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La "vie de nuit " dans la ville de Ngaoundéré au Cameroun de 1952 à  2009

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par Nicolas OWONA NDOUNDA
Université de Ngaoundéré Cameroun - Master en histoire 2009
  

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L'école française, dont la première est crée à Ngaoundéré en 1917168(*), va effectivement entraîner la francisation, l'aliénation culturelle et l'acculturation des populations169(*). On peut noter aussi une différence sur la manière d'éduquer les enfants. Les parents scolarisés à la française sont plus prompts à envoyer leurs enfants sans distinction de sexe à l'école moderne. De plus, leurs filles ont plus de liberté que celles des parents demeurés dans la logique traditionnelle. Mohammadou Djaouro nous confie justement qu'il est normal pour lui que ses filles sortent, qu'elles se sentent libres parce que « les temps ont évolué et la "vie" ne viendra pas les trouver sur place à la maison.»170(*) Il nous fait même remarquer que de plus en plus de parents permettent à leur fille de quitter la maison familiale en ville et de vivre seule dans les chambres universitaires à Dang, ce qui était impensable il ya quelques années. La fille quittait la maison parentale pour celle conjugale.

Tout cela nous permet de comprendre que le but que s'était fixé l'administration française à travers la scolarisation, fut véritablement atteint. En effet mettre fin à l'emprise de la tradition religieuse sur les populations était dans une large mesure l'objectif de la nouvelle école française. « L'étude du français est le meilleur moyen qu'on puisse employer contre la fanatisme [religieux] et l'expérience nous enseigne que les musulmans qui parlent notre langue nous causent moins de préjudice que ceux qui ne connaissent que l'arabe. »171(*)

Une autre conséquence de l'école française sera la perte de l'autorité traditionnelle. La nomination de Ndoumbé Oumar, l'un des produits de cette nouvelle école, en 1958 comme maire de Ngaoundéré n'arrangera pas les choses. Mboum de Ngaoundéré, chrétien islamisé mais tout de même considéré comme un serviteur par les Foulbé, sa nomination va lui conférer un pouvoir plus grand que celui du Lamido. L'une des mesures qu'il devra exécuter sera la fermeture de la prison du lamidat. Jusque-là, il existait une prison dans le lamidat, qui permettait de réguler les comportements des habitants172(*). Ceux qui étaient pris en train de consommer de l'alcool étaient, soit expulsés de la cité, soit enfermés. Et les prostituées subissaient le même sort. Or, le 25 juillet 1961, le préfet ordonne la dissolution de la prison du lamido173(*). La fin de cette prison va laisser la place à tout type d'excès dans la vie de nuit, surtout avec les mutations de plus en plus grandes apportées par la nouvelle école mais aussi par l'augmentation des fonctionnaires dans la ville.

* 168 Ibid., p.14

* 169 Ibid., p.18

* 170 Mohammadou Djaouro, entretien tenu le 20 août 2009 au quartier Tongo Pastorale à Ngaoundéré.

* 171 Ponty W., circulaire du 30 août 1910, cité par Hamadou A, 2004, p.93.

* 172À cause des brutalités caractéristiques de cette prison, et surtout de l'esclavage qui sévissait dans la cité de Ngaoundéré, le pasteur Endresen a oeuvré contre ces pratiques. D'après Kare Løde, l'administration française accepta le système d'esclavage pour des raisons politiques, par crainte de contagion de la rébellion dans le Sud du pays. Le 13 novembre 1952, le représentant du Haut Commissaire au Nord-Cameroun déclare dans une réunion politique, que tous les hommes au Cameroun sont libres. Mais, c'est en 1961, lorsque Charles Assale visite la N.M.S. qu'il est informé des problèmes d'esclavage. C'est ce qui conduit quelques mois après à la destruction de la prison du Lamido. (Kare Løde, 1993, "les oeuvres luthériennes en Adamaoua", in Peuples et cultures de l'Adamaoua, éd. Boutrais J., Ed. ORSTOM/Ngaoundéré Anthropos.)

* 173 Sojip M. et Nizésété B.D., 1998, "Jean Ndoumbé Oumar Ngaoundéré : premier maire noir au Nord-Cameroun (1958-1963)", in Acteurs de l'histoire au Nord-Cameroun XIXe et XXe siècle, Revue Ngaoundéré Anthropos, Vol. III Numéro Spécial I, éd. Thierno Mouctar Bah, p.272

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