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Optimisation de l'exploitation et de la logistique portuaire. Cas du port de Toamasina à  Madagascar

( Télécharger le fichier original )
par Ulrich Geraldo TAMBY
Institut supérieur de la technologie d'Antananarivo - Licence professionnelle en exploitation logistique et transport  2010
  

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CONCLUSION

D

ans le contexte de mondialisation actuelle où la compétitivité règne en maître mot dans le domaine portuaire, la fluidité des informations et des marchandises dans les chaînes de transport peuvent faire varier le choix logistique des opérateurs de transport, ce qui a nécessairement des incidences notables sur la fréquentation du port concerné. A cet effet, les ports commerciaux modernes doivent répondre à quatre impératifs principaux :

1. Le gigantisme naval ;

2. L'aménagement des ports ;

3. La célérité dans le déroulement des différentes phases des opérations de manutention ;

4. La gestion des flux par le biais de la maîtrise de l'information.

Le port Toamasina est le premier port et l'un des plus grands ports commerciaux de Madagascar. Il rencontre des difficultés pour satisfaire les conditions exigées par les impératifs cités ci-dessus. C'est la problématique qui a été posée tout au long de cette étude. En d'autres termes, il s'agit de répondre à la question de savoir : «Comment organiser la logistique du port de Toamasina?».

La présente étude s'est fixée deux objectifs spécifiques afin d'optimiser la rotation des navires et du transit des marchandises, en synergie avec une garantie de fluidité des informations y afférentes.

La démarche adoptée à cet effet passait par une analyse et une mise en exergue des atouts et des faiblesses du port de Toamasina, et de proposer une solution rationnelle et adéquate afin de lui permettre d'une part, de satisfaire aux conditions citées ci-dessus et d'autre part, de répondre aux exigences actuelles des transporteurs maritimes.

Les analyses menées ont apportés des éclaircissements sur les divers aspects et ont permis de conclure sur les hypothèses fixées pour l'étude.

La première hypothèse, qui a posé l'inquisition : « Le port de Toamasina possède-t-il suffisamment de postes à quais spécialisés pour accueillir les différents types de navires, ainsi que des matériels de manutention qui pourraient répondre à la vitesse d'opération en vigueur dans une exploitation moderne? » a été élucidée.

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En effet, il est apparu à travers l'étude que le port de Toamasina ne possède pratiquement qu'un seul poste à quai avec un faible tirant d'eau, inférieur à onze mètres pour les navires au long cours, porte-conteneurs.

En réalité, la situation est paradoxale dans la mesure où deux postes à quais spécialisés existent physiquement au port de Toamasina : le quai d'une longueur de 204 mètres linéaires et 10 mètres de tirant d'eau d'une part, et le quai C3 d'une longueur de 180 mètres linéaires et 10,50 mètres de tirant d'eau, d'autre part. Mais face à l'évolution de la taille des navires, notamment porte-conteneurs, la longueur du quai C3 qui leur est dédié est insuffisante, ce qui fait qu'à l'accostage, la position de ces navires empiète sur la partie délimitée pour le quai . Du coup, le quai devient impraticable et est sous utilisé. Dans la pratique donc, malgré l'existence de ces deux quais aménagés, il est impossible d'accoster simultanément deux navires sur ces postes.

L'étude réalisée a ainsi permis de creuser le fond du problème : il s'agit davantage d'inadéquation des caractéristiques techniques des quais existants par rapport à l'évolution technique et technologique des navires qui font escale au port de Toamasina.

En revanche, le port de Toamasina possède des quais spécialisés pour les navires vraquiers. Ces quais sont équipés d'installations fixes semi ou entièrement automatisées pour le chargement/déchargement de marchandises qui ne nécessitent pas d'importantes manipulations humaines. Tels sont les cas du poste à quai pétrolier à l'extrémité nord du môle B, du poste à quai minéralier du projet Ambatovy dans l'extension du môle B, du quai C1, poste céréalier mixte avec le poste à quai à ciment ainsi que les postes à quai pour les cargos mixtes de l'ancienne structure du môle B qui sont sous exploités à cause de l'insuffisance de tirant d'eau.

De même, le site portuaire de Toamasina dispose de matériels de manutention performants et de personnel hautement expérimenté pour les opérations d'accueil des navires ainsi que pour la manipulation des marchandises au débarquement et à l'embarquement.

Par ailleurs, bien que le port soit un lieu de transit pour les marchandises importées et à exporter, la réception de ces marchandises nécessite des espaces de stockage dans un délai bien déterminée au sein du port. Au moyen du focus-groupe, de la capitalisation et des observations directes sur le terrain, il a été constaté également que le port a des lacunes en matière de terre plein de stockage pour les conteneurs vides ainsi que pour les véhicules.

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La deuxième hypothèse, quant à elle, avait posé l'interrogation : « Le port de Toamasina dispose-t-il d'un système de traitement d'information et de réseau de communication adéquats reliant les différents acteurs du port à savoir les armateurs, les manutentionnaires, l'autorité portuaire, la Douane, la Police aux frontières et la Gendarmerie? ». Une fois de plus, la réponse est négative.

En effet, il est apparu à travers l'étude que le port de Toamasina traite tous ses documents de travail sur support papier, que ce soit avec les clients qu'avec tous les exploitants de la communauté portuaire à savoir les armateurs et/ou les consignataires qui interviennent dans les opérations aux navires, les chargeurs/importateurs et les concessionnaires qui interviennent sur les marchandises. Outre la communication par internet via le courrier électronique, il n'existe ni de réseau de communication ni d'échange de données informatisées reliant les différents acteurs de ce port. Il est pourtant de notoriété publique que la capacité du courrier électronique est très limitée en matière de transfert de données, donc n'est pas exploitable pour les besoins de la gestion du port.

Il faut admettre par ailleurs que le concessionnaire du terminal à conteneurs, la société M.I.C.T.S.L, est la seule qui dispose d'un système d'information performant pour assurer le contrôle des flux des marchandises conteneurisées dans le port. Ce réseau assure l'échange des données entre l'entreprise et les compagnies de navigation pour la gestion des opérations de débarquement/embarquement avant, durant et après l'escale des navires. Il utilise le système COARRI/CODECO pour les échanges avec les compagnies de navigation concernant la situation des conteneurs embarqués et débarqués sur les navires ainsi que pour les conteneurs qui entrent ou sortent du terminal. Parallèlement, grâce à son système NAVIS SPARKS, M.I.C.T.S.L. peut se connecter sur le Réseau Tradenet de GasyNet, pour les formalités douanières.

Sur la base des études des différents aspects des activités portuaires réalisées dans les pages précédentes, il est possible, au stade actuel de statuer sur les problèmes réels du port de Toamasina. Il souffre de problèmes de retards technologiques qui peuvent être abordés suivant deux axes :

V' primo, un problème d'infrastructures d'accueil dont les caractéristiques techniques sont dépassés et inadéquats,

V' secundo, un problème d'absence de logistique de communication portuaire et/ou de compétence pour la maîtrise de la technologie moderne de gestion des flux physiques et des flux d'information portuaires.

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La réforme institutionnelle des ports malagasy, mise en oeuvre suivant les dispositions de la Loi n°2003-025 du 5 septembre 2003, ainsi que ses textes et décrets d'application permettent et attribuent à la S.P.A.T la mission, entre autres de «réalisation des travaux d'extension, d'amélioration, de renouvellement et de reconstruction des installations situées dans les limites du domaine portuaire ou nécessaires à son fonctionnement ».

Ayant ainsi pris en considération les multiples handicaps face à la nouvelle génération de navires (les gros porteurs), aux nouveaux modes de conditionnement (tendance accrue à la conteneurisation), à l'évolution des types et des volumes de trafic (tendance confirmée pour les conteneurs, le RORO et le vrac aux dépens du conditionnement en conventionnel comme les sacheries, les fardeaux, etc.), la S.P.A.T. a mené avec l'équipe japonaise de JICA, l'étude de faisabilité de son projet de développement, ce de février 2009 à octobre 2009.

L'étude a arrêté un scénario de solutions en deux phases portant sur une phase n°1 relative à un Plan urgent à horizon 2017 et une phase n°2 relative à un Plan à moyen terme à horizon 2020.

La configuration du port de Toamasina en 2017 telle que prévue par le Plan de développement urgent comprend :

a) la construction du quai C4 au bout du quai C3, à -14 m de profondeur, d'une longueur de 320 m pour accueillir les navires porte conteneurs de 40.000 TPL et 3.200 EVP et une nouvelle zone du terminal à conteneurs TAC-C4 qui sera de 5,1 ha,

b) l'extension du brise-lames d'une longueur de 345 m afin de fournir la protection nécessaire aux nouveaux terre-pleins et quais,

c) l'approfondissement des quais C1, et C3 existants jusqu'à -13 m pour recevoir des navires de type Panamax pour le vrac et les cargaisons générales. Le quai C3 sera approfondi à -14 m,

d) l'aménagement d'une nouvelle zone de terminal à conteneurs de 10 ha sur le Récif Hastie,

e) la construction d'une route sur pont au dessus de la voie de chemin de fer au niveau de la porte 5, réservée aux camions. L'objectif est d'éviter le conflit entre rail et route et aussi de fluidifier la circulation dans le port.

f) l'installation de nouvelles grues de quai sur le quai C4 afin de renforcer et d'améliorer la capacité de traitement des bateaux porte-conteneurs.

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Photo n°11: Phase n°1 - Plan urgent (horizon 2017)

La configuration du port de Toamasina, telle que prévue dans le plan de développement à moyen terme (horizon 2020) comprend :

i. Une extension du quai C4 de 150 m pour une longueur totale de quai de 470 m et du terminal à conteneurs de 2,4 ha pour une superficie totale de 7,5 ha,

ii. Une extension du terminal à conteneurs sur une zone supplémentaire de 16 ha sur le Récif Hastie, pour une superficie totale de 26 ha en 2020.

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Au point de vue gestion d'information, il apparaît incontournable pour la S.P.A.T de mettre en place un système d'information automatisé qui se chargera d'exploiter simultanément un système de gestion de base de données à l'interne de l'entreprise et un système de gestion de base de données intégré pour la communauté portuaire pour assurer : - la circulation rapide des documents relatifs à ses prestations sur le navire, améliorer la vitesse de rotation des navires, gagner du temps et diminuer les charges de personnel, - garantir des échanges fiables, rapides, efficaces, sécurisés et en toute confidentialité avec ses interfaces.

L'existence actuelle du système « Tradenet » au port de Toamasina, qui essaie de relier les différents acteurs au port, semble ne pas répondre aux besoins de l'autorité portuaire pour sa propre gestion des flux d'informations relatifs aux navires et aux marchandises qui entrent ou sortent de ce port. Les fonctionnalités de Tradenet seraient plutôt orientées vers les marchandises conteneurisées et sur les procédures de dédouanement, ainsi que sur le contrôle au scanner à l'import et à l'export.

La solution pour l'autorité portuaire devrait de ce fait comporter deux phases d'étude et de développement :

une première phase portant sur ses besoins internes de collecte, de suivi et de traitement d'informations pour satisfaire d'un côté, la célérité de rotation des navires et de l'autre côté la traçabilité des marchandises à l'import comme à l'export. Le même système devra bien entendu répondre aux impératifs de gestion interne telles que la facturation, les finances, la comptabilité, etc.

une deuxième phase portant sur les échanges d'informations avec l'ensemble de la communauté portuaire. Le souci dans ce volet n'est pas uniquement de disposer d'un système autonome et performant mais de garantir l'interfaçage et l'interconnexion avec les systèmes existants.

En ce sens, les efforts de l'autorité portuaire devraient visiblement s'orienter vers un système spécifique mais en même temps adapté au contexte local et national, qui pourra s'élargir vers un véritable système informatique au service de l'ensemble de la communauté portuaire comme le système AP+ utilisé par le Port du Havre. La solution étant, soit de développer un nouveau système informatique sur mesure, soit de rechercher un logiciel performant suffisamment paramétrable pour répondre aux attentes de chacun.

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Il va sans dire que là encore, les paramètres de coûts seront déterminants dans le choix qui sera définitivement retenu.

Au-delà de sa volonté d'aller de l'avant, de faire face à la concurrence, la S.P.A.T. reste bloquée par les problèmes de financement de ses projets. Par exemple, les travaux relatifs au projet d'extension des infrastructures avec l'équipe japonaise de JICA sont censés débuter en 2013. Mais faute de financement, le respect du programme établi est difficilement réalisable. Parallèlement, la mise en place d'un système de gestion de base de données intégré pour la communauté portuaire devrait passer par la mobilisation de compétences suffisantes pour définir les fonctionnalités exigées, comparer les besoins ainsi définis par rapport aux pratiques existant dans d'autres ports, rechercher ou développer le système susceptible de répondre au plus près aux attentes, etc. Mais, à ce jour, est-ce que la S.P.A.T. dispose de moyens suffisants à cet effet ?

En tant qu'actionnaire majoritaire et unique de la S.P.A.T., l'État malagasy devrait sûrement prêter main forte dans la réalisation de ses projets de développement. Les prospections et les négociations engagées à cet effet auprès des organismes de financement internationaux ont dû être suspendues à cause de la situation socio politique de Madagascar depuis l'année 2009.

Dans l'attente d'une évolution contextuelle plus favorable, la S.P.A.T. devrait s'activer dans la préparation des structures et organisations, à même de recevoir les innovations technologiques envisagées. En effet, il apparaît important de rappeler que la mise en oeuvre de ce projet d'aménagement des infrastructures et d'implantation du système communautaire portuaire ou guichet unique sont tributaires d'une innovation organisationnelle. Et si le port de Toamasina voudrait maintenir son objectif de devenir un port d'éclatement dans l'Océan Indien et en Afrique Australe, elle devra d'ores et déjà utiliser tous ses moyens et ses atouts en tant qu'autorité représentant l'Etat, et en tant que port de type propriétaire pour conserver les acquis et conquérir de nouveaux marchés.

Au moyen des financements sur fonds propres, certains autres projets pourront être engagés tels que le projet d'aménagement de la porte n°5, dédiée à l'entrée/sortie des camions transportant des marchandises à l'export et à l'import en vue d'améliorer la fluidité de la circulation dans le port. Il semble possible également de réaliser le projet de normalisation de la tour de contrôle de la Capitainerie aux exigences internationales. A ceux-là pourront s'ajouter le projet d'aménagement de quai mixte croisières/RoRo au môle A, ainsi que l'aménagement de diverses zones de stockage de marchandises.

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Dans tous les cas, force est d'admettre que la S.P.A.T est en mesure d'assumer sa fonction régalienne de représentant de l'Etat dans son rôle d'autorité portuaire et concédante. Bien que confrontée à des problèmes de délais dans la réalisation de ses projets, la S.P.A.T. assure pleinement sa mission de port commercial de développement et ses attributions de valorisation des ressources mises à sa disposition par l'État.

Au-delà des objectifs fixés, il faut néanmoins reconnaître que cette étude n'a pas permis d'appréhender tous les aspects de l'optimisation de l'exploitation de la logistique portuaire dont il est question.

Certains sujets n'ont pas pu être abordés. Ils soulèveront probablement des questions clés qui pourront conduire vers des perspectives de recherche, portant sur des thèmes qui pourront être reliés directement ou indirectement à celui développé dans le présent document dont entre autres :

Quel pourrait être l'impact environnemental de la réalisation du projet d'extension et d'aménagement portuaires ?

Quel système sera utilisé au port de Toamasina afin de pouvoir interconnecter tous les acteurs portuaires dans la gestion des navires, des trafics et de suivre la traçabilité des marchandises, tout en répondant aux besoins de fluidité, de sécurité et de confidentialité requis en la matière ?

Quels seront les impacts économiques de la mise en place du guichet unique portuaire au niveau du coût de transit de la marchandise, au niveau de la sécurisation des recettes douanières, au niveau des tarifs d'escale et des prestations portuaires, etc. ?

Les sujets sont larges, intéressants et édifiants. Ils procurent un intérêt particulier de recherche et de développement, surtout pour les universités. La seule condition de réussite demeure toutefois la mobilisation effective de tous les pouvoirs de décision, privés et publics, à promouvoir par des actions concrètes, les initiatives des opérateurs économiques et des organismes de financement.

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"Soit réservé sans ostentation pour éviter de t'attirer l'incompréhension haineuse des ignorants"   Pythagore