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Incidence de l'inflation sur la croissance économique au Burundi: une vérification empirique à  l'aide d'un modèle à  correction d'erreurs ( 1980- 2008 )

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par Jean- Marie Vianney BAKANIBONA
Université du Burundi - Licence en économie politique 2010
  

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I.1.2.3. L'inflation monétaire

Pour les auteurs néoclassiques et monétaristes, l'inflation résulte d'une émission monétaire trop importante : c'est en effet l'excès de la croissance de la masse monétaire sur celle de la production qui provoque l'augmentation du niveau général des prix.

I.1.2.3.1. Définition de la monnaie

Plusieurs auteurs ont tenté de définir le concept de monnaie dans l'histoire de la pensée économique. Cependant, il n'existe pas une définition qui est considérée comme la meilleure d'autant plus qu'il existe plusieurs conceptions de la monnaie. Malgré cette diversité, il y a lieu de retenir que la monnaie est l'intermédiaire moderne des échanges et l'unité de compte en laquelle sont exprimés les prix et les dettes. En contrôlant l'évolution de la monnaie et du crédit, l'Etat, avec le concours de la banque d'émission, peut nourrir l'espoir de favoriser l'équilibre des épargnes et des dépenses d'investissement, le niveau du PNB réel et monétaire et donc influer sur le taux d'inflation et le niveau des prix [Samuelson (1982)].

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Partant de cette définition, il transparaît clairement les différentes fonctions de la monnaie ainsi que le rôle de l'Etat dans la mise en oeuvre de la politique monétaire à travers sa banque d'émission. Par ailleurs, la plupart des économistes se contentent de la définition fonctionnelle de la monnaie. Selon cette définition, la monnaie est définie non pas par rapport à ce qu'elle est mais par rapport au service qu'elle rend. Ainsi, la monnaie remplit traditionnellement trois fonctions :

i) La monnaie comme unité de compte

La monnaie permet d'évaluer chaque bien par rapport aux autres. L'expression de cette valeur, c'est le prix de chaque bien. C'est donc au moyen de la monnaie que nous exprimons les prix en ce qui concerne tant les transactions immédiates que les transactions futures ou différées. Cette définition de la monnaie en tant qu'une unité de compte nous amène à faire des constatations suivantes :

- Le prix relatif donne la possibilité aux agents économiques de faire des choix ;

- La valeur d'un même bien sur deux marchés différents permettent de procéder à des arbitrages ;

- La monnaie en tant qu'unité de compte sert à effectuer des comparaisons dans le temps ; c'est-à-dire à anticiper les prix.

ii) La monnaie comme intermédiaire des échanges

Dans une économie d'échange non basée sur le troc, la monnaie permet d'effectuer des transactions portant sur le revenu dont disposent les agents économiques. La monnaie est donc un moyen de paiement accepté par tout le monde, directement utilisable pour effectuer les règlements sur le marché des biens et services ou pour régler définitivement toutes les dettes dans un espace de souveraineté monétaire défini.

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Si la monnaie est acceptée par tous, elle est un phénomène social qui doit faire l'objet d'un consensus conforté par l'Etat qui lui donne un cours légal et un pouvoir libératoire. Ainsi, la monnaie repose sur la confiance qui signifie que chacun accepte la monnaie parce qu'il s'attend à ce que n'importe quel autre l'accepte et l'acceptera dans un futur indéterminé. La confiance est donc la disposition d'esprit individuel qui appréhende la communauté de paiements comme une réalité qui dépasse l'horizon économique de chaque individu [Aglietta (1988)].

iii) La monnaie comme réserve de valeur

A partir du moment où la monnaie est un moyen d'échange, il est possible de la conserver. De ce fait, la monnaie est une réserve de pouvoir d'achat en ce sens que l'exercice de ce pouvoir est simplement reporté dans le temps.

La monnaie fournit un moyen sûr de conserver tout au moins une partie d'une fortune sûre en ce sens qu'elle protège le possesseur contre les fluctuations en hausse et en baisse inhérents aux stocks, aux terrains, aux maisons ou aux obligations.... [Samuelson (1982)].

I.1.2.3.2. Les agrégats monétaires

Dans tous les pays, la connaissance des instruments de paiement à la disposition du public, des instruments de réserve et de la monnaie à la disposition tant du public que des institutions financières s'acquiert ou se conçoit à travers des agrégats monétaires.

L'objet d'une telle démarche est d'essayer de déterminer la capacité potentielle de dépenses des agents économiques dont l'activité principale est d'intervenir sur le marché des biens et services, de produire, acheter, de vendre et d'épargner.

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La mesure de la monnaie est d'autant plus complexe dans la mesure où elle est devenue un phénomène social à la fois institutionnel et conventionnel dans une économie moderne. C'est pour cette raison que la classification des actifs monétaires sous forme d'agrégats diffère d'un pays à l'autre. La définition théorique des agrégats constitue un effort de classification permettant de distinguer différents avoirs monétaires de façon logique.

a) L'agrégat M1

C'est un instrument de paiement à la disposition du public sans formalités et sans coûts. Cette monnaie est constituée par les billets et pièces en circulation ainsi que des dépôts à vue non rémunérés dans les banques ou organismes assimilés. Elle est utilisée directement comme moyen de paiement et c'est aussi la monnaie au sens strict du terme.

b) L'agrégat M2

En plus de l'agrégat M1 qui est sa composante, l'agrégat M2 renferme aussi la quasi -monnaie ; c'est-à-dire les dépôts ou placements liquides à court terme. C'est la monnaie au sens large de même que l'agrégat M3.

c) L'agrégat M3

Cet agrégat est constitué par M2 auquel s'ajoutent les placements liquides à moyen et long terme.

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I.1.2.3.3. Les causes et les mécanismes à la base de la création monétaire

Plusieurs facteurs sont reconnus comme pouvant être à l'origine de l'augmentation de la quantité de la monnaie en circulation et par conséquent de l'inflation. Il s'agit notamment de l'excès de crédit, de l'excédent de la balance commerciale et du financement du déficit budgétaire.

a) L'excès de crédit

Les mécanismes d'octroi de crédits peuvent aboutir à une véritable création monétaire.

En effet, les banques utilisent normalement leurs dépôts pour accorder des crédits. Cependant lorsque les dépôts sont insuffisants (notamment en cas d'excès de crédits) les banques s'adressent à la banque centrale pour réescompter les effets de commerce qu'elles détiennent : ce qui occasionne une augmentation de la quantité de monnaie en circulation.

b) Le financement du déficit budgétaire

Contrairement à ce qui est couramment répandu, le financement budgétaire n'entraîne pas, dans tous les cas, une création de monnaie excédentaire. C'est le cas lorsque l'épargne publique et les dépôts en banques ou chez les correspondants du trésor sont assez abondants pour couvrir, sans trop de peine, l'excédent des dépenses sur les recettes de l'Etat.

Par contre, la dette extérieure publique ainsi que les avances de la banque d'émission au trésor conduisent à une augmentation de la quantité de monnaie en circulation. S'agissant de cette dernière forme de financement du déficit budgétaire, il faut noter que le problème réside dans le fait que, dans beaucoup de cas, la banque centrale fait imprimer des billets qu'elle remet au trésor moyennant une simple reconnaissance de dette.

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Bien plus, les avances sont en théories remboursables, mais ce n'est pas encore le cas dans les pays en voie de développement où ce mode de création monétaire ex-nihilo fait l'objet de vives critiques en raison de son caractère inflationniste.

c) L'excédent de la balance commerciale

Il importe également de signaler que l'excédent de la balance commerciale entraîne une augmentation de la masse monétaire et comporte par conséquent un risque inflationniste dans la mesure où le paiement se fait en monnaie étrangère qui, en se transformant en monnaie nationale, accroît la masse monétaire sur le marché. Si cet excédent commercial est à la fois permanent et important, il peut créer un déséquilibre entre les disponibilités monétaires et la masse des biens et services offerts sur le marché local ; ce qui occasionne un phénomène inflationniste.

I.1.2.3.4. L'action des taux d'intérêt dans l'accroissement du niveau de la demande agrégée

L'action du taux d'intérêt dans l'accroissement du niveau de la demande globale diffère selon que l'on se déplace dans la logique de Keynes ou Wicksell.

a) L'approche de Keynes

Contrairement à la théorie quantitative de la monnaie qui reconnaît l'existence d'une relation directe entre la quantité de monnaie et le niveau des prix, Keynes considère que la relation entre les deux est indirecte.

La divergence entre ces deux taux d'intérêt explique la variation du nouveau général des prix.

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En effet, une augmentation de la quantité de monnaie entraîne une baisse du taux d'intérêt (monétaire) lequel provoquera, à son tour, un accroissement de la demande d'investissement et, par la suite, une élévation de la demande.

En situation de sous-emploi, cette hausse de la demande globale suscitera une augmentation de la production. Par contre, la monnaie sera neutre dans deux cas suivants :

- situation de plein-emploi dans la mesure où l'accroissement de la demande globale (due à l'augmentation de la masse monétaire) déclenche une hausse des prix du fait qu'il n'existe pas de ressources inemployées ;

- Situation de trappe à liquidité dans laquelle le taux d'intérêt ne peut pas descendre en dessous d'un certain seuil. Selon Keynes, cette situation est générée par l'indifférence des agents entre des titres rapportant un taux d'intérêt très petit ou des encaisses ne rapportant rien.

b) L'approche de Wicksell

Le modèle de Wicksell, tout comme celui de Keynes, introduit l'existence d'un mécanisme indirect entre la monnaie et les prix mais, cette fois-ci, par l'intermédiaire de deux types de taux d'intérêt :

- Le taux d'intérêt naturel ou réel qui correspond au rendement monétaire que les entrepreneurs espèrent tirer de l'investissement productif des capitaux empruntés sur le marché monétaire ;

- Le taux d'intérêt monétaire qui apparaît sur le marché monétaire lors des prêts d'argent.

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Pour l'expliquer, partons d'une situation d'équilibre avec coïncidence du taux d'intérêt naturel tno et du taux monétaire tmo. Supposons que suite à une modification de l'innovation technologique, par exemple, entraînant un accroissement de la productivité, le taux naturel augmente passant de tno à tn1. Si le secteur bancaire ne parvient pas à accroître le taux monétaire, un excès de demande sera créé sur le marché des biens à cause de l'accroissement de la demande d'investissements consécutifs à ce déséquilibre entre les deux sortes de taux d'intérêt. Cette situation provoquera une élévation du niveau général des prix toujours dans l'hypothèse d'une économie se trouvant dans un état de plein-emploi de ses facteurs de production. Remarquons également que le cas contraire, c'est-à-dire une baisse du prix peut se produire en cas de maintien, par les banques, d'un taux monétaire supérieur au taux naturel.

I.1.2.3.5. La théorie quantitative de la monnaie

Un théoricien quantitativiste est quelqu'un qui partage l'idée que les changements séculaires dans le niveau des prix sont dus surtout aux changements du stock de monnaie ou que toute instabilité des prix provient fondamentalement des causes monétaires plutôt que non monétaires [Blaug (1996)].

L'idée d'une relation entre la quantité de monnaie et le niveau général des prix est ancienne. En effet, les penseurs grecs comme ARISTOTE et XENOPHON avaient constaté que l'afflux des métaux précieux dû à l'exploitation des mines et aux conquêtes coïncidait avec la hausse des prix. En considérant les deux conceptions ci-avant, la connaissance des variables qu'il faut retenir dans l'expression de la relation quantitative d'une part, de la forme qu'il faut lui donner d'autre part et en fin de son pouvoir explicatif sont les principales interrogations des économistes dans le temps.

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A cet effet, les premiers auteurs quantitativistes identifient la relation entre la monnaie et les prix sans lui donner la forme algébrique parfaitement satisfaisante. C'est Irving FISHER qui ouvrira la voie à de substantiels progrès dans la formulation des équations quantitatives de la monnaie.

I.1.2.3.5.1. Les premières conceptions de la relation quantitative

Dans ce paragraphe, nous cherchons à confronter les auteurs préclassiques d'un côté et les classiques de l'autre.

a) Les auteurs préclassiques

J.BODIN est souvent considéré comme le précurseur de ces auteurs. En réfléchissant avec MALESTROIT à la hausse des prix en Espagne et en France au XVIème siècle, J.BODIN attribuait cette hausse à l'afflux d'or et d'argent en provenance du nouveau monde. Mais, puisqu'il établissait le rapport entre l'afflux des métaux précieux et la hausse des prix, cet auteur n'a pas généralisé ses conclusions pour en faire une véritable théorie, il n'apparaissait pas l'idée d'une proportionnalité entre les variations de la quantité de monnaie et celles des prix.

C'est cependant avec apparition de J. LOCKE au XVI siècle que cette idée de proportion qui est à la base de la théorie dans la période fut perçue. En effet, pour J. LOCKE, les prix varient en proportion directe avec la quantité de monnaie en circulation. Le philosophe et banquier du nom de HUME (1752) discute l'idée que le pouvoir d'achat de la monnaie est inversement proportionnel à sa quantité. L'apport propre de cet auteur est la distinction claire entre le court terme et le long terme. Ainsi, dans le long terme, une stricte proportionnalité entre le niveau des prix et la quantité de monnaie doit être vérifiée mais dans le court terme les variations de la quantité de monnaie produisent des variations dans le volume des transactions.

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b) Les auteurs classiques

Si nous admettons que les auteurs classiques du XIXème siècle ont inscrit leur analyse de la monnaie dans le cadre de la théorie quantitative, nous porterons une plus grande attention à D. RICARDO considéré comme le père de cette théorie et à J.S. MILL qui l'a reformulée.

D'un coté, la vision ricardienne de la théorie quantitative comparée aux intuitions, aux nuances des auteurs qui en avaient posé les prémices, peut sembler simplificatrice en ce sens que la vitesse de circulation de la monnaie n'est pas prise en compte d'une part et que la monnaie n'exerce aucune influence sur la production et les échanges d'autre part. La quantité de monnaie en circulation dépend, selon RICARDO, des variations du stock d'or dues aux découvertes de nouvelles mines. Cela signifie donc que l'offre de monnaie est définie de manière exogène.

RICARDO adopte une conception stricte de la théorie quantitative : les besoins de la circulation monétaire étant fixés par le niveau de la production et des échanges, les variations de la quantité de la monnaie conduisent à une variation proportionnelle du niveau général des prix.

D'un autre coté, J.S. MILL reformule à son tour la théorie quantitative à laquelle il apporte plusieurs perfectionnements par rapport à celle de RICARDO. Quant à lui, MILL prend en compte la vitesse de circulation la monnaie. Pour lui, la monnaie thésaurisée, donc retirée provisoirement de la circulation n'exerce aucun effet sur les prix.

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I.1.2.3.5.2. La théorie quantitative traditionnelle

La formulation la plus courante de la théorie quantitative de la monnaie est celle d'Irving FISHER : M*V =P*T où M est la masse monétaire en circulation, V la vitesse de circulation de la monnaie, P le niveau général des prix et T le volume des transactions à assurer.

Une définition la plus large de la masse monétaire déboucha sur l'expression : M*V+M'*V' = P*T, qui distingue les espèces en circulation (M) des dépôts (M'), chaque composante de la masse monétaire globale ayant une vitesse de circulation propre (respectivement V et V'). La signification la plus simple consiste à dire que tout accroissement de la masse monétaire supérieur à celui de la production réelle se traduira par un ajustement à la hausse de l'ensemble des prix tel que la valeur globale des échanges soit égale à celle de la nouvelle quantité de la monnaie en circulation. En d'autres termes, la relation entre la quantité de monnaie et le niveau général des prix est directe.

A court terme ou dans le cas d'un appareil de production ne pouvant pas répondre à l'augmentation de la demande, la variation des prix serait proportionnelle à celle de la masse monétaire. Dans cette approche, l'offre et la demande de monnaie dépendent de facteurs distincts voire qu'il n'existe pas de véritable demande de monnaie pour elle-même, celle-ci n'étant demandée que pour être immédiatement transformée en demande de biens et services «réels» s'il en était autrement en effet, la création monétaire pourrait n'être que la conséquence du besoin en moyens de paiement de la communauté et les facteurs monétaires perdraient leur pouvoir explicatif du mouvement des prix, en devenant au contraire une conséquence de ceux- ci.

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Pour donner à la monnaie un rôle propre et déterminant dans la formation des prix nominaux, force est donc de considérer qu'il existe une offre de monnaie, fonction soit d'événements aléatoires, soit de la politique suivie arbitrairement par les autorités monétaires contrôlant le système bancaire.

I.1.2.3.5.3. L'équation de Cambridge

Développée par Alfred MARSHALL et Arthur Cecil PIGOU, cette équation consiste à tenir en compte les encaisses monétaires que les individus souhaitent détenir sous forme de revenu réel en monnaie. Cette encaisse réelle sera déterminée par application d'un coefficient k au revenu réel.

On aura : M/P = k Y (1)

Avec :

M : masse monétaire

P : niveau général des prix

Y : le revenu réel

De l'équation (1), il est possible de déduire l'encaisse nominale de la forme suivante :

M = k PY (2)

L'équation (2) signifie que l'accroissement de la masse monétaire conduit les agents à recevoir de la monnaie pour un montant supérieur à celui qu'ils souhaitaient détenir. Ils augmentent donc leurs dépenses. Cela provoque une hausse des prix tant que l'encaisse réelle n'a pas encore retrouvé la même proportion avec le revenu réel qu'avant l'augmentation de la masse monétaire.

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I.1.2.3.5.4. Une nouvelle interprétation de la théorie quantitative de la monnaie

Dans cette section, il sera question d'analyser la théorie quantitative de la monnaie telle qu'interprétée par Milton FRIEDMAN, Don PATINKIN et Richard CANTILLON.

a) Analyse de M. FRIEDMAN

L'inflation est toujours et partout un phénomène dont la responsabilité repose sur la politique de l'Etat [Friedman (1990)]. Pour lui, la création monétaire relève d'une décision ou d'un contrôle des gouvernements.

Soumis à des permanentes pressions des différents agents ou du système bancaire, l'Etat doit dépenser davantage sans pour autant augmenter la pression fiscale ou valider les créances privées afin de soutenir l'activité économique et d'aider telle ou telle catégorie sociale. La création monétaire permet ainsi de créer un «impôt d'inflation», les recettes de l'Etat augmentant dans la mesure où les tranches d'impôts sur le revenu ne s'ajustent pas mécaniquement à l'inflation et/ou les bilans des entreprises ne sont pas réévalués.

Dans le même temps, la dette de l'Etat se trouve allégée .Ainsi, conclut cet auteur, le gouvernement doit donc partout être rendu responsable de l'inflation.

Pour Milton FRIEDMAN, si le rythme de la croissance monétaire n'est pas le même que celui de la croissance de la production réelle observée dans le long terme, donc la création monétaire (excessive), les agents qui désirent détenir une encaisse monétaire déterminée par son pouvoir d'achat (encaisse réelle : M/P est fonction de variables de comportement stables) convertiront une partie de cette encaisse en demande de biens et services afin de conserver la même structure de leur patrimoine.

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Cet «effet d'encaisse réelle» provoquera un excès de demande qui entraînera une hausse des prix. Celle-ci peut entraîner, selon FRIEDMAN, une relance ponctuelle de l'activité, mais à très court terme seulement car l'inflation réduira bien vite le pouvoir d'achat des revenus et de la monnaie. Cela découragera tout nouveau développement de l'activité. Ainsi, dans le long terme, la masse monétaire n'exercerait un effet que sur les prix et non sur le produit réel.

b) Analyse de DON PATINKIN

Il revient sur l'effet d'encaisse réelle ou effet Pigou et insiste sur son double avantage :

- Elle permet de comprendre comment la monnaie agit sur les prix :

Soit M1/P1, l'encaisse réelle de la période 1

Si M1 augmente jusqu'à M2, les agents détiennent une encaisse M2/P1 supérieure, ce qui entraîne un accroissement des dépenses, donc de la demande provoquant, à son tour, une hausse des prix en cas de plein-emploi des facteurs de production. Cette analyse rejoint donc la précédente.

- Elle permet également de montrer que le niveau général des prix n'est pas indéterminé car une hausse des prix entraîne normalement une dévaluation des encaisses réelles qui passent de M1/P1 à M1/P2 avec P2>P1.

Cette situation fait que les agents reconstituent leurs encaisses et la diminution de la demande qui en découle conduit à une réduction des prix.

c) Richard CANTILLON

Richard CANTILLON est considéré comme étant l'auteur à avoir donné l'approche quantitativiste la plus convaincante. Il rend hommage à ceux qui ont relevé le rôle de l'abondance de l'argent sur la hausse du prix des biens et services mais se distingue en quelque sorte d'eux.

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Pour Richard CANTILLON, la hausse des prix s'explique non pas par le simple accroissement de la quantité de la monnaie mais par l'augmentation de la demande que celle-ci permet. Or, cet effet sur les prix s'effectuera à travers une succession de dépenses et ne sera donc pas immédiat surtout si ceux dont le revenu augmente ont une propension à épargner élevée et différente de l'accroissement de leur consommation. De surcroît, il estime qu'une partie de ces revenus peut être utilisée à l'achat de produits importés, ce qui réduit la circulation monétaire et l'effet de la demande sur les prix intérieurs. D'autre part, l'augmentation de la circulation monétaire se traduit par une entrée dans l'économie monétaire, de transactions prenant jusqu'alors la forme du troc ; ce qui accroît l'offre globale. Ce dernier argument apparaît évoquer une organisation économique dépassée mais ceux qui le soutiennent affirment qu'il peut être transposé dans les économies développées où la création monétaire a attiré vers le monde de la production marchande des catégories sociales qui lui étaient extérieures.

L'analyse de Richard CANTILLON reconnaît donc que la monnaie exerce une action sur l'économie réelle et n'établit la responsabilité de la création monétaire dans la hausse des prix que dans certaines conditions.

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"Il existe une chose plus puissante que toutes les armées du monde, c'est une idée dont l'heure est venue"   Victor Hugo