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Approche sociologique de la prise en charge de la drépanocytose par le centre de référence de Niamey au Niger

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par Karl Rachid Suchet L Louis
Université Abdou Moumouni de Niamey - Maà®trise en sociologie de la santé 2013
  

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1.3.3 Les facteurs liés aux aspects psychologiques de la grossesse chez la femme drépanocytaire

La grossesse n'est pas seulement un état physiologique particulier, elle représente aussi sur le plan psychique une phase de remaniement des équilibres acquis comportant à la fois le risque de décompensation psychologique et la chance d'une réorganisation enrichissante de la personnalité (FAURE, J. 2005). Cette étape du développement féminin est aussi appelée en psychologie : crise de la "maternalité" (concept développé par RACAMIER, P.C.). Crise à la fois corporelle, relationnelle, sociale et psychique qui entraîne une vulnérabilité particulière, une femme enceinte est fragilisée et très réactive. Cette période émotionnelle intense rend la femme particulièrement réceptive. Comme l'adolescence, la "maternalité" représente une crise d'identité et constitue une crise de la personnalité. En effet cet auteur a distingué les différents aspects de la crise qui sont entre autres :

- Transformation corporelle et hormonale, changement de statut social, importantes fluctuations pulsionnelles, réactivation et remaniement des conflits infantiles - conflits précoces oraux et conflits oedipiens, dissolution et reconstruction des identifications précoces, remise en cause des systèmes défensifs antérieurement organisés,

- Transformation de l'image du corps vécu,

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- Transformation du sentiment d'identité personnelle, l'identification mère/enfant est double : l'enfant est vécu à la fois comme une partie de la mère et en tant qu'entité autonome.

Cette crise de la maternalité débute pendant la grossesse, se poursuit et reprend avec et après la naissance (et au cours des autres grossesses). La fin de grossesse, le moment de l'accouchement et les jours suivants correspondent à une période de mutation, au cours de laquelle la femme est particulièrement réactive et vulnérable.

Ainsi, pendant la grossesse, la femme est parachutée au coeur de tous ces conflits, parce qu'en elle résonne toute son enfance. Certaines femmes enceintes semblent présenter les traits cliniques d'une structure psychotique, ces traits qui ne s'accompagnent pas des symptômes correspondants varient rapidement et disparaissent spontanément. (FAURE, J., Ibid.)

En outre, la question du désir d'enfant peut être vécue comme un paradoxe : la femme drépanocytaire qui se sent inconsciemment menacée de mort, aspire à donner la vie ; donc le désir d'enfant dans ce contexte peut être entendu comme un moyen d'éviter une destruction et de lutter contre l'angoisse de mort.

Selon le Dr ALOVOR, G. (1986) « certaines femmes ont en mémoire ''l'interdiction de la grossesse» ; 'c'est-à-dire la contre-indication médicale ou la réticence vécue ou entendue comme interdiction de la part de tel médecin, de tel gynécologue qui déconseillent fortement la grossesse ; ils connaissent peut-être mal la drépanocytose et l'existence d'un suivi de grossesse spécifique. En début de grossesse, la proposition médicale d'une interruption de grossesse leur a souvent été faite, en évoquant un risque vital ou pour la femme ou pour le foetus ; on sait avec quelle acuité la femme enceinte peut entendre tout ce qui est dit sur sa grossesse ».

En effet, le désir d'enfant peut être perçu comme l'expression d'un défi pour contredire le discours médical, pour exprimer une révolte, un refus face à toutes les limitations que la maladie (et par extension la société à travers les médecins) a déjà imposées, une manière de s'opposer en particulier chez les femmes drépanocytaires jeunes. Il faut noter au passage qu'il est souvent conseillé aux femmes drépanocytaires

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qui souhaitent avoir des enfants, d'être enceintes entre 20-25 ans plutôt qu'entre 30-35 ans. (ALAVOR, G. ; ibid.).

Par conséquent, lorsqu'il y a désir d'enfant, la question du risque de transmission de la maladie est, pour la femme drépanocytaire, inévitablement évoquée du fait du caractère héréditaire de la drépanocytose. Il est alors nécessaire que le conjoint fasse un dépistage à travers l'examen sanguin, l'électrophorèse de l'hémoglobine. A ce niveau plusieurs cas de figure sont avancés. Cette question de la transmission qui se pose parfois en début de grossesse, peut ne pas être résolue car il arrive que le conjoint, du fait d'une mauvaise compréhension de la maladie et de ses modalités de transmission, (ou pour d'autres raisons plus obscures) refuse l'examen sanguin. Enfin, l'attitude des femmes drépanocytaires face à la question du risque génétique de la transmission dépend principalement de leur culture d'origine, de leur appartenance religieuse, mais il faut aussi se rappeler la variabilité de la maladie qui peut ne pas être invalidante voire même asymptomatique.

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