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Changements induits par les films sur le mode d'habillement des jeunes et la décoration de leurs corps en milieu urbain étude de cas de Lome-commune ( Togo ).

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par Kpandja Bougonou MAKOU
Université de Lome - Maà®trise en lettres et sciences humaines 2009
  

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1.1.2- LA PROBLEMATIQUE

Pour se développer sans compromettre notre vie, nous devons adopter un certain nombre de stratégies et un accent particulier doit être mis sur l'aspect humain du développement. L'Homme étant le moteur du développement, le Togo, dans sa démarche de réduction de la pauvreté contenue dans le document stratégique de réduction de la pauvreté (D.S.R.P. complet) a aussi mis un accent sur l'aspect humain du développement, notamment sur les jeunes, la relève de demain.

Dans nos sociétés africaines, et particulièrement au Togo, l'éducation de la jeunesse ou d'une génération repose sur l'équilibre familial. E. DURKHEIM, abordait le thème de la socialisation en l'assimilant à une éducation méthodique de la jeune génération, en vue de perpétuer et de renforcer l'homogénéité de la société. Il s'agit de l'apprentissage d'un ensemble de règles et de normes. Règles, qu'avec le niveau actuelle du développement, nous assistons a une autre forme de socialisation et d'éducation de l'individu basée essentiellement des mass média. Ceux-ci qui étaient des outils d'éducation, sont taxés aujourd'hui d'éléments perturbateurs du système social. Nous sommes arrivés au point où nous pouvons emprunter ces termes de l'ex-président de la République Française J. CHIRAC au sommet mondial du développement durable à Johannesburg en Afrique du Sud en septembre 2002 qui martelait en ces termes : « Notre maison brûle et nous regardons ailleurs (...) La terre et l'humanité sont en péril et nous sommes tous responsables. Il est temps, je crois d'ouvrir les yeux »

Les medias sont aujourd'hui considérés comme un facteur perturbateur dans le processus de socialisation. L'utilisation excessive des médias a souvent été dénoncée. Car, ils détruisent la vie familiale et sociale. Pour J. LAZAR dans son ouvrage intitulé La sociologie de la Communication de masse, parmi les moyens de communication de masse, la télévision est le media principal et le préféré des enfants et des jeunes.

Les medias sont un ensemble d'outils de communication. Aux médias traditionnels que sont la radio, la presse écrite et la télévision, viennent s'ajouter de nos jours l'internet, et la téléphonie mobile constituant ainsi le « quatrième pouvoir ». Et nul ne peut ignorer l'influence grandissante que l'individu subit de la part de ces derniers.

C'est à juste titre que E. ADJOKE dans son mémoire de maîtrise intitulé Impact culturel des media sur les jeunes de 15 à 30 ans au Togo (1990) mesurant l'impact culturel des media sur les jeunes affirme que : « la recherche sociologique montre que l'absence de la télévision est mal supportée par les gens parce qu'ils se sentent éloignés du monde, des évènements et de l'environnement et privés d'informations qui leur permettent de se défouler émotionnellement et de formuler des jugements de valeur. On trouverait difficilement aujourd'hui quelqu'un pour nier le formidable impact de la télévision sur la personnalité de nos contemporains »5(*).  

Au Togo, avec la libéralisation du secteur de l'information et de la communication en vertu de la liberté de la presse, l'on a constaté l'apparition de plusieurs chaînes de télévision, des stations radiophoniques, des magazines des lecteurs de disques (les VCD et DVD) et des disques eux-mêmes se substituant à l'ancienne cinématographie.

G.NAPO (2005 :93) dans son étude sur les salles de vidéo projection (S.V.P.) fait remarquer que : « ces dernières détruisent les valeurs culturelles et morales des sociétés africaines au temps qu'elles déstructurent ces sociétés. Car le rôle jadis joué par la famille est battu en brèche compte tenu de la culture de masse véhiculée ».

Face à cette déstructuration des sociétés africaines par les media,

L. PORCHER (1976 : 28) a abordé le sujet sous l'angle du caractère dangereux qu'il confère aux mass media. Car selon lui, « ceux-ci contribuent à la ruine des cultures »

Outre les fonctions d'information et d'éducation des populations, les medias ont eu à développer certains effets pervers. De ces effets pervers l'on note une influence certes négative ou positive sur les récepteurs. Ainsi abondant dans ce sens, E. MORIN (1981) trouve que le message des média exerce une influence sur des attitudes et des manières de penser des êtres humains dans la société.

De nos jours, l'on assiste à la multiplication des modèles, des apparences et des représentations du corps, en même temps qu'à la diffusion massive, rapide et généralisée des nouvelles images corporelles, du mode d'habillement qui en résulte, notamment grâce aux medias.

« L'histoire des individus comme celle des groupes sociaux est balisée d'instructions indiquant de quelle manière marquer le corps pour attester de son appartenance sociale ou groupale. Le respect des codes, des règles et des lois concernant les manières de paraître, implique en effet, un travail sur le corps, visant à le modifier » P. LIOTARD (2003).

Ainsi, nous remarquons que dans nos sociétés africaines, les femmes se perçaient un trou sur chaque lobe de l'oreille et appliquaient soit le « henné »6(*) soit pour mettre des boucles d'oreilles.

Au Togo, dans certaines régions et/ou certaines ethnies, notamment les Tem, les Kabye, les Nawdba, les Lamba, et certains Ewé du sud, tatouent ou scarifient leur visage pour perpétuer un ordre culturel. D'autres modifications du corps se font par la médecine pour réparer un « tort » naturel qui suscite un discrédit et une marginalisation de la part de la société.

Face à ces manières de sculpter les corps afin de les conformer aux modèles les plus spontanément admis, il existe d'autres pratiques de modification qui, elles, sont discutables au nom de leur inutilité ou de leur danger. Car elles ne visent ni la réparation, ni le gommage d'un discrédit anatomique, ni même l'adhésion aux modèles admis. Les plus en vogue sont le tatouage et le « piercing ». Les adolescents aujourd'hui, mènent une guerre en catimini contre les adultes. Atteints d'une frénésie certaine, ils se livrent à cette fameuse « mode ». Longtemps ayant été l'apanage des travailleuses du sexe, le « piercing » et le tatouage connaissent une vraie percée aujourd'hui.

Actuellement, « un seul trou à l'oreille ne suffit plus », quant à son emplacement, c'est une autre affaire. Désormais, on trouve des bijoux « piercing » dans des magasins pour accessoires, chez certains bijoutiers, et dans des magasins où on vend différents gadgets. Des arcades sourcilières à la bague au nez, en passant par le nombril et la langue, les adolescents se parent de bijoux.

Cependant, cette exhibition met ces jeunes sous les projecteurs des passants et leur regard inquisiteur. Nous pouvons affirmer sans aucun doute que c'est un marché florissant pour les tatoueurs et les perceurs.

Autrefois en Afrique chez les Massaï et les peuls, le tatouage représentait une marque d'appartenance communautaire ou servait de rite de passage de l'âge d'adolescence à l'âge adulte. Il consiste, à l'aide d'épines ou d'aiguilles, à faire des marques sous l'épiderme. Il a un sens magique, religieux ou thérapeutique. C'est ainsi que, selon les religions africaines, il est très fréquent de rencontrer des femmes aux lèvres tatouées, preuve de leur appartenance communautaire.

Cependant, si les tatouages ont connu dans le passé des formes plus sacrées de plus en plus, ils perdent leur sacralité de nos jours et deviennent, quant à leur signification, des cicatrices volontairement faites sur le corps ou sur le visage. Les tatoueurs et les perceurs, considérés comme des artistes travaillant dans le domaine de l'esthétique, échappent à tout contrôle ou à toute réglementation sur le plan sanitaire. Les jeunes sont absorbés par la « mode » et ne se soucient pas des conséquences. Or, entre 10% et 20% des perçages s'accompagnent d'une infection locale pouvant donner lieu à des complications majeures allant jusqu'au cancer de la peau etc.

Autres dessins du corps enregistrées surtout chez le sexe féminin et de nos jours chez quelques garçons c'est la dépigmentation de la peau. La publicité télévisuelle véhicule des images des corps féminins. Ces images servent à vendre n'importe quoi. Les visages et les corps sont généralement jeunes, très minces, la peau est souvent de teint clair et sans défaut. Les images des magazines féminins et de la publicité nous présentent des femmes « parfaites » et irréelles, clonées les unes sur les autres. Les filles inquiètes de leur apparence sont plus susceptibles d'acheter des produits de beauté, de nouveaux vêtements et des produits pour régime pour paraître comme ces filles des messages publicitaires. Ainsi ceux qui ont la peau « noire » veulent devenir de teint clair et le résultat au « finish » donne des parties « noir et clair ». Comme conséquence, l'on note l'augmentation du cancer de la peau chez les jeunes filles.

L'habillement de son côté n'en est pas du reste. Il est étroitement lié à ces phénomènes de perçage et de tatouage. Les tenues vestimentaires des jeunes de nos jours laissent beaucoup à désirer.

Au 19ème siècle, le vêtement masculin devait refléter la respectabilité des normes culturelles, et les vêtements féminins devaient donner au corps féminin « la forme du sablier » en l'enserrant vers la hanche et en dissimulant tout le corps.

Avec la mondialisation, les magasins de prêts-à-porter sont remplis des articles qui reflètent les cultures véhiculées par les media. L'électronique fait recette chez les jeunes. On ne nous parle que de ces habillements « VCD » (Ventre Complètement Dehors) et des « DVD » (Dos et Ventre Dehors) dont raffolent les jeunes, en l'occurrence les jeunes filles et curieusement de grandes dames à un âge respectable aussi. On note aussi le port du pantalon par les filles, les serrant et les moulant, faisant ressortir toute l'architecture corporelle (les fesses, le pubis, etc.) ; le port des « mini jupes » (jupes très courtes) expose les parties sexuelles en vue d'une attirance physique d'autrui. Chez les jeunes garçons, le port des vêtements répond à une mouvance musicale actuellement en vogue qui est le « hip-hop ». On les remarque souvent avec de grands pantalons larges qu'ils portent en dessous de la hanche laissant apparaître le « petit caleçon ». Les habits, en l'occurrence les débardeurs, sont généralement portés en exhibant les parties où sont faits les tatouages avec un tas de ferrailles au cou, les cheveux défrisés et les boucles d'oreilles sur les lobes d'oreilles comme s'ils étaient des femmes.

Ce qui est de plus alarmant est que cette façon de s'habiller est « entrée » dans les institutions religieuses (églises, temples, mosquées, etc.) qui sont censées vulgariser les valeurs morales décentes. Ce qui nous montre que les medias ont une forte influence négative au point de transcender les valeurs morales et religieuses des communautés. La côte d'alerte a atteint un point critique au point que la sonnette d'alarme devrait être tirée : ce qui est bon chez les autres ne l'est pas forcément chez nous.

De nos jours, on ne peut plus vendre un produit ou faire connaître l'importance d'un bien sans passer par la publicité, les films, les feuilletons. Les acteurs qui jouent dans des films, ont une partie de leurs corps tatouées et les oreilles trouées. Ceci contribuent à leur rendre célèbres et les démarquer les uns des autres..

Cette manière de faire, d'agir, qui constitue un fait social et qui s'impose de nos jours aux jeunes en Afrique en général et particulièrement à ceux du Togo, conduit à l'effet d'imitation. Ainsi, les media sont considérés comme étant les autoroutes de l'information, véhiculant des messages qui ne sont pas toujours conformes aux réalités Africaines.

Les media, aujourd'hui, véhiculent constamment des images du corps, surtout du corps féminin. Ces images sont généralement irréelles, sans défaut. La tendance aujourd'hui est l'obsession des media pour le corps, la jeunesse des personnages, présentant un idéal difficile à atteindre. Ainsi, les femmes insatisfaites de leur apparence sont plus susceptibles d'acheter des produits de beauté, des vêtements, etc. générant ainsi des retombées économiques aux industries vestimentaires.

Ce n'est pas pour rien que la cible de ces annonces est la jeunesse. Car elle s'impose comme le critère de beauté. Ainsi, soulignait le réseau québécois d'action pour la santé des femmes (2001)7(*) : « une foule de produits nous sont imposés pour nous permettre de nous rapprocher du modèle idéal. Les signes de vieillissement sont perçus comme une calamité que l'on doit corriger. C'est certainement payant car si nous n'avons pas toutes du poids à perdre, toutes nous vieillissons ». Le flot des messages des publicités ne cesse de répéter que le corps des jeunes est un corps imparfait qui nécessite un important investissement ainsi qu'un travail constant qu'il faut parfaire.

La publicité, la télévision, le cinéma et les nouveaux media influencent significativement notre perception du corps, notre habillement. Nous reproduisons, souvent sans nous en rendre compte, les attitudes et les comportements présentés par ces media. Les images provocantes des femmes nues ou légèrement vêtues sont particulièrement abondantes dans la publicité. Elles deviennent des objets sexuels à partir du moment où leur corps est associé à des marchandises. De nombreux vidéoclips et plusieurs films utilisent le corps et surtout le corps féminin dans un but commercial. Dans ces productions, d'innombrables actrices et figurantes sont engagées pour servir de décoration aux côtés d'un chanteur ou d'un personnage viril.

Ce fait, qui s'explique par l'effet de la modernisation et de la mondialisation de la culture, conduit à l'altération des cultures dites inférieures (exemple de celles de l'Afrique). Alors il naît dans les grandes villes africaines une culture urbaine influencée par les messages médiatiques conduisant à la formation d'une identité urbaine caractéristique du comportement des jeunes et reflétant les réalités des capitales africaines.

Le corps humain, objet central de notre présente étude, qui a fait l'objet de beaucoup de recherches interdisciplinaires s'inscrit dans la logique de ce que nous pouvons appeler « la sociologie du corps ».

Les références au corps abondent aujourd'hui dans les sciences sociales. Cependant, la dispersion et le caractère discontinu des études sociologiques sur le corps nous amène à nous interroger sur le sens de la sociologie de ce dernier. Comment la sociologie peut-elle conceptualiser cette entité, condition première de toute pratique qui est à la fois présente et absente ?

Le corps est un objet social et un lieu d'inscription des apprentissages sociaux, d'incorporation et d'extériorisation des expériences de la vie. La conception de P. BOURDIEU de l'incorporation s'appuie donc sur une phénoménologie du corps engageant la croyance en une intelligence intrinsèque

du corps, celui-ci étant capable d'apprendre hors conscience et hors langage grâce aux dispositions déjà acquises, par le senti, par le mimétisme, et par l'implication affective. Elle relève également de l'analyse de processus d'apprentissage « pratiques », parlant « directement au corps ».

F. SYLVIA dans une conférence donnée en 2006 a abordé la thématique de l'incorporation (et de l'intériorisation) du corps dans les sciences sociales. Elle affirme par la suite que « les techniques du corps vont avoir leur prolongement dans la notion d'habitus8(*). Parce que le corps intègre le rythme social, qu'il est socialisé, il est producteur de dispositions, d'habitudes aussi bien physiques que mentales qui permettent aux individus de vivre ensemble, d'agir et de penser ensemble, de manière pratique.

Autant d'études et de recherches sociologiques qui traitent du corps abondent, mais elles ne parviennent pas à aborder en profondeur ces pratiques corporelles façonnées par les media et qui mettent en danger les jeunes, la relève de demain, la génération future.

Cette étude rentre dans la thématique d'une sociologie du développement et du changement social, en intégrant la dimension médiatique et en enlisant ses influences sur les pratiques des jeunes. Ainsi, de ce constat découlent les interrogations suivantes :

- En quoi les pratiques de modifications du corps participent-elles au débat sur l'acceptable et le souhaitable ?

- Quelles sont les nouvelles représentations psychosociales des jeunes de leurs corps ?

- Comment ces pratiques du corps et ces comportements sont -ils perçus au sein de la société ?

- Quels changements sociaux induit la télévision ?

* 5 Impact culturel des media sur les jeunes de 15 à 30 ans au Togo : Cas de la Télévision 1986 à 1990. Mémoire de Maîtrise en Lettres Modernes, UB, Lomé, Togo

* 6Henné : arbuste épineux de la famille des lythracées, dont les feuilles produisent des teintes telles que le rouge et le jaune utilisé pour le soin de cheveux ainsi que pour des tatouages ou scarifications.

* 7 www.ekopedia.org

* 8 L'habitus est un terme employé par P. BOURDIEU et qui désigne l'ensemble des goûts et des aptitudes acquis par un individu au cours du processus de socialisation.

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"L'imagination est plus importante que le savoir"   Albert Einstein