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Initiatives d'assainissement local des déchets solides urbains et persistance de l'insalubrité dans le sixième arrondissement de Cotonou ( Bénin ): jeux d'acteurs et logique d'orientation stratégique de la mairie.

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par Emmanuel AMOUZOUN
Université d'Abomey-Calavi (UAC) - Maà®trise (Bac+4) sociologie-anthropologie 2009
  

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PREMIERE PARTIE :

FONDEMENTS THEORIQUES ET DEMARCHE METHODOLOGIQUE

CHAPITRE I : FONDEMENTS THEORIQUES

1. PROBLEMATIQUE

1.1. Problème

La question de l'environnement connait de plus en plus au niveau africain, une complication avec la croissance accélérée des villes. A Cotonou, le secteur d'assainissement des déchets solides urbains constitue le champ d'action de nombreux Acteurs Non Gouvernementaux (ou ONG) vu que ces déchets croissent au rythme de l'évolution démographique (EYEBIYI, 2008). Le taux de ramassage des ordures variant en fonction de l'état des quartiers, une importante quantité de déchets est laissée essentiellement dans les « quartiers spontanés »1(*) à caractères populaires dont le niveau de vie est relativement faible et dont l'état des voies rend l'accès difficile à la voirie.

Ainsi, on assiste, dans le 6ème arrondissement de Cotonou, à l'accumulation des déchets dans les quartiers au niveau des caniveaux, des abords des voies et des berges lagunaires. Une telle situation participe à la dégradation de l'environnement d'une part, et d'autre part contribue à l'altération du bien être social, notamment la santé. En effet, les quartiers de Jéricho ou de Hindé imposent aux usagers de se pincer les narines afin de se protéger contre les odeurs nauséabondes des caniveaux à ciel ouvert. Situés de part et d'autre de ces quartiers, ils ne servent plus à évacuer les eaux, mais sont devenus des exutoires pour les ordures. Du coup, les populations sont quotidiennement exposées à des maladies infectieuses et parasitaires tels que le paludisme, la fièvre jaune, la typhoïde, l'onchocercose et le cancer des poumons (COPES-AOC 2003).

En somme,  les ordures se présentent comme une menace à la qualité de la vie dans l'espace urbain de Cotonou.

Cependant, ce qui surprend, ce sont les tas d'immondices que l'on voit çà et là dès qu'on aborde la plupart des quartiers du 6ème arrondissement, et ce, malgré la multiplication des initiatives de la part de différents acteurs pour tenter d'éradiquer le mal.

Dans un passé récent, l'Etat, à travers la voirie de l'ex circonscription urbaine de Cotonou assurait la collecte des ordures sans aucun frais de participation des ménages. Mais suite à la crise des années 1980, caractérisée par l'expansion rapide de la population de Cotonou2(*) et l'insuffisance des moyens techniques et financiers du pouvoir public, ce service se retrouva inopérant. La conséquence fut une croissance rapide de l'insalubrité, au niveau des quartiers, due au fait que la plupart des habitants s'est vu obliger de recourir aux espaces non occupés notamment les marécages et certains lieux publiques pour se débarrasser des ordures, créant ainsi un peu partout des "dépotoirs sauvages"3(*).

Parler des ordures à Cotonou, c'est aussi poser la question de la gestion de la ville. Cette question est devenue sensible, surtout avec l'avènement de la décentralisation. Celle-ci confère, selon AHO (2008), aux collectivités locales des communautés urbaines de nouveaux pouvoirs, droits et devoirs. Ces pouvoirs, droits et devoirs permettent des espaces de concertation où se négocient les interventions entre les acteurs concernés et où se déroulent les échanges et les luttes entre groupes sociaux, classes et réseaux spécifiques d'individus. Dans le secteur spécifique de la filière des déchets solides urbains, on note désormais une prise de conscience par les populations, les organismes communautaires et les municipalités de leur rôle dans la propreté urbaine. Dans cette perspective, la municipalité de Cotonou tente, en amont d'élaborer un plan de gestion participative et partagée des déchets, tandis qu'en aval, c'est par le biais de la Direction des Services Techniques (DST), qu'elle parvient à la collecte et au transport des déchets. Nous retenons ici que certains quartiers de la ville, de par les investissements en infrastructures qu'ils ont reçus ou simplement par leur position géographique (par exemple Pate d'Oie, Quartier Jack) ont une voirie et des réseaux divers fonctionnels qui permettent une «activité formelle» de la gestion de l'environnement urbain (accessibilité des camions et engins de la municipalité) bénéficiant de ce fait des services offerts par la Mairie. Dans d'autres quartiers par contre (la majorité), l'absence d'infrastructures adéquates ou encore la disposition géographique défavorable du site (par exemple à Vossa, Djidjè, Hindé situés dans le sixième arrondissement), rendent le service de gestion des déchets difficile, voire presque impossible en l'état actuel. La qualité de vie de ces populations à faible niveau de vie est largement en dessous des règles élémentaires d'assainissement et d'hygiène publique (ZOA, 1995). Ce qui justifie le développement d' « initiatives populaires » ou « informelles » sous formes d' « actions communautaires » remplaçant alors les domaines organisés dits formels d'assainissement urbain, et traitant l'évacuation et l'élimination des déchets (TINI, 2003). Aussi, tout en redoutant l'émergence de contre pouvoirs, qu'elles ne pourraient contrôler, les collectivités locales sont de plus en plus sensibles aux dynamiques qui se font jour directement au niveau des populations citadines. Nous pensons ici au rôle déterminant que jouent les nombreux acteurs non gouvernementaux qui s'investissent dans le ramassage des déchets solides ménagers. Selon le rapport réalisé par la COGEDA et OXFAM QUEBEC (2001), de 1995 à 2000, le nombre des ONG pré-collectrices est passé de dix huit (18) à cinquante et cinq (55) à Cotonou dont douze (12) exercent dans le 6ème arrondissement. En dehors des actions des acteurs non gouvernementaux, insistons sur les réactions des populations locales qui s'inscrivent dans l'espace urbain : «il est strictement interdit de jeter les ordures ici sous peine d'amende» ou encore «gardons nos lieux de vente propres, cela nous protège des maladies infectieuses» lit-on dans certains quartiers de Cotonou, principalement là où les citoyens se sont appropriés un terrain ou sur les murs de certains marchés publics. Il y a aussi les associations et coopératives de jeunes et de femmes parfois appuyées par la Mairie qui n'ont d'autres moyens d'action que leur volonté de nettoyer les principaux axes et rues de leurs quartiers. Signalons aussi la campagne de salubrité lancée quelques mois auparavant par le Président de la République et dont le but est de mobiliser tous les acteurs de la ville dans une logique d'un sursaut populaire contre l'insalubrité des lieux de vie.

Comme on peut le constater, « le souci environnemental est intégré à la conscience que les populations ont de leur relation à l'espace urbain » (ZOA, 1995). Il est évident que cette préoccupation est loin d'être générale, puisque les faits et attitudes qui s'imposent à l'observation témoignent d'une véritable incurie en matière de salubrité.

Il s'impose donc de savoir :

Quels sont les facteurs organisationnels et les enjeux sociologiques qui influent sur l'efficacité des initiatives d'assainissement des déchets solides dans le 6ème arrondissement de Cotonou?

Quelques hypothèses serviront de pistes pour répondre à cette préoccupation et permettront de mener la recherche.

* 1 Expression utilisée par Anne-Sidonie ZOA pour désigner les quartiers indigènes.

* 2 La ville de Cotonou a connu un accroissement de 7,7% entre les recensements de 1961 et 1979. Cet accroissement s'est beaucoup ralenti ces dix dernières années (5,4% entre 1979 et 1992 et 2,17% entre 1992 et 2002, puis 2% entre 2002 et 2008) au profit des communes limitrophes notamment Abomey-Calavi, Sémé-kpodji et Ouidah (OULC, 2008, p.12).

* 3 Non autorisés par la municipalité.

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