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Identité et appartenance: temps et comput anthropologique chez R. E. Mutuza Kabe

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par Jean Francis Photios KIPAMBALA MVUDI
Université de Kinshasa RDC - Doctorat en philosophie 2012
  

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Section 3. Identité de l'élément culturel chez les Hima-Tutsi

§1. Formation spontanée des groupes minoritaires de contrôle

Ayant donné l'élément culturel chez les Hima-Tutsi, il est question de savoir quelle est l'identité de cet élément. Chez Mutuza, tout comme chez Papadopoulos, chez Van Hove, avec la considération de Pagès et l'argument de Overdulve, l'identité de cet élément est la domination. La domination est l'exercice d'une autorité souveraine, elle peut être aussi une supériorité intellectuelle, morale ou sportive. Cela implique une classification ou une typologie des valeurs sur lesquelles on se fonde pour décrire cette domination.

Dans le cas sous examen, les matières du code du droit ruandais sont classées sous trois rubriques principales qui constituent les trois divisions générales du droit coutumier ruandais, à savoir, le droit militaire, le droit pastoral et le droit administratif qu'il serait plus approprié de qualifier de droit politique. Avec le droit pastoral on est aux cimes de la hiérarchie matérielle. Alexis Kagame qui a rédigé ce code en a subdivisé en trois rubriques. Ces trois rubriques sont subdivisées en chapitres et ceux-ci en articles à la manière des codifications historiques. Epargnons-nous des détails pour aller droit au but. Il y a plus de la moitié des matières de ce droit qui est consacrée au droit des bovidés. Ce qui est étonnant c'est qu'il y a des articles réservés au culte dû aux reines des troupeaux et aux taureaux.

Nous nous sommes servi des travaux sur l'ethnographie ruandaise, ainsi que ceux de J. VAN HOVE, pour suppléer à notre traitement de l'identité de l'élément culturel chez les Hima-Tutsi. Comme d'ailleurs chez Mutuza, J. VANHOVE atteste qu'en principe le Mwami est le propriétaire de tout le bétail ruandais. Les grands chefs, c'est-à-dire les propriétaires terriens (les Hutu), veillent pour son compte à la conservation du troupeau national. Il en résulte que la détention du bétail par les sujets du royaume est réduite à un droit d'exploitation ou d'usufruit et non pas de propriété. Il s'en suit aussi que le sujet ne peut disposer de son bétail, en le vendant par exemple, sans autorisation des chefs des provinces ; exception consentie pour les vaches stériles ou les taureaux.

C'est ici que notre hypothèse de la considération de la vache comme viande par les Hutu s'affirme. Les chefs terriens sont généralement les Hutu. L'accroissement des troupeaux n'est pas prestige comme il en est le cas chez les Tutsi ; c'est une viande. C'est pour cette raison qu'un sujet du pays en quittant une province pour se rendre dans une autre ne saurait emmener son bétail sans l'autorisation du chef, « et plutôt il l'abandonne pour en recevoir un troupeau de même importance dans la province de son nouveau domicile (632(*)).» Pour l'acquisition de ce nouveau troupeau on tient compte de la couleur, de l'âge, des cornes et d'après ce que la coutume prévoit. C'est ce qui justifie la mécompréhension de VAN-HOVE devant les transactions intimement liées aux institutions sociales du pays pour parler de «  la domination des Tutsi sur les Hutu(633(*))

Tout tourne autour de la vache : transactions sociales, acquisitions, dons, dots, dotations, bêtes de sacrifice, hommages au roi, impôts etc. La vache est une valeur matérielle, comme nous l'avions dit, et son importance est quasi exclusive dans la civilisation. Et les Hutu sont aussi contaminés de cette valeur sans pour autant négliger l'espace géographique, espace que leurs ancêtres leur ont légué.

Le père PAGES(634(*)) fait une nomenclature très systématique des bovidés. Ces travaux sont l'exposition la plus complète que nous possédons du droit coutumier ruandais, et c'est d'ailleurs ce qui nous permet de bien parler de l'identité de l'élément culturel des Hima-Tutsi. Ici, Mutuza ne s'était pas beaucoup intéressé à la question de classification des bovidés. Il jugeait inutile de traiter d'un tel problème tant qu'il était évident pour lui que la vache est la seule valeur matérielle pour les Tutsi. Mais une telle considération ne nous a pas permis de trouver la mécompréhension de la notion de domination.

Le § 164 du droit coutumier, tel que A. Kagame nous le rapporte montre déjà l'influence de culte des morts des Hutu sur les Tutsi. La problématique des la succession fondée sur l'idée que le Mwami exerce le droit au nom de ses ancêtres qui sont sensés être les véritables propriétaires est claire. C'est ce que nos différents auteurs n'ont pas vu. Et la notion de domination s'éclaircie grâce à cette étude de l'élément culturel et de son mode de gestion.

Papadopoulos nous suggère encore une réponse à la question de la domination : « Le contrat de servage pastoral a généralement lieu entre Batutsi, propriétaires de bétail, et Bahutu. Bien que pour les derniers (Bahutu) ce contrat représente une amélioration de leurs existence économique et sociale, pour les premiers (Batutsi) c'est un moyen de domination des populations non Batutsi, domination qui s'entend tant dans un sens social qu'économique(635(*)). »

La valorisation systématique de l'idée de domination d'une « race supérieure » constituait la base idéologique de l'Holocauste, qui engendra des phénomènes de rejet (ségrégation, formation de ghettos), d'asservissement (travail forcé), d'expulsion (déplacements de populations) et finalement le génocide.

En règle générale, le sentiment de supériorité s'accompagne de la conviction que les autres races constituent un danger, ou sont génératrices de désordre social. Ce préjugé repose sur le mécanisme bien connu de la recherche du bouc émissaire, qui rend responsable un groupe social de la crise économique et politique, en l'accusant d'être un élément naturellement perturbateur.

En effet, les inégalités sociales qui frappent souvent des groupes sociaux distincts entraînent une assimilation entre ces groupes et des phénomènes tels que la délinquance ou la pauvreté. Cependant, de nombreuses formes de racisme perdurent dans les sociétés contemporaines, en dépit des injonctions du droit international, et notamment des conventions sur les droits des minorités et de la personne humaine. Il est encore enrichi avec la naissance de la science politique sous sa version actuelle.

L'autonomisation de la science politique s'est ainsi accompagnée, selon Marcel Prélot, d'une triple approche des phénomènes politiques. Une première approche prend pour objet un certain type de relations humaines parmi l'ensemble des rapports sociaux, qu'il s'agisse de relations de conciliation, de subordination, de domination ou d'antagonisme, comme c'est le cas chez Carl Schmitt. Toutefois, cette approche n'est pas parvenue à identifier un type de relation suffisamment cohérent pour fournir la matière propre à une science autonome.

Dans une seconde approche, classique et prolifique, la notion centrale est le pouvoir, faisant de la science politique la science du pouvoir. On rattache à ce courant un grand nombre de chercheurs américains, les plus nombreux et les plus actifs dans ce domaine, mais aussi des auteurs plus classiques comme Platon et Machiavel (le Prince, 1515) ou le sociologue Max Weber. L'un de ses prolongements contemporains est le béhaviorisme, très en vogue aux États-Unis, qui applique l'analyse objective et le calcul à toutes les manifestations observables du comportement humain. Cependant, étendu à toutes les formes de puissance, d'influence ou de force, l'objet de cette approche se dilue et dépasse de loin les phénomènes proprement politiques, tant le pouvoir non spécifiquement politique se niche partout dans les groupes humains.

Enfin, issue d'une tradition millénaire, la conception institutionnelle de la politique se concentre sur l'État, défini comme une collectivité à base territoriale, organisée et représentée par des organes détenteurs légitimes de l'usage de la contrainte, intérieure et extérieure. Historiquement situé, l'État, institution suprême et englobante, se distingue de tous les autres groupements, tant quantitativement que qualitativement. L'État intègre, par conséquent, dans un objet homogène, l'ensemble des phénomènes politiques. C'est là que nait l'idée de domination sous sa forme actuelle et dans le cas sous examen. Et on a dû penser de la domination tutsie, en insistant sur la soumission des Hutu.

* 632 VAN HOVE, J., Essai de droit coutumier du Ruanda. Institut Roy. Col. Belge, tome X, 1, 1944, cité par Papadopoulos, Poésie dynastique du Ruanda et Epopée Akritique, p. 83. VAN HOVE traite de ces questions aux pages 45-60 en tant que droit de propriété et d'exploitation économique.

* 633 VAN HOVE, J., Essai de droit coutumier du Ruanda, p. 48.

* 634 Un royaume hamite au centre de l'Afrique, p. 55-509. Nous avons trouvé une étude importante pour ce genre de travail. Mais l'auteur vante les Tutsi sans avoir bien pénétré l'histoire de ces deux peuples aux relations dialectiques. Cette vision fut reprise par R. BOURGEOIS dans la grande monographie des pays ruandais et urundais (Banyarwanda et Barundi, Inst. Roy. Col. Belge, Section des Sciences morales et politiques. Tome I, Ethnographie, 1957. Tome II, La Coutume, 1954. Tome III, Religion et Magie, 1954. Voir tome II, pp. 266-335.

* 635 PAPADOPOULOS, Th., Op. Cit. , p. 84.

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"Soit réservé sans ostentation pour éviter de t'attirer l'incompréhension haineuse des ignorants"   Pythagore