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Approche sociologique de la prise en charge de la drépanocytose par le centre de référence de Niamey au Niger

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par Karl Rachid Suchet L Louis
Université Abdou Moumouni de Niamey - Maà®trise en sociologie de la santé 2013
  

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1.3 Revue de la littérature

Pour toute recherche scientifique, la revue de la littérature est une étape fondamentale. Cependant, quelques ouvrages scientifiques existent sur la drépanocytose, mais ne se sont pas beaucoup appesantis sur la prise en charge d'un point de vue sociologique. Ces derniers traitent de la maladie pas des malades, moins encore aux aspects sociaux de cette maladie.

C'est ainsi que la drépanocytose est la résultante de plusieurs facteurs à la fois univoques et combinés.

1.3.1 Les facteurs ethniques et raciaux

La littérature scientifique existante illustre le double stigmate celui de la maladie et de la race. La drépanocytose serait « une maladie de Noirs » ; il s'agit de l'un des stéréotypes les plus fréquents au sujet de cette affection. Pour comprendre

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l'origine de cette idée, il faut contextualiser l'histoire de la découverte de la drépanocytose.

HERRICK(1910) découvre en 1910 aux Etats-Unis en laboratoire la présence de globules rouges falciformes dans le sang d'un malade antillais souffrant d'anémie chronique. Cette découverte intervient à un moment où les caractères biologiques commencent à prendre le relais des caractères anatomiques dans la typologie humaine, avant la remise en question de la notion de race.

Néanmoins, les premiers dépistages du trait drépanocytaire en Afrique ont été publiés à partir des années quarante (40), soit à peu près un demi-siècle après la première découverte aux États-Unis tout ceci dans un contexte de la médecine coloniale dont les axes de recherche se concentrent sur la « pathologie exotique » qui n'intéresse que très peu de médecins de la métropole (LEHMANN, H.1952).

LEHMANN (ibid.) propose l'interprétation suivante aux résultats des dépistages au sein des différentes populations : « le gène S serait une caractéristique noire et le métissage avec des non-africains expliquerait les zones de répartition plus faibles de la maladie». Cette interprétation correspond bien à l'idéologie dominante selon laquelle les « nègres » seraient porteurs de tare dont le résultat serait la dégénérescence de leur race et le métissage serait dangereux pour les blancs.

Des études ultérieures montrant la présence du gène «S» au Moyen Orient dans une population arabo-juive et son absence en Afrique du sud chez « d'authentique nègres » posent des problèmes politiques aux blancs imposant l'apartheid car elles ne trouvent pas d'explications raciales. Ce n'est qu'en 1964 que LIVINGSTONE, généticien américain formule l'hypothèse selon laquelle les hétérozygotes ont un avantage sélectif en milieu palustre, ce qui permet de relativiser la question des origines de la maladie limitée jusqu'alors à la question de la race noire, (LIVINGSTONE, 1964).

Au regard de ce qui précède, on peut dire que la drépanocytose est une maladie à stéréotype, stigmatisante d'une part et méconnue d'autre part, ce qui explique les

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multiples ravages qu'elle engendre tant au sein de la race noire qu'au sein de la race blanche.

Néanmoins, la drépanocytose représente outre un fait biologique, un phénomène social qui est construit par des acteurs sociaux entre autres, médecins, généticiens, malades, etc. C'est en cela qu'elle est une construction sociale et pour plusieurs raisons :

- D'abord, parce qu'elle est un support d'interprétation et qu'elle détermine pour

les uns et les autres des différences de points de vue et de lignes d'actions ;

- Ensuite, parce qu'elle révèle des préjugés, des pratiques de solidarités ou de discrimination, des stratégies de prise en charge et qu'elle engage le malade dans des processus de socialisation ;

Pour BONNET, D., (2001), « la prise en charge de la drépanocytose est récente et révèle une stigmatisation, une culture du secret et un dysfonctionnement des systèmes de santé ». Toutefois BONNET (ibid.) explique les fondements socioculturels de cette culture. « La stigmatisation des femmes jugées responsables de la transmission à leurs enfants de la maladie, la peur en Afrique d'être un poids financier pour le mari (achats fréquents de médicaments, hospitalisation à répétition) et d'être abandonnée pour cette raison, les craintes d'ostracisme des jeunes drépanocytaires vis-à-vis de l'entourage scolaire et même familial favorise l'idée selon laquelle la divulgation de cet état de santé peut provoquer une situation nuisible à ses intérêts ». Il faut dire ici que les catégorisations identitaires ou les processus d' « étiquetage » (GOFFMAN, 1973) dont les drépanocytaires sont victimes, pose la question des origines des races, des cultures, du métissage, etc. et tout ceux-ci influent considérablement sur la prise en charge de la drépanocytose.

En effet, selon AMSELLE J.L (1985 :170) : « l'ethnicisation des populations immigrées serait donc le produit d'une conception raciologique de l'assimilation qui doit résulter soit de l'absorption d'un groupe minoritaire par un groupe majoritaire, soit le métissage par le recours du mariage (mixte, consanguins) ».

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Ainsi, l'ethnicisation dont l'auteur fait état ici s'assimile au concept de culture et s'applique à des réalités très diverses ; c'est d'ailleurs pourquoi IZARD, M. (1991 :191) affirme que la culture est « un résultat d'analyse et non une donnée ». L'approche ethnique est donc tout à fait relative et dépend de la représentation des marqueurs identitaires de chaque utilisateur du terme.

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus