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Les violences faites aux femmes dans la ville de Kaolack au Sénégal

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par Djelia LY
Université Cheikh Anta Diop de Dakar - Maitrise 2011
  

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I.6. MODELE THEORIQUE

Les enseignements tirés de la phase de documentation nous orientent vers quelques modèles constituant des références pour cette présente recherche.Le genre, un outil d'analyse et concept sociologique33(*) n'en est pas moins un model pour étudier les violences faites aux femmes. C'est ce que nous avons fait en nous référant à quelques chercheurs qui nous ont précédés.D'abord utilisée par les anthropologues américains par le concept « Gender » pour définir les rapports de pouvoir entre les hommes et les femmes, sa traduction française par le terme « Genre » apparaît très polysémique mais elle devient une méthode d'analyse pour la plupart des sciences sociales à la fin du XVXém siècle.

Les premières conceptualisations du terme Genre apparaît dans l'ouvrage de Margaret Mead intitulé «Sex and temperament in three primitive societies » (1935) par le concept de rôle sexué.D'autres comme le psychanalyste Robert Stoller, souvent associé vers les années 1970 aux mouvements de « genderstudies » l'ont utilisé pour faire la distinction entre le biologique et le psychologique et pour définir les identités masculines et féminines.

Simone de Beauvoir dans « Le deuxième sexe » (1949), ouvre véritablement le débat des inégalités entre les hommes et les femmes. Sa célèbre phrase « On ne nait pas femme on le devient» résume à elle seule l'analyse qu'elle fait de cette ségrégation sexuelle. Elle l'explique par le construit social, un héritage ancien transmis par le biais de l'éducation et de la culture. Les différences morphologiques ne sont pour rien de ces inégalités ou de la domination de l'homme sur la femme.Si le genre est l'expression des rôles traditionnels assignés aux hommes et aux femmes, si le genre se définit par les constructions sociales et historiques de ces rôles et s'il traduit les rapports entre les hommes et les femmes, donc les violences faites aux femmes peuvent être analysées dans cette approche. C'est en ce sens que le genre s'entend être l'outil d'analyse par excellence des violences infligées aux femmes.

Nous nous référons aussi à d'autres penseurs. Emile DURKHEIM, en nous appuyant sur l'approche34(*) qu'il a optée dans « le suicide35(*) » (1897). Considéré comme le père fondateur de la sociologie moderne, il est le premier à élaborer une méthode qui étudie les faits sociaux comme des choses dans son ouvrage intitulé « Les Règles de la Méthode Sociologique » (1895). Pour ce faire il conçoit qu'il faut définir rigoureusement et rechercher leurs causes dans les faits sociaux antérieures.La sociologie cherche les relations générales qui existent entre les phénomènes de par la causalité. La méthode comparative est selon E.DURKHEIM la seule qui permet cette causalité. De ce fait la statistique s'impose pour connaître les faits sociaux car étant la seule méthode à pouvoir saisir les faits dans leur globalité indépendamment des cas particuliers. Cependant en élaborant la méthode à suivre ilressortque les règles de la vie sociale sont intériorisées au cours du processus de socialisation, d'éducation etc.Dans Le Suicide(1897) il met en oeuvre sa méthode préalablement établie et définie dans Les « Règles de la Méthode Sociologique » (1895). Il considère le suicide comme un fait social total. Le suicide exerce sur les individus un pouvoir coercitif extérieur à l'individu. C'est en étudiant les causes et la typologie des cas de suicide qu'il découvre que c'est un phénomène normal et régulier. En suivant cette logique d'E.DURKHEIM notre étude sur les violences basées sur le genre, nous considérons les violences comme des faits sociaux à part entière. Elles sont présentes dans toutes les sociétés donc générales, sont extérieures à l'individu et exercent un pouvoir coercitif. Comme E.DURKHEIM nous considérons ces cas de violences comme indépendants de la volonté de l'individu. C'est par le processus de socialisation qui inculque des valeurs à l'individu qui estdonc le facteur moteur de ces violences.Ce phénomène a donc ses causes dans la manière dont la société construit ses membres. En nous référant à la logique d'E.DURKHEIM ces violences faites aux femmes sont à rechercher dans la conscience collective donc déterministe. Toujours dans cette logique, nous avons utilisé les statistiques de la base de données du Point d'écoute de l'APROFES pour cerner les différents aspects de ce fait de société.

Nous basons aussi notre analyse sur une autre logique, celui de Pierre BOURDIEU. Sociologue moderne, il axe son analyse sur les mécanismes des hiérarchies sociales en insistant sur l'importance des facteurs culturels et symboliques de la reproduction.

P. BOURDIEU (1987) 36(*)en dépassant les concepts fondatrices de la sociologie crée le « Le structuralisme constructiviste ou constructivisme structuraliste37(*) ». Il conçoit ainsi le monde comme constitué de structures qui sont certes constituées par les agents selon le constructivisme mais qui une fois constitués conditionnent à leur tour l'action de ces agents, selon la position structuraliste.Dans Théorie de l'action  P. Bourdieu (1998) développe le concept d'habitus pour penser ce lien entre socialisation et action des individus. Il le définit comme étant l'ensemble des dispositions, des schèmes, des actions, et des perceptions que l'individu acquiert à travers son expérience sociale. Ce puissant générateur qu'est l'habitus38(*) montre ainsi que c'est par la socialisation puis par sa trajectoire sociale que tout individu incorpore lentement un ensemble de manières de penser de sentir. Cette logique de P. Bourdieu montre que les agents sociaux ne font que développer des stratégies acquis par la socialisation. En nous référant à cette analyse nous constatons que les agents occupent des positions que leur confèrent des dispositions qu'ils acquièrent dans leurs sociétés d'origines. Les violences auxquelles les femmes sont confrontées ne peuvent être expliquées que par cet habitus qui les prédispose en une position de vulnérabilité. Dans la reproduction, P. Bourdieu développe d'ailleurs le concept de violence symbolique qu'il considère comme la capacité de faire méconnaitre l'arbitraire des productions symboliques et à les faire admettre. C'est donc le mécanisme symbolique des rapports de domination. De ce fait P. Bourdieu conçoit que la capacité des agents en position de domination à imposer leurs productions culturelles et symboliques joue un rôle essentiel dans la reproduction des rapports sociaux de domination.

Ces deux auteurs P.BOURDIEU ET PASSERON mettent de ce fait la violence symbolique en rapport avec les positions qu'occupent les agents. Elle est donc liée à l'intériorisation par les agents de la domination sociale inhérente à la position qu'ils occupent dans un champ donné, plus généralement à leur position sociale. Cette violence symbolique trouve donc son fondement dans la légitimité des schèmes de classement inhérent à la hiérarchie des groupes sociaux.

Dans la présente étude nous nous référons surtout à l'ouvrage de P. Bourdieu intitulé « La Domination Masculine » (1998). Il y fait l'analyse des rapports sociaux de sexe en cherchant les causes permanentes de la domination de l'homme sur la femme. Dans toutes les sociétés humaines cette domination s'explique par un habitus donnant aux femmes un rôle prédéterminé. L'étude qu'il fait auprès des Berbères du Kabyle lui permet ainsi de dégager les structures qui perpétuent la domination de l'homme sur la femme.Il rejoint dans cette optique celle de Lévi-Strauss : « C'est dans la logique de l'économie des échanges symboliques et plus précisément dans la construction sociale des relations de parenté et du mariage qui assignent aux femmes universellement leur statut social d'objet d'échange définis conformément aux intérêts masculins.... Et vouées à contribuer ainsi à la reproduction du capital symbolique des hommes, que résident l'explication du primat universelle accordée à la masculinité dans les toxicomanies culturelles »39(*). Cette logique de P. Bourdieu montre simplement que des prédispositions assignent à la femme universellement une certaine vulnérabilité. Laquelle vulnérabilité est en fait l'expression de cet habitus et explique parfaitement la domination de la femme comme les violences en leur encontre. L'habitus en mettant la femme dans une position qui la prédispose à être violentée met l'homme forcement dans une position de dominant.

Cette logique se rapproche essentiellement à celui du genre. Le genre s'intéresse et cherche dans les constructions sociales et historiques des rôles assignés aux femmes et aux hommes.

* 33 La sociologue Fatou SARR SOW dans Sexe, Genre et Société conçoit le genre comme méthode d'analyse qu'on doit introduire dans les sciences sociales pour s'interroger à la fois sur les statuts et rôles des femmes et des hommes dans la stratification sociale ... et sur les manières dont ces statuts et rôles sont déterminés par l'appartenance à un sexe donné.

* 34 Dans cette approche E.DURKHEIM s'est servi de données statistiques pour étudier le phénomène suicide, c'est par la suite qu'il a fait des corrélations afin de tirer des conclusions pour en dégager les causes

* 35 DURKHEIM (Emile), 1896,  le suicide, Alcan, Nouvelles édition PUF

* 36Voir BOURDIEU (Pierre), 1987, Choses dites, Paris, Minuit

* 37 Pierre BOURDIEU le définit à la jonction du subjectif et de l'objectif donnant ainsi une double dimension construite et objective à la réalité sociale

* 38 L'habitus selon la conception de l'auteur fait référence à la structuration sociale de notre subjectivité, la façon dont cette structuration s'imprime dans nos têtes et dans nos corps. Cet habitus se constitue d'abord aux travers les premières expériences (habitus primaire) , puis dans la vie adulte ( habitus secondaire).

* 39Pierre, Bourdieu, 1990, La Domination Masculine, Paris, Seuil, P.27

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"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault