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L'apport des ONG et projets dans le processus de décentralisation au Burkina Faso : cas du ficod-b ( Fonds d'Investissement pour les Collectivités Décentralisées ) dans la région de l'est, étude des activités du volet infrastructures

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par Ilassa OUEDRAOGO
Institut africain de professionnalisation en management (IAPM)- Ouagadougou - Master II (DESS) en développement local et décentralisation 2008
  

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I.2. Le suivi des projets

Tout projet qui a été exécuté doit être suivi pour en connaître les impacts. Selon le FICOD-B, « le suivi des impacts vise à apprécier dans quelle mesure la réalisations des différentes actions du programme aura permis d'atteindre ses objectifs de développement ».116 Le FICOD-B suit les infrastructures qu'il a aidées à réaliser dans le but de voir si elles fonctionnent normalement et qu'elles sont utiles aux bénéficiaires. Le suivi est un contrôle permanent des projets sur une période prolongée. Le temps du stage (3 mois) n'a pas permis de suivre l'évolution des projets sur une longue durée, mais un certain nombre de constats ont été possibles. Ces constats concernent aussi bien des aspects négatifs que des aspects positifs.

Comme aspects négatifs dans l'exercice de suivi des projets, nous avons :

115 OUEDRAOGO Gaétan, chargé de projets au FICOD-B/Est, le vendredi 07 décembre 2007.

116 Manuel de procédures techniques du FICOD-B, sd, p. 15.

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- parfois, le manque d'engouement des bénéficiaires. En effet, sur le terrain, la remarque a été faite que dans certaines localités, les bénéficiaires ne font pas preuve de motivation dans la gestion de leur ouvrage. Le manque d'engouement concerne généralement les infrastructures qui ne sont pas sous la tutelle de l'Etat. Cette remarque touche généralement les centres communautaires qui ont été délaissés dans les localités de Bartiébougou, Bilanga, Namounou et Tambaga. Les gestionnaires ne trouvent généralement pas d'explication valable justifiant ce délaissement. Ils donnent plutôt l'impression que c'est le FICOD-B qui a intérêt à ce que les centres fonctionnent alors qu'ils en sont les propriétaires. Les chargés de projets sont obligés de faire pression pour que la gestion évolue positivement ;

- l'insuffisance de moyens dans l'entretien et l'extension des infrastructures. Les comités de gestion sont généralement limités dans la gestion quotidienne des ouvrages surtout quand ils doivent faire face à des obstacles économiques d'un certain niveau. Au CEG de Mahadaga, dans la commune de Logobou (province de la Tapoa), le directeur est confronté à un déficit de tables-bancs (35 à 40) que l'APE ne peut combler avec ses faibles ressources.117 Ce manque de moyens est dû, selon le directeur du CEG, à la réduction du coût des frais d'inscription de 50 %, et au retard dans l'arrivée des subventions de l'Etat. Le manque à gagner est tel que l'APE ne peut que se tourner vers le FICOD-B pour un soutien. Le manque de tables-bancs a été remarqué dans d'autres centres scolaires comme l'école primaire de Banga, dans la commune de Bilanga. Ayant bénéficié d'une infrastructure, les communes n'ont pas les moyens de faire l'extension et/ou la normalisation de leurs infrastructures quand leur capacité d'accueil devient faible. Le problème d'extension et de normalisation concerne les écoles, les CSPS et les marchés. Les collectivités territoriales n'arrivent pas avec leurs propres moyens à terminer le travail commencé par le FICOD-B. Elles ont à chaque fois recours au Projet ;

- le passage des CVGT au CVD. Des lenteurs ont été constatées à ce niveau. Une première date limite (le 31 octobre 2007) avait été donnée pour la mise en place des CVD mais elle n'a pas été respectée. La seconde échéance va jusqu'au 31 décembre 2007 et jusqu'en décembre nous avons encore trouvé des CVGT solidement en place. Pour que l'appropriation des ouvrages par la commune soit une réalité, il faut que les CVD s'installent afin qu'il y ait une passation des patrimoines ;

117 COMBARY Yempabou, directeur du CEG de Mahadaga, le mardi 25 septembre 2007.

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- le comportement difficile de certains élus locaux. Les chargés de projets travaillent avec certains élus locaux qui ne sont pas coopératifs alors qu'ils ont tout à gagner dans cette collaboration. Ce comportement difficile a des répercussions sur les instructions des projets (sérieux retards) et même sur ceux qui ont été déjà réalisés. La mauvaise conduite des élus se ressent au niveau des passations de marchés car ils veulent tout simplement avoir des intérêts (pots-de-vins) sur les parts de marchés des entreprises. Le manque de coopération se ressent généralement lorsqu'il s'agit des projets sociaux (écoles, centres de santé, caisses villageoises, etc.) pour lesquels les communes ne peuvent pas espérer avoir des recettes pour leurs budgets. Il y a aussi des maires qui se comportent comme des "dictateurs locaux" à tel point que les exécutions de projets traînent en longueur dans leurs communes. Nous préférons ici ne pas citer de noms afin d'éviter de provoquer un différend entre ces derniers et le FICOD-B. Heureusement, ils ne sont pas nombreux dans la zone d'intervention du Projet.

Le suivi des projets a, tout de même, permis de remarquer plusieurs aspects positifs :

- la bonne qualité des bâtiments de manière générale : nous avons constaté que les infrastructures du FICOD-B sont de très bonne qualité selon les bénéficiaires.118 Cette qualité s'explique par la rigueur avec laquelle les travaux de chantiers ont été suivis à la fois par les chargés de projets et les différents bureaux de contrôle. Nous déplorons, tout de même, la qualité des bâtiments qui ont été réalisés entre 1999 et 2001. A ce niveau, certaines réhabilitations doivent être faites pour que ces infrastructures respectent les nouvelles normes en vigueur. Il y a aussi d'autres ouvrages qui sont dégradés comme les logements d'infirmiers à Bassiéri dans la commune de Gayéri119 ou encore à Kotchari dans la commune de Tansarga.120 Il est difficile d'y loger pendant la période hivernale à cause des fuites dans la toiture. Pour des infrastructures réalisées en 2004, ces failles relèvent-elles de la responsabilité du FICOD-B ou du manque de rigueur des COGES ?

- la fréquentation des infrastructures : pour ce qui est des centres scolaires et de santé, la satisfaction est totale. En effet, toutes les infrastructures dont le FICOD-B a contribué à la réalisation ont été immédiatement utilisées de manière optimale par les bénéficiaires. Au niveau des CSPS, tous les infirmiers que nous avons rencontrés à Bassiéri, Koulpissi (commune de Diabo), Tanwalbougou (commune de Fada

118 YADGO Jacques, responsable de l'antenne provinciale du FICOD-B/Est de la Gnagna, le 27 septembre 2007.

119 DICKO, chef de poste au dispensaire de Bassiéri, le mardi 24 juillet 2007.

120 SABA B. Maurice, infirmier au CSPS de Kotchari, le mercredi 14 novembre 2007.

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N'Gourma), Kotchari (commune de Tansarga), Tambarga (commune de Madjoari dans la Kompienga) et Nagré (commune de Logobou) sont satisfaits de l'affluence qui dépasse leurs espérances. Pour les écoles primaires et secondaires, le constat est également pareil. Les différents responsables sont même débordés par le nombre de demandes. Le CEG de Mahadaga compte près d'une centaine d'élèves dans les classes de 6ème et de 5ème.121 La situation du CEG de Tibga (province du Gourma) connaît la même situation.122 Les lycées communaux de Gayéri et de Bogandé qui doivent ouvrir pour l'année 2007-2008 ont déjà reçu d'énormes demandes d'inscriptions. Au niveau de l'enseignement primaire, le nombre d'écoliers varie d'une zone à l'autre mais les moyennes générales de fréquentation sont excellentes. Les marchés ordinaires et le marché à bétail connaissent une bonne affluence les jours de marchés. Les problèmes majeurs se situent au niveau des centres communautaires. Malgré le fait qu'ils soient, pour la grande majorité, équipés (Télévision, magnétoscope, antennes paraboliques Canal Sat, bancs, groupes électrogènes), nous avons remarqué qu'ils ont toujours portes closes alors que les gestionnaires de ces centres ont bénéficié d'une formation en gestion des centres communautaires en juillet 2007. Les responsables n'arrivent pas à donner d'explications valables sur cette non utilisation de ces locaux ;

- l'organisation pour l'entretien des infrastructures. En effet, tous les projets d'infrastructures réalisés avec le FICOD-B ont des COGES, des APE et des AME dans certains cas. La présence de ces structures chargées de suivre le fonctionnement des ouvrages montre que les populations ont le souci de s'approprier les infrastructures dont elles ont bénéficié. Ces comités de gestion exigés par le PFA puis par le FICOD-B travaillent en étroite collaboration avec les agents de l'Etat. Nous ne citons pas de cas particuliers parce que les COGES et les APE sont opérationnels dans 100 % des infrastructures mais leur efficacité n'est pas la même partout. Ainsi à Namounou et à Gayéri (les marchés des deux communes), par exemple, les COGES n'arrivent pas à s'imposer face à certains commerçants récalcitrants qui refusent de s'installer dans les zones aménagées et préfèrent squatter aux alentours des marchés.123 Il existe, par contre des localités où les COGES sont très efficaces comme à Bilanga-Yanga ;

121 COMBARY Yempabou, directeur du CEG de Mahadaga, le mardi 25 septembre 2007.

122 TARAM Dieudonné, directeur du CEG de Tibga, le jeudi 18 octobre 2007.

123 OUALI Issoufou, premier adjoint au maire de la commune rurale de Namounou et commerçant, le mardi 25 septembre 2007 ; et NIKIEMA Bouréima, président du COGES du marché de Gayéri et percepteur à Gayéri, le jeudi 19 juillet 2007 puis le mercredi 03 octobre 2007.

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- les élus locaux généralement coopératifs. En effet, il existe plusieurs communes qui collaborent étroitement avec le FICOD-B et sont disposées à mettre à sa disposition toutes les informations dont il a besoin dans le cadre des notes de présentations de projets et aussi dans le cadre du suivi des projets déjà réalisés. Cette approche facile avec ces communes peut s'expliquer à la fois par une reconnaissance de ces dernières envers le FICOD-B pour tout ce qu'il a réalisé et par le souci de bénéficier d'autres investissements ;

- la collaboration des agents (enseignants et infirmiers). A leur niveau également, nous avons remarqué qu'ils facilitent le travail des chargés de projets surtout lorsqu'ils savent que c'est le FICOD-B qui est, en grande partie, auteur de la réalisation de l'infrastructure dans laquelle ils exercent ;

- les rencontres avec les COGES et les APE. En plus de la collaboration des agents de l'Etat, signalons aussi que dans le cadre du suivi, des rencontres formelles et informelles sont initiées avec soit l'ensemble des comités de gestion, soit avec un petit nombre d'entre eux. Ils échangent à bâton rompu avec les chargés de projets et font la situation de la gestion des infrastructures : les satisfactions et les difficultés. Et de manière générale, les bénéficiaires sont disposés à échanger avec les chargés de projets ; ce qui a été une grande satisfaction pour nous.

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"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon