Ngor et d'autres formes de violences ont été à l'origine de beaucoup d'articles sur ce thème. De par son ampleur et sa persistance dans la société, ce phénomène soulève des interrogations qui nécessitent des analyses pluridisciplinaires. L'analyse crédible du phénomène nécessite que soient convoqués les aspects sociaux, juridiques, psychologiques, anthropologiques, démographiques et même cliniques des violences faites aux femmes.

Nous nous sommes donc investis à rechercher les éléments sociaux explicatifs du phénomène sans occulter l'importance des autres aspects.Notre cadre d'étude, le Point d'écoute de l'ONG APROFES (Association pour la Promotion de la Femme Sénégalaise) de Kaolack, reçoit chaque jour des cas de violences de toutes sortes. Nous mènerons notre étude sur les cas traités par cette ONG.

Nous avons tenté d'analyser les causes de ces violences en rapport avec le genre donc la construction des rapports sociaux de sexe.

Nous présentons dans la première partie le cadre théorique et méthodologique de cette recherche.

La seconde partie est le cadre d'analyse, nous montrons le cadre d'étude et l'analyse des données recueillies à travers nos recherches.

* 1 La CEDAW estConvention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes en anglais

* 2 La constitution du Sénégal de 2001garantie l'équité et l'égalité de genre à l'article 7 de son préambule

* 3 Il s'agit d'un dispositif législatif et juridique mis en place par le Sénégal par la ratification en 1985 de la convention sur l'élimination de toutes les formes de discriminations à l'égard des femmes ; en 2000 du protocole additionnel à la CEDAW/CEDEF ; en 2004 du protocole à la charte africaine des droits de l'homme et des peuples relatif aux droits de la femme

* 4 Mouvement féministe dont le nom tiré de la langue wolof signifie e français « se réveiller et l'action de dénouer, de libérer »

* 5 Il s'agit du rapport du rapporteur de Nations Unies

* 6Fatou,SARR SOW, 2004, L'analyse genre des sciences sociales en Afrique de l'Ouest, Sexe, genre et Société, CODESRIA, Dakar, P 48

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