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Initiatives d'assainissement local des déchets solides urbains et persistance de l'insalubrité dans le sixième arrondissement de Cotonou ( Bénin ): jeux d'acteurs et logique d'orientation stratégique de la mairie.

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par Emmanuel AMOUZOUN
Université d'Abomey-Calavi (UAC) - Maà®trise (Bac+4) sociologie-anthropologie 2009
  

Disponible en mode multipage

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UNIVERSITE D'ABOMEY-CALAVI

(UAC)

-------

FACULTE DES LETTRES, ARTS ET SCIENCES HUMAINES

(FLASH)

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DEPARTEMENT DE SOCIOLOGIE-ANTHROPOLOGIE

(DS-A)

-------

INITIATIVES D'ASSAINISSEMENT LOCAL DES DECHETS SOLIDES URBAINS ET PERSISTANCE DE L'INSALUBRITE DANS LE SIXIEME ARRONDISSEMENT DE COTONOU : JEUX D'ACTEURS ET LOGIQUE D'ORIENTATION STRATEGIQUE DE LA MAIRIE

Soutenu par : Sous la direction de :

Emmanuel AMOUZOUN David Godonou HOUINSA

Enseignant-chercheur à l'UAC

Composition du jury :

Président: Dr. Euloge OGOUWALE Examinatrice : Dr. Sidonie HEDIBLE

Enseignant-chercheur à l'UAC Enseignant-chercheur à l'UAC

Rapporteur : Dr. David G. HOUINSA

Enseignant-chercheur à l'UAC

Note obtenue : 16 Mention : Très-Bien

2009-2010

SOMMAIRE

INTRODUCTION 9

PREMIERE PARTIE : FONDEMENTS THEORIQUES ET DEMARCHE METHODOLOGIQUE

Chapitre I : Fondements théoriques 13

Chapitre II : Démarche méthodologique 32

DEUXIEME PARTIE : PRESENTATION ET ANALYSE DES RESULTATS

Chapitre I : Gestion des déchets solides dans le marché Dantokpa : les acteurs et leurs logiques 48

Chapitre II : Le déchet de sa production à son abandon : logiques et représentations des acteurs 58

Chapitre III : Modes et fondements de participation 80

CONCLUSION 88

DEDICACE

Je dédie ce travail qui marque l'aboutissement de tant d'efforts et de privations à :

ma très chère mère Martine AKAKPO, en admiration pour ton engagement chrétien et pour ta foi inébranlable que ni la maladie, ni la souffrance n'ont entamée ;

tous ces êtres chers qui soutiennent mes efforts et savent me donner le coup de pouce décisif dans les moments importants.

Remerciements

Je remercie en particulier Monsieur David HOUINSA, notre maître de mémoire, dont l'attention et les soins méthodiques et méthodologiques ont été déterminants pour la réalisation de ce travail.

Je présente également mes remerciements à Monsieur Roch MONGBO (directeur exécutif de l'ONG CEBEDES-XUDODO), dont les conseils et les instructions ont concourus à l'aboutissement de ce travail.

Aux amis du centre Notre Dame de l'Inculturation, je vous dis merci pour votre amitié et votre lecture critique de ce travail.

A mon frère Bienvenu AMOUZOUN, merci d'avoir été là.

A tous ceux et celles que je ne peux tous nommer ici, et qui n'ont cessé de m'apporter un quelconque soutien dans la vie de tous les jours, car c'était aussi ça notre quotidien pour ce mémoire, nous demandons à Dieu de vous bénir car vous êtes précieux pour nous.

LISTE DES SIGLES ET ACRONYMES

ANG : Acteur Non Gouvernemental

CEBEDES : Centre Béninois pour l'Environnement et le Développement Economique et Social

CODESRIA : Conseil pour le développement de la recherche en sciences sociales en Afrique

COGEDA : Coordination des ONG de Gestion des Déchets solides ménagers et de l'Assainissement

COPES-AOC : Communauté de Praticiens en Ecosanté, Région de l'Afrique de l'Ouest et du Centre

CREPA : Centre Régional pour l'Eau Potable et l'Assainissement

DCAM : Développement Communautaire et Assainissement du Milieu

DS : Déchet Solide

DST : Direction des Services Techniques

DSU : Déchet Solide Urbain

EDS : Enquête Démographique de Santé

FLASH : Faculté des Lettres, Arts et Sciences Humaines

OMD : Objectif du Millénaire pour le Développement

OMS : Organisation Mondiale de la Santé

ONG : Organisation Non Gouvernementale

OULC : Observatoire Urbain Local de Cotonou

PAGeD : Projet d'Appui à la Gestion des déchets et à la Décentralisation

RGPH : Recensement Général de la Population et de l'Habitat

SERHAU-SA : Société d'Etudes Régionales, d'Habitat et d'Aménagement Urbain

SOGEMA : Société de Gestion des Marchés Autonomes

UAC : Université d'Abomey-Calavi

RESUME

L'un des faits sociaux les plus récurrents de notre civilisation contemporaine, dans la dynamique urbaine, est le problème de la sauvegarde de l'environnement, lequel est menacé par quantité de pollution dont les déchets solides urbains. A Cotonou, surtout dans les quartiers situés dans les périphériques du marché Dantokpa, la gestion des déchets solides urbains constitue un important problème, en dépit des nombreuses initiatives d'assainissement constatées de la part de différents acteurs. Il s'impose donc d'élucider les raisons de la persistance de l'insalubrité dans le sixième arrondissement. Une telle préoccupation a été l'objet de la présente étude.

La documentation et les investigations en milieu réel au cours desquelles des observations directes, des entretiens libre et par questionnaire ont été les techniques de collecte des données. Cette collecte des données n'est effectivement réalisable que grâce aux différents outils afférents aux techniques suscitées. Il s'agit de : la grille d'observation, le guide d'entretien et le questionnaire. Par ailleurs, à partir des groupes cibles identifiés, quarante-deux personnes ont constitué l'échantillon à choix raisonné compte tenu du seuil de saturation.

L'analyse des données à l'issue des investigations fait apparaître deux raisons majeures expliquant la réduction de l'efficacité de la pré-collecte des déchets solides urbains à Cotonou dans le sixième arrondissement. En premier lieu, l'existence d'enjeux économique et politique entre les services techniques de la Mairie et ceux de l'Etat ne favorise pas une réelle structuration des actions entre ces deux niveaux institutionnels impliqués dans la gestion des déchets solides à Dantokpa. En second lieu, les acteurs sociaux locaux (ONG et populations locales) usent des infrastructures environnementales et participent à l'assainissement de leur milieu en développant une variété de comportements selon certaines logiques et représentations.

Mots clés : Déchets urbains, Enjeux, Comportements.

ABSTRACT


One of the most recurring social facts of our contemporary civilization in the urban dynamic is the problem of safeguarding the environment, which is threatened by the amount of pollution including municipal solid waste. In Cotonou, especially in neighborhoods located in the peripherals market Dantokpa, management of municipal solid waste is a major problem, despite numerous sanitation initiatives identified by different actors. It is therefore necessary to elucidate the reasons for the persistence of unsafe in the sixth district. This concern has been the subject of this study.

The documentation and investigations in the real environment in which direct observations, interviews and free questionnaire were the techniques of data collection. This data collection is actually realized only through the various tools relating to technical rise. These are: the observation schedule, the interview guide and questionnaire. Furthermore, based on identified target groups, forty-two people have formed the sample to rational choice given the saturation.

Data analysis after investigations revealed two major reasons explaining the reduced efficiency of pre-collection of solid urban waste in Cotonou in the sixth district. First, the existence of political and economical issues between the technical services of the City Council and those of the state does not promote a real structure of interactions between these two institutional levels implicated in the management of solid waste Dantokpa. Secondly, local social actors (NGOs and local populations) make use of environmental infrastructure and participation in the remediation of their environment by developing a variety of behaviors according to some logical representations.

Keywords: Municipal waste, Issues, Behaviors.

INTRODUCTION

Comme le suggère le sens populaire, le « déchet » désigne quelque chose qui sent mauvais, qui est sale, encombrant, sans valeur, inutilisable, qu'on met à la poubelle, qu'il faut jeter. C'est ce même sens que lui donne le dictionnaire LE PETIT LAROUSSE, pour lequel un déchet est « un débris, restes sans valeur de quelque chose ». Comme on le constate, l'idée que nous nous faisons du déchet est fondamentalement négative. Et que peut-on faire avec quelque chose de si inutile, et parfois même nuisible, sinon l'éliminer ?

C'est du moins ce à quoi toutes les sociétés humaines s'appliquent depuis des millénaires, en adoptant des solutions qui ont varié dans le temps, et qui n'ont pas toujours été couronnées de succès (ZOA, 1995). Ce défaut de succès donne lieu à la situation d'insalubrité observée un peu partout dans les grandes villes d'Afrique et d'ailleurs.

Cotonou, qui se présente comme la ville phare du Bénin ne fait pas exception à la règle. En effet, selon la caractérisation effectuée en 1991, chaque citoyen de Cotonou génère chaque année, en moyenne, entre 250 et 300 kilogrammes de déchets. La densité moyenne de ces ordures est de 410 kilogrammes par mètre cube (DESSAU-SOPRIN, 2001). Avec ses 665 100 habitants (RGPH3), la ville de Cotonou produit en moyenne 700 tonnes de déchets par jour pendant que Dantokpa, le plus grand marché du Bénin, situé dans le sixième arrondissement de Cotonou, à lui seul, produit environ 100 tonnes de déchets par jour. Actuellement, selon les résultats de l'enquête démographique et de santé (EDS) réalisée au Bénin en 2006 ; 39 % des déchets urbains produits sont évacués. Face au manque de moyen qui pourrait justifier cette réalité, il faut reconnaître que Cotonou ploie sous le poids de ses déchets, sales et encombrants. Il suffit de considérer le cadre de vie des citadins du sixième arrondissement de Cotonou pour se rendre compte des manifestations de ce « fait social global » (MAUSS, cité par ZOA, 1995), amoncellements de déchets au niveau des quartiers, détritus le long des routes, caniveaux et collecteurs jonchés d'ordures menaçant dangereusement la santé de la population et la propreté urbaine.

Face à cet état de malpropreté qui caractérise l'espace urbain de Cotonou, des actions de quartiers se font de plus en plus jours et tentent d'assainir localement les lieux de vie des citadins : notons, d'une part, les interventions des services publics et privés rentrant dans le cadre de la politique d'assainissement urbain, et d'autre part le développement d'opérations sporadiques de ramassage des déchets solides ménagers et de nettoyage des quartiers et artères principales de la ville à l'initiative des groupes de volontaires, d'associations communautaires ou d'Acteurs Non Gouvernementaux (ANG).

Toutefois, ce foisonnement d'initiatives peine encore à offrir aux populations citadines, en l'occurrence à celles du sixième arrondissement de Cotonou, un cadre de vie moyennement assaini. Devant ce constat, il paraît important de poser quelques questions afin de préciser le sens de cette étude :

· Pourquoi y-a-t-il tant d'ordures dans la plupart des quartiers de la ville notamment ceux du sixième arrondissement malgré l'implication de plus en plus marquée des acteurs locaux dans le système complexe de gestion des déchets ?

· Quels sont les acteurs qui interviennent dans ce système ?

· Et quelles sont leurs logiques et stratégies d'intervention sur ces déchets qui envahissent tout l'espace de la ville ?

La présente étude vise de ce fait, à mettre en évidence les jeux, les rapports, les stratégies et représentations des différents acteurs qui s'organisent autour des déchets urbains. C'est dans ce cadre que le sixième arrondissement a été choisi comme secteur d'étude pour mieux cerner les contours réels des interventions sur le phénomène des déchets solides dans la ville de Cotonou.

La première partie de ce travail pose les fondements théoriques et la démarche méthodologique de la recherche en cernant le problème et en identifiant les hypothèses, les objectifs, les concepts et la démarche de collecte des données. La deuxième partie complète utilement la première en présentant les données suivies de l'analyse des résultats.

PREMIERE PARTIE :

FONDEMENTS THEORIQUES ET DEMARCHE METHODOLOGIQUE

CHAPITRE I : FONDEMENTS THEORIQUES

1. PROBLEMATIQUE

1.1. Problème

La question de l'environnement connait de plus en plus au niveau africain, une complication avec la croissance accélérée des villes. A Cotonou, le secteur d'assainissement des déchets solides urbains constitue le champ d'action de nombreux Acteurs Non Gouvernementaux (ou ONG) vu que ces déchets croissent au rythme de l'évolution démographique (EYEBIYI, 2008). Le taux de ramassage des ordures variant en fonction de l'état des quartiers, une importante quantité de déchets est laissée essentiellement dans les « quartiers spontanés »1(*) à caractères populaires dont le niveau de vie est relativement faible et dont l'état des voies rend l'accès difficile à la voirie.

Ainsi, on assiste, dans le 6ème arrondissement de Cotonou, à l'accumulation des déchets dans les quartiers au niveau des caniveaux, des abords des voies et des berges lagunaires. Une telle situation participe à la dégradation de l'environnement d'une part, et d'autre part contribue à l'altération du bien être social, notamment la santé. En effet, les quartiers de Jéricho ou de Hindé imposent aux usagers de se pincer les narines afin de se protéger contre les odeurs nauséabondes des caniveaux à ciel ouvert. Situés de part et d'autre de ces quartiers, ils ne servent plus à évacuer les eaux, mais sont devenus des exutoires pour les ordures. Du coup, les populations sont quotidiennement exposées à des maladies infectieuses et parasitaires tels que le paludisme, la fièvre jaune, la typhoïde, l'onchocercose et le cancer des poumons (COPES-AOC 2003).

En somme,  les ordures se présentent comme une menace à la qualité de la vie dans l'espace urbain de Cotonou.

Cependant, ce qui surprend, ce sont les tas d'immondices que l'on voit çà et là dès qu'on aborde la plupart des quartiers du 6ème arrondissement, et ce, malgré la multiplication des initiatives de la part de différents acteurs pour tenter d'éradiquer le mal.

Dans un passé récent, l'Etat, à travers la voirie de l'ex circonscription urbaine de Cotonou assurait la collecte des ordures sans aucun frais de participation des ménages. Mais suite à la crise des années 1980, caractérisée par l'expansion rapide de la population de Cotonou2(*) et l'insuffisance des moyens techniques et financiers du pouvoir public, ce service se retrouva inopérant. La conséquence fut une croissance rapide de l'insalubrité, au niveau des quartiers, due au fait que la plupart des habitants s'est vu obliger de recourir aux espaces non occupés notamment les marécages et certains lieux publiques pour se débarrasser des ordures, créant ainsi un peu partout des "dépotoirs sauvages"3(*).

Parler des ordures à Cotonou, c'est aussi poser la question de la gestion de la ville. Cette question est devenue sensible, surtout avec l'avènement de la décentralisation. Celle-ci confère, selon AHO (2008), aux collectivités locales des communautés urbaines de nouveaux pouvoirs, droits et devoirs. Ces pouvoirs, droits et devoirs permettent des espaces de concertation où se négocient les interventions entre les acteurs concernés et où se déroulent les échanges et les luttes entre groupes sociaux, classes et réseaux spécifiques d'individus. Dans le secteur spécifique de la filière des déchets solides urbains, on note désormais une prise de conscience par les populations, les organismes communautaires et les municipalités de leur rôle dans la propreté urbaine. Dans cette perspective, la municipalité de Cotonou tente, en amont d'élaborer un plan de gestion participative et partagée des déchets, tandis qu'en aval, c'est par le biais de la Direction des Services Techniques (DST), qu'elle parvient à la collecte et au transport des déchets. Nous retenons ici que certains quartiers de la ville, de par les investissements en infrastructures qu'ils ont reçus ou simplement par leur position géographique (par exemple Pate d'Oie, Quartier Jack) ont une voirie et des réseaux divers fonctionnels qui permettent une «activité formelle» de la gestion de l'environnement urbain (accessibilité des camions et engins de la municipalité) bénéficiant de ce fait des services offerts par la Mairie. Dans d'autres quartiers par contre (la majorité), l'absence d'infrastructures adéquates ou encore la disposition géographique défavorable du site (par exemple à Vossa, Djidjè, Hindé situés dans le sixième arrondissement), rendent le service de gestion des déchets difficile, voire presque impossible en l'état actuel. La qualité de vie de ces populations à faible niveau de vie est largement en dessous des règles élémentaires d'assainissement et d'hygiène publique (ZOA, 1995). Ce qui justifie le développement d' « initiatives populaires » ou « informelles » sous formes d' « actions communautaires » remplaçant alors les domaines organisés dits formels d'assainissement urbain, et traitant l'évacuation et l'élimination des déchets (TINI, 2003). Aussi, tout en redoutant l'émergence de contre pouvoirs, qu'elles ne pourraient contrôler, les collectivités locales sont de plus en plus sensibles aux dynamiques qui se font jour directement au niveau des populations citadines. Nous pensons ici au rôle déterminant que jouent les nombreux acteurs non gouvernementaux qui s'investissent dans le ramassage des déchets solides ménagers. Selon le rapport réalisé par la COGEDA et OXFAM QUEBEC (2001), de 1995 à 2000, le nombre des ONG pré-collectrices est passé de dix huit (18) à cinquante et cinq (55) à Cotonou dont douze (12) exercent dans le 6ème arrondissement. En dehors des actions des acteurs non gouvernementaux, insistons sur les réactions des populations locales qui s'inscrivent dans l'espace urbain : «il est strictement interdit de jeter les ordures ici sous peine d'amende» ou encore «gardons nos lieux de vente propres, cela nous protège des maladies infectieuses» lit-on dans certains quartiers de Cotonou, principalement là où les citoyens se sont appropriés un terrain ou sur les murs de certains marchés publics. Il y a aussi les associations et coopératives de jeunes et de femmes parfois appuyées par la Mairie qui n'ont d'autres moyens d'action que leur volonté de nettoyer les principaux axes et rues de leurs quartiers. Signalons aussi la campagne de salubrité lancée quelques mois auparavant par le Président de la République et dont le but est de mobiliser tous les acteurs de la ville dans une logique d'un sursaut populaire contre l'insalubrité des lieux de vie.

Comme on peut le constater, « le souci environnemental est intégré à la conscience que les populations ont de leur relation à l'espace urbain » (ZOA, 1995). Il est évident que cette préoccupation est loin d'être générale, puisque les faits et attitudes qui s'imposent à l'observation témoignent d'une véritable incurie en matière de salubrité.

Il s'impose donc de savoir :

Quels sont les facteurs organisationnels et les enjeux sociologiques qui influent sur l'efficacité des initiatives d'assainissement des déchets solides dans le 6ème arrondissement de Cotonou?

Quelques hypothèses serviront de pistes pour répondre à cette préoccupation et permettront de mener la recherche.

1.2. Hypothèses

F L'insuffisance de coordination des actions institutionnelles dans le cadre de la gestion des déchets au niveau du marché Dantokpa explique le rejet d'une quantité importante de déchets solides vers les quartiers périphériques.

F Les représentations sociales relatives aux dispositifs installés pour l'assainissement dans le 6ème arrondissement influencent les usages sociaux desdites infrastructures.

F La perception des coûts de l'enlèvement des déchets par les populations détermine leur participation à l'assainissement de l'arrondissement.

Afin de vérifier ces hypothèses, des objectifs sont formulés et subdivisés en objectif principal et en objectifs spécifiques.

1.3. Objectifs

1.3.1. Objectif global

Etudier les facteurs explicatifs de la persistance de l'insalubrité dans le sixième arrondissement de Cotonou.

1.3.2. Objectifs spécifiques

F Examiner les conditions de mise en oeuvre de la coordination des actions entre acteurs institutionnels dans le cadre de l'enlèvement des déchets au niveau du marché Dantokpa.

F Identifier les logiques qui ponctuent les usages sociaux des infrastructures d'assainissement dans le 6ème arrondissement de Cotonou.

F Analyser les différentes perceptions sociales liées aux coûts de l'enlèvement des ordures.

2. CLARIFICATION CONCEPTUELLE

Afin d'éviter tout malentendu, il est utile de commencer d'abord par définir sous ce chapitre les concepts majeurs de ce travail.

Dans cette optique, il faut entendre par assainissement, des « pratiques (qui regroupent toutes les activités de purification, d'entretien, de nettoyage de l'environnement, du cadre de vie) destinées à combattre l'ensemble des facteurs qui, dans le milieu physique de l'individu, sont susceptibles d'influer défavorablement sur son bien être physique, mental et social » (ADAMA, 2000, p.6). Lorsque ces pratiques s'inscrivent à l'échelle du quartier ou de l'arrondissement et initiées par des acteurs du milieu on parle de assainissement local. Ce dernier recouvre plusieurs secteurs, en l'occurrence celui des déchets. Par exemple, dans le sixième arrondissement de Cotonou, on observe diverses pratiques telles que la pré-collecte, la collecte, et l'élimination des déchets, comme des tentatives des acteurs sociaux qui font la ville pour assainir localement les lieux de vie. C'est le sous système de pré-collecte des déchets qui nous intéresse dans le cadre de ce travail de recherche.

La pré-collecte se définie comme l'opération qui consiste à ramasser et à évacuer ou à enlever les déchets, du point de production (ménages, lieux de travail, marchés) jusqu'à un point de regroupement4(*) en vue de leur collecte (BIYONG, 1998). Au niveau du sixième arrondissement, cette opération implique plusieurs acteurs, à savoir : la Mairie de Cotonou, les ONG, la population locale et la Société de Gestion des Marchés Autonomes (SOGEMA).

Selon ZOA (1995), un déchet est « tout résidu de production, de transformation ou d'utilisation, toute substance, matériau, produit ou plus généralement tout bien meuble que son détenteur destine à l'abandon » ( BERTOLINI cité par ZOA, 1995). Cette définition renvoie aux notions de déshérence, de bien vacant et de droit de la propriété relevant de la juridiction, en plus, elle se rapproche de la définition économique de l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) selon laquelle le déchet est « quelque chose que son propriétaire ne veut plus, en un certain lieu et à un certain moment, et qui n'a plus de valeur commerciale courante ou perçue »5(*), à l'instar des produits avariés, des médicaments périmés. Dans ce contexte, la gestion de cet « objet dont la valeur économique est nulle pour son détenteur, doit être contrôlée au profit de la protection de la santé publique et de l'environnement, indépendamment de l'avis du propriétaire » (CODESRIA 2005). Il ressort de ce qui précède que, le concept de déchet ou d'ordure varie suivant le niveau de vie et de développement de chaque individu. Le déchet, dans le cadre de cette étude, doit s'entendre comme tous débris, rebus et détritus inutilisables ou ayant perdu leur valeur d'usage et d'échange pour son détenteur et par conséquent destinés par ce dernier à la "poubelle" ou tout simplement à être jeter. Ce travail de recherche couvre les déchets solides qui comprennent les déchets domestiques provenant des ménages, les déchets issus des activités des petites industries (menuiserie, soudure, couture...), des marchés et des institutions. En ville, lorsque ces rejets, dus à l'activité des hommes, quittent les ménages, les lieux de travail, les services ou encore les marchés pour se retrouver aux abords des rues, des vons, dans les caniveaux, bref au niveau de l'espace collectif urbain, ils engendrent, pour ce qui intéresse l'assainissement local, les pollutions6(*) du sol, de l'air et de l'eau avec tous les risques que cela comporte sur le plan de l'hygiène, de la vie biologique et de la protection de l'environnement. Ils sont dans ce sens qualifiés de déchets solides urbains.

Constatons que l'assainissement des déchets solides urbains revêt des aspects très complexes à la fois social, culturel, économique, technique, et normatif. Selon TINI (2003), trois attentes majeures peuvent être identifiées de la part des principaux acteurs.

Si pour les populations (les ménages, les services, les commerces), le souci est de se débarrasser des ordures produites quel que soit le lieu de rejet, les acteurs municipaux se préoccupent surtout de la propreté des espaces publiques dans le souci de l'esthétique urbaine et de l'hygiène publique. Tandis que les ONG tentent de participer à l'enlèvement des ordures stockées dans les ménages, les bureaux, les lieux de commerces. Il faut s'interroger ici sur les « logiques » et les « stratégies »7(*) de ces différentes catégories d'acteurs impliqués dans la gestion des déchets dans le sixième arrondissement, autrement dit, leurs diverses façons de se comporter par rapport aux déchets, et les représentations8(*) (ou conceptions) qui sous-tendent leurs comportements.

La gestion de la ville en général, et celle des déchets solides urbains en l'occurrence, est donc l'objet de multiples interactions sociales auxquelles donnent lieux les logiques d'acteurs aux intérêts divergents. Surtout, dans le sixième arrondissement, qui abrite le marché Dantokpa, où l'analyse de l'insalubrité doit intégrer la logique de gestion des ordures par la Mairie au rôle des acteurs au niveau de la Société de Gestion des Marchés Autonomes (SOGEMA) dont les pratiques aussi bien que les initiatives ne peuvent être négligées dans la perspective d'une gestion décentralisée et coordonnée des déchets solides urbains. Tout ceci fait du cadre urbain du sixième arrondissement de Cotonou, un espace de négociation et de jeux9(*) entre la population locale, les Acteurs Non Gouvernementaux, la SOGEMA et la Municipalité.

En définitive, derrière les déchets qui encombrent le paysage de Cotonou en général et celui du 6ème arrondissement en particulier, l'on est renvoyé aux acteurs impliqués dans la gestion des ordures dans l'espace collectif urbain et aux différents rapports de force qui les opposent ou les complètent.

L'illustration suivante (Figure 1) est à cet effet la récapitulation du « système-déchet » et des acteurs impliqués :

Source : ZOA, 1995, Les ordures à Yaoundé, p.71. Modifié par nous-mêmes.

Figure 1 : Graphique illustrant le système des déchets de Cotonou

3. REVUE DOCUMENTAIRE ET ETAT DES CONNAISSANCES SUR LES DECHETS

La problématique de l'insalubrité des espaces urbains africains en général, et du Bénin en particulier, liée notamment à la gestion sociale des déchets solides urbains a été analysée sous plusieurs angles par différents auteurs, qui l'ont successivement abordée, en insistant chacun sur l'aspect qui lui paraissait pertinent.

Ceci étant, le rapport de la 11ème assemblée générale du Conseil pour le développement de la recherche en sciences sociales en Afrique (CODESRIA) tenue à Maputo (Mozambique), du 6 au 10 Décembre 2005 et dont le thème central est, Accumulation d'ordures ménagères et dégradation de l'environnement urbain. Quelques pistes pour une viabilité environnementale dans le processus de développement africain, fait observer qu'avec l'accroissement rapide de la population urbaine et l'extension démesurée de l'espace urbain, dus à une urbanisation non contrôlée et non maîtrisée de l'Afrique, le ramassage et l'élimination de déchets solides (DS) posent de graves problèmes, non seulement aux responsables municipaux et aux pouvoirs centraux, mais aussi et surtout aux populations démunies.

En effet, le problème de l'accumulation des ordures sur des dépotoirs spontanés et sauvages lié, entre autres, à la faiblesse du taux de ramassage par les services qui en sont chargés est source de plusieurs maladies hydriques et endémiques. « Ces taux sont compris entre 20 et 50 % dans le meilleur des cas, suivant les possibilités en ressources humaines et financières et en moyens techniques des municipalités » (CODESRIA 2005, pp.2-3)10(*). Ainsi, l'accumulation des déchets dans les ménages (maisons), et en dehors de ceux-ci (sur les trottoirs et ce qui sert de chaussée, au bord des ruisseaux ou lagunes, dans les caniveaux) et les difficultés de leur gestion par les acteurs municipaux sont liées aux raisons qu'on comprend aisément.

La première est l'augmentation de la population urbaine qui produit plus de déchets. Cette population occupe également plus d'espace.

Pour ONIBOKUN (2002), les changements sociaux et économiques qu'ont subis la plupart des pays africains depuis les années 1960 ont également entraîné une hausse de la production de déchets par personne.

Toutefois, le même auteur souligne que « ce n'est pas la quantité de déchets qui pose problème, mais plutôt l'incapacité des gouvernements et des sociétés d'élimination des déchets de s'en débarrasser ». Par là, il attire l'attention sur un autre problème aussi important, celui de la question de financement du secteur de l'assainissement en général, et celui des DS en particulier.

En effet, selon TOSSOUNON (2008), « l'investissement dans le secteur reste médiocre, l'engagement des autorités est insuffisant ». Ce que confirme le rapport sur le Projet de recherche sur l'approche AECM dans le quartier Agla de Cotonou réalisé par CREPA (2006), lorsqu'il montre que le rythme de développement des services urbains de base ne suivant pas celui de l'urbanisation, les populations démunies ou vivant dans les quartiers populaires sont les plus touchées par l'absence de services d'assainissement. Les faibles moyens financiers dont elles disposent, rendent difficile leur accès à des services adéquats d'assainissement.

Or, la question de l'accès aux services adéquats d'assainissement représente l'une des priorités de la Stratégie de Croissance pour la Réduction de la Pauvreté (SCRP 2007-2009) et même de l'Etat qui, s'inscrivant dans l'atteinte des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD), a décidé de réduire de moitié de 2002 à l'horizon 2015, la proportion de la population n'ayant pas accès à l'eau potable et aux services adéquats d'assainissement. Cela devrait se traduire, d'après les résultats de la troisième Enquête Démographique de Santé (EDS III) réalisée en 2006, à accroître le taux de couverture en ouvrages d'assainissement de 37,2 % en 2006 à 69,0 % en 2015.

Pour le milieu urbain, il faut accroître de 10 % le taux de couverture en ouvrages d'assainissement de base et augmenter de 20 % le taux de pré-collecte des déchets solides.

Face à ces engagements pris et dont la mise en oeuvre conduirait à faire un pas significatif en avant dans un secteur longtemps resté parent pauvre, la traversée est parsemée d'embûches. Et le véritable obstacle reste et demeure le financement. L'investissement dans le secteur est largement en deçà des attentes. Aujourd'hui, même avec le relèvement du budget consacré à l'assainissement pour 2008, il ne représente que 2 % de celui du Ministère de la santé qui dépasse les 71 milliards et moins de 0,2 % du budget général de l'Etat. Un faible investissement que le rapport national sur l'état de l'assainissement au Bénin présenté à la conférence africaine sur l'assainissement et l'hygiène (Africasan) qui s'est tenue en 2008, du 18 au 29 février à Durban en Afrique du sud, a également mis en relief en invitant le gouvernement et les partenaires techniques et financiers à « faire preuve d'un engagement plus concret ».

De tout ce qui précède, nous retiendrons que la concentration des populations en ville exacerbe les besoins (en infrastructures, en services d'assainissement), et aussi les problèmes collectifs (hygiène publique, environnement).

En dehors du faible investissement dans le secteur, le comportement des populations reste un problème. Aussi, selon TINI (2003), « l'histoire de l'évolution des déchets trouve son origine dans l'évolution de nos modes de vie et de nos comportements vis-à-vis des déchets, des institutions et des systèmes d'élimination ». En effet, pour la plupart des citadins vivant dans l'espace urbain africain « le problème des déchets doit être pour l'essentiel résolu par les pouvoirs publics ». Et le rapport national du sommet Africasan de soutenir que « l'assainissement n'est pas encore une priorité pour les populations ». Ce que confirme, par ailleurs, ZOA (1995) en écrivant que, « mues par l'idée que la rue et les espaces publics n'appartiennent à personne, les populations n'hésitent pas à jeter les objets n'importe où ».

Abondant dans le même sens, WAAS (1990), considère que « l'effort «rural» de propreté à l'intérieur de la maison et de l'espace considéré comme privé est maintenu en milieu urbain. La perception de l'espace collectif ou public, en revanche, change considérablement. La responsabilité de son maintien incombe aux autorités locales. Très peu d'attention est généralement portée à cet espace public ». Ce qui conduit à la création de dépotoirs sauvages de déchets solides à des endroits inappropriés.

Dans ce contexte, et compte tenu de ce qui précède il faut s'interroger non seulement sur les pratiques, mais aussi, les dynamiques sociales dont les déchets sont objet en milieu urbain de Cotonou.

Dans cette perspective, le Rapport sur l'état de l'assainissement à Cotonou : enquête auprès des ONG de pré-collecte des déchets solides ménagers, coréalisé par COGEDA et OXFAM QUEBEC (2001), révèle que « l'état de l'assainissement à Cotonou et la libéralisation de ce secteur a suscité l'émergence des coopératives et des associations de gestion des ordures ménagères ». En effet, d'après NDIAYE (2005), le « système conventionnel »11(*) de gestion des ordures, n'a pu combler les attentes en termes d'efficacité et d'efficience dans un contexte de crise des finances publiques. En outre, son orientation centralisée et techniciste demeure porteuse d'une ségrégation spatiale voire sociale dans l'accès aux services publics locaux tout en favorisant la déresponsabilisation et l'attentisme des populations dans l'amélioration de leur cadre de vie. Selon ATTAHI (2002), l'arrivée de nouveaux acteurs que constituent les ONG de pré-collecte et autres organismes sociaux complique l'organisation de la gestion des déchets. « Les problèmes d'environnement urbain deviennent alors un lieu privilégié d'où surgit une nouvelle forme d'organisation sociale de la vie urbaine dans la mesure où l'assainissement est l'affaire des citadins eux-mêmes qui prennent en charge la promotion de ce droit à l'environnement » (ZOA, p.182).

Aussi, il existe aujourd'hui deux systèmes de gestion des déchets qui cohabitent : le système moderne ou conventionnel pris en charge par la municipalité dans le contexte de la décentralisation et le « système communautaire ou non conventionnel »12(*) caractérisé par une logique de « participation populaire » (TINI, p.10).

NDIAYE (2005) met aussi l'accent sur l'impact positif du système non conventionnel de gestion des déchets solides et démontre par là que le problème de la gestion urbaine ne se limite pas seulement à des questions financières. Il intègre aussi une problématique managériale tout en interrogeant la capacité et/ou la volonté des différents acteurs, au préalable les collectivités locales urbaines à reconstruire de manière concertée, à travers une coopération conflictuelle, de nouvelles stratégies de développement et de gouvernance. Cependant, l'auteur souligne que malgré leur l'ampleur, de tels associations et organismes communautaires ont été incapables de structurer une proposition alternative durable de gestion sociale des ordures, au regard des défaillances constatées au niveau du système conventionnel. Ce qui démontre que les initiatives populaires ne peuvent pas et ne devraient pas se substituer aux institutions publiques : « Leurs initiatives et réalisations doivent plutôt être considérées comme des pistes, de stratégies alternatives qui doivent être évaluées, et le cas échéant, validées pour être relayées sur le terrain par l'action des services de l'Etat et des municipalités » (Soumaré cité par NDIAYE, 2005).

En définitive, on comprend donc, à la suite de la Commission des Communautés Européennes (1999), que « la vitalité associative n'était pas toujours synonyme de capacités opérationnelles pour prendre en charge de façon pérenne des fonctions socioéconomiques liées à l'amélioration des conditions de vie des populations » en général, et celui de la gestion des déchets solides urbains en particulier.

Compte tenu de tout ce qui précède, et eu égard aux différentes problématiques soulevées, nous retenons que la gestion des déchets n'est pas un problème isolé du reste de la réalité urbaine. L'action d'évacuer les déchets embrasse en même temps des moments réglementaires, sanitaires, urbanistiques, sociaux, économiques, culturels et institutionnels ; moments qui constituent des réalités quotidiennes et permanentes de la vie urbaine (TONON, 1990, pp.90-91).

L'étude du cas concret du sixième arrondissement de Cotonou incite à revoir la manière d'aborder la problématique des déchets. Jusqu'à présent, dans la plupart des études consacrées aux villes des pays en voie de développement, l'approche technocratique et économique soutenue par la perspective causale a été de mise. Le choix des solutions est fait à partir d'un ensemble de critères de référence s'appuyant sur des modèles a priori, auxquels devrait être adaptée la réalité. En fait, dans l'état actuel des études sur les déchets urbains, toute l'attention semble se concentrer sur le compostage au moment où les contraintes techniques et financières auxquelles sont confrontées les communes nécessitent d'autres solutions à l'élimination anarchique des déchets.

Sans méconnaître l'importance de ces aspects, nous croyons nécessaire d'ouvrir des perspectives plus larges qui resituent les projets de pré-collecte et de valorisation des ordures dans « l'axe des rapports déchets- culture et société » (ZOA, p.25). En effet, les problèmes de gestion des déchets sont posés au corps social urbain par certains mécanismes qui l'ont généré et qui l'entretiennent. Rechercher les causes de ces problèmes revient, en termes simples, à comprendre l'intelligence de ces mécanismes qui les produits et les constituent comme problèmes. Car, comme l'écrit TINI (2003) « il ne faut pas perdre de vue que l'environnement est avant tout, une question de comportement ». C'est ce "poids du social" qu'il convient de mettre en relief à partir des perceptions et des réactions que l'on observe autour des déchets. Ce qui sous entend que, quels que soient les dispositifs techniques proposés, il n'est pas possible de résoudre les problèmes posés par les déchets dans la ville de Cotonou et plus particulièrement dans le sixième arrondissement sans tenir compte des enjeux sociologiques qui influent sur l'efficacité des différentes approches de solution jusque-là mises en oeuvres. « Considérer les ordures comme un champ d'étude sociologique » (ZOA, p.13), c'est assurément, ouvrir de nouvelles pistes à l'analyse des problèmes d'environnement ; lequel devient aujourd'hui le problème de développement le plus préoccupant auquel les décideurs politique et économique tentent de répondre. Dans cette perspective, en resituant le cycle des déchets dans la vie des acteurs sociaux qui occupent l'espace urbain, il va s'agir de mettre en évidence les enjeux, les rapports, les logiques et stratégies entre différents acteurs du système de gestion sociale des déchets solides urbains (DSU) dans le sixième arrondissement. De ce point de vue l'approche socio-anthropologique apparaît - elle comme un cadre général d'analyse pertinent pour l'étude.

4. PERSPECTIVE THEORIQUE

La perspective théorique proposée s'inspire de la perspective générale de la Socio-anthropologie du changement social et du développement telle que conçue par Jean-Pierre Olivier de SARDAN dans Anthropologie et développement : essai en Socio-anthropologie du changement social et du développement.

Selon de SARDAN (1995), les autres théories ne rendaient pas compte de ce que faisaient les acteurs eux-mêmes. Il en vient donc à la situation actuelle, celle des multi-rationalités. C'est une combinaison de la méthode empirique qui prend en compte l'analyse objective, la méthode compréhensive de WEBER qui prend en compte l'analyse des acteurs, des sujets, des agents en situation et la méthode actionniste d'Alain TOURAINE qui oeuvre sur l'action des acteurs. Tout d'abord la démarche est devenue plus « locale », plus centrée sur le « micro », voire le « méso ». En second lieu, l'accent est mis sur les acteurs sociaux ou les groupes d'acteurs sociaux (individuels ou collectifs), leurs stratégies, leurs enjeux, la marge de manoeuvre des individus et des groupes à l'intérieur des ensembles de contraintes définis par les structures est désormais un objet d'étude privilégié. On peut y lire une perspective désormais plus interactionniste, en ce qu'elle met au premier plan les interactions entre les acteurs (ici, la population locale dans le 6ème arrondissement, les acteurs non gouvernementaux, les agents des services techniques de la Mairie de Cotonou) et groupes d'acteurs (la Mairie, la SOGEMA), et leurs effets, recherchés ou inattendus. Cet interactionnisme là, s'attache à l'ensemble des interactions (sociales, politiques, économiques, symboliques) entre acteurs sur une scène donnée (en l'occurrence celle de l' « assainissement local ») autour d'enjeux donnés (par exemple la propreté urbaine, l'esthétique de la ville, la gestion des déchets).

Nombre de travaux actuels en Socio-anthropologie du développement partent des mêmes postulats : les pratiques populaires ont un sens qu'il convient de chercher. Ils s'organisent autour d'un même axe : la recherche des différences, des contradictions, des clivages, en tant qu'analyseurs privilégiés de la réalité sociale. Ils tentent une même conciliation entre analyse des structures qui contraignent l'action et identification des stratégies et logiques qui sous-tendent les comportements et les représentations des acteurs. La Socio-anthropologie du développement « affirme dès le départ la complexité du social, et la divergence des intérêts, des conceptions, des stratégies ou des logiques des divers « partenaires » (ou « adversaires ») que met en rapport le développement.13(*) » (de SARDAN, pp.10-15).

Une telle optique (c'est-à-dire l'approche Socio-anthropologique) oblige à s'interroger sur les stratégies des diverses catégories d'acteurs (populations, ONG, Mairie, SOGEMA), elle oblige à rechercher la diversité des codes sociaux et normes de comportements qui servent de références à ces stratégies. Aussi, l'analyse des pratiques sociales à l'oeuvre en matière de gestion sociale des DSU au niveau du 6ème arrondissement de Cotonou, mettra t-elle l'accent, d'une part sur les interactions entre la Mairie et la SOGEMA et, d'autre part sur le décalage inévitable, entre les divers « intérêts » et les « rationalités » qui régissent les actions des agents des services techniques de la Mairie et les divers « intérêts » et « rationalités » qui règlent les réactions des populations locales concernées.

Le cadre théorique et conceptuel de la recherche ayant été précisé, il s'impose de définir une approche méthodologique susceptible d'aider objectivement à la poursuite de la recherche.

CHAPITRE II : DEMARCHE METHODOLOGIQUE

1. DELIMITATION DU CHAMP D'INVESTIGATION

« L'origine première de tout processus social de quelque importance doit être recherchée dans la constitution du milieu social interne. L'effort principal du sociologue sera donc tendre à découvrir les différentes propriétés de ce milieu » affirme Emile DURKHEIM (1937) : ce milieu n'est que le champ sociologique à investir.

1.1. Justification du choix du cadre physique et humain de l'étude

Situé sur le cordon littoral qui s'étend entre le lac Nokoué et l'Océan Atlantique, Cotonou est divisé en 13 arrondissements totalisant 144 quartiers qui s'étendent sur une superficie de 79 km2. On y a recensé 665 100 habitants répartis dans 154 346 ménages en 2002 (RGPH3 2002). L'urbanisation mal maîtrisée a fait de la question des déchets solides un problème environnemental important dans la ville. La production nationale de déchets solides en 1998 était de 342 000 tonnes dont 60% pour la seule ville de Cotonou14(*). Ce qui traduit l'acuité des problèmes environnementaux majeurs dans la ville de Cotonou, notamment dans ses volets relatifs à la gestion des ordures et des eaux usées domestiques. De tels facteurs ont contribué à la dégradation des conditions sanitaires dans toute la ville.

Le 6ème arrondissement est l'une des composantes administratives de la ville de Cotonou ; il comporte 16 637 ménages et une population totale de 71 085. Il contribue pour 10,7% à la population totale de la ville de Cotonou (RGPH3 2002) et constitue l'arrondissement le plus peuplé de la municipalité. Il est subdivisé en 18 quartiers de ville et, est limité au Nord par le Lac Nokoué, au Sud par le 5ème arrondissement, à l'Est par le chenal appelé `'lagune de Cotonou'' et à l'Ouest par les 7ème, 8ème et 9ème arrondissements.

Le site, constitué de sol hydromorphe est en partie marécageux avec un niveau en dessous de la mer. Il est sujet à l'instar des autres localités de Cotonou à deux types d'inondations. Le premier est dû aux pluies de la première saison humide. Le second est le fait des crues du lac Nokoué dues à celles des fleuves Ouémé et Zou qui sortent de leur lit durant les mois d'août et de septembre. Il est à noter que ce dernier cas d'inondation affecte de façon cyclique les quartiers (relevant essentiellement du 6ème arrondissement) situées le long du lac Nokoué, ce qui aggrave l'aspect déjà pollué du milieu où les déchets solides jonchent les rues, les caniveaux, les collecteurs, les abords de la berge lagunaire ou du lac. Toutefois, on note dans cet arrondissement la présence de douze (12) ONG qui sont chargées de la pré-collecte des ordures auprès des populations locales. Selon les résultats de l'enquête réalisée par ATTANASSO (2005), le nombre d'abonnés aux services de pré-collecte est de 2043 abonnés en 2002 pendant que la question des lieux de dépôts officiels des déchets pré-collectés reste à ce jour non résolu ou du moins ne connaît pas encore un aboutissement heureux.

Outre la présence du marché international Dantokpa dans le 6ème arrondissement, qui génère une quantité importante d'ordures, se développent de nombreux petits commerces de rues et activités du secteur de l'artisanat évoluant essentiellement dans l'informel et constituant une source non moins importante de production de déchets.

Ainsi nous trouvons dans cet arrondissement, un cadre d'étude pertinent pour comprendre les jeux et les logiques des différents acteurs qui tentent de s'organiser pour faire face à la question des déchets solides en milieu urbain de Cotonou.

La Figure 2 présente la situation de la ville de Cotonou et les limites du sixième arrondissement.

Limite du 6ème arrondissement

Source : SERHAU SA

Figure 2 : Carte de situation de la ville de Cotonou

L'importance du choix d'un tel cadre de recherche se percevra mieux à travers la précision de la nature de l'étude.

1.2. Nature de l'étude

La problématique des déchets solides urbains est considérée dans une perspective socio-anthropologique. Cette Socio-anthropologie dans l'esprit d'Olivier de SARDAN est liée à la Sociologie « qualitative ». Selon cet auteur, la Sociologie dite qualitative se veut aussi rigoureuse (voire plus) que la sociologie dite quantitative, et ne dédaigne par ailleurs ni les chiffres, ni les procédures de recension systématique, bien au contraire.

De ce point de vue, l'insalubrité en tant qu'objet d'étude socio-anthropologique est donc un objet à la fois qualitatif et quantitatif dont l'objectivation requiert la mise en oeuvre d'une approche qualitative/quantitative. Sous ce rapport, la présente étude s'avère être une étude de type qualitatif/quantitatif, étudiant la représentation populaire et les variables structurelles afin d'en dégager leur rapport au système de gestion des déchets.

Une telle étude ne sera possible que grâce à la délimitation du sujet, la définition des groupes cibles et à la constitution de l'échantillon.

1.3. Délimitation du sujet

Dans cette étude il ne s'agit pas d'aborder tous les aspects que peuvent revêtir les facteurs explicatifs de la persistance de l'insalubrité dans le sixième arrondissement de Cotonou.

De ce fait, nous retenons deux (02) catégories de variables à investir à savoir : les variables liées à l'organisation interne actuelle des acteurs institutionnels du système de gestion des déchets solides au niveau de l'espace public marchand de Dantokpa et celles relatives aux comportements, pratiques et représentations des populations locales en matière de gestion sociale des déchets solides urbains à Cotonou dans le sixième arrondissement.

2. GROUPES CIBLES ET ECHANTILLONNAGE

2.1. Groupes cibles

Les groupes cibles sont les différents groupes d'acteurs stratégiques dont les activités ou la position sociale sont en relation avec la problématique de gestion des déchets solides urbains. Le tableau I présente les différents groupes cibles et les catégories de personnes interrogées à l'intérieur de chaque groupe cible.

Tableau I : Présentation des groupes cibles et catégories de personnes interrogées

Groupes cibles

Catégories de personnes interrogées

Populations du sixième arrondissement de Cotonou

Personnes vivant dans le 6ème arrondissement depuis au moins trois mois précédent la période de passage.

Il a été également tenu compte des différentes catégories socioprofessionnelles au sein de la population. Ainsi, on a successivement interrogé des ménagères (femmes au ménage), des commerçants, des ouvriers ou artisans, des employés de services, des étudiants ou élèves.

ONG de pré-collecte

Responsables d'ONG exerçant dans le sixième arrondissement.

SOGEMA

Responsables de différents services au niveau de la SOGEMA.

Mairie de Cotonou

Responsables au niveau de la Direction des Services Techniques.

Source : AMOUZOUN, 2009

Le nombre d'enquêtés varie suivant les groupes cibles. Ce nombre a été défini par choix raisonné. L'échantillon constitué présente des caractéristiques précises.

2.2. Echantillonnage

Une fois les groupes cibles identifiés, il va falloir déterminer la taille de l'échantillon, c'est-à-dire le nombre de personnes à enquêter à l'intérieur de chaque groupe cible. Le principe qui a prévalu pour la constitution de l'échantillon est celui de la saturation de l'information. Autrement dit, il n'a pas été défini dès le départ une taille précise pour l'échantillon. Les entretiens à l'intérieur de chaque groupe cible se sont poursuivis jusqu'à ce que le seuil de saturation de l'information qui est le seuil à partir duquel les réponses fournies à l'intérieur d'un groupe cible ne varient plus (PIRES, 1997), soit atteint.

Au total, 42 unités sociales (chaque enquêté est ici considéré comme une unité sociale) ont constitué l'échantillon à choix raisonné compte tenu du seuil de saturation.

Par ailleurs, il faut préciser que le sixième arrondissement compte dix huit (18) quartiers. Méthodologiquement, compte tenu des moyens disponibles pour la recherche il serait prétentieux de les parcourir tous. Aussi, en suivant toujours la technique de choix raisonné, ce travail de recherche a pris en compte six (06) quartiers ainsi qu'il suit : Dantokpa, Jéricho1, Hindé1, Djidjè1, Aïdjèdo3 et Ladji. Ces quartiers ont également respecté d'autres critères de choix à savoir : la proximité avec Dantokpa (le marché s'entend) ; la situation géographique par rapport au lac et à la lagune (c'est-à-dire situés aux bords du Lac Nokoué ou de la Lagune de Cotonou) ; le cadre physique et ses caractéristiques (ici il importe de prendre en compte les quartiers qui abritent quelques infrastructures d'assainissement tels les collecteurs, les bacs à ordures). Les tableaux II et III présentent les caractéristiques de l'échantillon.

Tableau II : Répartition des enquêtés par catégories de personnes interrogées

Catégories de personnes interrogées

Effectifs

Personnes vivant dans le 6ème arrondissement depuis au moins trois mois précédent la période de passage.

35

Responsables d'ONG exerçant dans le sixième arrondissement.

03

Responsables de différents services au niveau de la SOGEMA.

02

Responsables au niveau de la Direction des Services Techniques.

02

TOTAL

42

Source : Données de l'enquête de terrain, août-octobre 2009

Tableau III : Informations sur la répartition des personnes enquêtées vivant

depuis au moins trois mois dans l'arrondissement par quartier (de ville)

Personnes enquêtées

vivant dans l'arrondissement

Quartiers

de l'arrondissement

concerné

Effectifs

Dantokpa

07

Jéricho1

05

Hindé1

06

Djidjè1

06

Aïdjèdo3

05

Ladji

06

TOTAL

35

Source : Données de l'enquête de terrain, août-octobre 2009

Il faut souligner que cet échantillonnage ne s'est avéré utile que dans la mesure où la collecte des données s'est faite sur la base d'une démarche de recherche utilisant des techniques pertinentes.

Cette démarche de recherche s'articule autour de quatre principaux axes qui sont :

§ Recherche de l'information au niveau des centres de documentation à Cotonou et sur Internet ;

§ Enquêtes par questionnaire réalisées auprès des populations vivant dans le sixième arrondissement de Cotonou et auprès des responsables d'ONG menant des activités de pré-collecte des ordures ;

§ Interviews des principaux responsables techniques de la gestion des déchets à Cotonou, précisément ceux de la Direction des Services Techniques (DST) à la Mairie de Cotonou et de la Société de Gestion des Marchés Autonomes (SOGEMA);

§ Sorties d'études munie d'une grille d'observation pour observer « le phénomène » de gestion des déchets et interviewer des personnes ressources ou spécialistes de la question des déchets aussi bien dans le sixième arrondissement que dans d'autres quartiers de la ville.

3. RECHERCHE DE L'INFORMATION

Par recherche de l'information s'entend la consultation des ouvrages généraux et spécifiques, des mémoires et rapports d'études au niveau des centres de documentations mais aussi sur l'Internet grâce au moteur de recherche Google.fr. La recherche bibliographique a permis d'identifier des sources principales d'informations, avec des domaines ciblés sur :

· La contribution des sciences sociales en général, et de la Sociologie-Anthropologie en particulier à l'étude des pratiques sociales spatiales ;

· La gestion des déchets dans les pays en voie de développement et la problématique de l'environnement ;

· La gestion des déchets urbains en Afrique au sud du Sahara ;

· Les études et recherches entreprises dans le contexte urbain au Bénin et en Ouest Afrique en matière de gestion des déchets et d'assainissement.

Cette recherche bibliographique a donc permis, grâce aux informations obtenues, de structurer les bases de la recherche en la guidant vers les hypothèses de recherche. Elle a, en outre, aidé significativement à la circonscription de notre recherche. Le tableau IV résume cette partie.

Tableau IV : Synthèse de la recherche documentaire 

d'ordre

Centre de documentation

Nature des documents

Informations obtenues

1

Bibliothèque centrale de l'UAC ; Centre de

documentation de la FLASH.

Livres, mémoires.

Informations générales et méthodologiques ; techniques d'élaboration de mémoires en Sociologie-Anthropologie.

2

Bibliothèque du centre Notre-Dame de l'Inculturation.

Livres.

Méthodologies et techniques d'élaboration de mémoires en sciences sociales.

3

Centre de documentation de l'ONG BETHESDA.

Mémoires, études, rapports, livres.

Informations sur les ONG pré-collectrices, données statistiques.

4

Service de documentation de l'ex Ministère de l'Environnement, de l'Habitat et de l'Urbanisme.

Livres, décrets de loi, rapports, études, articles.

Informations pertinentes sur la problématique de gestion des déchets solides dans les centres urbains au Bénin et en Ouest Afrique. Informations sur la participation sociale à la gestion de l'environnement.

5

Centre d'Etude et de

Documentation de l'ONG CEBEDES.

Livres.

Informations générales sur la gestion de l'environnement dans les pays en voie de développement.

6

Centre Culturel Français de Cotonou.

Livres, rapports, articles.

Données comparatives sur les pratiques sociales spatiales en milieux urbains Africain et Européen.

7

Centre d'Etude et de Documentation (CED) d'Akpakpa.

Livres.

Informations générales sur l'environnement.

8

Ministère de la Prospective, du Développement, de l'Evaluation des Politiques Publiques et de la Coordination de l'Action Gouvernementale (MPDEPP-CAG).

Rapports, études.

Informations portant sur l'axe développement et environnement.

10

Internet (www.Google.fr).

Etudes, communications, livres.

Théories sociologiques relatives à la problématique environnementale.

Source : AMOUZOUVI, 2008, pp.26-27

4. RECHERCHE SUR LE TERRAIN

Cette recherche sur le terrain a consisté pour l'essentiel à des enquêtes et des interviews réalisées auprès de l'ensemble des acteurs stratégiques du système de gestion des déchets solides urbains à Cotonou dans le sixième arrondissement. Ces catégories d'acteurs sont : les populations de l'arrondissement considéré, les acteurs non gouvernementaux s'investissant dans la pré-collecte des ordures ménagères, la SOGEMA et la Mairie de Cotonou. Elle a également concerné des sorties d'études pour observation des pratiques qui ont cours dans la ville de Cotonou en matière d'assainissement avec une attention plus marquée pour les quartiers du sixième arrondissement.

4.1. Enquêtes populations - Acteurs Non Gouvernementaux (ANG) du sixième arrondissement à Cotonou

Intitulées : « enquêtes sur les comportements, pratiques et représentations de la population et des acteurs non gouvernementaux en matière de gestion des déchets solides urbains (DSU) », elles avaient pour but de comprendre les aspirations et les logiques de la population et des acteurs non gouvernementaux. Ces enquêtes par questionnaire semi-ouvert ont permis d'une part de voir et d'analyser le rôle et les stratégies des populations locales dans la gestion des déchets qu'elles produisent, et d'autre part de cerner les interventions des acteurs non gouvernementaux à travers l'examen du sous-système de pré-collecte des déchets. En somme le questionnaire d'enquêtes a concerné un échantillon d'environ trente-cinq (35) personnes réparties sur six (06) quartiers dans le sixième arrondissement sur la base de critères préalablement définis, pour ce qui est des populations locales, et un échantillon de trois (03) personnes pour ce qui est des ANG.

4.2. Interviews

Les interviews ont concerné des responsables aussi bien des services techniques de la Mairie de Cotonou que de la SOGEMA et pris en compte un échantillon de deux (02) personnes respectivement pour chacune des deux catégories d'acteurs. L'importance de ces interviews était marquée dans cette recherche par l'aspect pratique. Le but était d'identifier les pratiques courantes de la Mairie en matière de gestion des DSU et les logiques qui les sous-tendent d'une part, et d'autre part déterminer la place et le rôle de la SOGEMA dans la gestion des déchets solides dans le marché Dantokpa. Ces interviews ont permis d'apporter des précisions sur le type de coopération qui prévaut entre ces deux catégories d'acteurs en matière de gestion des déchets urbains.

4.3. Observation directe

Sur la base d'une grille d'observation, l'observation directe sur le terrain a permis de recueillir des données pertinentes pour le travail. Elle a concerné l'ensemble des acteurs pris en compte dans le cadre de cette étude et a permis de prendre connaissance des attitudes, des pratiques et gestes qui ne sont par forcément mentionnés par aucune des personnes interrogées mais qui se sont pourtant révélés utiles à la recherche.

Le tableau suivant (Tableau V), est un récapitulatif des techniques utilisées et leur justification.

Tableau V : Synthèse des techniques utilisées

TECHNIQUES

OUTILS

NATURE

JUSTIFICATION

Entretien par questionnaire

Questionnaire

Quantitative

Permet d'obtenir des données quantitatives, possibilité de quantifier de multiples données et de procéder dès lors à de nombreuses analyses de corrélation15(*).

Interview libre (inorganisée),

Observation directe

-guide d'entretien (souple)

-grille d'observation

-stylo et calepin de note

-enregistreur

Qualitative

Elle vise à recueillir des données riches en significations, surtout issues de la spontanéité du sujet. Et par là même permet d'avoir des éléments qui n'ont pas été pris en compte par le questionnaire16(*).

Recherche documentaire

Fiche de lecture

Qualitatif / quantitatif

Complète utilement les entretiens17(*).

Source : AMOUZOUN, 2009

Enfin, toutes les données et les résultats ainsi obtenus à travers la bibliographie et les enquêtes, entretiens et observation ont été traités et analysés à l'aide du micro-ordinateur avec des logiciels tels que Word et Excel.

Ces techniques et outils, de même que toutes les phases de la recherche, s'inscrivent dans la durée et ont suivi un chronogramme qu'il sera bien de préciser.

5. CALENDRIER DE TRAVAIL

La réalisation du mémoire nécessite la définition d'un programme clair et précis de travail. La programmation suivie jusque là, de même que la projection des phases ultérieures dans le temps sont présentées dans le tableau VI.

Tableau VI: Chronogramme de recherche

Phases

Durée (18(*))

Période

Lieux

Objectif

Réalisation

Conception théorique

1

 

01 à 03 mois

- Mars 2008  - Décembre 2008 à Janvier 2009

- Biblio- thèques -ministère de l'environnement-Internet

-Définir le sujet -Explorer le ou les domaines à étudier -Mise au point des outils.

-Formulation du sujet : question de départ + problématique + hypothèses + objectifs -Plan de recherche -1re bibliographie

Validation obligatoire

Recherche

2

 

01 à 04 mois

Mai à Août 2009

- Biblio-thèques -6ème arrondis- sement

-Trouver des réponses à la question de recherche

-Analyse documentaire -Enquête sur le terrain.

Validation obligatoire

Inventaire et examen des résultats

3

 

01 à 02 mois

Novembre à décembre 2009

-Domicile

- Invento- rier la matière première, l'organiser en vue d'une démons- tration.

-Plan de rédaction - Bibliographie définitive

Validation obligatoire

Rédaction

4

 

02 à 03 mois

Janvier à Mars 2010

-Domicile

-Rédiger le texte du mémoire

-Mémoire rédigé

Validation obligatoire

Validation administrative

5

 

--

_

_

_

-Edition des exemplaires en nombre suffisant -Dépôt au ni- veau du DS-A

Pas de validation mais conseils du Directeur de mémoire

Soutenance

6

 

- Prépa- ration : 

01mois - Oral : 01h

_

UAC

-Présenter et défendre le mémoire

Exposé de soutenance

Source : CONSTANT et al, 2006, Réussir mémoires et thèses en LMD

6. DIFFICULTES RENCONTREES

L'exécution de ce travail de recherche a buté sur les difficultés suivantes :

- Sur le plan calendaire la principale difficulté est liée à l'opération d'interviews qui s'est étalée sur plus de six semaines à cause des emplois du temps souvent délicats pour certains responsables à la Direction des Services Techniques de la Mairie de Cotonou et à la SOGEMA. Ce qui a occasionné un retard relativement important dans le déroulement de l'enquête. Mais cette difficulté a été contournée, puisque cela a permis au gré des enquêtes par questionnaire auprès des populations et des acteurs non gouvernementaux qui avaient débuté par ailleurs, d'étoffer le champ d'investigation et approfondir ainsi chaque fois un peu plus les connaissances sur la réalité de la gestion des déchets solides urbains ou tout au moins les préoccupations des différents acteurs à ce sujet.

- Sur le plan méthodologique il faut signaler que l'entrevue avec le chef service des voies et assainissement de la DST a particulièrement durée plus d'une heure trente minutes au lieu des quinze minutes initialement prévues. Cette situation est due au fait qu'au cours de l'entretien l'enquêté a été sollicité plusieurs fois de suite par son responsable hiérarchique biaisant ainsi la linéarité de son discours. Il fallait donc, à plusieurs reprises revenir sur un même thème.

DEUXIEME PARTIE :

PRESENTATION ET ANALYSE DES RESULTATS

Nous présenterons les données suivies de l'analyse des résultats ainsi que suit :

CHAPITRE I : GESTION DES DECHETS SOLIDES DANS LE MARCHE DANTOKPA : LES ACTEURS ET LEURS LOGIQUES

1. LE MARCHE DANTOKPA : PRESENTATION

Etymologiquement Dantokpa signifie en langue fon19(*) « sur les bords de la lagune de Dan ». "Dan" est, selon les croyances animistes béninoises, une divinité représentée par le serpent, "dieu" de la prospérité et de l'abondance. Cette divinité, dont l'autel se trouve encore au sein du marché, serait donc à l'origine de la célébrité et de la prospérité dont jouit ce plus grand espace public marchand du Bénin.

En effet, ce grand complexe, initialement de 13 hectares construit en 1963, atteint aujourd'hui 18 hectares et déborde sur les quartiers avoisinants, notamment, ceux du 6ème arrondissement de Cotonou. Situé entre le lac Nokoué sur sa rive Ouest, à l'entrée du nouveau pont de Cotonou qui sépare le Nord et le Sud de la capitale économique béninoise et le boulevard Saint-Michel, la renommée du marché Dantokpa est sous-régionale voire internationale. Internationale car de nombreux commerçants d'Afrique de l'Ouest (Nigéria, Mali, Burkina-Faso, Niger, Côte-d'Ivoire) et d'Afrique Centrale notamment du Cameroun, se retrouvent sur ce vaste espace pour y commercer. On y trouve des produits vivriers, des produits artisanaux et des biens manufacturés. En somme, tout ce qui peut être acheté ou vendu.

Au plan administratif, bien que se trouvant sur le territoire de la municipalité de Cotonou20(*), plus précisément dans le 6ème arrondissement, le marché Dantokpa est géré par la Société de Gestion des Marchés Autonomes (SOGEMA), un organisme qui dépend du Ministère béninois de l'Intérieur. Cette situation n'est pas sans suscitée des polémiques de la part des autorités de la Mairie qui n'ont jamais cessé de réclamer la rétrocession de la gestion de ce haut lieu commercial à la Mairie de Cotonou. Et même la nomination, encore récente, par le chef de l'Etat de l'un des responsables à la Mairie, qui était considéré comme l'un des chantres de la réclamation du marché Dantokpa à la Mairie de Cotonou, n'a pas suffit à calmer les ardeurs.

La structure administrative ainsi présentée montre que l'espace public marchand de Dantokpa dans sa gestion renvoie à un univers d'acteurs institutionnels en « confrontations ». Le marché Dantokpa est donc une « arène »21(*) (de SARDAN, 1995) locale où prennent place ces confrontations et affrontements entre la Mairie et la SOGEMA.

De part l'affluence que connaît Dantokpa, deux problèmes majeurs se posent aujourd'hui aux acteurs du marché : des problèmes de sécurité ainsi que des problèmes de salubrité.

En effet, au plan environnemental, le marché Dantokpa avec ses 100 tonnes de déchets produits par jour demeure une véritable poubelle au coeur de Cotonou, menaçant ainsi dangereusement la santé des populations du 6ème arrondissement.

C'est dire donc que Dantokpa, ce n'est pas seulement un lieu de commerces et d'échanges ou de pouvoir, c'est aussi une "espèce d'espace" (ZOA, 1995) de pollution.

2. LES ACTEURS STRATEGIQUES DANS LA GESTION DES DECHETS SOLIDES A DANTOKPA ET LEURS LOGIQUES D'INTERVENTION

2.1. La SOGEMA et sa logique d'intervention

Entreprise publique à caractère commercial, la SOGEMA a été créée pour gérer les espaces publics qui appartiennent à l'Etat et sur lesquels s'animent les différents marchés de Dantokpa, Gbogbanou qui, en fait n'est pas un marché, mais un débordement du marché Dantokpa, Ganhi qui apparaît comme un échantillon moderne du marché. C'est une société qui a à peu près vingt cinq ans d'existence. Selon les informations collectées sur le terrain, le budget annuel de la SOGEMA est à peu près de sept cent millions de francs CFA. La société reverserait 3 % de son chiffre d'affaires à la Mairie.

En tant que gestionnaire de l'espace public de distribution, la SOGEMA est un maillon important dans le schéma économique du pays. C'est ce que laisse traduire les propos de Joseph Tamégnon, actuel Directeur général de la SOGEMA : « Je ne suis pas sûr que les gens mesurent toute l'importance stratégique de la SOGEMA dans le développement de la croissance économique de notre pays ». L'argument est sans doute incontestable, mais il occulte le fait que le gouvernement central n'est peut-être pas prêt à partager longtemps les ressources et opportunités du marché avec l'institution décentralisée que constitue la Mairie de Cotonou. Par ailleurs, au-delà de son rôle stratégique dans l'économie béninoise, la SOGEMA est aussi un acteur stratégique important dans le cadre de la gestion des déchets dans la ville de Cotonou, plus particulièrement dans le 6ème arrondissement partant de Dantokpa. Sous cet angle, J. Tamégnon affirme : « On dit souvent à la Mairie de Cotonou que Dantokpa est le plus grand producteur d'ordures. Si nous gérons bien les ordures de Dantokpa, nous faciliterons la tâche à la Mairie » ; reconnaissant ainsi implicitement la part de responsabilité de la SOGEMA dans l'effort collectif de salubrité de l'espace urbain de Cotonou. C'est dire donc que les espaces publics urbains, en l'occurrence celui sous la gestion de la SOGEMA, jouent un rôle très significatif dans l'assainissement de la ville (SENNET, 1979).

En réalité, derrière des images dégoûtantes de déchets solides qui débordent le marché, se profilent aussi bien l'échec de multiples efforts menés souvent pour son assainissement, que l'histoire à rebondissements et suspense, d'une rivalité implacable, pour le contrôle de la société gérante. C'est donc, à dessein, qu'avec force détails, Abou Karimou Machoud, chef service assainissement contrôle et contentieux de la SOGEMA a expliqué les efforts entrepris pour que la vaste superficie de 18 hectares de Dantokpa soit assainie. Les usagers marchands du marché assurent eux-mêmes la propreté de leur milieu ou se fient aux bons soins des « Gbobèto » (en langue goun22(*) ramasseurs d'ordures) chargés du nettoyage et de l'enlèvement de déchets. Il s'agit de professionnelles presque exclusivement de femmes reconnaissables presque à leur tenue et outils de travail. Elles sont souvent drapées de blouses bleues frappées de numéros matricules et munies de balais et de grandes bassines. Une formation sommaire leur permet de faire le distinguo entre déchets non biodégradables et dégradables. Elles ont la mission d'assurer la pré-collecte des ordures déposées au seul point de regroupement dont dispose Dantokpa. Réunies dans les associations de femmes pré-collecte Gbobèto de Dantokpa, elles bénéficient de l'assistance du projet de gestion des Déchets Solides Ménagers (DSM) soutenu et financé par le gouvernement du Canada par l'entremise du Bureau OXFAM-QUEBEC Cotonou et de l'Agence Canadienne de Développement International (ACDI).

Le travail au quotidien des « Gbobèto » est renforcé par une campagne de salubrité toutes les deux semaines, a renchéri par ailleurs A. K. Machoud, qui ajoute que ceux qui font de la résistance au cours de la campagne écopent des sanctions de trois ordres. Ils peuvent être verbalisés, leur baraque peut être fermée et des saisies marchandises peuvent être opérées. Et, le jour de la campagne, aucun usager marchand n'est censé faire étalage de ses articles entre 07 heures et 09 heures. Ladite campagne se mène une fois le mois au marché Dantokpa. Pour le succès de l'opération, la veille, les responsables s'obligent à une action d'information et de sensibilisation, souvent menée par des gongonneurs ou à la faveur de spots et émissions, à la Radio FM SOGEMA de rayons limités et circonscrits au grand bâtiment central du marché. Pour ce faire et pour l'efficacité, il est organisé, note Aïhadji Chako, responsable du service administratif et financier de la SOGEMA, des écoutes collectives de sensibilisation, sur les ondes de radios de proximité sur des thèmes variés, au profit des usagers. L'organe, SOGEMA-INFO y apporte sa contribution. A. Chako a rappelé que les terre-pleins centraux (modèles d'insalubrité) des routes, à caractère national desservant le marché, ne relèvent pas de l'autorité de la SOGEMA. Et pourtant, ne pouvant supporter le spectacle affligeant d'immondices, elle (la SOGEMA) a dû assurer à ses propres frais, se confie-t-il, l'entretien du terre-plein du tronçon carrefour Dantokpa - nouveau pont par ses agents. La surveillance des lieux auparavant transformés en dépotoirs d'ordures est maintenant bien assurée par des vigiles recrutés et payés par la société. Si ce terre-plein est maintenant assaini, c'est tout le contraire des deux autres terre-pleins des tronçons carrefour Dantokpa-Ecobank et carrefour Dantokpa-Pharmacie quatre Thérapies-Station SONACOP Lègba. A. Chako n'a pas oublié de rappeler l'effort fourni par la SOGEMA dans l'assainissement de la berge, à coups d'une vingtaine de millions, au cours d'un déploiement de cent cinquante voyages de camions, au titre du seul enlèvement de déchets polluants. Il faut rappeler que cet endroit est cogéré par trois structures : la SOGEMA, la Mairie de Cotonou et l'ex-Ministère de l'Environnement, de l'Habitat et de l'Urbanisme (MEHU).

Au regard de tout ce qui précède, l'on pourrait s'interroger sur les facteurs qui réduisent l'efficacité des actions de la SOGEMA dans le sens de l'assainissement de Dantokpa, vu que ce dernier (le marché et ses périphériques) végète toujours dans une insalubrité chronique qui ne cesse de croître, posant un véritable problème de développement à la ville de Cotonou en général, et aux quartiers du 6ème arrondissement en particulier. Prenant acte de cette situation, la SOGEMA aussi bien que les populations notamment celles du sixième arrondissement n'hésitent pas à pointer du doigt le premier acteur de la ville : la Mairie de Cotonou. Qu'en est-il de la stratégie de la Mairie engagée dans la lutte contre l'insalubrité des lieux publics ?

2.2. La Mairie de Cotonou et sa logique d'intervention

Il ressort des données recueillies sur le terrain que la gestion des ordures à Dantokpa passe d'abord par la question de : qui doit gérer ce grand espace public marchand ?

Effectivement, sur le délicat problème de gestion des espaces au marché Dantokpa, Marc Didier Dubogan, chef Département des voies et réseaux à la Direction des Services Techniques (DST) de la Mairie de Cotonou sise à Ganhi, nous a entretenu de la situation de crise opposant responsables et percepteurs de taxes de structures différentes aux intérêts antagoniques. Le conflit vit le jour, dès l'adoption du décret créant la CEMAC en 1978, estime-t-il. Avant cette date, les taxes et redevances étaient perçues respectivement, par les districts de Cotonou I, côté Gbogbanou jusqu'au nouveau pont, et de l'autre côté du pont, par Cotonou IV23(*). Ainsi, l'avènement de l'aîné de la SOGEMA a privé de recettes ces anciennes structures étatiques qui se contentaient de bribes recueillies aux abords immédiats de l'espace du marché. C'est pourquoi, très vite, des heurts firent jour entre percepteurs agréés par les districts et ceux de la CEMAC. Les conflits d'antan ont refait surface, à l'ère de la décentralisation, avec la naissance de la Mairie de Cotonou passée aux mains de l'"opposition". Or, « dans les pays où le parti d'opposition contrôle certaines autorités locales, le gouvernement central est tenté d'imposer une plus grande centralisation et une surveillance plus vigilante » (MUHIZWA cité par SAITIEL 1993, p.227). Aussi, pas plus tard qu'en Avril 2006, un percepteur de la Mairie a été interpellé et s'est retrouvé au commissariat Dantokpa, pour cause de délit de taxe prélevé en "zone réservée". C'est dire que les espaces dans les environs des marchés sous tutelle SOGEMA ne doivent souffrir d'aucune contestation. L'espace est revendiqué et géré au centimètre carré, surtout lorsqu'il est censé produire des dividendes. Comme illustration, prenons par exemple le marché de Gbogbanou. La frontière ici entre les structures rivales, c'est l'avenue Delorme, qui elle-même sert de no man's land. De la berge à ladite avenue, la gestion de l'espace revient à la SOGEMA, et l'autre côté de la voie pavée, il relève de l'autorité de la Mairie. Par ailleurs, le soulèvement récent des responsables du Collège d'Enseignement Général de Dantokpa (le quartier s'entend), face à l'occupation anarchique de leurs environnements immédiats par des vendeuses, lève un coin de voile sur les profondes rivalités qui existent entre la SOGEMA et la Mairie de Cotonou. En déclarant récemment qu'il ne procèdera qu'au déguerpissement progressif de 20 % des occupantes de qui la SOGEMA perçoit des taxes, le Directeur général J. Tamégnon, laisse croire, sans doute, qu'il n'est pas le seul responsable de la situation. Il accuse également la municipalité de Cotonou, qui devrait, à le croire, répondre des 80 % d'occupantes restantes, étant entendu qu'elle perçoit également chez elles, des taxes importantes au profit de ses caisses. Un véritable fond de commerce sur lequel chaque partie tiendrait la ficelle. Le plus difficile encore est que ces deux institutions s'accusent mutuellement dans la grosse pagaille qui s'opère sur les lieux et n'entendraient jamais unir leurs forces pour y trouver une solution définitive. C'est ce que laisse traduire les propos du Directeur général de la SOGEMA, qui affiche par ailleurs, la même position dans la gestion des ordures au sein du marché et dans ses alentours. Le cas le plus significatif est l'insalubrité insoutenable dans laquelle végètent les collecteurs d'eaux construits du marché. S'il se dit conscient que leur état de dégradation actuelle est incombé aux femmes de Dantokpa, qui y jettent toutes sortes d'ordures ; il se refuse cependant de s'occuper de l'entretien de ces infrastructures locales d'évacuation d'eaux, du fait qu'elles ne sont pas de son ressort, à l'exception de celles construites grâce à des projets internes à la SOGEMA.

A cela, Marc Didier Dubogan, affirme bien au contraire, que la Mairie ne gère pas le marché Dantokpa quand bien même, elle enlève les ordures. Toutefois, il avoue, pour sa part, que la Mairie ne peut rien engager sur le marché sans que le transfert n'ait été fait. Justifiant ainsi que l'accès à une source financière importante et indépendante, sous le contrôle des collectivités locales, est considérée comme primordiale pour une collectivité locale digne de ce nom (HICKS, et al cité par SAITIEL, 1993, p.226). En réalité, pour le moment, la Mairie s'occupe plus de la périphérique que du marché lui-même et entend même se désengager de la gestion des ordures dans cette zone. Car, toujours selon M. D. Dubogan, « eux (la SOGEMA), ils produisent les déchets et nous (la Mairie), on les ramasse ». Quant à Basile Gbaguidi, Directeur des services techniques de la Mairie de Cotonou, il nous dit tout l'espoir qu'il porte dans la collaboration sincère entre la Mairie et la SOGEMA ; au lieu qu'on continue dans des rapports de force qui ne favorisent aucun des acteurs, explique t-il, « il faut une nécessaire synergie entre les deux structures pour tout le bien de la ville ».

3. ANALYSE DES RESULTATS : ENJEUX DE COORDINATION ENTRE NIVEAUX INSTITUTIONNELS

Dans les discours analysés, il ressort que les rapports entre acteurs institutionnels sont empreints d'un malaise général. En effet, le cadre des institutions publiques oeuvrant en environnement urbain fait toujours apparaître des conflits de compétence et d'intervention sur le terrain (Dantokpa) entre les services de l'Etat (la SOGEMA) et les services municipaux (la DST de la Mairie de Cotonou) (TINI, 2003), ce qui ne va pas toujours dans le sens de l'efficacité. De manière plus générale, cela met en relief certains des contours les plus visibles de la lutte entre le centre (l'Etat) et les régis (les collectivités locales) (STREN, 1993). Aussi, jusqu'à présent les relations entre ces deux niveaux de gouvernement n'ont pas été adéquatement définies en ce qui concerne l'élimination des déchets solides au niveau du 6ème arrondissement qui abrite par ailleurs le plus grand espace public marchand au Bénin, à savoir Dantokpa. Ce dernier marque des lieux de confrontations, des points sensibles où les intérêts des responsables de la SOGEMA engagées dans la logique de la "monopolisation" des ressources acquises et ceux des responsables de la DST engagées dans une autre logique, celle du développement des ressources substantielles de la Mairie s'affrontent autour de : la gestion de l'espace à l'intérieur et aux environs du marché, le prélèvement des taxes. C'est dans ce contexte que se situe le vieux conflit qui a opposé simultanément la CEMAC, puis la SOGEMA respectivement aux Districts et les services techniques (DST) de la Mairie de Cotonou, se jetant mutuellement la responsabilité de l'insalubrité de Dantokpa et de ses périphériques. En fait, la Municipalité déplore que les taxes qu'elle perçoit sont insuffisantes pour assurer les tâches qui lui incombe alors que la SOGEMA monopolise presque tous les moyens financiers destinés à la gestion du marché. De ce fait, il n'existe pas pour le moment dans le sixième arrondissement, une politique cohérente d'assainissement, intégrant le marché Dantokpa. Ainsi, une partie des ordures prélevées ou non se retrouve dans les quartiers dudit arrondissement contribuant ainsi à maintenir ces derniers dans un état permanent d'insalubrité. Cela atteste l'échec ou l'inefficacité des initiatives entreprises dans le but d'assainir le cadre de vie des usagers marchands et celui des populations de l'arrondissement. Cet échec dans le domaine de l'assainissement s'explique donc par le manque « d'harmonie, de concertation, de collaboration » inscrites dans la "monarchie" administrative et urbaine (ZOA, 1995). La première hypothèse de travail qui impute l'inefficacité des initiatives d'assainissement au manque de coordination entre acteurs institutionnels se trouve ainsi corroborée. A cette étape de la recherche, deux raisons fondamentales peuvent être évoquées. La première est liée à l'extension des activités du marché vers les quartiers périphériques, et la deuxième raison, subséquente à la première, est que la gestion des ordures à Dantokpa révèle un autre problème crucial, celui du monopole et du contrôle de gestion des espaces du marché qui divisent de plus en plus, les responsables de la SOGEMA et les autorités municipales de Cotonou.

Il apparaît donc, en dernière analyse que, la salubrité et l'assainissement du marché Dantokpa et de ses environs immédiats, qui semblent des actions apparemment techniques, relèvent des stratégies d'acteurs. Ces stratégies alimentent l'insuffisance voire l'absence d'un véritable processus de concertation permettant à chaque acteur du système de gestion de mettre en évidence ses intérêts et ses solutions.

CHAPITRE II : LE DECHET DE SA PRODUCTION A SON ABANDON : LOGIQUES ET REPRESENTATIONS DES ACTEURS

1. CADRE LEGISLATIF ET REGLEMENTAIRE DE LA GESTION DES DECHETS

1.1. Le cadre législatif : code d'hygiène publique

L'institution d'un cadre juridique pour la gestion des déchets solides au Bénin a vu le jour en 1987 avec le code d'hygiène publique.

Composé de 168 articles, le code d'hygiène publique s'étend sur des aspects aussi variés que les règles d'hygiène publiques, l'hygiène sur les voies publiques, sur les habitations, sur les denrées alimentaires, sur les établissements classés, les marchés et activités commerciales en plein air, sur l'eau pour diverses utilisations.

Il se préoccupe de la gestion des déchets à travers ses articles : 4 ;6 ;7 ;8 ;9 ;18 ;31 ;32 ;59 ;60 ;63 ;75 ;93 ;97 ;98 et 100. Les articles 4 ; 6 ; 7 et 9 de ce code indiquent les conditions de manipulation des déchets sur les voies publiques ou plus largement en dehors des maisons. Ils fixent également les pénalités encourues en cas d'infraction.

Il faut se poser la question de savoir, où iront les ordures qu'on ne peut plus, ou qu'on ne doit plus jeter sur les voies publiques, sous peine de sévères pénalités ? Les ménages qui s'obstinent à ne pas s'abonner aux ONG de pré-collecte pour l'enlèvement de leurs ordures, doivent en assurer la gestion au sein même de leur propre habitation. A ce niveau également, le code en son chapitre II, de l'hygiène des habitations précise, en son article 18, que «  dans les concessions, les ordures ménagères doivent être conservées dans des poubelles réglementaires, et que tout dépôt d'ordures à l'intérieur et à l'extérieur des habitations, non conforme à la réglementation est interdit ». De même, il est stipulé à l'article 32 que « l'enfouissement d'ordures ménagères à l'intérieur des concessions est interdit ». Ce qui revient à dire que même dans l'intimité de notre propre maison, l'Etat a un droit de regard sur nos comportements en matière d'hygiène. Et l'article 14 du code énonce : « Afin de promouvoir la santé physique, mentale et sociale de chaque citoyen, les agents du service d'hygiène sont chargés de faire des inspections intra domiciliaire pour assurer une hygiène et une salubrité permanentes des habitations ».

Ainsi, selon les dispositions du code d'hygiène publique, la salubrité sur les voies publiques complète et va de pair avec l'hygiène qui doit être de mise au sein des concessions. C'est dire que si le Cotonois a l'obligation de maintenir la propreté chez lui, il doit tout aussi s'interdit de polluer la rue, autrement, il en répond devant la loi.

Toutefois, il a fallu attendre au moins dix ans plus tard pour qu'apparaissent les premiers actes réglementaires qui rendent opérationnels les dispositions législatives.

1.2. Le cadre réglementaire

Aujourd'hui, le cadre réglementaire de la gestion des déchets solides se compose des textes suivants :

· Le décret N°97-616 du 18 décembre 1997. Ce décret n'apporte malheureusement aucune information complémentaire sur les conditions de manipulation des déchets solides en dehors des maisons. Sur cette question, il s'est limité aux excrétas.

· La loi N°97-029 du 15 janvier 1999, portant organisation des communes, confère à travers son chapitre III aux communes des compétences entre autres en matière d'environnement, d'hygiène et de salubrité. En son article 93, elle stipule clairement que la commune a la charge entre autres, de la collecte et du traitement des déchets solides autres que les déchets industriels.

· La loi N°98-029 du 15 janvier 1999 portant régime financier des communes en république du Bénin stipule en son article 13 que : « les recettes de la section de fonctionnement de la commune en matières d'hygiène, de salubrité publique et de services funéraires comprennent entre autres, les taxes d'enlèvement des ordures ménagères et les redevances pour frais d'enlèvement de débris et matériaux autres que les ordures ménagères ».

La mise en application de ces deux dernières lois n'est devenue effective qu'à partir de février 2003 après les élections communales et municipales de décembre 2002. Basée sur le " principe pollueur- payeur "24(*), cette loi met l'accent sur :

- la protection et la mise en valeur des milieux récepteurs et naturels ;

- la protection et la mise en valeur du milieu naturel et de l'environnement humain ;

- la limitation des pollutions et des nuisances.

Les modalités d'application des grandes lignes de cette loi-cadre ont été précisées à travers un certain nombre de textes réglementaires dont certains clarifient également des questions non élucidées dans le code d'hygiène publique et son décret d'application par rapport à la gestion des déchets.

Ainsi, concernant la gestion des déchets, un décret principal retient particulièrement notre attention dans le cadre de la présente étude ; il s'agit du :

- décret N°2003-332 du 27 août 2003 portant gestion des déchets solides en République du Bénin.

Toutefois, l'absence d'une mise en oeuvre effective de l'ensemble de ces textes rend ainsi des dispositions réglementaires ou des décrets de lois très loin d'une éventuelle application pour empêcher les abus aujourd'hui constatés en matière d'hygiène et d'assainissement, à tous les niveaux notamment celui des déchets solides urbains.

De plus, comme l'observe BERTOLINI, le processus en oeuvre en matière de gestion des déchets n'est pas seulement juridico- économique, mais aussi mental25(*).

2. ENJEUX INSTITUTIONNELS : PRINCIPAUX ACTEURS DE LA PRE-COLLECTE, ATTITUDES ET ACTIONS

La chaîne de gestion des déchets solides est constituée de trois (03) maillons indissociables notamment :

- La pré-collecte : activité dominante de la chaîne, elle consiste au ramassage des ordures auprès des ménages, des institutions ou services, des lieux de commerces par des charrettes (des ONG), des tracteurs ou des bennes (des services privés ou de la DST) vers les bacs publics municipaux ou points de regroupement.

- La collecte : consiste au transport des déchets des points de regroupement vers les centres de transfert ou des décharges finales.

- Le traitement ou l'élimination : il existe trois modes de traitement des déchets solides : l'enfouissement sanitaire, l'incinération et la valorisation.

Au regard des objectifs de l'étude, nous nous sommes limités dans le cadre des acteurs institutionnels de la pré-collecte à deux principaux acteurs ; il s'agit de :

Ø L'administration locale représentée par la Direction des Services Techniques (DST) de la Mairie de Cotonou, qui a la charge d'assurer la coordination des activités du sous système de pré-collecte et l'enlèvement des déchets solides dans les grands artères ;

Ø Les ONG qui assurent la pré-collecte "porte à porte" des déchets solides.

2.1. Pratiques municipales en matière de gestion des déchets solides

Avec la mise en oeuvre du processus de décentralisation, les municipalités sont amenées à assumer de nouvelles responsabilités parmi lesquelles, la gestion locale des déchets solides urbains (DSU). Suivant les compétences reconnues à la commune dans la loi n°97-029 du 15 janvier 1999, portant organisation des communes au Bénin, la commune est chargée de veiller à la préservation des conditions d'hygiène et de la salubrité publique. A ce titre, elle doit :

* élaborer un plan directeur local de gestion des déchets ;

* renforcer les compétences opérationnelles dans la gestion des DSU ;

* rationaliser la filière par la gestion des coûts ;

* organiser des relais d'information, de sensibilisation et de répression (comité d'assainissement, brigade d'assainissement, police environnementale) ;

* promouvoir la concertation et la coopération de tous les acteurs de la gestion des DSU.

A Cotonou, la Direction des Services Techniques (DST), officiellement créée en 199726(*) et placée sous la tutelle de la Mairie, est directement chargée de la gestion des DSU. Elle est la bénéficiaire de toutes les actions engagées dans le domaine. Elle contrôle tout le processus en assurant le suivi- évaluation de ces actions. Elle est chargée de la formalisation des relations entre acteurs (mise en place de dispositifs et d'instances de concertation) et assure dans ce cadre, la coordination d'un comité consultatif regroupant tous les acteurs. Toutes ces activités sont appuyées par le Bureau d'études OXFAM-QUEBEC à travers le projet Programme de Gestion des Déchets Solides Ménagers (PGDSM).

Marc Didier Dubogan, responsable du département assainissement et réseaux au niveau de la DST, nous a expliqué l'origine et le fonctionnement du système de gestion des déchets qui quadrille la ville et assure selon lui, une couverture à 60% de ses habitations. Ce système connaît trois grandes étapes : la pré-collecte, la collecte et le transport des déchets. La pré-collecte est laissée aux bons soins d'ONG aujourd'hui au nombre de soixante dix-sept (77). Un bon zonage est fait, partageant Cotonou en quatre vingt quinze (95) secteurs de pré-collecte. A cet effet, le sixième arrondissement est divisé en neuf (09) secteurs. Les ONG partenaires sont équipées et formées. Ce qui a conduit à terme, à une structuration de l'activité de pré-collecte reposant sur le double principe de gestion partagée et participative. Le principe de gestion partagée s'apprécie par le fait que tous les acteurs opérationnels jouent et s'investissent dans des rôles bien définis avec le souci clairement exprimé d'éviter tout conflit. Les ONG participent à l'enlèvement des déchets et les conduisent jusqu'au point de regroupement (si point de regroupement il y a). Précisons qu'actuellement six (06) points de regroupement sont fonctionnels sur les cents (100) dont a besoin la ville de Cotonou. A ce titre, le sixième arrondissement bénéficie d'un point de regroupement, situé au quartier Hindé.

Source : cliché AMOUZOUN, Septembre 2009

Photo 1 : point de regroupement à Hindé (Cotonou) lot 989 au bord

de la lagune

La photo 1 informe sur l'existence d'un bac à ordure déposé par la DST en plein air à côté des habitations et remplis de déchets qui débordent ledit bac et se retrouvent au sol. En dépit de cet état des choses, une dame s'avance pour y jeter ses ordures. Ce fait révèle l'inefficacité des mesures prises par les autorités municipales dans le cadre de l'enlèvement des DSU au niveau du 6ème arrondissement à travers la gestion des décharges publiques et éclaire également sur l'attitude des populations quant à leur participation à la gestion sociale des bacs.

Quant à la Mairie, elle gère la collecte et le transport, paye le traitement et le fonctionnement du point de regroupement. L'un des succès de cette activité de pré-collecte réside, sans doute, selon M. D. Dubogan, dans la liberté et la marge de manoeuvre laissée aux ONG de traiter directement avec les populations locales. Il s'agit là d'une stratégie pour convaincre les ménages et autres maisons de commerce et services de s'acquitter des taxes d'enlèvement des ordures que le Cotonois a du mal à payer. Cette attitude du non payement va d'ailleurs à l'encontre du principe de gestion participative qui énonce que le pollueur doit payer pour les déchets qu'il produit. Selon Marc Didier Dubogan, il faut 5F CFA/jour par habitant de Cotonou pour venir à bout de 0,53kg d'ordures produites en moyenne par jour par habitant. Les tableaux VII et VIII, donnent un aperçu sur la nature ainsi que le mode d'évacuation des déchets produits à Cotonou.

Tableau VII: Nature des déchets solides produits (par habitant/jour)

Nature des déchets

Poids en (Kg)

Fréquence

Matières organiques

0,22

42%

Inertes (fines, cailloux...)

0,21

40%

Emballages, appareils usagers, etc.

0,07

18%

TOTAL

0,50

100%

Source : DESSAU - SOPRIN, 2001 et données de terrain

Le tableau VII informe sur la nature des déchets produits par les ménages à Cotonou. Ces déchets sont répartis en trois catégories principales qui sont : les fines, les déchets organiques, les emballages (plastics ou autres non organiques) et les appareils domestiques usagés. Il faut toutefois préciser que ces résultats donnés en pourcentage, tiennent compte de la production de tel et tel déchet produit.

Tableau VIII : Pratiques d'évacuation des déchets solides à Cotonou

Mode d'évacuation des ordures

Nature (places publiques, collecteurs, caniveaux, berges, bas-fonds)

Voirie privée (ONG, entreprises privées)

Voirie publique (Mairie)

Brûlage

Enterré

2002

48%

46%

4%

1%

1%

2008

42,6%

39,3%

6,6%

4,9%

6,6%

Source : Observatoire Urbain Local de Cotonou, 2008 et données de terrain

Selon les données de 2008, seuls 6,6% des DS sont évacués par la municipalité. La plus importante part des ordures (42,6%) est déposée sur des sites sauvages ; alors que 39,3% font l'objet d'une pré-collecte par les ONG et autres entreprises privées.

De plus, si l'on constate une baisse du pourcentage du mode d'évacuation des ordures par les espaces publiques entre les années 2002 (où ce taux était de 48%) et 2008 (42,6%), ce taux reste élevé par rapport aux autres modes d'évacuations.

Enfin, même si ces données concernent l'ensemble de la ville, ces chiffres sont significatifs pour comprendre le mode d'évacuation des déchets dans le 6ème arrondissement.

Les autorités municipales se plaignent souvent du comportement des populations et de certaines ONG, qui selon elles, n'hésitent pas à utiliser des lieux publics pour y jeter les ordures. Selon M. D. Dubogan, « les populations pensent qu'il faut jeter les ordures dans les collecteurs parce que, selon elles, l'eau de ses collecteurs se chargera de les entraîner vers les exutoires ». De telles logiques sociales vis-à-vis des collecteurs sont, d'une part préjudiciables à la salubrité des quartiers et l'environnement en général et, d'autre part sapent les efforts de la Mairie. Sur ce point Marc Didier Dubogan déclare : « on est confronté à une insalubrité qui décourage ». Surtout, lorsqu'on sait que la gestion des déchets est devenue un critère de performance dans la gestion urbaine (TINI, 2003). Et que, la propreté est une priorité pour les responsables municipaux. Priorité en termes de santé et d'hygiène publiques. Priorité en ce qui concerne la qualité de vie des habitants. Priorité pour l'esthétique même de la ville.

2.2. De nouvelles stratégies face à la gestion des déchets solides : initiatives des acteurs non gouvernementaux ou ONG

2.2.1. Stratégies d'intervention

1.1.1.1. Pré- collecte

L'activité dominante au niveau des ONG interrogées est la pré-collecte. Elle est effectuée de porte à porte au moyen des charrettes à traction humaine de capacités 0,8 à 1 m3. Avec ces équipements les ONG présentent dans l'arrondissement (au total douze (12)) collectent par jour une quantité de déchets solides de près de 85 m3. La plupart des charrettes sont hâtivement fabriquées avec des matériaux de fortune, et ne sont pas couverts. Dans ces conditions, le moindre souffle de vent fait éparpiller dans la nature les éléments légers des ordures (feuilles de papier et d'arbres, matières plastiques, etc.). Les ONG fidélisent les bénéficiaires de leur service par le système de contrat et d'abonnement. L'abonné au service d'une association a, devant l'entrée de sa maison ou de ses lieux de travail ou de commerce, une petite plaque très discrète, portant le sigle de l'association. Le prix moyen de l'abonnement mensuel est de mille (1000) francs CFA mais peut atteindre dans certains cas (dans les écoles, les services) trois mille (3000) francs CFA par mois. Le nombre d'abonnés en 2002 couvert par l'ensemble des ONG oeuvrant dans le 6ème arrondissement est de deux mille quarante et trois (2043) abonnés (ATTANASSO, 2005, p.27). En somme, la maîtrise de cette activité est relative au dynamisme et au savoir-faire de chaque ONG.

Par ailleurs, précisons qu'il ressort des données recueillies qu'aucune ONG ne consacre tout son temps aux activités de pré-collecte des déchets solides. Il faut noter que les ONG mènent d'autres activités rémunératrices. Il s'agit de :

- Formation à l'auto- emploi ;

- Construction des ouvrages d'assainissement de base ;

- Désensablement des rues ;

- Entretien des latrines ;

- Microcrédit ;

- Sensibilisation.

1.1.1.2. Sensibilisation

La sensibilisation de la population figure en bonne place dans les stratégies adoptées par les ONG de pré-collecte. En effet, toutes les ONG approchées (trois au total) accompagnent leurs activités de pré-collecte des déchets solides par la sensibilisation. Elles en font une priorité pour non seulement conserver leurs abonnés mais aussi pour en acquérir d'autres. Pour susciter l'intérêt des populations à s'abonner à leurs services, les ONG de pré-collecte opérant dans le sixième arrondissement sensibilisent la population de leur secteur d'intervention. Le sixième arrondissement étant divisé en neuf (09) secteurs. Cette sensibilisation se fait de porte à porte par les animateurs et animatrices desdites ONG. Les thèmes abordés, par ordre d'importance, au cours des séances d'animation sont résumés dans le tableau IX.

Tableau IX : Thèmes des séances de sensibilisation des populations

THEMES

INTERETS

Hygiène

Nécessité de s'abonner aux ONG pour l'amélioration du cadre de vie et de la santé

Ensablement

Diminuer le poids des déchets solides

Conditionnement des déchets solides

Empêcher l'accès des rongeurs et autres vecteurs aux déchets solides ; faciliter la pré-collecte

Recyclage

Récupération, réutilisation, valorisation

Gestion des déchets biomédicaux

Danger : risques pour la santé

Maladies liées à l'insalubrité

Impacts de la mauvaise gestion des déchets solides

Plastiques

Pollution environnementale

Dépotoirs

Pollution

Lois

Comprendre pour mieux agir

Inondation

Situation cyclique : quelle disposition pour la sauvegarde de la santé

Sources : COGEDA/OXFAM QUEBEC, 2001 et données de terrain

2.2.2. Lieux de rejet des Déchets Solides

Dans le contexte actuel du 6ème arrondissement de Cotonou, les ONG pré-collectrices ne disposent que d'un seul point de regroupement situé à Hindé. Les éboueurs sont donc obligés de créer des dépotoirs sauvages à des endroits inappropriés tels que : les lieux publics (les terre-pleins centraux, les caniveaux ouverts ou fermés), les berges de la lagune ou du lac Nokoué, les bas-fonds.

L'utilisation des dépotoirs sauvages par les acteurs impliqués dans la pré-collecte se justifierait par le fait que :

- les ONG ne disposent pas de points de regroupement par manque d'espace négociable ;

- le seul bac à ordures disposé dans l'arrondissement par la DST n'est pas facilement accessible aux ONG pour la simple raison qu'aucun contrat d'exploitation n'est conclu entre les deux parties, et aussi, compte tenu de l'état des voies d'accès ;

- les populations négocient parfois ces ordures pour le comblement de leurs parcelles situées dans les zones marécageuses.

Conséquence, une partie des déchets pré-collectés se retrouvent à des endroits inappropriés contribuant ainsi à maintenir la plupart des quartiers dans l'insalubrité. Pour cette étude, nous avons répertorié à travers les photos 2, 3,4 et 5 quelques dépôts sauvages situés dans le sixième arrondissement de Cotonou.

Source : cliché AMOUZOUN, Septembre 2009

Photo 2 : dépôt sauvage à Gbèdjromèdé (Cotonou), face lot 1024 Aïdjèdo,

prolongement caniveau à ciel ouvert venant d'Okpè Oluwa

La photo 2 indique que la disposition d'un bac à ordure dans ce quartier du sixième arrondissement n'a pas empêché la création d'un véritable dépôt sauvage menaçant l'espace de vie immédiat des populations. Ce qui montre que le "dehors" reste un lieu accessible à tous et où tout peut s'y faire sans que personne sans offusque.

Source : cliché AMOUZOUN, Septembre 2009

Photo 3 : dépôt sauvage à Djidjè (Cotonou), au bord de la lagune, derrière lot

1030

La photo 3 montre l'existence d'un dépôt de déchets solides au bord de la lagune où vivent de nombreuses populations se servant pour la plupart de l'eau de ladite lagune pour leurs besoins quotidiens. C'est dire donc que les espaces publiques comme les bordures de cette lagune n'étant la propriété de personne on peut donc sans servir pour diverses fins.

Source : cliché AMOUZOUN, Septembre 2009

Photo 4 : dépôt de déchets solides situés de part et d'autre d'un collecteur

d'eaux usées à Aïdjèdo

La photo 4 informe sur l'état d'un collecteur d'eaux usées transformé en un lieu de décharge publique de déchets solides ; mais il semble qu'une telle situation ne dérange personne surtout les populations environnantes qui vaquent malgré tout à leurs activités quotidiennes. Ce qui met en relief les usages finaux que les populations locales font de certaines installations environnementales.

Source : cliché AMOUZOUN, Septembre 2009

Photo 5 : ruelle envahie par un dépotoir d'ordures au quartier Djidjè

La photo 5 montre un dépotoir de déchets solides discutant l'espace d'une rue du sixième arrondissement, rendant ainsi difficile la circulation pour les acteurs usagers de cette voie. Cela révèle la perception selon laquelle la rue n'appartenant à personne, on peut donc sans servir pour y jeter les ordures.

2.2.3. Gestion des abonnés

Les ONG interviewées rencontrent des difficultés dans les relations qui les lient avec les abonnés. Les principaux problèmes sont relatifs au recouvrement et au retard dans l'enlèvement des poubelles chez les abonnés.

Concernant le recouvrement, deux (02) des trois responsables des ONG interrogés déclarent avoir des difficultés de recouvrement dues au manque de sincérité de certains abonnés. La sanction qui s'en suit est une simple suspension des services à l'abonné.

Les acteurs de pré-collecte justifient le retard dans l'enlèvement des déchets solides chez les abonnés par le bris des charrettes et les difficultés d'accès à certaines maisons en temps de pluie. Cette situation ne satisfait guère les abonnés qui s'attendent à une régularité dans le service offert. Cela occasionne des frustrations des abonnés et une perte de crédibilité pour la structure de pré-collecte. Du coup, ces abonnés se chargent eux-mêmes de leurs déchets se servant de tous lieux disponibles pour y jeter leurs ordures.

Ainsi, toutes ces défaillances constatées dans le cadre de la gestion des DSU par les différents acteurs institutionnels (ONG, Municipalité de Cotonou) limitent l'efficacité des initiatives entreprises.

2.3. La population, dans un nouveau contexte urbain, des pratiques diverses face au problème de gestion des déchets solides

Les tableaux X, XI, XII, et XIII présentent les résultats d'enquêtes sur les pratiques des populations du 6ème arrondissement de Cotonou par rapport à la gestion des déchets solides.

Tableau X : l'état d'insalubrité du quartier

Insalubrité

Effectif

Fréquence

oui

35

100%

non

00

0%

TOTAL

35

100%

Source : Données de l'enquête de terrain, août-octobre 2009

Le tableau X donne les résultats d'enquête sur les avis des populations par rapport à l'état de leur quartier en matière de salubrité. Ces résultats illustrent que 100% des personnes enquêtées reconnaissent que leur quartier est sale.

Tableau XI : provenance de l'essentiel des déchets

Provenance

Effectif

Fréquence

Activités marchandes et de services

09

25,7%

Ménages

26

74,3%

TOTAL

35

100%

Source : Données de l'enquête de terrain, août-octobre 2009

Le tableau XI donne les résultats sur la provenance des déchets solides. Ces résultats révèlent que la majeur partie des déchets (74,3%) proviennent des ménages, tandis qu'un pourcentage non négligeable de déchets (25,7%) sont issus d'activités de commerce ou de service. Ce qui montre que les ménages ne sont plus forcément les seuls producteurs de déchets en ville.

Tableau XII : mode d'évacuation des déchets solides

Evacuation

Effectif

Fréquence

Pré- collecte par les ONG

18

51,4%

N'importe où (caniveau ou collecteur, TPC, voies publiques, bas-fond)

09

25,7%

Bac à ordures

02

5,7%

A l'intérieur de la concession

06

17,2%

TOTAL

35

100%

NB : TPC : Terre-pleins Centraux

Source : Données de l'enquête de terrain, août-octobre 2009

Le tableau XII donne les résultats d'enquête sur le mode d'évacuation des déchets à partir de trente cinq (35) personnes objet de l'enquête. Il ressort de ces résultats que plus de la moitié des personnes (51,4%) sont abonnées à une ONG de pré-collecte, alors que 25,7% abandonnent leurs ordures dans les caniveaux ou collecteurs, sur les TPC et dans les bas-fonds. Un pourcentage non négligeable de personnes (17,2%) enterre les ordures chez elles pour se protéger contre la crue ou contre l'inondation en saison de pluie. Seuls 5,7% de personnes profitent des bacs à ordures installés près de chez elles pour y évacuer leurs ordures.

Tableau XIII : fréquence d'évacuation des déchets solides

Fréquence

Effectif

Fréquence

Tous les jours

19

54,3%

Une fois par semaine

01

02,8%

Deux fois par semaine

03

08,6%

Plus de deux fois par semaine

12

34,3%

Une fois par mois

00

00,0%

Autre

00

00,0%

TOTAL

35

100%

Source : Données de l'enquête de terrain, août-octobre 2009

Le tableau XIII donne la fréquence d'évacuation des déchets solides. On constate à ce niveau que plus de 54% des personnes interrogées évacuent leurs déchets quotidiennement, 34,3% au moins deux fois par semaine. On peut donc en déduire que la majorité des personnes évacuent régulièrement les déchets qu'elles produisent quel que soit le mode d'évacuation utilisé.

3. ANALYSE DES RESULTATS : DES LOGIQUES D'ACTEURS

L'analyse des résultats permet de mettre en évidence les logiques et représentations des acteurs engagés dans les dynamiques urbaines autour des déchets solides urbains. Elle révèle que chacun des acteurs (municipalité de Cotonou, populations locales du 6ème arrondissement et ONG de pré- collecte oeuvrant dans ledit arrondissement), engagé dans la gestion des DSU, tente de se débrouiller à sa manière dans un cadre législatif, réglementaire et contractuel généralement flou.

Ainsi, dans une logique de service public rendu, les objectifs affichés par les autorités municipales sont ceux d'une hygiène publique étendue à la totalité des quartiers. Aussi, dans l'analyse des discours, « l'embellissement urbain »27(*) constitue une dimension essentielle : « Nous (service municipal), on est en charge de l'embellissement de la ville ». Il s'agit donc pour les autorités de donner une image favorable de la ville dans une optique de marketing urbain (BIAREZ, 1998). Dans ce sens, des « espaces publics »28(*) sont construits et aménagés : ce sont, dans le domaine de l'assainissement, la construction des collecteurs et des bacs et l'aménagement des rues et Terre- Pleins Centraux (TPC).

Ces espaces construits et aménagés sont ensuite transformés et utilisés par les ONG et les populations du sixième arrondissement de Cotonou.

Nous analyserons donc les usages des espaces publics mais nous nous pencherons aussi sur leurs représentations. Ceci se justifie par le fait qu'il n'est pas possible de constater, comme l'ont fait remarquer BASSAND et al (2001), une « dissociation entre le symbolique et le fonctionnel, entre le connu et le vécu ».

Au demeurant, il ressort des données recueillies sur le terrain que les ONG qui interviennent dans la pré- collecte des déchets solides au niveau du 6ème arrondissement mettent en oeuvre plusieurs stratégies allant de la sensibilisation à la fidélisation à travers le système d'abonnement, dans le but de rendre pérennes leurs actions. Notons cependant, que malgré les efforts faits par ses structures pour assurer l'enlèvement des DSU, le taux d'enlèvement des déchets solides reste dans les limites de la moyenne comme l'illustre les données du tableau XII et les informations recueillies auprès des ONG pré-collectrices. En outre, une partie des déchets pré-collectés (51,4 %) par ces ONG auprès des populations sont soit déversés le long des voies, dans des TPC ou dans les caniveaux lorsque la distance qui sépare la zone de pré-collecte est assez éloignée du seul point de regroupement qui existe au niveau de l'arrondissement ou soit vendus en cours de route comme « remblais » dans les zones ravinés par le ruissellement des pluies, et particulièrement aux abords du lac ou de la lagune. Pour les déchets qui arrivent au point de regroupement, la plupart du temps, l'état des bacs pleins à craquer fait éparpiller les ordures tout autour, rendant ainsi, sous l'effet du vent ou de la pluie, insalubre les quartiers immédiats.

En réalité, l'arrivé de nouveaux acteurs que constituent les ONG semble au vue de ce qui précède, compliqué l'organisation de la gestion des déchets par la municipalité. L'on se pose la question de savoir « dans quelle mesure l'Africain a intégré l'idée de gestion des ordures ménagères »29(*). En effet, pour le personnel d'ONG chargé de gérer les ordures, on se demande s'il n'y a pas un blocage qui provient de l'idée qu'il faille accorder tant d'importance aux objets que les citadins rejettent. N'y a-t-il pas là une idée qu'on tend à minimiser à partir de la place qu'un déchet occupe dans l'imaginaire social, la place du ramassage parmi les tâches relevant de la hiérarchie urbaine ? Ce qui justifierait le peu de cas que l'on fait des lieux de rejets des déchets pré-collectés. Ces derniers se retrouvant pour la plupart à des endroits inappropriés tels que dans les caniveaux, les collecteurs d'eaux usées, les TPC et aux abords des voies.

En arrière plan, nous avons une population citadine, qui, tout en décriant l'état d'insalubrité de l'espace urbain collectif (comme nous le montre les résultats du tableau X où toutes les personnes interrogées reconnaissent que leur cadre de vie est sale), et bien que véhiculant des représentations normatives claires concernant l'hygiène et la salubrité, adopte des stratégies qui vise essentiellement à l'éloignement des ordures et de la saleté en dehors de l'espace de vie (ménage, lieu de travail, lieu de commerce) vers le dehors (25,7 % jettent quotidiennement leurs déchets n'importe où). Ceci permet d'affirmer, comme NOISETTE et al (1996), que la ville est un lieu où les urgences se manifestent d'une manière particulièrement vive en même temps que l'ambiguïté des intérêts y est exacerbée.

En outre, pour de nombreuses personnes, il ne semble pas y avoir de lieu privilégié pour se débarrasser de leurs ordures. Les gens ont tendance à exploiter l'environnement où ils vivent. Cependant, il faut noter que ces lieux de rejets sont connus et vécus comme tels par tous. C'est ce que révèlent les photos 4, 5 et 6. Par ailleurs, à la question : « où jetez-vous régulièrement les ordures ? », 25,7 % disent les abandonner sur les bordures de voies, voire sur les TPC ou dans les caniveaux tandis que seulement 5,7 % les jettent dans les bacs à ordures. Ce qui frappe tout de suite, c'est le peu de place que les bacs à ordures occupent pour les populations de cet arrondissement. Cela signifie-t-il que les bacs à ordures soient rares ou inexistants ou bien les gens ne trouvent pas la nécessité d'y jeter les ordures ? Insuffisance ou indifférence par rapport aux bacs à ordures ? Ce qui est certain, c'est qu'en dehors de la rareté des décharges publiques (selon les données de l'enquête il n'existerait officiellement qu'une seule décharge publique au niveau du sixième arrondissement), le caractère importé d'un objet comme la poubelle métallique ou plastique qui heurte les pratiques traditionnelles, impose de nouvelles habitudes aux « citadins habitués à jeter les ordures à même le sol » (ZOA, 1995). Nous comprenons ici l'handicap des populations à jeter leurs ordures dans le bac. Pour une partie plus ou moins importante des personnes interrogées, la route (et les TPC) semble le lieu le plus accessible et le mieux indiqué pour rejeter leurs ordures. Ce fait peut s'expliquer par la proximité de la route. On peut aussi penser que celle-ci, n'appartenant à personne est un lieu neutre où le dépôt des ordures ne gêne personne. L'on aurait aussi une certaine image de la route qui rend compte du choix des populations, cette représentation justifierait alors la prolifération des décharges sauvages. Peu importe que ces ordures déposées en route soient enlevées, l'essentiel est de s'en débarrasser. L'on ne s'occupe même pas des conséquences de ces décharges qui peuvent bloquer la circulation. Il en est de même pour les caniveaux ou collecteurs d'eaux usées qui peuvent être bouchés, ici encore, ce qui importe c'est de trouver un lieu disponible pour ses ordures. Et selon les populations, les eaux des caniveaux se chargeront de drainer leurs ordures vers les exutoires.

Ce qui se dégage de ces analyses, c'est que le lieu du rejet des ordures fait lui-même partie, pour la majorité des populations du sixième arrondissement du « système de la débrouille »30(*).

En somme, les espaces publics permettent l'articulation de trois logiques : celle de la municipalité de Cotonou, celle des ONG pré- collectrices de déchets solides et celles des populations. La façon dont les acteurs sociaux locaux que sont les ONG et les populations locales utilisent les espaces construits et aménagés par les acteurs municipaux constitue une des causes de leur échec. En outre, les usages de ces lieux communs sont influencés par les diverses représentations qu'en font les acteurs sociaux locaux. Notre deuxième hypothèse est donc vérifiée. Les représentations influencent l'usage des équipements sociaux urbains d'assainissement.

CHAPITRE III : MODES ET FONDEMENTS DE

PARTICIPATION

1. LES COUTS DE LA PARTICIPATION

Les tableaux XIV, XV, XVI, XVII, présentent les résultats d'enquêtes sur les perceptions sociales des coûts d'évacuation des ordures.

1.1. Les coûts sociaux

Tableau XIV : perception des populations de la place des déchets dans leurs préoccupations

Perception

Effectif

Fréquence

Pénible

09

25,7 %

Normal

12

34,3 %

Important

09

25,7 %

Amusant

02

05,7 %

Facile

03

08,6 %

Inutile

00

00,0 %

TOTAL

35

100,0 %

Source : Données de l'enquête de terrain, août-octobre 2009

Le tableau XIV donne les résultats d'enquête relatifs à la perception qu'ont les populations de la place des déchets dans leurs préoccupations. Il ressort de ces résultats que plus de 25 % des personnes interrogées pensent qu'il est important de s'occuper de ses ordures au niveau de la pré-collecte et environ 34 % pensent qu'il est tout simplement normal de s'en occuper, avec toutefois un taux non négligeable de personnes (25,7 %) qui prennent cela pour une corvée supplémentaire contre respectivement 08,6 % et 05,7 % qui trouve la tâche facile ou tout simplement amusante.

Tableau XV : prise en charge de la gestion des ordures

Niveau

Prise en charge

Effectif

Fréquence

VILLE

Citoyens

00

00,0 %

Etat

15

42,9 %

ONG

00

00,0 %

Elus locaux

20

57,1 %

 

TOTAL

35

100,0 %

QUARTIER

Citoyens

00

00,0 %

Etat

15

42,9 %

ONG

00

00,0 %

Elus locaux

20

57,1 %

 

TOTAL

35

100,0 %

Source : Données de l'enquête de terrain, août-octobre 2009

Le tableau XV présente les résultats relatifs à l'opinion sociale sur la prise en charge de la gestion des ordures. A l'issu de cette présentation, il ressort que les populations pensent qu'il revient à la collectivité d'effectuer l'enlèvement des ordures aussi bien à l'échelle de la vile que du quartier (ils sont 57,1 % à imputer la responsabilité aux services municipaux). Toutefois, une proportion non moins importante (42,9 %) des personnes interrogées pense que c'est l'Etat qui devrait normalement s'occuper de la gestion des déchets solides au niveau de la ville comme celui du quartier. Fait remarquable, aucune des personnes enquêtées n'attribue la responsabilité de la gestion des ordures ni aux citoyens ni aux ONG.

1.2. Les coûts financiers

Tableau XVI : volonté de payer ou non pour un service de pré-collecte efficace et régulier

Payer

Effectif

Fréquence

Non-réponse

10

28,6 %

Oui

13

37,1 %

Non

12

34,3 %

TOTAL

35

100,0 %

Source : Données de l'enquête de terrain, août-octobre 2009

Le tableau XVI donne les résultats d'enquête relatifs à la volonté de payer ou non pour un service d'enlèvement efficace et régulier. On constate que 37,1 % des personnes interrogées sont prêtes à payer. Cependant l'acceptation de payer, a souvent été assortie de conditions, liées le plus souvent à la régularité du service, voire à son existence effective. Ceux qui refusent de payer (ils représentent 34,3 % de la population enquêtée) pour l'enlèvement des déchets solides ont pour certains des alternatives qui les satisfont sans rien leur coûter (ils brûlent leurs ordures ou les enfouissent sans problème ou encore les jettent dans les collecteurs et les bas-fonds). Parfois, le refus de payer pour un service de ramassage n'est pas associé à l'existence d'alternatives, mais au scepticisme par rapport à l'éventualité d'un service régulier, ou bien à un rejet pur et simple du principe de paiement pour un service qui devrait être public et gratuit. Il faut noter cependant que plus de 28 % des enquêtés n'ont pas d'avis précis sur la question.

1.3. Les coûts sanitaires et environnementaux

Tableau XVII : perception des risques qui peuvent être engendrés par les déchets solides urbains sur la santé et l'environnement

 

Menace

Effectif

Fréquence

Pour la santé

oui

25

71,4 %

non

02

5,7 %

Non-réponse

08

22,9 %

Pour l'environnement

Oui

30

85,7 %

Non

01

02,9 %

Non-réponse

04

11,4 %

 

TOTAL

35

100 %

Source : Données de l'enquête de terrain, août-octobre 2009

Le tableau XVII donne les résultats d'enquête relatifs à la perception des risques qui peuvent être engendrés par les déchets solides urbains sur la santé et l'environnement. Presque toutes les personnes interrogées reconnaissent que les ordures constituent une menace aussi bien pour la santé que pour l'environnement (71,4 % pour la santé et 85,7 % pour l'environnement).

2. ANALYSE DES RESULTATS : DES STRATEGIES DE PARTICIPATION

Les comportements de participation ou de retrait reflètent des stratégies, des calculs, des expectatives ou des pronostics. Chaque acteur ou intervenant agit en fonction des intérêts qu'il poursuit, des opportunités qu'il a de les saisir (CROZIER, 1977). En ce sens, la participation (et son contraire) ne serait désintéressé et pourrait toujours être un comportement rationnel, même si elle ne donne pas lieu à un raisonnement explicite et formalisé.

On pourrait donc en déduire que, lorsque des citadins décident de participer à l'assainissement de leur quartier, c'est surtout sur la base d'une estimation de ce qui est susceptible de leur apporter les dynamiques de changement proposées. Ne pas participer est également un acte qui peut exprimer une estimation de ce qui est susceptible d'apporter aux populations les différentes situations environnementales envisagées.

Ainsi, l'analyse des stratégies de participation des populations aux initiatives d'assainissement dans le domaine de la gestion des DSU prendra en compte les perceptions des coûts (sociaux, financiers, sanitaires et environnementaux) du service d'enlèvement. A cet effet :

- La participation des populations en termes de coûts sociaux dans le domaine de la gestion des DS est fondée sur la situation culturelle et sociale des acteurs. En effet, des résultats d'enquête on retient que parmi les différents acteurs qui interviennent dans le processus que fait par exemple un déchet depuis la cuisine jusqu'à la rue, il y a des enfants dont la taille ne permet pas réellement de maîtriser le rapport à un objet tel que le bac (à ordures) au dessus de leur tête. Il est donc bien évident que la construction du bac importé ne tient pas compte des enfants qui pourtant font partie des personnes qui doivent évacuer les déchets solides hors de la maison. On imagine ainsi, tout l'effort physique que ceux-ci doivent fournir pour transporter les déchets solides vers la décharge publique. La perception qu'ils se font de cette dépense d'énergie jouerait beaucoup sur leur participation efficace à l'évacuation des ordures. En dehors des enfants, la femme joue un rôle important dans le ramassage des ordures au niveau des ménages. Ramasser les ordures est, en effet, une activité qui trouve sa place dans la « division sexuelle du travail »31(*) à Cotonou. On ne voit pas l'homme chargé de cuvette ou de panier d'ordures, qu'il va déverser à la poubelle. Si cela relève des activités propres à la femme, rappelons que celle-ci doit faire face à plusieurs tâches domestiques. Aussi, ramasser les ordures est une corvée de plus pour elle (25,7 % des personnes interrogées le pensent). De plus, si l'entretien de la maison se fait le jour, c'est souvent la nuit que beaucoup de femmes s'acquittent de leur activité de ramasseuses d'ordures. Epuisées de fatigue au bout d'une journée surchargée, elles attendent la nuit pour aller versée leurs seaux d'ordures. Dans cet état, ce qui les préoccupe, c'est se débarrasser de la corvée ; elles n'ont pas le temps de chercher où se trouverait le bac public, dans le noir elles versent leurs ordures par terre et n'importe où (dans les caniveaux ou les abandonnent simplement en bordures des voies).

On peut donc affirmer, de ce qui précède que la manière dont les acteurs chargés socialement de s'occuper de l'évacuation des ordures de la maison vers les endroits appropriés perçoivent les coûts sociaux d'enlèvement des déchets solides réduit l'efficacité de leur participation à l'assainissement. A ce stade de l'analyse, il suit que la troisième hypothèse de ce travail de recherche qui met en rapport les différentes perceptions des coûts de l'enlèvement des déchets et la participation des populations à l'assainissement de l'arrondissement se confirme. Ceci du fait de la détermination de la participation des populations par la perception des coûts sociaux.

- La participation financière en termes de contribution symbolique en espèces prône une volonté des populations de consacrer une partie de leurs ressources à l'aménagement et à l'amélioration du cadre de vie. Elle peut être considérée comme une expression de la valeur que les citadins attachent aux services rendus et à leur volonté de vivre dans un milieu sain. Dans ce sens, de l'ensemble des informations collectées, on observe que la grande partie du matériel technique utilisé (bacs, conteneurs, engins, etc.) par la municipalité est constituée d'objets importés, étrangers à notre univers culturel dans lequel les gens sont habitués à jeter les ordures à même le sol. De plus, certains ont du mal à imaginer les sommes colossales consacrées à l'achat de ces objets : par exemple une benne tasseuse qui coûte cinquante millions de francs. Alors que nous sommes habitués à utiliser les voitures pour les courses, voyages, déplacements courants, l'idée d'acheter une voiture pour les déchets bouleverse l'image que les populations ont d'un objet comme la voiture, symbole de la modernité. L'on devine alors la peine que l'on a pour sortir de l'argent en vue d'acheter et entretenir les voitures destinées aux ordures (34,3 % des personnes enquêtées ne sont pas prêtent à payer, selon les données du tableau XVI). De même, l'entretien des décharges est encore une chose impensable. De tels arguments justifient la troisième hypothèse et la renforce en ce qu'ils démontrent que la perception des coûts financiers détermine aussi la participation des populations. Toutefois, il serait erroné d'affirmer que les populations se désintéressent de la gestion de l'environnement, n'ont aucune volonté d'y participer, ou encore s'en remettent totalement à l'Etat ou la Mairie pour ces activités "non productives". En secondant les services publics dans leurs tâches d'assainissement, la population participe à l'amélioration des conditions de santé et d'hygiène, et démontre que le domaine de l'assainissement peut être un secteur rentable, créateur de micro- entreprises (création d'ONG de pré- collecte d'ordures par exemple) et générateur d'emplois.

- Quant à la perception des risques sanitaires et environnementaux liés à la mauvaise gestion des déchets urbains, l'on peut dire qu'il y a nombre de personnes qui ne perçoivent pas la saleté dans le sixième arrondissement de Cotonou quand bien même la majorité des enquêtés (71,4 % et 85,7 % respectivement par rapport à la santé et l'environnement) affirment reconnaître les risques liés aux ordures contre seulement 5,7 % et 2,9 % (respectivement par rapport à la santé et l'environnement) qui affirment le contraire. Aussi, en considérant les personnes qui disent faire le lien entre les risques sanitaires et environnementaux et la mauvaise gestion des déchets solides, tout porte à croire que si elles percevaient effectivement les effets de ces immondices pourquoi ne les enlèveraient-elles pas au lieu de s'entêter à attendre une action du gouvernement ? Resteraient-elles passives si elles se sentaient menacées par ces tas d'ordures ? Lorsque parmi elles beaucoup ne sont pas prêtent à participer financièrement à des actions de collecte de fonds pour débarrasser leurs quartiers des ordures, parce que « c'est le travail du Maire ou de ses services techniques qui doivent les enlever », on est tenté de dire que la problématique de l'hygiène n'est pas une affaire d'argent, mais de la perception qu'on a de ces déchets qui ne gênent pas ceux-là même qui les avoisinent et les produisent. On retrouve un imaginaire social qui laisse croire que l'hygiène est occidentale et qu'elle se heurte avec des logiques d' « indigènes qui ne meurent pas de saleté » (ZOA, 1995, p.110).

Somme toute, il ressort des différentes analyses que les deux premières hypothèses de ce travail sont vérifiées tandis que la troisième se trouve nuancée. Ceci étant, l'insuffisance de coordination des actions institutionnelles et les usages sociaux des dispositifs d'assainissement expliquent la persistance de l'insalubrité dans le sixième arrondissement de Cotonou. Toutefois, la participation communautaire à l'assainissement de l'arrondissement joue un grand rôle dans la réussite des actions concertées ou non entre la Mairie de Cotonou, la SOGEMA et les ONG impliquées dans le processus. Or, celle-ci se trouve subordonnée non seulement à la perception des coûts de l'enlèvement des déchets solides mais aussi à diverses représentations et logiques que ce travail a permis d'étayer.

CONCLUSION

Comprendre les logiques et les représentations qui se manifestent derrière les déchets solides urbains à Cotonou dans le sixième arrondissement, tel a été l'objectif dans ce travail de recherche. Il ressort clairement au terme de cette étude que, la gestion des déchets solides urbains dépend des stratégies d'acteurs autant que des techniques.

Les données recueillies sur le terrain, corroborent entièrement les hypothèses de travail qui postulaient que la persistance de l'insalubrité dans le sixième arrondissement est à mettre en relation avec les enjeux de coordination entre différents niveaux institutionnels impliqués dans la gestion des déchets solides à Dantokpa et avec les modes de perception et de représentation des acteurs sociaux locaux respectivement liés aux coûts d'enlèvement des déchets et aux infrastructures d'assainissement.

Concernant l'organisation de la gestion des déchets solides au niveau de Dantokpa, il apparaît une nette désarticulation entre la logique municipale dans le domaine de l'assainissement de manière générale et les initiatives de gestion des déchets constatées de la part des acteurs de la SOGEMA. De plus, les lignes de responsabilité et d'autorité sont parfois concurrentes entre la Mairie et la SOGEMA. Aussi, il urge de trouver des réponses institutionnelles et politiques pour renforcer les capacités des acteurs municipaux et pour articuler les dynamiques de gestion des déchets par la SOGEMA avec les stratégies municipales. Par ailleurs, les attitudes des populations par rapport à la gestion des installations environnementales s'observent à l'échelle individuelle et collective. Au niveau collectif, l'implication des ONG dans la gestion locale des déchets solides n'est pas liée à une stratégie clairement définie, mais apparaît plutôt dans des actions, à la limite, ponctuelles basées sur une stratégie de survie et commerciale. Cela entraîne une absence de contrôle sur la destination finale des déchets solides pré-collectés. La plupart, se retrouvant à des endroits inappropriés. Il est donc nécessaire d'établir entre collectivité locale et acteurs non gouvernementaux des relations contractuelles précisant les engagements de chacun et déterminant les procédures de contrôle des résultats. A l'échelle individuelle, l'utilisation des équipements urbains d'assainissement comme lieux de rejet des ordures constitue un mode courant de gestion des déchets par les ménages et autres acteurs sociaux urbains. Outre le dysfonctionnement que cela cause au niveau du système d'évacuation, une telle attitude participe à l'auto- empoisonnement par les déchets. Les populations ne peuvent pas prétendre à un esprit sain dans un corps sain, en dehors d'un environnement sain. La santé physique et psychologique d'une personne dépendant de la qualité de son cadre de vie. La gestion des déchets, la préservation de l'intégrité des ouvrages d'assainissement sont des devoirs qui doivent influencer les comportements quotidiens des citadins. En conséquence, les questions de participation à l'assainissement seront essentielles, a fortiori si la conception des coûts sociaux, financiers, sanitaires et environnementaux par les populations est susceptible d'intervenir. La question sera alors de savoir comment intégrer les usagers dans la planification des actions d'assainissement, pour quels motifs les mobiliser, sur quelle base territoriale les inclure et quelle légitimité serait à même de sous-tendre le processus.

LISTE DES TABLEAUX, FIGURES ET PHOTOS

Liste des tableaux

Tableau I : Présentation des groupes cibles et catégories de personnes interrogées 36

Tableau II : Répartition des enquêtés par catégories de personnes interrogées .38

Tableau III : Informations sur la répartition des personnes enquêtées vivant depuis au moins trois mois dans l'arrondissement par quartier 38

Tableau IV : Synthèse de la recherche documentaire 40

Tableau V : Synthèse des techniques utilisées 43

Tableau VI : Chronogramme de recherche 44

Tableau VII : Nature des déchets produits (par habitant/jour) 65

Tableau VIII : Pratiques d'évacuation des déchets solides à Cotonou 65

Tableau IX : Thèmes des séances de sensibilisation des populations 68

Tableau X : L'état d'insalubrité du quartier 73

Tableau XI : Provenance de l'essentiel des déchets 74

Tableau XII : Mode d'évacuation des déchets solides 74

Tableau XIII : Fréquence d'évacuation des déchets solides 75

Tableau XIV : Perception des populations de la place des déchets dans leurs préoccupations 80

Tableau XV : Prise en charge de la gestion des ordures 81

Tableau XVI : Volonté de payer ou non pour un service de pré-collecte efficace et régulier 81

Tableau XVII : Perception des risques qui peuvent être engendrés par les déchets solides urbains sur la santé et l'environnement 82

Liste des figures et photos

Figure 1 : Graphique illustrant le système des déchets de Cotonou 22

Figure 2 : Carte de la situation de la ville de Cotonou 34

Photo 1 : Point de regroupement à Hindé lot 989 au bord de la lagune .64

Photo 2 : Dépôt sauvage à Gbèdjromèdé, face lot 1024 Aïdjèdo, prolongement caniveau à ciel ouvert venant d'Okpè Oluwa 70

Photo 3 : Dépôt sauvage à Djidjè, au bord de la lagune, derrière lot 1030 71

Photo 4 : Dépôt de DS situés de part et d'autre d'un collecteur d'eaux usées à Aïdjèdo 71

Photo 5 : Ruelle envahie par un dépotoir d'ordures au quartier Djidjè. 72

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- Références électroniques :

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http://www.pdm-net.org.

ANNEXES

Annexe n °I : Guides d'entretien par groupe cible

I. Groupe-cible Mairie de Cotonou

1- Objectif

Identifier les pratiques courantes de la Mairie en matière de gestion des déchets solides de la ville et les logiques qui les sous-tendent.

2- Contenu

*Organisation pratique de la Mairie en matière de gestion des déchets solides

o état des voies d'accès et les infrastructures d'assainissement

o gestion des dépotoirs non autorisés ou "dépotoirs sauvages"

*Appréciation sur les comportements individuel et collectif par rapport à l'assainissement de l'espace public

o utilisation faite des ordures par les individus

o comportements individuel et collectif par rapport aux infrastructures d'assainissement

*Politique d'assainissement de l'espace public marchand Dantokpa

o rôle de la municipalité dans le processus d'évacuation des déchets solides du marché

o devenir des ordures prélevées et non prélevées par les services techniques de la Mairie

o nature des relations entre la Mairie et la SOGEMA dans le domaine de la gestion des déchets du marché

o état d'assainissement des quartiers environnants en rapport avec les initiatives de gestion des ordures du marché

II. Groupe-cible SOGEMA

1- Objectif

Déterminer la place et le rôle de la SOGEMA dans la gestion des déchets solides du marché Dantokpa

2- Contenu

*Initiatives prises par la SOGEMA dans le cadre de l'hygiène, de l'assainissement, et de la gestion de l'environnement au marché Dantokpa.

*Mode des relations entre la SOGEMA et la Mairie de Cotonou dans le domaine de la gestion des ordures du marché.

*Analyse des conflits de coopération avec la Mairie et interdépendance des enjeux.

Annexe n° II : Questionnaires d'enquête

I. Questionnaire adressé aux structures de pré-collecte des déchets solides

(ANG)

UNIVERSITE D'ABOMEY-CALAVI

FACULTE DES LETTRES, ARTS ET SCIENCES HUMAINES

(FLASH)

DEPARTEMENT DE SOCIOLOGIE-ANTHROPOLOGIE

(DS-A)

ETUDE PORTANT SUR LES INITIATIVES D'ASSAINISSEMENT LOCAL DES DECHETS SOLIDES URBAINS ET PERSISTANCE DE L'INSALUBRITE A COTONOU

(Mémoire de Maîtrise)

Questionnaire

 

INFORMATION SUR LE QUESTIONNAIRE

 

·Pour indiquer votre réponse, marquer d'une croix (x) le casier correspondant dans la partie «réponse de l'enquêté (e) ». 

·La flèche (?) indique : Allez à ... selon la réponse précédemment obtenue

 
 

Fiche N°

 

INFORMATIONS SUR L'ENQUETE (E)

 

Nom : _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _

Prénom (s) :_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _

Statut dans la structure: _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _

Sigle/ Appellation de la structure: _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _

Date de création : _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ Siège : _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _

Questions

Réponses

Réponse(s) de l'enquêté(e)

I- Stratégie d'intervention

1.

Dans quel(s) domaine(s) d'activité exercer vous le plus ?

pré-collecte

 

collecte

 

transport

 

traitement

 

2.

Quelle est votre zone d'intervention ?

Dans le 6ème arrondissement (préciser le ou les secteurs)

 

En dehors du 6ème arrondissement

 

3.

Qui sont vos bénéficiaires ?

ménages/maisons

 

services/ateliers

 

commerces

 

4.

Quel type de contrat vous lie aux abonnés ?

abonnement annuel

 

trimestriel

 

mensuel

 

hebdomadaire

 

journalier

 

5.

Combien d'abonnés avez-vous ?

nombre

 

Pas de réponse

 

6.

Quelle est la nature des déchets pré collectés ?

déchets biomédicaux

 

déchets industriels/artisanaux

 

ordures ménagères

 

déchets de commerce

 

autres

 

7.

Quels sont les modes d'évacuation des déchets pré-collectés ?

ventes

 

dépôts sauvages

 

décharge de transit ou point de regroupement

 

auto-utilisation

 

autres

 

II. Evaluation de la stratégie : gestion des déchets

1.

A combien estimez-vous par jour la quantité de déchets produits dans l'arrondissement ?

volume

 

Pas de réponse

 

2.

A combien estimez-vous par jour la quantité de déchets pré-collectés par l'ensemble des structures intervenant dans l'arrondissement ?

volume

 

Pas de réponse

 

3.

Quelle est la quantité de déchets collectés par votre structure ?

volume

 

Pas de réponse

 

4.

Quels sont lieux qui servent le plus souvent de sites de prédilection des dépotoirs sauvages ?

bas-fonds/dépressions

 

caniveaux

 

places publiques

 

autres

 

5.

Comment qualifieriez-vous votre activité ?

oeuvre utile

 

peu considérée

 

service public

 

travail de fortune

 

juste pour subvenir aux besoins immédiats

 

6.

Quel est son impact sur l'environnement ?

bon

 

moyen

 

insignifiant

 

7.

Donnez votre appréciation sur la gestion actuelle des déchets  par les ONG?

passable

 

assez-bonne

 

bonne

 

8.

Citez quelques cas de mauvaise gestion des déchets par les charretiers ?

exemples

 

III- Gestion des abonnés

1.

La population adhère- t-elle facilement au principe d'abonnement auprès des ONG de pré-collecte ?

oui 3

 

non

 

2.

Pourquoi cela ?

raisons

 

3.

Que faut-il faire afin d'amener tout le monde à s'abonner ?

montrer l'intérêt de l'abonnement

 

utiliser la répression

 

réduire le coût financier de l'abonnement

 

4.

Lorsque des individus refusent de s'abonner, comment gèrent-ils leurs ordures ?

les abandonnent sur la place publique

 

les utilisent comme remblais

 

autres

 

5.

comment appréciez-vous le taux de recouvrement du service offert aux abonnés ?

faible

 

moyen

 

élevé

 

6.

La population accorde-t-elle une importance capitale à la propreté de leur milieu de vie ou de travail ?

oui

 

non

 

II. Questionnaire d'enquête auprès des populations locales du 6ème arrondissement

UNIVERSITE D'ABOMEY-CALAVI

FACULTE DES LETTRES, ARTS ET SCIENCES HUMAINES

(FLASH)

DEPARTEMENT DE SOCIOLOGIE-ANTHROPOLOGIE

(DS-A)

ETUDE PORTANT SUR LES INITIATIVES D'ASSAINISSEMENT LOCAL DES DECHETS SOLIDES URBAINS ET PERSISTANCE DE L'INSALUBRITE A COTONOU

(Mémoire de Maîtrise)

Questionnaire

 

INFORMATION SUR LE QUESTIONNAIRE

 

·Pour indiquer vos réponses, nous vous prions de marquer d'une croix (x) le casier correspondant dans la partie «réponse de l'enquêté (e) ».  ·La flèche (?) indique : Allez à ... selon la réponse précédemment obtenue

 
 

Fiche N°

 

INFORMATIONS SUR L'ENQUETE (E)

 

Nom : _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _

Prénom (s) :_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _

Age : _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ Sexe : _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _

Quartier habité : _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _

Depuis quand êtes-vous dans le quartier ?_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _

Profession : _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ contacts : _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _

Questions

Réponses

Réponse(s) de l'enquêté(e)

I- Contexte d'insalubrité et hygiène de vie

1.

Pour vous, qu'est-ce que le déchet ?

définition du déchet

 

2.

Selon vous, votre quartier est-il sale ?

oui

 

non 4

 

3.

Pourquoi cela ?

raisons

 

4.

Pensez-vous que l'essentiel des déchets de votre quartier proviennent :

Des activités marchandes de la rue ?

 

Des ménages ?

 

Des activités marchandes du marché ?

 

Des services ?

 

5.

Arrive t-il que la quantité d'ordures augmente dans votre quartier ?

oui

 

non II-1.

 

6.

A quelle période ?

En saison de pluie

 

En saison sèche

 

En période de crue du lac ou de la lagune

 

Pendant les périodes de fêtes ?

 

II- Mode et logique de participation à l'assainissement du milieu de vie

1.

Que signifie pour vous s'occuper de ses ordures ?

Pénible

 

Normal

 

Important

 

Amusant

 

Facile

 

Inutile

 

2.

Qui, selon vous, doit assurer le nettoyage de la ville/du quartier ?

Les citoyens

 

L'Etat

 

Les ONG

 

Les élus locaux

 

3.

Qui s'occupe de la gestion des ordures dans votre quartier ou arrondissement ?

Autorités locales

 

ONG

 

Etat

 

Citoyens

 

Personne

 

4.

Pensez-vous que les ordures peuvent être ?

Une menace pour la santé

Oui

Non

Une menace pour l'environnement

Oui

Non

5.

Etes-vous abonné à une ONG qui s'occupe du ramassage des ordures ?

Oui

 

non7-13

 

6.

Quelles sont les raisons qui vous ont poussé à vous abonner ?

raisons

 

7.

Pourquoi ?

J'utilise les ordures pour comblement des bas-fonds

 

J'enterre mes ordures

 

Les frais d'abonnement sont élevés

 

J'utilise les caniveaux et collecteurs pour me débarrasser des ordures

 

8.

Payez-vous régulièrement les frais d'abonnement ?

Oui 10

 

non

 

9.

Pourquoi ?

raisons

 

10.

Etes-vous satisfait du service de pré-collecte ?

Très satisfait

 

Assez satisfait

 

Pas très satisfait

 

Pas du tout satisfait

 

11.

Si vous n'êtes pas satisfait, accepteriez-vous un dépôt fixe dans votre quartier ?

Oui

 

Non

 

12.

A quelle distance de chez vous ?

Moins de 500m

 

Entre 500m et 1km

 

Plus de 1km

 

13.

y-a-t-il dans votre environnement, des personnes qui se comportent mal pour la gestion de leurs déchets ?

Oui

 

Non 15

 

14.

Pouvez-vous donner des exemples ?

exemples

 

15.

Que faudrait-il faire pour assainir votre rue ? votre quartier ?

Que les propriétaires paient des impôts à la municipalité pour que le service de la voirie s'en charge

 

Que ce soit ceux qui habitent, propriétaires ou locataires, qui paient cet impôt

 

Non pas un impôt, mais une cotisation des habitants pour embaucher un jeune qui ferait l'entretien des rues au sein du quartier

 

Je préfère que les gens de ma rue ou de mon quartier se mobilisent une journée ou plusieurs journées pour l'enlèvement des tas d'ordures

 

16.

Répondez aux affirmations suivantes par une : approbation totale, approbation, indifférence, désapprobation et désapprobation totale

Chaque citoyen doit s'abonner aux ONG pour la gestion de ses déchets

 

Un citoyen ne doit jamais laisser la Mairie gérer ses ordures

 

Chaque citoyen doit dénoncer à la police environnementale si son voisin gère mal ses déchets en les jetant dans la rue

 

Chaque quartier doit monter une brigade d'assainissement pour gérer ses ordures

 

chaque citoyen doit payer régulièrement ses frais d'abonnement

 

17.

Pensez-vous que la voirie doit reprendre la collecte des ordures gratuitement comme elle faisait avant ?

Oui

 

Non

 

III. Comportements sociaux et gestion des infrastructures d'assainissement

1.

Quel est le mode d'évacuation de vos déchets ?

Par pré-collecte des ONG

Oui

Non

Par dépôt à l'extérieur

N'importe où (caniveau, TPC, rue)

Dans un lieu agréé par les autorités (bac à ordures)

Par dépôt à l'intérieur de la concession

Oui

Non

2.

Pour chaque mode, quelle est la fréquence et la quantité (se référer à un seau de 20 litres ou une brouette de 60 litres comme unité de mesure de poubelle) ?

ONG

fréquence

Tous les jours

Deux fois par semaine

Une fois par mois

Quantité à chaque passage

 

Dépôt extérieur

fréquence

Tous les jours

Deux fois par semaine

Une fois par mois

quantité

 

Dépôt à l'intérieur

fréquence

Tous les jours

Deux fois par semaine

Une fois par mois

quantité

 

Annexe n° III : Grille d'observation

 

Avant l'entretien

Pendant l'entretien

Après l'entretien

Gestes fréquents

 

X

 

Insistance

 

X

 

Silence

X

X

X

Hésitation

X

X

X

Ordures sur la

Concession, le lieu de travail, ou aux alentours

X

X

X

Ordures dans les collecteurs d'eau ou sur les TPC

X

X

X

TABLE DES MATIERES

Sommaire 2

Dédicace 3

Remerciements 4

Listes des sigles et acronymes 5

Résumé 7

Abstract 8

INTRODUCTION 9

PREMIERE PARTIE : FONDEMENTS THEORIQUES ET DEMARCHE METHODOLOGIQUE

Chapitre I : Fondements théoriques 13

1. Problématique 13

1.1. Problème 13

1.2. Hypothèses 16

1.3. Objectifs 17

1.3.1. Objectif global 17

1.3.2. Objectifs spécifiques 17

2. Clarification conceptuelle 18

3. Revue documentaire et état des connaissances sur les déchets 23

4. Perspective théorique 29

Chapitre II : Approche méthodologique 32

1. Délimitation du champ d'investigation 32

1.1. Justification du choix du cadre physique et humain de l'étude 32

1.2. Nature de l'étude 35

1.3. Délimitation du sujet 35

2. Groupes cibles et échantillonnage 36

2.1. Groupes cibles 36

2.2. Echantillonnage 37

3. Recherche de l'information 39

4. Recherche sur le terrain 41

4.1. Enquêtes populations-ANG du sixième arrondissement à Cotonou 41

4.2. Interviews 42

4.3. Observation directe 42

5. Calendrier de travail 43

6. Difficultés rencontrées 45

DEUXIEME PARTIE : PRESENTATION ET ANALYSE DES RESULTATS

Chapitre I : Gestion des déchets solides dans le marché Dantokpa : les acteurs et leurs logiques 48

1. Le marché Dantokpa : présentation 48

2. Les acteurs stratégiques dans la gestion des déchets solides à Dantokpa et leurs logiques d'intervention 50

2.1. La SOGEMA et sa logique d'intervention 50

2.2. La Mairie de Cotonou et sa logique d'intervention 53

3. Analyse des résultats : enjeux de coordination entre niveaux institutionnels 55

Chapitre II : Le déchet de sa production à son abandon : logiques et représentations des acteurs 58

1. Cadre législatif et réglementaire de la gestion des déchets 58

1.1. Le cadre législatif : code d'hygiène publique 58

1.2. Le cadre réglementaire 59

2. Enjeux institutionnels : principaux acteurs de la pré-collecte, attitudes et actions 61

2.1. Pratiques municipales en matière de gestion des déchets solides 62

2.2. De nouvelles stratégies face à la gestion des déchets solides : initiatives des acteurs non gouvernementaux 67

2.2.1. Stratégies d'intervention 67

2.2.1.1. Pré- collecte 67

2.2.1.2. Sensibilisation 68

2.2.2. Lieux de rejet des déchets solides 69

2.2.3. Gestion des abonnés 72

2.3. La population, dans un nouveau contexte urbain, des pratiques diverses face au problème de gestion des déchets solides 73

3. Analyse des résultats : des logiques d'acteurs 75

Chapitre III : Modes et fondements de participation 80

1. Les coûts de la participation 80

1.1. Les coûts sociaux 80

1.2. Les coûts financiers 81

1.3. Les coûts sanitaires et environnementaux 82

2. Analyse des résultats : des stratégies de participation 83

CONCLUSION 88

LISTES DES TABLEAUX, FIGURES ET PHOTOS 90

BIBLIOGRAPHIE 91

ANNEXES 95

* 1 Expression utilisée par Anne-Sidonie ZOA pour désigner les quartiers indigènes.

* 2 La ville de Cotonou a connu un accroissement de 7,7% entre les recensements de 1961 et 1979. Cet accroissement s'est beaucoup ralenti ces dix dernières années (5,4% entre 1979 et 1992 et 2,17% entre 1992 et 2002, puis 2% entre 2002 et 2008) au profit des communes limitrophes notamment Abomey-Calavi, Sémé-kpodji et Ouidah (OULC, 2008, p.12).

* 3 Non autorisés par la municipalité.

* 4 Les points de regroupement assurent l'interface entre les activités de pré-collecte et les activités de collecte des déchets.

* 5ZOA Anne-Sidonie, 1995, Les ordures à Yaoundé, p.19.

* 6Dans le sens de l' « altération du milieu naturel par des éléments nuisibles à son utilisation ou aux êtres vivants » (COSTE et LOUDET, 1991, P.224).

* 7 Le concept de logique ou de stratégie sera utilisé dans la perspective de de SARDAN qui emploie indistinctement les concepts de stratégie et de logique au sujet du fait que : « Autour d'un dispositif de développement quelconque se confrontent de multiples logiques et stratégies du côté des agents du dispositif comme du côté des populations dites « cibles »...Dans tous les cas, les acteurs sociaux concernés ont, face aux ressources, opportunités et contraintes que constituent un dispositif et ses interactions avec son environnement, des comportements variés contrastés, parfois contradictoires qui renvoient non seulement à des options individuelles mais aussi à des intérêts différents, à des normes d'évaluation différentes à des positions « objectives » différentes... Il va s'agir de repérer autour des interactions entre un projet et une population, un certain nombre de niveau de cohérences permettant de rendre compte de l'existence de types de comportements apparentés (et de différences entre ces types) que j'appelle ici « logiques » ou « stratégies ». ... On distinguera donc des « logiques stratégiques » : comportements des acteurs face au dispositif ; et des « logiques représentationnelles » : conceptions que les acteurs ont par rapport aux dispositifs » (de SARDAN, 1995, pp.125-126).

* 8 Selon de SARDAN, c'est le sens commun, la perception normale (socialement construite) de la réalité quotidienne, du «  ce qui va de soi » depuis les codes implicites et latents jusqu'aux normes plus conscientes. En particulier, ce sont les diverses conceptions des acteurs autour de la gestion des déchets solides urbains.

* 9 Le concept de jeu est utilisé ici dans la perspective d'Olivier de SARDAN. Pour l'auteur le jeu est un espace où se confrontent et s'affrontent les acteurs sociaux. C'est un espace stratégique de prise de position. Chaque acteur joue avec des cartes différentes et des règles différentes. Jeu et enjeu impliquent des rapports de force, des conflits de coopération entre acteurs ou groupes sociaux impliqués dans la gestion des déchets solides urbains.

* 10 A titre d'illustration, voici quelques taux : Cotonou : 30 % ; Lomé : entre 20 et 30 %.

* 11 Pris en charge des ordures par les acteurs municipaux et centraux.

* 12 Participation de la population locale elle-même à la gestion des déchets solides, à travers diverses associations ou groupes de jeunes ou de femmes.

* 13 Le développement sous sa forme opérationnelle, par exemple l'activité ordinaire des services techniques ou des actions de développement (en l'occurrence les initiatives d'assainissement locales) initiées par des ONG.

* 14 ORIENTATATIONS STRATEGIQUES DE DEVELOPPEMENT DU BENIN 2006-2011.

* 15 QUIVY et VAN CAMPENHOUDT, Manuel de recherche en sciences sociales, pp.188-209.

* 16 ibid., pp.188-209.

* 17 ibid., pp.188-209.

* 18 Cette durée de travail est proposée pour les mémorants par CONSTANT Anne-Sophie et al in Réussir mémoires et thèses en LMD.

* 19 Une langue généralement parlée dans le Sud Bénin.

* 20 Selon la loi sur la décentralisation au Bénin, la gestion et la construction des marchés relèvent de la compétence des communes.

* 21 Une arène au sens de de SARDAN est un lieu de confrontations concrètes d'acteurs sociaux en interactions autour d'enjeux communs. Elle relève d'un espace « local ».

* 22 Langue parlée généralement dans l'Ouémé, un Département du Bénin, et en partie dans l'Est de Cotonou.

* 23 A cette période, la ville de Cotonou était subdivisée en plusieurs districts.

* 24 Selon ce principe, c'est le pollueur (les ménages, les commerces et institutions) qui doit assumer le coût de la dépollution, ou en d'autres termes payer les frais de dépollution, dans l'intérêt public (TINI, 2003, pp.191-192).

* 25 BERTOLINI, Le marché des ordures, p.8.

* 26 DESSAU-SOPRIN, 2001, Gestion des déchets solides de Cotonou, pp.258-260.

* 27 BASSAND et al, Vivre et créer l'espace public, p.118.

* 28 Nous empruntons la notion d' « espace public » à BASSAND et al, qui le définissent comme des « lieux communs (rues, places, etc.) précieux », c'est-à-dire des espaces physiques dont chacun a la même représentation et que chacun fréquente.

* 29 ZOA, Les ordures à Yaoundé, p.72.

* 30 ZOA, Les ordures à Yaoundé, p. 61.

* 31 ZOA, Les ordures à Yaoundé, p.73.






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"Le doute est le commencement de la sagesse"   Aristote