WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Identité et appartenance: temps et comput anthropologique chez R. E. Mutuza Kabe

( Télécharger le fichier original )
par Jean Francis Photios KIPAMBALA MVUDI
Université de Kinshasa RDC - Doctorat en philosophie 2012
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

v Refus de la définition

La dernière conséquence de cette réflexion laisse Mutuza sans voix à cause de son refus de définition. On cherchera en vain une théorie de philosophie politique chez Mutuza : le refus de définition est en même temps le refus de théorie parce que l'on ne peut avoir l'une sans l'autre. Mais il ne s'agit pas ici d'opposer un fait à un raisonnement, il s'agit plutôt de savoir si ce fait est pensable, exprimable rationnellement. C'est ce que peuvent faire tous ceux qui tenteront de rejeter la philosophie politique de Mutuza. Ils auront à contester au départ qu'une définition puisse se réduire à la connaissance de l'objet, un fait à son explication dans laquelle on peut analyser après coup ; et ils auront opposé, en somme, une expérience vécue au langage conceptuel dans lequel on la traduit.

Mutuza se montre plus prudent devant le problème de concept. Il se contentera de l'admirer, comme l'oeuvre du langage qui ne violente pas les confusions. Il signifiera pour lui la certitude d'une réelle appartenance qui est acquise dans l'ordre social, mais qui laisse aux confusions individuelles la possibilité de s'y soustraire. C'est une jungle nominale. Dans cette jungle il y a conflit des valeurs conceptuelles: démocratie (procédurale et déontique ou substantive et conséquencialiste) et droit de l'homme, la confiance aux voisins (communauté internationale) et la garde des frontières (souveraineté nationale). De là nait ce qui est forcé (armée), forcé, cela doit aussi garder son identité (contrôle). Autrement ce n'est pas forcé mais détruit. Dans ce contexte le temps entropologique se découvre dans les mots dont Mutuza se veut sans fausse modestie l'éclaireur.

Aux questions des mots, le concept d'appartenance ouvre la formulation du mythe Hima-Tutsi et son argumentation par la science coloniale. Mutuza réoriente la philosophie en dénonçant l'appartenance forcée des Tutsi sur les terres congolaises et l'erreur des anthropologues et philosophes de la science coloniale de vouloir confirmer l'assimilation des Tutsi à la nation congolaise. Il annonce une ingénierie sociale hors de tout utilitarisme, mettant en garde la tendance onusienne de faire le bien en forçant les Congolais d'être heureux. Il montre la vraie philosophie de l'appartenance et la perpétuation du mythe comme une tâche philosophique préalable.

v Nominalisme méthodologique 

De là nait le nominalisme méthodologique. Les définitions ne doivent pas occulter la valeur que la clarté apporte. L'identité du mythe Hima-Tutsi réside dans la définition (précision d'une équité successorale des dynastes) plutôt que dans la clarté (de la limite par une succession dont la mort ouvre la voie). Ce qui ramène à la conception instrumentale du mythe et à l'association de la théorie des ensembles et des nombres mathématiques, du cycle de l'octave et du nombre ð (p), passant par le nombre d'or et l'ouverture à la tablette de calcul babylonien. C'est l'effort d'une hygiène philosophique de l'anthropologie traditionnelle. Mutuza est optimiste. Optimiste, à cause de son antihistoricisme et à cause de son acceptation de la philosophie en tant qu'une vie, un genre de vie.

L'optimisme mutuziste dans la résolution du conflit Hutu-Hima-Tutsi révèle la problématique de l'appartenance culturelle. Ce qui justifie l'étude de corrélation et correspondance culturelles avec la fonction exponentielle dans la logique mathématique.

C'est un travail qui ouvre le mythe Hima-Tutsi à l'idéologie d'un royaume centralisé. Conception difficilement conciliable avec la problématique de la démocratisation des Etats modernes. Car les Tutsi ne se connaissent jamais étrangers dans une terre étrangère. Ils ont la turpitude de ressembler à des animaux de leur activité. La vie humaine étant inféodée à celle d'un boeuf, l'homme n'a de sens que dans sa vie biologique c'est-à-dire temporelle. Ce qui est tout à fait le contraire de Muntu qui voit la mort ouvrir un autre genre de vie. La mort devient un lien avec la vie et non pas une chaîne(432(*)).

L'histoire qui fonde l'anthropologie mutuziste est une ingénierie sociale antihistoriciste qui nous oblige à appartenir à des valeurs plus élevées. Cela à la seule condition que chaque groupe ne se ferme pas sur ses certitudes, ses préjugés et ses idéologies. Cela implique que le statut d'étranger soit accepté et respecté sans voile ni honte de peur que n'éclatent pas des conflits.

L'unification, à partir d'un état de philosophie ethnologique de l'organisation sociale antihistoriciste, témoigne déjà d'une élévation vers une condition historique d'une teneur considérable. La révolution philosophique de Mutuza prépare l'effondrement du système politique qui existe.

* 432 N'SANDA WAMENKA, Récits épiques des Lega du Zaïre, p. 34.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Des chercheurs qui cherchent on en trouve, des chercheurs qui trouvent, on en cherche !"   Charles de Gaulle