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Les droits fondamentaux des détenus au Sénégal

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par El-Hadj Badara NDIAYE
Université Gaston Berger de Saint- Louis Sénégal - Maitrise droit privé 2003
  

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B - L'absence de dérivatif à l'ennui

Il y a lieu de voir les raisons de cette absence avant de voir ses conséquences.

1 - Les raisons de cette absence

De par sa configuration architecturale, la prison est un univers ennuyeux. C'est pourquoi les autorités ont prévu un certain nombre d'activités carcérales lesquelles constituent un palliatif significatif à l'ennui des détenus. Cependant les dispositions réglementant ces activités sont vidées de leur sens faute de moyens. Il en est ainsi du travail et de la formation professionnelle mais aussi des loisirs ou moments de détente.

Le décret n° 86-1466 du 28 novembre 1986 réglemente le travail dans les prisons au Sénégal en définissant les catégories des détenus qui peuvent en bénéficier et en précisant les modalités de rémunération, la durée du travail et ceux qui sont les travaux disponibles dans les prisons, etc. Les détenus ont la possibilité de travailler aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur de la prison.

Les prisons sénégalaises abritent plusieurs types d'activités telles que la vannerie, le tissage, la menuiserie, la cordonnerie, la teinture, la peinture etc. Mais la grande majorité des prisonniers reste à l'écart de ces activités faute de moyens, ce qui vide le décret susmentionné de son contenu. Il n'est pas rare de voir des établissements pénitentiaires où ces activités fonctionnement au ralenti. Les matières premières, l'espace, les équipements et l'encadrement font cruellement défaut.

A l'extérieur de la prison, non seulement, il ne s'effectue pas dans les conditions de sécurité minimales, mais le travail pénitentiaire est également mal rémunéré. Les chiffres de 50 f l'heure et 40 heures sont avancées pour les travaux en régie et chez les particuliers.86(*)

Par ailleurs, une politique d'éducation, de formation et d'alphabétisation bien pensée et bien exécutée n'existe ^pratiquement pas malgré l'article 690 alinéa 2 du code de procédure pénale qui prévoit « un enseignement scolaire et professionnel pour les condamnés dont la peine doit expirer avant qu'ils aient atteint l'âge de vingt huit ans ». L'expérience a montré qu'une éducation solide exerçait une influence positive sur les criminels. L'alphabétisation jouerait un rôle fondamental dans l'éducation et la formation des prisonniers en les aidant à maîtriser leur environnement pour une meilleure resocialisation.

Aussi, la loi a-t-elle prévu des moments de détente. Parmi les activités de loisir figurent le Foot-ball, la lutte traditionnelle, les jeux de société et la lecture.

Toutes ces activités contribuent à l'équilibre mental des détenus et constituent des facteurs dérivatifs à l'ennui et atténuent en voie de conséquence la violence en milieu carcéral. Cependant, leur ineffectivité comme on vient de le voir n'est pas sans conséquence sur l'équilibre psychique des détenus.

2 - Les conséquences de cette absence

Le confinement dans un espace restreint et reclus est source d'agressivité, de déprime et de troubles psychiques. L'oisiveté et la claustration favorisent des comportements déviant et pervers.

Ainsi, les conséquences du défaut d'activités dans les prisons sont double : d'une part, elles se manifestent par des troubles psychiques et d'autre part par des comportements déviant et pervers.

En effet, l'oisiveté des détenus construit tout d'abord la chaîne qui se manifeste par la plainte qui a pour premier lieu d'expression le corps. Ainsi, les détenus somatisent, tombent malades, connaissent des troubles alimentaires ou digestifs. A Rufisque, il y a des femmes détenues qui n'ont même plus de règles, parfois durant toute leur détention. Les états de protestation ou de dépression grave, les taux de suicide ou d'automutilation sont plus ou moins élevés.

L'oisiveté entraîne aussi des comportements déviants. En effet, des pratiques parfois forcées d'homosexualité sont fréquentes. Les gardiens de prison sont parfois victimes d'acte de violence. Ils sont perçus couvent comme les responsables directs de la situation des détenus.

Les atteintes aux conditions d'existence des détenus ainsi exposées ne fait que confirmer les inquiétudes des organisations des droits de l'homme qui ne cessent de tirer la sonnette d'alarme à ce propos. Mieux, la cause de ces atteintes découle dans une certaine mesure de l'ineffectivité des mécanismes de protection des détenus.

* 86 Cf. art. 53 du décret précité sur la clé de répartition du pécule.

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