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Variabilité climatique et parasitémie: l'incidence du régime de la brume sèche sur les épidémies dans l'extrême- nord Cameroun

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par Bienvenu MARQUIS
Université de Yaoundé I - Diplome d'études approfondies en géographie 2010
  

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4-3. Approches épidémiologique et géomédicale

Darmon (1999 :403) en revisitant l'évolution de la pensée biomédicale, affirme qu'à partir de 1880, les hygiénistes ont pensé, contrairement à Hippocrate, que l'air même inodore constitue une menace encore plus grande que l'eau. Il ajoute que «c'est la

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poussière qui est le plus grand ennemi de l'homme. Formidable vecteur microbien, elle apporte la mort en s'insinuant partout. Contre elle, on ne peut rien, ou presque». Car le fluide aérien échappe à tout contrôle, les transferts et échanges atmosphériques ne connaissant pas de limites. C'est pourquoi, les hygiénistes dans leur lutte contre les différentes maladies en rapport avec l'état et la qualité de l'atmosphère, préfèrent s'attaquer aux sources de la poussière : crachats, macadam, balayage à sec, niche à poussière (tapis, tenture, plancher). Pour Chrétien et Marsac (1990 : 269), « l'air atmosphérique nécessaire à la fonction respiratoire et régulièrement inhalé est modifié dans sa composition qualitativement et quantitativement ». Ce sont ces modifications qui sont à l'origine de bon nombre de maladies respiratoires, liées notamment à la présence d'aérocontaminants variés.

A une échelle réduite, l'Atlas de la Province de l'Extrême-Nord Cameroun (2000) présente un aperçu épidémiologique de cette aire géographique. Il y est en fait question d'une monographie des pathologies fortement dépendantes du milieu bioclimatique parmi lesquelles, la méningite cérébro-spinale. Les travaux de Beauvilain (1986 : 181-211) retracent l'histoire de cette maladie faite de souvenirs douloureux, nés du désarroi et de l'impuissance des populations face à un phénomène difficile à maîtriser. Cette maladie qui « sévit (...) selon un cycle assez régulier... » et qui serait fortement dépendante de la brume sèche, donne lieu à un bilan qui inclue l'action de l'Administration coloniale et celle de l'Etat moderne. Mais auparavant, Lembezat (1950) affirmait que :

« Quant à la méningite cérébro-spinale, ses victimes la connaissent si bien qu'elles avaient inventé un masque grossier, un bout d'étoffe attaché sur le visage, pour protéger leurs voies respiratoires quand il fallait descendre sur un marché en temps d'épidémie ».

En ce qui concerne la méningite, Kagombé (2000) a montré à partir des données climatiques de 1989 à 2000 qu'elle se développe par type de temps chaud et humide. Les cas de méningite se multiplient à partir du mois de février et atteignent leur maximum en mars et avril. Le nombre de cas est plus élevé dans les quartiers pauvres de la ville de Ngaoundéré. Il en déduit que le climat rythme la recrudescence de la maladie et que la pauvreté assure périodiquement les taux élevés de mortalité et de morbidité, à cause de l'incapacité des populations à se faire soigner du fait des coûts élevés des soins.

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Une étude similaire a été faite au Bénin par Besancenot, Boko et Oké (1997 : 807815) sur l'influence des conditions climatiques sur la méningite cérébro-spinale. Ces auteurs ont démontré que la méningite bien que présente chaque année, n'a pas la même intensité. Sur 28 années consécutives, ils ont montré qu'il existe une corrélation positive entre les conditions climatiques dominées par l'harmattan et le développement de la méningite, mais avec un léger décalage de l'apparition de la méningite par rapport à la saison sèche. En effet, cette étude a permis à ces auteurs de découvrir que le maximum de cas de méningite a lieu juste après le paroxysme de l'harmattan et que plusieurs saisons sèches peuvent se succéder sans véritable alerte épidémique. Ces auteurs ont en outre soulevé une série de questions liée notamment à la poussée vers les basses latitudes des cas de méningite et la forte mortalité de cette pathologie dans les zones jugées en dehors des aires d'endémie.

Dans une étude portant sur l'influence des variations saisonnières de brume sèche sur les épidémies de méningite cérébro-spinale dans l'Extrême Nord Cameroun , Marquis (2007) à partir de l'analyse comparative des statistiques épidémiologiques de 1987 à 2000 et des données climatiques (brume sèche, température et précipitation) de 1990 à 2000, a montré que le climat chaud, sec et brumeux d'une part et le contexte humain et médico-sanitaire d'autre part, semblent représenter un ensemble des conditions propices au développement de la maladie. Le coefficient de corrélation calculé à cet effet a été de 0.91. Il a pu également observer que la méningite fait toujours des victimes parmi les populations à cause notamment de la mauvaise connaissance qu'elles en ont. De plus, les épidémies de méningite varient en fonction de l'espace et du temps. Par ailleurs, il affirme que les stratégies officielles ne permettent pas de lutter efficacement contre la maladie en cas d'épidémie et qu les méthodes de lutte traditionnelles quant à elles, s'avèrent mal adaptées à la réalité scientifique, par conséquent plus enclines à entretenir un « climat épidémique ». Il faut donc tenir compte de l'évolution saisonnière du régime de ce lithométéore dans les différentes stratégies de lutte contre cette maladie.

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"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius