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Déterminants individuels et familiaux de la non scolarisation des enfants de 6 à  11 ans au Bénin

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par Ayéditin Alexandre et Issakou YESSOUFOU et SALIFOU
Université d'Abomey- Calavi au Bénin - Licence professionnelle en statistique- économétrie 2012
  

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2-2 : Quelques recherches théoriques

2-2-1. Notions de demande d'éducation

Dans l'univers des biens et des services divisibles on peut se contenter de dire que l'offreur propose un bien et que la demande légitime la proposition en achetant le bien. Mais on peut imaginer aussi que les demandeurs expriment leurs désirs en explicitant les utilités qu'ils recherchent et que les offreurs traduisent ensuite cette demande latente en biens concrets ; c'est ce qui se passe pour certaines productions sur commande. La demande d'éducation, est l'intention exprimée ou non par une frange de la population d'entreprendre ou de poursuivre des études. Elle est matérialisée par la population scolarisable et résulte d'un ensemble de décisions déterminées par plusieurs facteurs. En revanche, l'offre éducative est un ensemble de dispositions mises en place permettant de satisfaire la demande exprimée. Elle est principalement l'oeuvre de l'Etat et ses partenaires (Tchoudja, 2007). Par ailleurs, l'éducation est souvent considérée comme un atout indispensable pour amorcer le délicat problème du

Rédigé par : Issakou SALIFOU & Alexandre Ayéditin YESSOUFOU Page 17

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développement durable des pays de l'Afrique subsaharienne. Il est opportun qu'on puisse porter une analyse sur ce concept qui depuis des lustres fait l'objet de tant d'études tout en restant dans le cadre de notre étude.

2-2-1-1. La demande d'éducation selon l'approche du capital humain

L'approche économique contemporaine de l'éducation s'est développée à partir de la fin des années 1950 avec les travaux de Schultz (1963), Becker (1964) et Mincer (1958, 1974) qui ont fondé la théorie du capital humain. Selon cette théorie, les compétences acquises dans le système d'enseignement (école, collège, lycée, université, etc.) augmentent la productivité des individus et, partant, accroissent les revenus qu'ils tirent de leur travail. En d'autres termes, elles constituent une forme de capital dont la particularité est d'être « incorporée » dans les personnes qui la détiennent, d'où son nom de capital humain. L'éducation est alors représentée comme un investissement en capital humain : les individus décident de la durée et du contenu de leurs études en fonction de leurs coûts ainsi que des bénéfices. La théorie économique de la demande d'éducation, repose sur l'idée que les individus déterminent leur parcours scolaire et universitaire de façon rationnelle, en fonction du rendement de l'investissement en capital humain qu'il représente (Becker, 1964) . Ce rendement est la différence entre les bénéfices de l'éducation, qui incluent notamment des revenus du travail plus élevés reflétant la productivité accrue des travailleurs les mieux formés, et les coûts de l'éducation, qui sont de deux ordres. Il existe, d'une part, des coûts « directs », frais de scolarité et autres dépenses nécessaires à la poursuite des études, et, d'autre part, des coûts « d'opportunité », à savoir les revenus qu'il aurait été possible de percevoir en travaillant plutôt qu'en étudiant.

La théorie du capital humain postule donc , que l'éducation est l'un des moyens par lequel un pays peut améliorer significativement la productivité de sa main-d'oeuvre et augmenter de manière durable son potentiel économique. Dans une étude sur les USA, Denison (1985) trouve que l'augmentation du niveau d'éducation du travailleur moyen entre 1929 et 1982 explique près du quart de la croissance du revenu par tête sur la période. Les succès économiques des pays asiatiques comme le Japon, Taïwan, illustrent bien l'importance du capital humain dans la croissance. Ces pays qui importent presque toutes leurs ressources énergétiques et font face à l'adversité des pays occidentaux, ont réalisé de forts taux de croissance en s'appuyant sur l'éducation et la formation (Becker, 1993). Cet impact positif de l'éducation sur la croissance économique et le développement est le fondement des politiques économiques consistant à encourager l'éducation des enfants.

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Les programmes d'ajustement structurel (PAS) de 1980-2000 ont eu des effets néfastes sur les conditions de vie des ménages en Afrique au sud du Sahara, accentuant ainsi les arbitrages entre consommation de base et investissement en capital humain. Ces arbitrages se sont souvent faits au détriment des investissements en capital humain, l'objectif des ménages étant d'augmenter et de stabiliser la consommation alimentaire car l'insécurité alimentaire constitue jusqu'ici un problème crucial en Afrique au sud du Sahara (Savadogo, 2005). Dans les économies pauvres, les ménages font donc face à des choix sévères entre scolariser l'enfant et le faire travailler afin de se procurer un revenu pour subvenir aux besoins immédiats et essentiels du ménage (Patrinos et Psacharopoulos, 1995). Selon Grootaert et Kanbur (1995), dans un environnement économique où la survie dépend du travail dans le secteur informel, beaucoup de ménages concluront que faire travailler leurs enfants en les soustrayant du système formel d'éducation est la plus pertinente des solutions dans la lutte pour la survie et l'éducation peut offrir les meilleures perspectives pour le futur. Il s'agit en fait pour les ménages de faire un arbitrage entre leur consommation présente (faire travailler l'enfant) et la consommation future (le laisser dans le système éducatif formel pour développer ses capacités). Ils devront donc opérer des arbitrages sévères entre ces deux décisions.

2-2-1-2. La demande d'éducation selon l'approche du filtre et du signal

Selon la théorie de Becker, si un travailleur est mieux formé qu'un second, son revenu doit être supérieur. La théorie ne se vérifie pourtant pas systématiquement. En effet, d'autres variables entrent en compte : les économistes ont d'abord étudié la fonction qui lie le revenu au niveau d'éducation, R = f (E), puis ils l'ont élargie à d'autres variables sociologiques, qui n'ont rien à voir avec la productivité (spécificités de l'entreprise, structure du marché du travail, contexte économique, secteur d'activité, sexe ou âge de l'actif...). Selon Spence, l'éducation n'aurait pas pour effet d'augmenter la productivité de l'agent mais de sélectionner les agents qui sont déjà et seront les plus productifs. Il y a lieu dans ce cas de remettre en cause la rentabilité sociale d'une éducation qui comporte des coûts importants sans pour autant améliorer la productivité des travailleurs. Le diplôme obtenu est donc simplement un signal pour l'employeur, c'est une preuve que l'agent est meilleur que les autres et qu'il a été sélectionné. II reste aux individus à choisir la formation qui permet d'envoyer le meilleur signal, soit celle qui offre le plus de possibilités pour trouver un emploi, soit le meilleur taux de rendement. La formation dispensée dans des écoles prestigieuses est alors la plus valorisée puisque les étudiants ont été sélectionnés pour y entrer.

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La théorie du signal est un prolongement de celle du filtre. Selon Arrow (1973), initiateur de cette approche, la formation en particulier le diplôme, sert à apporter l'information sur les qualités des individus (intelligence, capacité de travail...). L'éducation ne sert donc pas à accroître les capacités des individus mais à les identifier afin de pouvoir les filtrer. Le système productif filtre les individus en fonction des qualités qu'il recherche. Arrow s'intéresse aux coûts et avantages pour la collectivité d'un tel processus. En définitive, la théorie du capital humain reste pertinente pour analyser la demande d'éducation et justifier une relation positive entre l'éducation et les salaires mais aussi entre éducation et emploi. Il est par ailleurs tout à fait envisageable que la sélection selon les titres par les employeurs donne une incitation à produire le signal qui maximise la probabilité d'être sélectionné ; cette incitation résulte justement du taux de rendement privé de l'investissement en éducation. En effet, selon Blaub, il paraît difficile de limiter le rôle de l'éducation à la seule fonction de signalement. Cela laisserait peu de marge au système éducatif pour contribuer à la croissance économique.

2-2-1-3. La demande d'éducation comme produit des politiques publiques

Chaque pays possède son système éducatif qui a des caractères propres et qui traduit un ensemble de choix politiques généralement très durables. De ce point de vue, l'offre précède la demande et dans une certaine mesure la conditionne, le modèle, la suscite ou la limite. Mais il reste des marges de liberté, l'interaction entre offre et demande est évidente. La structure des systèmes éducatifs dépend principalement de choix politiques qui sont largement irréversibles et ne sont pas substantiellement modifiés par les changements de majorité politique. C'est ce qui explique que chaque pays présente un système caractéristique dont les traits essentiels demeurent reconnaissables (Vincens, 2000). Les changements s'inscrivent le plus souvent dans cette continuité nationale et il suffit quelquefois de modifier légèrement les règles pour provoquer des effets considérables : en Italie par exemple, l'unification de la formation obligatoire au début des années soixante et l'ouverture plus large de l'enseignement supérieur aux diplômés des nombreux instituts techniques et professionnels ont permis l'élévation de la scolarisation. Celle-ci n'a pas été le résultat d'une réponse passive des familles et des jeunes, suivant docilement les injonctions de l'Etat en matière éducative. Pour s'en convaincre, il faut distinguer les deux aspects de tout système éducatif, son architecture arborescente d'une part et la répartition quantitative du flux d'élèves dans les diverses « canalisations » proposée par l'architecture d'autre part.

Rédigé par: Issakou SALIFOU & Alexandre Ayéditin YESSOUFOU Page 20

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L'Etat construit l'architecture du système, c'est-à-dire les différentes filières et leur articulation, la durée des cursus, les conditions générales d'admission et les contenus des enseignements, selon des modalités le plus souvent complexes et dans certains cas en liaison avec les entreprises. La demande a généralement peu d'influence directe sur cette construction. La répartition du flux d'élèves dans les différentes voies ouvertes dépend des moyens matériels accordés à chacune et là aussi les Pouvoirs Publics peuvent prendre l'essentiel des décisions. Notamment ils peuvent fixer la proportion de la génération pouvant suivre (ou devant suivre) tel type de formation. Selon Vincens (2000), vers 1960, époque où une proportion encore forte de jeunes ne dépassait pas la scolarité obligatoire dans certains pays d'Europe, un tel système de politique éducative pouvait aboutir à des rationnements simples : une partie des jeunes qui auraient voulu poursuivre des études se trouvaient rejetés sur le marché du travail. Plus tard, la notion de rationnement global a souvent laissé la place à des rationnements localisés, accompagnés de places libres dans d'autres cursus. Autrement dit le nombre total de places était suffisant, mais un désajustement entre l'offre et la demande existait. C'est ici que l'influence de la demande apparaît.

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