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Certification de gestion durable des forêts et efficacité socioéconomique des entreprises du secteur dans le bassin du Congo. Cas du Cameroun

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par Jonas NGOUHOUO POUFOUN
Université de Yaoundé 2  - Diplôme d'études approfondies/ Master II en sciences économiques 2008
  

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I.2 : Choix des variables du modèle

La variable dépendante qui porte sur l'impact de la certification forestière sur l'efficacité sociale des entreprises est le niveau de bien être. Elle est une variable inobservable. Elle est nominale binaire ou dichotomique, elle aura deux modalités : «  élevé » ou « faible ». Les différentes variables indépendantes sont des variables d'échelles pour certaines (Exemple : l'âge, la taille du ménage, ...), nominales (telles que le statut de la firme qui peut être certifiée ou non, la catégorie socioprofessionnelle, la situation matrimoniale, la fonction de l'employé, le cycle fréquenté, le dernier diplôme obtenu) pour d'autres. La relation économétrique est la suivante :

Notre équation devient :

I.2.1 : Construction de la variable dépendante

Il est difficile, voire impossible d'observer le niveau de bien être d'un individu. Par conséquent, il serait difficile d'expliquer le bien être même lorsque les individus déclarent par un « oui » ou un « non » d'en avoir un certain niveau. Cette difficulté dans l'observation a débouché sur un problème de définition de la variable dépendante. En nous inspirant de la littérature qui propose des indices comme des proxies du bien être, nous nous sommes proposés de construire une variable composite bienêtre à partir d'un certain nombre d'indicateurs obtenus lors de notre enquête sur le terrain.

Pour y parvenir, nous nous sommes basés d'une part sur les travaux d'OSBERG et SHARPE (1998) pour la sélection des indicateurs traditionnels. Et d'autre part, quelques questions d'évaluation contingentes nous ont permis, à partir de l'expression par les employés de leurs préférences, de définir le seuil pour notre variable composite.

OSBERG a travaillé sur le "bien-être économique" depuis les années 80. Il suggère en 1985 de bâtir un indice du bien-être économique sur les groupes d'indicateurs suivants : consommation, accumulation, inégalité et insécurité. En 1998, en collaboration avec SHARPE68(*) il a construit des séries pour le Canada, et en 1999 pour les Etats-Unis (incluant une comparaison avec le Canada). OSBERG et SHARPE (2000)69(*) définissent le bien être à partir de ces quatre groupes d'indicateurs.

- les flux effectifs de consommation par habitant, qui incluent la consommation de biens et services marchands, les flux effectifs par habitant de biens et services non marchands...

- l'accumulation nette dans la société des stocks de ressources productives, y compris l'accumulation nette de biens corporels et de parcs de logements, l'accumulation nette de capital humain et des investissements en Recherche & Développement (RD).

- la répartition des revenus, sur l'inégalité, ainsi que l'ampleur et l'impact de la pauvreté ;

- la sécurité contre le chômage, la maladie, la précarité des familles monoparentales et des personnes âgées.

Etant donné que le bien-être recouvre plusieurs aspects, dont l'appréciation diffère selon les observateurs, les coefficients de pondération attachés à chacun des quatre éléments varieront aussi en fonction des valeurs des différents observateurs70(*). OSBERG (1998) postule que les préférences pour les questions sociales ou autres sont dissociables dans leurs composantes (par exemple, que le coefficient de pondération attribué à la consommation ne dépend pas de celui accordé à l'inégalité). Si, par exemple, la perception de l'insécurité est uniquement motivée par l'aversion pour le risque, dans ce cas, le poids qu'un individu accorde à l'inégalité et parallèlement le poids que les observateurs donnent à l'insécurité dépendront tous deux de la seconde dérivée de leur fonction d'utilité.

La disponibilité des données et les problèmes de comparabilité signifient que la construction d'un indicateur international de bien-être économique est une tâche plus ardue que celle d'un indicateur national (OSBERG, 1998), qui l'est à son tour comparativement à la construction d'un indicateur régional. La seule source de données internationales pour de tels corpus est l'Italie Income Study (LIS). Actuellement, 14 pays seulement sont répertoriés par la base de données du LIS (parmi lesquels l'Italie, Australie, Canada, Danemark, Finlande, Norvège, Pays-Bas, Royaume-Uni et Suède). Il s'agit donc du nombre maximum de pays pour lesquels il est possible de construire un indicateur du bien-être économique tel que défini par OSBERG. Toutefois, pour les autres pays (et secteurs), la construction de cet indice prendrait en compte des proxies existant selon les observateurs et les spécificités.

L'enquête que nous avons menée auprès des employés nous a permis de retenir un certain nombre d'indicateurs en fonction des composantes traditionnelles.

Pour la composante sécurité, nous avons retenu des indicateurs portant sur la santé, la sécurité au travail, la sécurité de l'emploi. Ils sont les suivants :

- l'accès par l'employé avec toute sa famille au centre de santé de l'entreprise (s'il y en a un). Compte tenu de l'enclavement des zones forestières, cet indicateur est indispensable pour les employés ;

- l'affiliation de l'employé à la CNPS ;

- la couverture à 100% des maladies professionnelles par l'entreprise, cet indicateur est justifié par le fait que les activités en zones forestières qui nécessitent beaucoup d'effort physique, et par conséquent, l'employé en est constamment exposé.

- le port des équipements de sécurité. Le bien être des employés en dépend aussi fortement ;

- la disponibilité d'un moyen de transport pour la forêt, étant donné que la forêt constitue leur lieu quotidien de travail.

Pour la composante répartition du revenu suivant l'indice de Gini, étant donné la difficulté d'accès aux salaires par les un et les autres, cette composante est abordée dans notre étude par les indicateurs ci-dessous :

- l'existence d'un contrat de travail ;

- l'adéquation de la catégorie socioprofessionnelle à la fonction remplie dans l'entreprise ;

- et le mode de détermination du salaire.

Pour la composante richesse, nous nous limiterons à la composante disponibilité gratuite des logements.

Enfin, pour la composante flux de consommation, il a été difficile d'estimer le revenu ainsi que le salaire des employés. Etant donné qu'ils ne les maîtrisent pas eux même. De ce fait, cette composante a été approchée par :

- l'existence de (et l'accès à) l'économat pour l'employé,

- la fourniture gratuite de l'électricité,

- et la fourniture de l'eau potable.

Afin de déterminer le seuil d'indicateurs nécessaires pour qualifier le niveau de bien être d'un individu de faible ou d'élevé, nous avons posé quelques questions d'évaluation contingentes. Suivant qu'une entreprise est certifiée ou non, il est évident que le niveau d'utilité de référence soit différent.

Si l'on suppose a priori que la certification forestière est synonyme d'un état de bien être élevé pour les employés, étant donné que l'entreprise pour y parvenir devrait remplir certaines exigences déclinées dans les PCI du référentiel FSC, la variation de bien être pourra être une perte dans une entreprise certifiée. Par conséquent, pour avoir une idée sur la variation équivalente qui mesure les ajustements nécessaires pour le maintien du niveau initial de bien être, nous avons posé la question de savoir : « en quoi la certification est-elle importante pour vous ? ». A cette question, 64% des employés enquêtés dans les sites certifiés ont presque tous insisté sur la sante (1 indicateur : accès à l'infirmerie avec toute la famille), la sécurité au travail (2 indicateurs : équipements de protection individuelle, moyen de déplacement confortable), et la sécurité de l'emploi (contrat de travail et mode de fixation salariale). A la suite de cette première question, une seconde était de savoir : « que seriez-vous près à payer pour maintenir le certificat en cas de menaces de perte? ». A cette question qui nous renseigne sur le consentement à payer, 51% des employés ont estimé qu'ils pouvaient être prêts à doubler d'effort à salaire constant pour soutenir l'entreprise de peur de perdre les bienfaits cités ci-dessus.

Si on suppose aussi a priori que toute société non engagée dans la certification opère dans l'illégitimité et l'opportunisme avérés, la variation de bien être pourra être un gain pour les employés dans une entreprise non certifiée. Pour avoir une idée sur la variation compensatoire qui mesure l'ajustement nécessaire à réaliser pour ramener l'employé à un niveau optimal, nous avons posé la question de savoir : « Que peut faire votre entreprise pour améliorer votre bien être ?». A cette question, 87% des employés enquêtés dans le site non certifié ont cité pratiquement les mêmes indicateurs. Plus précisément, l'accès gratuit aux soins de santé, la sécurité au travail et la sécurité de l'emploi. Etant donné que certains n'ont pas non seulement l'habitude de voir le bulletin de paye lorsqu'ils perçoivent leurs revenus mensuels ; mais aussi, ne savent même pas quelle est leur catégorie socioprofessionnelle. Et à la question suivante qui était de savoir : « que seriez-vous près à payer pour que votre entreprise vous garantisse un minimum de bien être ? », 80% des enquêtés sur le site non certifié ont répondu à cette question qui permettait de capter leur consentement à payer. Ils estiment en majorité (62%) qu'ils seraient prêts à ne recevoir qu'un salaire pouvant couvrir le minimum vital, si cela était possible pour encourager l'entreprise vers la certification, puisque, la certification, tel qu'ils entendent, leur assurerait l'accès aux biens de premières nécessités cités plus haut en réponse à la deuxième question.

La variation du bien être telle que exprimée par les employés peut prendre deux scénarii (voir tableau 4.1).

Tableau 4.1 : Consentement à payer et consentement à recevoir

Scénarii

Changement proposé

Indicateurs à conservés ou recherchés (7 indicateurs)

Mesure

Type de variation du surplus

n°1

perte de bien être

1 Accès à l'infirmerie avec toute la famille

2 Assurance maladies professionnelles

3 Disponibilité des équipements de sécurité

4 Moyen de déplacement confortable pour la forêt

5 Disponibilité gratuite des logements

6 Accès à l'eau potable et à l'électricité

7 L'affiliation à la CNPS

Consentement à payer pour maintenir le certificat

Variation équivalente,

1 (consentement à payer)

N°2

Gain de bien être

Consentement à payer pour s'assurer que le changement arrive

Variation Compensatoire

(consentement à payer)

Source : Auteur à partir des données d'enquête

En nous servant de la littérature et des données d'enquête, nous avons retenu 12 indicateurs de bien être en conformité avec les quatre composantes définies par OSBERG et SHARPE (1998). A partir des questions d'évaluation contingente, les employés ont globalement retenu 7 indicateurs (Voir tableau 4.1) qu'ils ont jugés de vitaux. La variable bien être peut donc être construite ainsi qu'il suit :

Etant donné W*i, le nombre d'indicateurs parmi les 12 retenus auquel accède un employé i lors de l'enquête. Les premières valeurs de W*i (de 1 à 7) sont définies sur les 7 indicateurs révélés par les employés. W* détermine (à un alea près) la variable latente (ou sous-jacente) Wi* hélas inobservable qu'on peut interpréter comme une propension à engendrer un niveau élevé de bien être (Voir tableau 4.2)Soit la variable Bienêtre qui traduit le niveau de bien être d'un individu ;

on aura :

Le bien être étant inobservable. Il sera apprécié à partir de la variable latente construite notée W*i. On aura :

Tableau 4.2 : Construction de la variable composite « bien être »

Emp

loyé n°

Assur Maladie prof

CNPS

Accès infir

merie

Eau potable

.

.

.

Protection indivi

duelle

.

.

Mode

fixation

salaire

? ou W*

Bien être

1

1

1

1

0

.

.

.

1

.

.

0

6

0

2

1

1

1

1

.

.

.

1

.

.

0

8

1

3

0

1

1

0

.

.

.

1

.

.

1

6

0

4

0

0

1

0

.

.

.

1

.

.

1

4

0

5

0

1

0

0

.

.

.

1

.

.

0

5

0

6

1

1

1

0

.

.

.

1

.

.

1

7

1

.

.

.

.

.

.

.

.

.

.

.

.

.

.

75

1

1

1

0

.

.

.

1

.

.

0

7

1

Source : construit par l'auteur à partir des données d'enquête

Le bien être peut donc se définir comme il suit :

 ; Où

représente le vecteur des variables explicatives tel que spécifié plus haut

représente le terme d'erreur.

* 68 Center for the Study of Living Standards, Ottawa,

* 69 Lars OSBERG et Andrew SHARPE (1998) donnent des exemples de leurs indicateurs, les indicators of Well-Being, sur des données brutes secondaires présentées pour quatorze pays dans des tableaux disponibles sur le site internet www.csls.ca.

* 70 OSBERG et SHARPE (1998) : Evaluer l'Indice du bien-être économique dans les pays de l'OCDE

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"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault