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Les violences faites aux femmes dans la ville de Kaolack au Sénégal

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par Djelia LY
Université Cheikh Anta Diop de Dakar - Maitrise 2011
  

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I.7. DEFINITION DES CONCEPTS DE L'ETUDE

La définition des concepts de l'étude est une phase indispensable dans l'élaboration de la recherche. Il est donc nécessaire voire impérieuse de définir les concepts pour qu'ils puissent jouer leur rôle. Un concept peut avoir plusieurs acceptations, tout dépend de l'angle ou des aspects où le chercheur veut le situer. Cependant il sied de le définir rigoureusement en cernant les divers aspects du concept.

Le concept genre apparaît vers les années 90 et provient de l'anglais « Gender » 40(*)et se réfère principalement aux rôles, droit, et responsabilités des hommes et des femmes, et la relation entre eux. Le terme ne signifie pas seulement les hommes ou les femmes mais cherche à identifier le processus par lequel leurs qualités, comportements et identités sont déterminés a travers le processus de socialisation.Mais le genre ne s'intéresse pas uniquement a l'étude des catégories sociales de sexe, il s'intéresse a d'autres catégories ou genre tel que les jeunes et les vieux, les handicapés et les valides etc.Dans cette présente étude nous tenterons de définir le genre comme catégorie sociale de sexe. La différence entre le fait biologique et le fait social ou symbolique41(*) permet au genre de mettre en exergue les relations hiérarchiques entre les deux sexes. Dominées par des relations de pouvoirs qui ont tendance à défavoriser la femme, ces hiérarchies sont socialement déterminées et se basent le plus souvent sur la culture.

Les éclairages anthropologiques ont été déterminants dans la différenciation des faits biologiques désignés par le sexe et les faits sociaux ou symboliques désignés par le genre. Claude Levis Strauss considère le sexe comme un principe d'organisation sociale et une propriété symbolique. En rejetant l'acception biologique et toute différenciation physiologique, il fait appelle aux relations entre hommes et femmes dans ce qu'il appelle les trois piliers universelles de la société que sont la prohibition de l'inceste, le mariage et la répartition sexuelle des taches.En somme on peut retenir que le genre s'intéresse aux rapports sociaux de sexe. Socialement déterminés ces rapports hiérarchiques sont dominés par le pouvoir d'un sexe sur l'autre susceptible de violences comme celles vécues par les femmes en général.

Le concept de violence n'est pas facile à cerner. Tant les aspects qui régissent sa définition sont nombreux. Quelques caractéristiques permettent de spécifier des types de violence : violence économique, violence symbolique, violence raciale et beaucoup d'autres formes. De l'observation de cette diversité de violence nous retenons qu'elle ne se conçoit que dans le cadre d'une relation ou d'un système. Larousse définit cette violence en tant que relations comme « la force brutale des êtres et des choses ». Cette acceptation s'ouvre a plusieurs aspects de la violence, la violence militaire, la violence physique, la violence psychologique etc. Or dans cette présente étude nous nous intéressons a la violence dans le cadre des relations encore plus restreintes, dans la relation hommes /femmes. La sociologie lie violence et domination divisant la société en « dominants » et « dominés », termes souvent employés pour designer une forme de violence symbolique. Bourdieu élabore une théorie de cette violence symbolique dans son ouvrage intitulé « La domination masculine »et à partir d'une étude sur l'école qu'il élabore avec Passeron. Ainsi il cerne ce type de violence comme « Tout pouvoir qui parvient à imposer des significations et à les imposer comme légitimes en dissimulant les rapports de force qui sont au fondement de sa force ». Ce pouvoir est donc imposé à son destinataire par des significations et des rapports de sens. Parmi les caractéristiques de cette violence symboliques Bourdieu distingue aussi le caractère arbitraire car :

-elle contribue à renforcer l'inégalité sociale et culturelle entre les classes, en privilégiant une classe au détriment des autres.

- elle n'est fondée sur aucun principe biologique, philosophique ou autres qui transcenderaient les intérêts individuels ou de classes sociales.

- C'est une violence symbolique culturel "légitime" dans la mesure où elle apparaît, par une opération de méconnaissance instituée, comme "destinée" à certains à l'exclusion d'autres et comme ayant une valeur reconnue par tous.

Il sied aussi d'énumérer parmi les violences subies par les femmes, les plus récurrentes au Sénégal. HaronaSy42(*) (2007) les reparties en quatre groupes :

-Une violence normative coutumière qui s'exerce selon les normes, les valeurs sociales, les traditions et les coutumes ;

-Une violence normative conjugale qui se manifeste dans et par l'acte du mariage en tant qu'il apparaît comme contrat de soumission et de disponibilité de l'épouse ;

-Une violence expiatoire qui s'exerce sur la forme de bannissement pour sorcellerie ;

-Une violence déguisée qui se donne comme surtravail des femmes.

Les types de violences rencontrées par les femmes sont nombreux mais la plupart se regroupe en quatre types les violences physiques, verbales, morales et économiques.

En prenant les rapports sociaux comme cadre d'étude des violences faites aux femmes, nous définissons la violence comme l'expression du pouvoir que subissent les femmes sous diverses formes. Cette violence s'exerce sur elles d'une manière symbolique et est déterminée par des aspects culturels et historiques.

Le conceptRapports sociaux de sexeapparaît vers les années 70 suite aux nouvelles études liées au mouvement féministe et à la nécessite politique de décrire et de dénoncer les l'oppression des femmes. Le terme met en évidence le caractère entièrement social de l'oppression des femmes et l'omniprésence de la domination masculine dans divers sociétés.

Mais l'acception du concept de nos jours se réfère beaucoup à la reproduction du rapport social de sexe. Les rapports sociaux de sexe forment désormais une logique d'organisation du social qui fait système à travers l'ensemble des champs. C'est donc un construit social caractérisé par un aspect historique et une certaine transversalité dans les champs de la société. Ces rapports créent de ce fait des groupes opposes, hiérarchisés et antagonistes. Mais il est aussi important de noter l'aspect dynamique des rapports sociaux de sexe, ils dépendent de nombreux facteurs en constante évolution.

Le vocable socialisation désigne un processus. L'homme est un être social, son comportement, sa manière d'être et de penser lui ont été inculquée à travers ce processus de socialisation. La socialisation est caractérisée par l'intériorisation des valeurs et normes en vigueur dans une société donnée. La socialisation s'effectue tout au long de la vie, elle débute par une socialisation primaire au cours de l'enfance et de l'adolescence et se poursuit au cours de l'âge adulte. Plusieurs agents interviennent lors de la socialisation, d'abord la famille, l'école mais aussi d'autres agents complémentaires tels que les medias, les groupes de pairs l'entreprise etc.

Le terme pouvoir est souvent associéà la sphère politique. Il peut se définir comme une ressource ou une aptitude qui permet a une personne ou groupe d'agir. Considéré sur le plan relationnel, le pouvoir d'un individu A sur un individu B «  A a des chances d'imposer sa volonté sur B...même contre une résistance de B » (M.Weber). L'aspect relationnel, interactionniste de ce pouvoir permet à certains individus ou groupes d'agir sur d'autres individus dans une relation de pouvoir.

Les notionsde vulnérabilité43(*), de marginalité et de précarité font une entrée remarquée en sociologie vers les années 1990 pour affiner et la description et la compréhension de situation sociales d'exclusion et de pauvreté. La vulnérabilité revoit aussi bien a des situations individuelles que collectives, des fragilités matériels que morales, des personnes que des choses ou encore des territoires. Le terme est étroitement lie à la notion de risque et en terme juridique à la notion de victime. Dans le système juridique une personne vulnérable est une victime potentielle. (Fiechter-Boulvard 2000).Nous l'utilisons dans cette étude pour élucider les risques dont les femmes sont enclines dans la construction de rapports sociaux de sexe. Cette vulnérabilité traduit donc la manière dont la femme est exposée et prédisposée à subir toutes sortes de violences dans la société.

Le terme culturea plusieurs acceptations selon que l'on se trouve dans une perspective anthropologique, sociologique où l'on privilégie le sens courant du mot.

La perspective anthropologique de la culture s'oppose à la nature et désigne les manières de faire de sentir, de penser propres à une collectivité humaine. La culture relève donc de tout ce qui est acquis et transmis dans la société.Dans une perspective sociologique des auteurs comme Pierre Bourdieu font référence à ces facteurs culturels pour expliciter des faits de société comme la domination masculine. En analysant les mécanismes de reproduction des hiérarchies sociales,44(*)Pierre Bourdieu insiste sur le primat de facteurs culturels et symboliques au détriment des facteurs économiques des conceptions Marxistes. Les agents en position de domination imposent leurs productions culturelles en reproduisant des rapports sociaux de domination.

Dans la perspective où nous l'utilisons dans cette présente étude, nous l'associons aux éléments sociaux construits qui prédisposent les femmes à une certaine violence. Le concept de « Construction sociale » est dès lors au coeur de l'analyse que nous faisons présentement de la violence faite aux femmes, nous l'avons donc utilisé comme concept opératoire.

* 40 Les anglais ont d'abord eu une première conception de ce mot « Gender » qui sera utilisé en français par le terme genre

* 41 Cette dimension symbolique de l'ordre social analysée par P. BOURDIEU, a des conséquences sur la manière de penser les dominations entre individus et groupes c'est d'ailleurs là qu'intervient la violence symbolique.

* 42 Voir l'article de Harona SY dans Le Mélanges offerts à LY, Boubacar, 2006, Sociétés en devenir, PUD, Dakar

* 43Le DSRP II en donne une définition à sa page 18, la vulnérabilité estexpliquée en terme de risques particuliers et d'exposition des populations à ces risques. La définition va plus loin et l'assigne à « la nature des forces agissant sur le bien être d'une personne que sur son aptitude sous-jacente à se protéger des risques et des chocs auxquels elle est exposée

* 44Voir l'ouvrage de BOURDIEU (Pierre) et PASSERON, (Jean Claude), 1970, La Reproduction : éléments d'une théorie du système d'enseignement, Editions Minuit, Collection Sens Commun.

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