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L'utilisation des robots militaires dans les conflits

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par Thomas Sadigh
Université Paris Sud-11 - M2 droit public international et européen 2013
  

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2. Le régime de l'utilisation

Concernant, les règles de DIH applicables à l'utilisation d'un robot totalement autonome, les règles précitées sont aussi applicables. Certaines semblent plus pertinentes. On les mettra en évidence.

2.1 L'obligation de distinction

? Cas général

Sur qui pèse l'obligation de distinction ? Les Etats sont obligés de respecter le DIH, donc les obligations pèsent en bout de chaine sur les commandants responsables qui donnent l'ordre de lancer puis sur les opérateurs des robots.

_L'art 48, PA 1 impose aux militaires de distinguer en tout temps les objectifs attaqués.

Remarquons que cette obligation pèse sur les militaires mais dans notre hypothèse, l'opérateur, ne fait que lancer le robot sur une cible. Or, le robot peut rencontrer lors de ce déploiement des civils. 10% d'entre eux seront attaqués.

Le commentaire de l'article précise qu'« il est du devoir des Parties au conflit de se doter des moyens accessibles qui leur permettront de respecter les règles du Protocole. En tout état de cause, on pourrait reprocher à une Partie qui dispose de tels moyens de ne pas les employer et de s'être ainsi privée sciemment de la possibilité d'opérer la distinction requise. » En effet, l'obligation de précaution impose certains choix des armes à utiliser.

Mais, concernant la règle même, l'article impose de ne pas « diriger » l'attaque contre des cibles civiles. Donc il semble que le défaut de fiabilité du robot ne soit pas du ressort de cette obligation.

_L'art 51 4. (c) interdit d'utiliser des moyens de combats dont les effets dans certains « cas » sont propres à frapper indistinctement, civils et militaires. Or, un robot est limité techniquement. S'il y a des cas connus dans lesquels le robot ne peut distinguer civils et combattants, le robot ne doit être utilisé dans aucun de ces cas.

? Le régime relatif au doute

Concernant le problème du doute tel que prévu à l'article 50 du PA 1 précité. D'après cette règle s'il y a un doute sur la qualité de combattant ou de civil concernant une personne, il faut considérer la personne comme civile.

L'obligation relative au doute pèse juridiquementsur le commandant et l'opérateur qui lancent le robot.

Mais ces derniers ne doutent que de manière anticipée avant de lancer le robot.

Or le robot n'est pas un simple missile intelligent. C'est une arme capable de se déplacer de manière autonome et qui, même dirigée contre un objectif militaire, a une capacité d'initier une ou plusieurs attaques de manière autonome.

Si alors, uncommandant ou un opérateur considèrequ'aucun des objectifs que le robot devrait rencontrer, n'est indubitablement combattant, ils ne doivent pas du tout lancer le robot.

On ne parle pas ici, des dommages collatéraux dus à un défaut de fiabilité mais des objectifs que le robot attaque tel que son usage par les militaires le prévoit.

On peut se demander si cette exigence quant au doute est licitement remplie de cette manière. Car si, avant et lors du lancement, il n'y a pas de doute quant aux objectifs militaires, une fois déployé,une cible attaquée pourrait s'avérer douteuse quant à sa qualité militaire.

Un autre cas serait que le robot pourrait rencontrer d'autres cibles lors du déploiement. Alors, le doute ne peut plus être exercé par les militaires.

Donc le doute ne peut être exercé que sur une portion réduite de l'attaque.

? L'interdiction d'attaquer les personnes hors de combat

De même, les personnes « reconnues ou devant être reconnue[s] eu égard aux circonstances » comme combattants hors de combat d'après l'art 41 du PA 1, ne doivent pas être attaquées. Est-ce que le robot peut reconnaitre les personnes hors de combat? Un robot peut reconnaitre une cible techniquement. Mais, l'obligation de reconnaitre les personnes hors de combat pèse sur l'opérateur ou le commandant d'après cet article. Or, une fois le robot lancé, les militaires ne peuvent plus exercer cette obligation. Ils doivent reconnaitre les personnes hors de combat avant même de lancer le robot ou lors du lancement, alors que celui-ci n'a encore attaqué aucune cible. Il parait quasi impossible pour eux de reconnaitre les personnes hors de combat comme cet article le commande.

Cela étant, les commandantspourraient de manière abstraite, définir une personne hors de combat comme présentant des caractéristiques données. Un robot pourrait être programmé pour reconnaitre ces caractéristiques, et les associer à la reconnaissance d'une personne hors de combat, laquelle, il n'attaque pas. Alors le robot reconnait techniquement une personne hors de combat et l'épargne. On peut envisager ainsi qu'un commandant qui déploie un tel robot, ajuridiquement reconnu indirectement une personne hors de combat en s'appuyant sur la technologie du robot.

Justement, l'art 41 2.donne 3 caractéristiques alternatives qui caractérisent la personne hors de combat.

Dès lors, le robot étant programmé pour reconnaitre ces caractéristiques, il peut être utilisé par le commandant, conformément à l'obligation qui pèse sur lui de reconnaitre les combattants hors de combat.

Mais,Le 1. de cet article protège, une personne « reconnue ou devant être reconnue, eu égard aux circonstances », comme hors de combat. Or le commentaire de l'article précise que sont protégés les combattants « reconnus, par une personne raisonnable », comme étant hors de combat. En l'absence de mentions d'une possible reconnaissance indirecte, l'interprétation la plus cohérente, au vu notamment de la date de rédaction du PA 1, est que cet article oblige les parties à ce que leurs militaires reconnaissent en personne, les combattants hors de combat.

? L'interdiction d'attaquer les personnes affectées à la protection civile

De la même manière le personnel affecté à la protection civile ne doit pas faire l'objet d'attaques (PA 1 art 12, 15... précités). L'obligation de distinction pèse sur le commandant et l'opérateur. Il n'y a ici pas d'obligation de distinction directe par un militaire. Cette obligation peut être remplie par un robot programmé pour distinguer techniquement ce personnel.

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