De l'émergence des droits de solidarité et de la nécessité de leur garantie constitutionnelle : condition d'un développement durable des pays en développement » (cas de la R. D. Congo)( Télécharger le fichier original )par Cléo MASHINI MWATHA Université de Kinshasa - Licence en Droit (Bac+5) 2003 |
II. Conditions de vie précaires en R. D. Congo, une menace aux droits de solidaritéIl se présente une dichotomie entre les richesses du pays, dont le potentiel vient d'être sommairement présenté, et le vécu quotidien du Congolais qui se voit déshumanisé du jour au jour par la misère qui sévit dans le pays. En effet, en RDC, les conditions de vie - qui dépendent du degré de satisfaction des besoins matériels essentiels tels que la salubrité de l'environnement, l'alimentation, la santé, l'éducation, le logement, la sécurité - laissent à désirer. Ceci tant sur le plan environnemental que sur le plan socio-économique. 1. Sur le plan environnementalLa R. D. Congo, comme le reflète si bien la ville de Kinshasa, sa capitale, présente une image environnementale catastrophique. D'abord, sur le plan de salubrité, la ville est devenue presque un dépotoir. En effet, on y trouve des détritus et des immondices presque partout, dans les rues, les marchés... qui rivalisent même avec des immeubles. Ces immondices sont constituées des ordures ménagères, des sachets, des cadavres d'animaux en putréfaction, des carcasses de véhicules, etc. qui attirent notamment les moustiques qui sont à la base du paludisme et produisent des odeurs incommodantes qui portent aussi atteintes à la santé publique et au bien-être des habitants. En outre, elles polluent l'air, voire les rivières lorsqu'elles y sont drainées par les eaux usées ou de pluies. Ensuite, il faut relever la pollution, de sources diverses, qui menace les populations. Il peut s'agir de la pollution sonore (nuisance acoustique), avec des bars, des églises de rue, des « industries », etc. qui produisent des bruits ci et là. Il peut aussi s'agir de la pollution de l'air, des végétaux ou des eaux, comme relevé ci-dessus, mais aussi par des eaux usées d'origines diverses (domestique, industrielle, ou des eaux souillées, etc.) qui s'accumulent dangereusement faute de vidoirs pour leur évacuation ou par des industries qui se déploient même dans des quartiers résidentiels. Il y a aussi lieu de relever la pollution des pépinières situées le long des voiries urbaines par le carbone issu de la fumée émanant des véhicules automoteurs. Enfin, il y a lieu de relever la promiscuité due à une urbanisation anarchique, qui est aussi à l'origine de certaines érosions, et qui dénature, de ce fait, l'aspect esthétique du milieu, etc. Cette situation désastreuse caractérise aussi la vie socio-économique du pays. 2. Sur le plan socio-économiqueLe Congolais est buté à bon nombre de difficultés qui compromettent tant sa santé, son éducation que son niveau de vie. D'abord, sur le plan de la santé, les statistiques subséquentes se révèlent sombres. En effet, il n'y a que 20 % de la population qui utilisent des équipements sanitaires appropriés, rien que 45 % ont accès à des points d'eau aménagés et il n'y a que 7 médecins pour 100.000 habitants187(*). Il y a 4,90 % de la population d'adultes de 15 à 49 ans infectés du VIH/Sida, dont 670.000 femmes, et 170.000 enfants de 0 à 14 ans ; il est estimé 2963 cas de paludisme pour 100.000 habitants de même que 118 cas de tuberculose pour 100.000 habitants 188(*). L'espérance de vie à la naissance est telle que seuls 39,4 % d'hommes et 44,9 % de femmes ont la probabilité à la naissance d'atteindre 65 ans189(*). A ceci, il faudrait ajouter notamment le problème de la qualification du personnel médical et paramédical qui est mise en cause. Ensuite, s'agissant de l'éducation, la R. D. Congo a encore beaucoup d'efforts à fournir. En effet, depuis quelques temps se pose le problème de la qualité de l'enseignement. Les établissements d'enseignement ne sont pas en mesure d'offrir des conditions propices à l'acquisition des connaissances, au développement du sens critique et des capacités d'analyse et d'invention nécessaires pour permettre aux êtres humains de façonner eux-mêmes le milieu dans lequel ils vivent 190(*). En R. D. Congo, cet enseignement est aussi non actualisé. Toutefois, sur le plan quantitatif, il y a un taux d'alphabétisation assez important, à hauteur de 61,4 % de la population de 15 ans et plus 191(*). Enfin, quant au niveau de vie, il y a lieu de relever que le Congolais mène une vie minable au point que 64 % de la population souffrent de mal nutrition192(*). Notre P.I.B n'a été en 2002 que de 5,6 milliards de dollars193(*), alors que pour d'autres pays, moins peuplés, comme la Belgique, il a été de 226,6 milliards de dollars (194(*)). Il n'y a plus d'emploi faute de politique nationale à cet effet, l'informel ayant élu domicile. Les quelques emplois existants sont mal rémunérés et avec beaucoup de mois de retard. Les populations ne savent même pas accéder aux ressources que, du reste, l'Etat ne sait non plus redistribuer équitablement afin de garantir le droit au développement tel que lui confié par la constitution en son article 55. Et, certains facteurs de production font défaut, et nous ne savons même pas exploiter à bon escient nos terres pourtant si riches. Ce sombre tableau compromet la réalisation des droits de solidarité, et partant, le développement de la R. D. Congo. Aussi, il semble urgent d'entrevoir des pistes de solution, perspectives pour un développement durable du pays.
* 187 PNUD, Rapport mondial sur le développement humain 2002, op.cit., p. 169. * 188 Idem, p. 173. * 189 PNUD, Rapport mondial sur le développement humain 2002, op.cit., p. 177. * 190 Ministère français de l'environnement et du développement durable, Lutte contre la pauvreté et justice sociale, op.cit., accessible sur : http://www. Environnement.gouv.fr/international/johannesburg2002/fich2.htm * 191 PNUD, Rapport mondial sur le développement humain 2002, op.cit., p. 185. * 192 Idem, p. 173. * 193 Ibidem, 193. * 194 Ibid, p. 190. |
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