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Mutations urbaines : pratiques et perceptions

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par Bertrand BOUTEILLES
Université de la Réunion - Master 1 de géographie 2010
  

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3. Étude de Cas - Premiers résultats

Nous allons présenter deux résultats obtenus durant l'année de Master 1. Ils concernent dans un premier temps la structure du quartier de La Source à la sortie de la guerre, principalement à partir de l'étude et de l'analyse des photographies aériennes de 1950. Dans un second temps, nous exposerons quelques résultats intéressants issus des premières enquêtes déjà réalisées et qui seront poursuivies lors de l'année de Master 2.

3.1 Photographies de 1950, La Source: «un coin où il faisait bon vivre »56

Le bâti et la voirie dans la continuité du centre-ville

Dans le paragraphe §1.2 sur les trames urbaines, nous avons vu que le quartier de La Source n'avait pas de structure nettement marquée; c'est effectivement ce que montre l'analyse du bâti et de la voirie en 1950.

En effet ce sont les rues (surtout celles du Ruisseau-des-Noirs et de La Source) venant du centre-ville de Saint Denis qui semblent structurer les habitations du quartier dont la limite sud est le boulevard de La Source. Le peuplement du quartier est ainsi progressif.

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56 ANDOCHE, C., La Source - Saint Denis 1772-2002, 2003.

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Fig. 12: La voirie du quartier de La Source en 1950

Cette progressivité est du reste confirmée par la baisse de densité du bâti à mesure que l'on s'éloigne du centre de Saint-Denis, surtout au sud de la rue Bertin; dans la zone marécageuse et cultivée au sud-est du quartier la présence du bâti devient quasi-nulle.

La progressivité de la baisse du bâti vers le sud du quartier s'accompagne également d'un changement de type puisque l'on passe de maisons en dur à un habitat plus petit et éphémère. Faute de logiciel de télédétection tel qu'Ecognition qui est utilisé à l'IRD, il ne nous a pas été possible d'effectuer un calcul précis de la densité du bâti dans le quartier à partir des images en notre possession. Nous pensons que cela nous aurait fourni des résultats plus précis que ceux présentés ici; néanmoins cette analyse fine pourrait être réalisée lors du Master 2.

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Fig. 13: Répartition du bâti du quartier de La Source en 1950

Une population défavorisée

Dans son enquête documentaire en 1965 sur Saint-Denis, la préfecture nous rappelle brièvement l'origine des populations qui habitaient la banlieue de la ville: « Le quartier de La Providence, d'origine plus récente, prend son essor à partir de 1860, à la suite de l'aménagement des rues Doret, de la Providence et de La Source. "Les échoppes, qui nuisaient à l'harmonie et une distillerie connue sous le nom de 'Bis-coco' furent démolies", par un maire dynamique, M. Gilbert des Molières, pour embellir le quartier aristocratique.

[Et] il ne faut pas oublier toutefois qu'une partie des extensions de la ville est due au "rush" d'anciens esclaves libérés qui se refusèrent à travailler dans les cannes et s'établirent aux portes de l'agglomération. C'est de cette époque que datent les premiers bidonvilles de Saint-Denis. [...] En 1914, le gouverneur Cor adresse au Directeur de la Santé une lettre peu réconfortante sur l'avenir de Saint-Denis: "La périphérie est en ruines, si bien que l'on peut présager que, dans

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quelques années, la superficie de la cité sera réduite de moitié. Visiter le camp Ozoux [limite ouest de La Source], parcourir le Camp Giron [à l'est de La Source] et les rues qui y aboutissent, ajoute-t-il, c'est accomplir un véritable voyage de la désolation". [...]

La ville s'est dépeuplée; les effectifs des écoles primaires baissent de moitié. L'école de garçons du Camp Ozoux est fermée en 1898. [...] La périphérie se prolétarise. [...] Les habitants aisés se plaignent "d'être exposés à des risques d'incendie tels que les compagnies d'assurance refusent d'assurer leurs maisons" (séance du Conseil Municipal du 2 septembre 1903).»57

La division spatiale telle que nous l'évoquions au paragraphe §1.3 est déjà réalisée de façon diffuse dans le quartier en 1950. Ainsi, l'habitat pauvre augmente à mesure que l'on s'éloigne du centre de Saint-Denis.

Sur la photographie, on remarque la présence d'habitats très petits et disposés de manière anarchique: ce sont les signes de présence de bidonville.

Fig. 14: Bâti pauvre et épars du quartier de La Source en 1950

57 Atelier d'Urbanisme de La Réunion, Saint-Denis: Enquête documentaire, 1965.

Un quartier naturel et agricole

« Dans les années 1940, on peut qualifier le secteur de La Source de « coin » où il faisait bon vivre. Cette région du Piedmont foisonne de jardins et potagers fournissant aux habitants des légumes frais. En aval du boulevard [de La Source], on trouvait de véritables viviers, notamment à la rue Saint-Philippe et près du futur bureau de la SIDR, où poissons de toutes espèces se disputaient leur nourriture dans un même bassin. Le ruissellement des eaux de part et d'autre de la rue Ruisseau-des-Noirs amenait également son lot d'anguilles et de tilapias.»58

La culture maraîchère du lieu et les champs de canne de M. Lenormand étaient encore dans la continuité du Jardin de l'État, et de belles maisons voyaient le jour comme celle de la famille Cazal, ou encore, un peu plus loin, celle située le long de la rue de La Source hébergeant à présent une société ambulancière.

La vocation agricole du quartier est confirmée par les parcelles identifiées sur la mission photographique de 1950. On s'aperçoit que la majorité des espaces cultivés se situent alors dans le sud du quartier, avec des reliquats de culture maraîchère à l'ouest du Jardin de l'État. On distingue clairement quatre types d'espaces: les espaces boisés; les espaces à vocation agricole composés de canne à sucre, ou bien de cultures maraîchères typiques des petites parcelles; une zone de verger; et des espaces que nous avons appelés mixtes et qui s'apparentent à des terrains vagues ou des friches.

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58 ANDOCHE, C., La Source - Saint Denis 1772-2002, 2003.

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Fig. 15: Les espaces à vocation agricole ou naturelle dans le quartier de La Source en 1950

Fig. 16: Source de la ravine
de La Source

Cette vocation agricole et naturelle est grandement liée à l'irrigation importante de cet espace par les canaux et les ravines qui le traversent. En effet, les nombreuses sources qui jaillissent au pied de la montagne, là où se fait la rupture de pente, alimentent tout au long de l'année le quartier en eau. Les ravines Montplaisir ou de La Source sont encore de nos jours alimentées par ces sources. C'est pour cette raison qu'une grande partie du quartier est demeurée longtemps inhabitée et propice à l'agriculture, car située sur un véritable marécage.

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Nous avons vu dans cette partie les caractéristiques du quartier en 1950, et sa continuité avec le centre-ville en ce qui concerne le bâti et la voirie. La particularité de ce quartier « naturel » est l'étendue de ses zones agricoles, favorisée par l'irrigation provenant des nombreuses sources et cours d'eau. Aussi serait-il intéressant de confronter ces caractéristiques au quartier tel qu'il était en 1978, puis actuellement, afin de mesurer les mutations qui s'y sont opérées; ce travail sera réalisé en année de Master 2.

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"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault