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Les violences faites aux femmes dans la ville de Kaolack au Sénégal

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par Djelia LY
Université Cheikh Anta Diop de Dakar - Maitrise 2011
  

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IV.2.2.2.LES DETERMINANTS DE LA VULNERABILITE SELON LES FEMMES VIOLENTEES DU POINT D'ECOUTE DE L'APROFES KAOLACK

Tableau 13 : Identification des auteurs de violence

Ce tableau présente les différents auteurs de violence perpétrée sur les victimes enquêtées.

Auteurs de violences

Nombre

Fréquence

Membre de la belle famille

3

7

Parent ou proche de la victime

2

5

Mari

30

75

Petit ami

1

2

Coépouse

5

11

Total

40

100

Source enquêtes 2010

Les auteurs de violences subies par les enquêtées comme le montre le graphique sont d'abord les époux des victimes (30). Ceci confirme le fait que les cas de violences reçus au Point d'écoute sont en majorité des violences conjugales. Les cas qui ne le sont pas sont d'ailleurs très rares et il s'agit en général de viol ou de mariages forcés.

En analysant le graphique toujours, nous observons d'autres auteurs de violences toujours dans le cadre du mariage, nous avons la belle famille (3) et les coépouses (5) qui viennent juste après l'époux.Ceci révèle des aspects jusque là inconnus dans étude, avec la prédominance des violences conjugales au Point d'écoute, les seuls auteurs de violences pris en compte étaient les époux des victimes. En effet, les coépouses et les membres de la belle famille entretiennent aussi des relations conflictuelles avec la victime. La raison est que la famille surtout lorsqu'elle est élargie comme la plupart des familles africaines, est souvent le lieu où se développe des rapports de forces entre les différents membres. En analysant le concept de ménage, Fatou SARR SOW dans cette optique conçoit que « les rapports au coeur de la famille sont de pouvoir : le pouvoir du patriarche, le pouvoir de la femme, le pouvoir de l'ainé ou les rapports du couple sont bâtis sur l'autorité, le conflit, la négociation, le dialogue, bref sur des rapports de force »56(*).

D'autres auteurs identifiés sont des parents ou proches (2) de l'entourage de la victime et les petits amis (1).Ce qui renforce l'idée des rapports conflictuels au sein de la famille. Cependant le seul cas de violence émis par le petit ami de l'enquêtée n'est pas à négliger. Les rapports inégalitaires notés au sein du couple et de la grande famille, peuvent aussi susciter la cause dans d'autres types de relations.Parmi les auteurs cités par les femmes victimes de violences il n'y a pas d'inconnu. Elles reconnaissent tous connaître l'auteur et entretenir des relations avant et pendant l'acte de violence. Ce qui montre que les auteurs ne commettent pas l'acte de violence d'une manière fortuite, il y'a toujours des relations entretenues avec la victime qui précédent et c'est durant cette période que la femme fait surtout montre d'une vulnérabilité.

C'est pour cette raison que nous nous sommes intéressés à ces rapports surtout avant l'acte de la violence entre l'auteur et la victime de violence.

Tableau 14: Les inégalités notées dans les rapports entre les victimes et les auteurs de violence

Ce tableau présente la nature des rapports inégalitaires notés entre les victimes et les différents auteurs de violences.

Rapports

Nature des inégalités

VICTIME / EPOUX

-Dépendance économique

-Soumission

-Dévotion

VICTIME / BELLE FAMILLE

-Soumission

-Dévotion

-Cohabitation difficile

-Jaloux

VICTIME / COEPOUSE

-Rivalité

-Conflits

-Cohabitation difficile

VICTIME / PETIT AMI

-Dépendance économique

-Conflits

-Jalousie

VICTIME / PARENT PROCHE OU ENTOURAGE

-Pas de rapport particulier

Source enquêtes 2010

Les relations que les enquêtées ont avec les auteurs de violences montrent sur plusieurs aspects des rapports inégalitaires.Les femmes victimes de la violence de la part de leur époux affirment leur être dévouées, dépendre d'eux sur le plan financier et leur être soumises. Ceci nous parait très déterminant d'autant plus que cette recherche s'intéresse aux rapports sociaux de sexe donc au genre. Ces rapports auteur/victime qui ont précédé l'acte de violence, sont caractérisés par des inégalités57(*).

Avec la belle famille aussi nous notons que la victime entretient des rapports souvent conflictuels. Comme pour l'époux, les membres de la belle famille doivent bénéficier des largesses de leur belle fille. Toujours pour les victimes mariées un autre type d'auteurs de violences est noté, les coépouses. Les rapports entre coépouses sont caractérisés par une cohabitation difficile, la jalousie et la rivalité. Or ces facteurs sont forcément conflictuels et prompts à la violence.D'autres auteurs se distinguent cette fois de ceux cités précédemment il s'agit des petits amis.Les rapports notés pour ces derniers pouvant conduire à la violence sont la jalousie et la dépendance. Une femme que nous avons enquêtée victime d'une violence physique de la part de son petit ami, nous a affirmé qu'elle était entretenue par ce dernier qui très jaloux ne supportait pas le voir avec un autre homme.

Les derniers types d'auteur identifiés sont les proches de la famille ou font partie de l'entourage de la victime. Interrogées ces victimes soutiennent n'entretenir aucun rapport particulier avec ces personnes.

Graphique 4 :Lesraisons évoquées par les femmes victimes de violences

Ce graphique illustre les causes de la violence énumérées par les victimes.

Source enquêtes 2010

L'opinion de celles qui ont subi l'acte de violence est très importante. La polygamie est en tête des raisons évoquées (12), cette réponse inclus non seulement la possibilité des violences entre coépouses, mais aussi et surtout l'attitude du mari qui est souvent impartial dans sa manière de gérer ses épouses. Ceci cause des violences surtout morales et économiques comme l'ont cité les victimes. L'influence de la belle famille (8) est aussi pour certaines femmes l'explication à leur violence. Ces dernières soutiennent que les membres de la belle famille souvent la mère et les soeurs de l'époux qui comme nous l'avons entretiennent souvent des rapports conflictuels avec la femme, mettent la pression sur l'époux afin de créer des désaccords entre lui et son époux. Ils réussissent souvent selon les victimes enquêtées, qui soutiennent ne devoir leur malheur qu'à la belle famille. Nous voyons là que les femmes ont une responsabilité sur ces violences car elles sont non seulement auteurs de violence mais aussi d'une manière plutôt indirecte incite à la violence. D'autres affirment que l'auteur a agi par méchanceté tout simplement (4).Le manque de moyens (7) est aussi cité comme raison, ainsi que l'usage de la drogue et de l'alcool (6)comme l'atteste cette victime N. N. « J'ai un problème avec mon mari ; quand on se mariait j'avais 13 ans, on a huit enfants aussi je ne savais qu'il était fumeur de chanvre indien et buveur d'alcool58(*).Cela étant, quand il se réveillait parfois il assurrait la dépense, il arrivait aussi des fois où il ne donnait rien.On se battait chaque jour et nos parents n'avaient fait toutes sortes de reproches et me taxaient de tout. »alorsque certaines conçoivent que leur époux a agi par jalousie (3), ainsi Maryse JASPARD le confirme en ces termes «  la jalousie masculine est une constante des situations « très graves » de violence conjugale ».

Nous nous sommes après cela interrogé sur l'opinion des victimes sur leur vulnérabilité et sa provenance.

Tableau 15 :Les déterminants de la vulnérabilité selon les femmes victimes de violences

Ce tableau illustre les raisons évoquées parles victimes comme étant la source de leur vulnérabilité.

Facteurs de vulnérabilité

Nombre

Fréquence

Position de dominée

13

33

Méconnaissance des droits

5

14

Manque de revenu

8

19

Ne sais pas

4

11

Analphabétisme

6

14

Faiblesse physique

4

9

Total

40

100

Source enquêtes 2010

Les enquêtées se sont aussi prononcées sur la notion de vulnérabilité. Elles ont déterminé ce qui les mettait dans une telle position pouvant causer la violence. Elles ont d'abord reconnue l'existence de cette vulnérabilité multiforme sur les femmes en générale.

La position de dominé (33%) revient encore une fois surtout pour celles qui sont dans les liens conjugaux et qui constituent (70%) des femmes enquêtées. L'autorité de leurs époux, le devoir qu'elles ont se soumettre pour réussir leur ménage les place souvent dans cette position de vulnérabilité. Nous avons même pu retenir quelque terme en wolof qui illustre bien cela. « Jigeendafaymougn 59(*)» « Jeukeur do moromnawléla60(*) ». Ce qui montre que pour être considérée comme une épouse modèle notamment avoir des enfants qui pourront réussir l'épouse doit accepter et se soumettre à certaines normes.

Le manque de revenu ou de moyens financier (19%) les place aussi dans une position de vulnérabilité. Comme le signale la présidente de l'APROFES B.S. « Les femmes sont pauvres parmi les plus pauvres ». Ceci les place dans une position de dépendance et de vulnérabilité. Certaines ont aussi cité la méconnaissance de leurs droits (17%) et l'analphabétisme (14%) comme cause de leur vulnérabilité. Mais elles ne manquent pas préciser que c'était avant de découvrir le point d'écouté qu'elles ignoraient la plupart de leur droits.

La faiblesse physique (9%) est aussi évoquée comme cause de vulnérabilité.

Comme pour les autres questions nous avons encore des victimes qui ne se sont pas prononcées sur la question (11%). Elles se limitent souvent à décrire comment la violence a été exercée sur leur personne et affirment ignorer les causes.

En élaborant cette recherche, la plupart des documents consultés faisaient état de l'impunité et de la non dénonciation des violences faites aux femmes. L'impunité est très liée à l'aspect juridique et son analyse nécessiterait une étude très approfondie. Mais nous avons essayé de comprendre avec ces victimes de violence enquêtées pourquoi les femmes qui se trouvaient dans cette même situation optaient pour la non dénonciation.

Tableau 16:Les déterminants de la non dénonciation selon les femmes victimes de violences

Ce tableau illustre les différentes raisons de non dénonciation énumérées par les victimes

Déterminants de la non dénonciation

Nombre

Fréquence

Enfants

15

12

Craintes des commérages

27

23

Manque de moyens

19

17

Menace de l'auteur

9

8

Méconnaissance des droits

12

10

Peur du divorce

35

30

Total

117

100

Source enquêtes 2010

Comme nous l'avons observé dans les analyses précédentes, les explications sont très souvent liées au statut matrimonial des victimes. Ici la principale raison selon les victimes qui fait que les femmes violentées ne dénoncent pas l'acte est la peur de briser leur ménage, de divorcer (35fois) et de la situation des enfants nés du mariage (15fois). Elles préfèrent ainsi rester et préserver leur statut de femme mariée. Il y'a aussi que certaines femmes nous ont avoué que le divorce était très mal vu dans certaines familles à la limite bannie, l'exemple de cette victime de violence G.D.28 ans « Aucune des femmes de notre famille n'a osé divorcer j'ai été la première et il m'a fallu beaucoup de courage pour le faire ».Beaucoup de familles préfèrent garder le secret d'un cas de violence survenu dans la maison ou bien d'essayer de le régler à l'amiable plutôt que de l'étaler dans la place publique en allant à la police ou dans les structures comme le point d'écoute. Par crainte des commérages (27 fois) ou d'être mal vues surtout pour les cas de viol des cas de violence restent non dénoncés selon les victimes.Par manque de moyens (19 fois) les femmes peuvent ne pas dénoncer les violences subies. Ceci se trouve à deux niveaux. D'abord en allant ester en justice les frais éventuels à prévoir et ensuite pour les femmes mariées en cas de divorce elles craignent de se retrouver seules et souvent avec des enfants en charge.Il y'a aussi la méconnaissance des droits (12 fois) et des lieux qui peuvent renseigner sur cela ou accueillir les femmes victimes de violences. Dans l'ignorance certaines femmes sont tenues de ne rien dire.Même si cette raison reste la moins citée, la menace de l'auteur de la violence (9 fois) réussit à faire garder le silence à la victime.

Toutes ces raisons évoquées sont toujours accompagnées par certaines croyances et valeurs qui jouent considérablement pour que la victime ne dénonce pas et se résigne après la violence. A l'unanimité, toutes les femmes enquêtées affirment avoir reçu des conseils de leurs proches qui les incitent à se résigner, à patienter et à laisser passer la douleur. Le concept de « Mougn » l'illustre bien. Ce mot Wolof est selon ces victimes la principale cause de leur souffrance.

* 56Fatou SARR SOW, L'analyse genre dans les sciences sociales en afrique, Sexe genre et société, Dakar, CODESRIA, p 59

* 57 Ces victimes affirment pour la plupart être violentées par des proches, un mari, une coépouse, un proche, donc dans le cercle familial dans la plupart du temps. Ces espaces que Jaspart Maryse appelle huis clos familial est selon elle, le principal cadre des violences les plus graves, la danger étant moindre dans les espaces publics pourtant très sexistes

* 58 La boisson comme cause de la violence reste cependant une piste mitigée, des études notamment celles de Maryse JASPART ont montré que la boisson alcoolique est un catalysateur de la violence, un révélateur d'agressivité, mais il n'est pas toujours l'origine de la brutalité

* 59 Dans ce contexte précis la femme mariée doit être patiente et pouvoir supporter les difficultés du mariage

* 60 L'époux est avant tout une personne à respecter

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"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"   Corneille