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Identité et appartenance: temps et comput anthropologique chez R. E. Mutuza Kabe

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par Jean Francis Photios KIPAMBALA MVUDI
Université de Kinshasa RDC - Doctorat en philosophie 2012
  

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0. 5. Méthodes : réévaluation entropologique computationnelle

Il nous a été parfois utile d'exposer les mêmes idées de diverses manières pour les faire mieux comprendre de lecteurs différents ; parfois aussi, nous n'avons pas eu le loisir de refondre en un seul exposé plusieurs explications qui portaient sur un même problème parce que nous nous méfions des abondantes considérations méthodologiques par lesquelles certains auteurs font commencer leurs travaux. Non seulement parce que les lecteurs s'épargnent le plus souvent la peine de les lire, mais parce qu'elles reflètent des préoccupations qui, dans le meilleur des cas, sont, comme disait R. Larousse, le fruit d'une longue familiarité avec une discipline mais qui ne devraient pas en précéder l'étude. Pour se livrer avec profit à ce type de travail, il est bien entendu nécessaire d'observer certaines règles déterminées à l'avance et nous ne songeons pas à éluder une telle obligation. Toutefois nous croyons que ces règles, au moins à l'égard des disciplines philosophiques (comme la philosophie sociale dans cette partie de philosophie politique), ont tout avantage à être simples et modestes. Simples, pour être pratiques ; modestes, pour échapper au ridicule qu'il aurait à placer au rang de vérité absolue ce qui n'est qu'une préférence personnelle. Etudier la philosophie d'une certaine manière, c'est déjà choisir un certain type de philosophie(48(*)), et nous avons choisi Mutuza.

C'est pourquoi, nous nous plaçons dans le courant de la réévaluation des concepts inspirée de la Via Antiqua de la Haute Scolastique, plus prête à renoncer à une vision d'ensemble du monde, au cosmos harmonieux - héritage de type platonicien conservé par les antiquités. Pour cette voie, la vérité est une et cohérente et l'erreur doit être multiple et de ce fait, pleine de contradictions.

Cette compréhension inscrite dans l'historicité participe à la « signification du monde » qui ne constitue en fait rien moins que le langage, et qui est constituée par lui. Et considérant que l'homme capable de comprendre est avant tout un être parlant, Hans-Georg Gadamer (+2002) va jusqu'à identifier l'être au langage : « l'être qui peut arriver à être compris est langage ». Il place l'entreprise d'herméneutique philosophique dans le cadre d'une réflexion phénoménologique chère à Edmund Husserl (+ 1938) et Martin Heidegger ; il y adjoint toutefois une dimension analytique -- et linguistique -- qui le rapproche de Ludwig Wittgenstein (+1951).

La lecture critique de l'oeuvre de Mutuza sera la coupole de notre étude. L'interprétation du La Problématique du Mythe Hima-Tutsi nous aidera à mieux ressortir le concept de l'appartenance et de l'identité à partir du temps de désordre, celui que nous appelons temps entropologique en raison de la tension humaine.

Observant la société dans laquelle la scène de La Problématique du Mythe Hima-Tutsi se déroule, nous utilisons presque les méthodes de collecte d'informations que les sciences sociales exploitent, depuis les statistiques mathématiques jusqu'à la critique des sources écrites ou orales. Aussi nous appuyons-nous, dans une large mesure, sur les recensements, les statistiques démographiques, les chiffres du chômage, de l'immigration, les données relatives à la criminalité, cruauté et à d'autres phénomènes sociaux, autant d'informations recueillies régulièrement par les pouvoirs publics et la Mission de l'organisation de Nations Unis au Congo (Monuc).

Quant aux techniques, la distinction entre techniques qualitatives et techniques quantitatives est quelque peu arbitraire, et parfois déroutante, mais est usuellement utilisée pour classer les différentes méthodes de recherche. Notons que les résultats d'une démarche qualitative peuvent faire l'objet d'une exploitation quantitative, et qu'une recherche quantitative peut, à son tour, faire intervenir des sources qualitatives. C'est ainsi que nous avons recouru aux mathématiques, à la physique, à la biologie, à l'archéologie et à la géographie avec la musicologie pour travailler avec les nombres.

L'observation-directif de certains aspects de la société se pratique depuis longtemps dans le domaine de la recherche sociologique. Les travaux de Harold Garfinkel ou d'Erving Goffman (+ 1982) nous ont fourni à la fois des modèles et des théories de l'enquête d'observation sur le terrain. Dans certains cas, il nous a fallu d'une observation participante, en nous intégrant temporairement au sein des groupes étudiés : nous avons ainsi vécu plusieurs mois au sein d'une communauté tutsie afin de nous rendre compte de la manière dont les immigrés rwandais s'efforcent de préserver leur identité sociale au sein d'une institution. Nous avons pu, en plus du carnet de notes classique, utiliser des magnétophones ou des caméras vidéo pour saisir les individus en interaction sociale.

Cette méthode est également utilisée par les anthropologues ou par les ethnologues. Il s'agit d'entretiens individuels, mais parfois également d'entretiens de groupe. L'entretien était directif (avec un protocole de questions préétabli), semi-directif (réponses ouvertes) ou non directif (en laissant place aux digressions et à la conversation spontanée). Ces méthodes qualitatives ont pris des formes plus spécifiques, comme dans le cas des histoires de vie.

La sociologie, comme l'histoire, avec leur usage intensif des informations indirectes nous ont servi de modèle. Il s'agit, en général, de diverses sortes de documents : des récits de vie, des rapports cliniques ou judiciaires, des documents personnels, des sources journalistiques ou d'autres sources publiées. Nous avons pu réaliser une analyse de contenu de ce genre de corpus. Dans certains cas, cette analyse pourra avoir une dimension quantitative, et comporter l'utilisation de logiciels d'analyse des textes. C'est une enquête.

Le terme « enquête(49(*)) » désigne à la fois la réalisation d'entretiens non directifs et la collecte et l'analyse des réponses recueillies par questionnaire auprès de larges échantillons de la population. Pendant les années quarante et cinquante, les méthodes statistiques servant à classifier et à interpréter les résultats obtenus lors des enquêtes ont été un temps considérées comme la principale technique de recherche sociologique. Pratiqués pour la première fois dans les années trente aux États-Unis, les sondages d'opinion, en particulier les sondages préélectoraux et les études de marché, sont aujourd'hui les outils classiques des politiciens ainsi que des nombreuses organisations et entreprises concernées par l'opinion publique.

Nous ne prétendons nullement sous-évaluer les efforts d'élucidation du concept philosophique d'appartenance chez Mutuza, même si à notre avis ce n'est qu'une hypothèse. On ne peut ouvrir un débat sérieux et honnête à ce sujet sans poser au préalable le problème de la métaphysique(50(*)) comme un rapport entre cette aporie de systématisation et le plan « théorie-logique » de la problématique du discours « philosophique » comme lieu général où la philosophie de l'appartenance trouve son alvéole, se personnalise, coexiste avec d'autres concepts comme la monadologie, le néant, l'unité etc. La réévaluation de concept qui est la méthode même de Mutuza nous permettra de mettre son auteur sur l'acide de la méthode dont il est lui-même le champion.

Nous partirons de l'analyse de l'oeuvre de l'auteur pour scruter la compréhension des concepts de l'identité et de l'appartenance. Si Musey de son côté fait un éclatement des concepts en se posant sur les bases archéologiques, c'est pour montrer et démontrer les limites de l'appréhension de Mutuza et de son acception, quant au contenu à conférer au concept d'appartenance parce que placé du côté historique.

« Quand on se penche sur un penseur, on peut s'appuyer sur deux méthodes : ou faire une étude critique en donnant plus de crédit aux nombreux écrits consacrés à sa doctrine ou insister sur l'urgence d'une lecture directe quitte à intégrer au fur et à mesure les contributions extérieures »(51(*)). Pour ne pas nous enclore dans des interprétations stéréotypées, nous adoptons la seconde démarche. Nous lirons et suivrons Mutuza mot à mot, phrase par phrase, à travers une lecture attentive de son parcours et de ses textes dans/et ou par lesquels il exprime sans intermédiaire les concepts d'identité et d'appartenance(52(*)).

En philosophie, l'herméneutique des phénomènes humains requiert une interprétation qui s'oppose à l'analyse objective des phénomènes de la nature, c'est une notion cardinale de la philosophie contemporaine notamment de la philosophie existentielle (Heidegger dans Etre et temps, Jaspers, Sartre, Ricoeur pour qui l'existence est un signe dont le philosophe doit chercher le sens(53(*)).

* 48 Cfr. LAROUSSE, R., Introduction à la philosophie politique, p. 9.

* 49 Pour l'enquête, nous nous référons à John Dewey qui a profondément marqué l'histoire de la pensée américaine pendant la première moitié du XXe siècle, non seulement dans le domaine de la pédagogie mais aussi dans les questions politiques et économiques. Après la Seconde Guerre mondiale, son influence diminue cependant, et sa philosophie est éclipsée par les débuts de la philosophie analytique. Elle connaît cependant un regain d'intérêt à partir de la fin des années 1970, en particulier auprès des philosophes américains Richard Rorty et Hilary Putnam.

* 50 En métaphysique l'analyse comme la synthèse ont une double acception : la synthèse est, soit qualitative, elle est alors progrès dans la série des subordonnés de condition à conditionné, ou bien quantitative, elle est alors, comme dit Kant, un progrès dans la série des coordonnés, de la partie donnée, par ses compléments, au tout. Symétriquement, l'analyse, au premier sens, est une régression du conditionné à la condition, au second, du tout à ses parties possibles ou médiates, c'est-à-dire aux parties de ses parties ; et elle n'est pas division, mais la subdivision du composé. Et c'est au second sens seulement que nous prenons l'analyse.

* 51 Cfr. MUSEY, N.M., Claude Lévi-Strauss, Anthropologie et communication, Introduction.

* 52 Idem.

* 53 Contrairement à ce qui est habituel quant à ce qui concerne les notes, nous avons dû dans cette thèse, vu la complexité des sujets traités et de notre totale dépendance de multiples disciplines et leurs sources, faire appel à des notes nombreuses et quelquefois obèses. Nous demandons au lecteur de bien vouloir nous passer condamnation sur ce point. D'ailleurs, il peut, sans devoir aller constamment de l'étage au sous-sol, se faire une juste idée de l'ensemble des choses.

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus