WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Mesures objectives et subjectives du bien-être: une étude comparative entre la Martinique et la république Centrafricaine.

( Télécharger le fichier original )
par Tite Voltaire SOUPENE
Institut Aimé Césaire -Faculté de droit et d'économie - Master 2 - Gestion des entreprises et des institutions 2011
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

Introduction Générale

Les problématiques de développement et la recherche du bien être ou du bonheur des individus ont depuis toujours été au centre des préoccupations des organismes internationaux et des Etats eux-mêmes (United Nation, 2010). Ces concepts font actuellement l'objet du plus grand nombre d'études (Dolan & al, 2011), de discussions, de conférences et de séminaires et se trouvent aujourd'hui au centre des débats de politique publique et des stratégies de croissance économique (Angner, 2005, 2010). La question du bien-être reste un thème d'actualité abordé en particulier par les psychologues, philosophes, sociologues et les économistes. Ainsi, le bien-être apparaît comme un nouveau questionnement économique, social et donc politique (Wintrebert & al, 2007)1.

La presse y consacre de plus en plus de dossier (par exemple la revue philosophie magazine)2. Les entreprises s'en préoccupent également, soit dans un souci marketing, soit pour la santé de leurs salariés. Les politiques publiques et les institutions internationales s'y intéressent de plus en plus fort dans le but d'améliorer le progrès de la société (Pnud, 2010 ; Ocde, 2011). L'exemple récent est la mise en place de la commission Stiglitz et al (2009) par le président Français (Nicolas Sarkozy) dans le but d'identifier les limites du produit intérieur brut (PIB) souvent utilisé comme indicateur de Performances Economiques et du Progrès Social (CMPEPS)3. La question du bien-être se trouve certainement, au coeur de toutes les interrogations du développement dit durable et peut-être le but de toute activité humaine et de l'existence.

En général, la Martinique et la République Centrafricaine semblent être en retard par rapport à cette problématique (Wintrebert & al, 2007). Il existe certes des intérêts académiques, journalistiques de plus en plus fort, mais il manque un autre sens, « une incitation politique » qui fédérerait, coordonnerait et qui ferait la synthèse et utiliserait ces différentes recherches (Wintrebert & al, 2007). Le PIB par habitant demeure le principal instrument de mesure du bien-être (El Habib, 2001 ; OCDE, 2006; Romina, Asa, et Mira d'Ercole, 2006 ; Simonnet, 2008). Mais, il est aussi un critère de plus en plus contesté et cela a occasionné de nombreux débats (Gadrey & Jany-Catrice, 2005), parce que son calcul bannit

1 Fondation pour l'innovation politique : Mesurer le bien-être: Une mission impossible? Repenser des indicateurs de richesse pour la France. Table ronde du Mercredi 14 Novembre 2007. [ http://www.dailymotion.com/video/x3jxvk_mesurer-le-bien-etre-une-mission-im_news#from=embed]

2Le bonheur sur mesure : [ http://www.philomag.com/fiche-dossiers.php?id=31]

3« Cette commission avait reçu pour mission de déterminer les limites du PIB en tant qu'indicateur des performances économiques et du progrès social, de réexaminer les problèmes relatifs à sa mesure, d'identifier les informations complémentaires qui pourraient être nécessaires pour aboutir à des indicateurs du progrès social plus pertinents, d'évaluer la faisabilité de nouveaux instruments de mesure et de débattre de la présentation appropriée des informations statistiques » (Joseph E. Stiglitz, Amartya Sen, Jean-Paul Fitoussi, 2009).

~ 7 ~

toutes choses qui contribuent à la réalisation et au développement d'une personne : les informations qu'il collecte sont basées sur la valeur des biens et services et il ignore les données relatives à la qualité de l'environnement dans lequel l'individu vit quelque soit son âge et niveau de vie (Wintrebert, 2007).

Ces dernières années, certains chercheurs (Easterlin, 1974 ; Andrew & Senik, 2007 ; Stevenson & Wolfers, 2008) ont commencé à faire valoir que les augmentations des niveaux de vie matérielles marquées par la croissance du PIB ne contribuent guère à augmenter le bien-être. A titre d'exemple, l'économiste Richard Easterlin a publié en 1974 un article4 dans lequel il a montré que malgré l'augmentation des revenus d'environ 60% aux Etats-Unis entre 1946 et 1970, les personnes ne sont pas du tout plus heureuses. D'où le nom du paradoxe d'Easterlin encore appelé paradoxe du bonheur. De la même manière, Inglehart & Klingemann (2000) ont montré que les enquêtes sur le bonheur menées en Grande-Bretagne, en Europe continentale et aux Etats-Unis révèlent que le niveau de bonheur est resté stationnaire et qu'il a parfois décliné au cours des trente dernières années.

L'analyse d'Inglehart & Klingemann (2000), basée sur la pyramide des besoins du psychologue Américain Abraham Maslow (1951), montre que la croissance économique voir la hausse du revenu a plutôt tendance à nuire à l'estime de soi5. Par conséquent, cela montre que le bien-être affirmé par les citoyens n'a pas connu le même progrès que la croissance économique : l'augmentation du niveau de vie matérielle des individus n'entraine pas nécessairement une qualité de la vie décente. Le président de la République Française (Sarkozy, 2009)6 a même souligné que malgré les changements qu'ont connu les sociétés modernes, il y a un décalage complet entre les chiffres statistiques et l'expérience (ou le sentiment) de la vie perçue par le citoyen.

Les débats au sujet des limites du PIB par habitant en matière d'évaluation et estimation du bien-être des nations ont emmené les chercheurs, les décideurs publics et les organismes internationaux à demander à ce que le PIB soit compléter par des indicateurs alternatifs afin d'avoir une représentation parfaite du bien-être (Menahem & Cherilova, 2005 ; OCDE, 2006 2011). Dans ce cas, il est question de disposer d'un ensemble d'indicateurs couvrant un large domaine social afin de leur permettre de voir si les mesures

4 Easterlin, R.A., Does Economic Growth Improve the Human Lot?, David, P.A., Reder, M.W., Nations and Households in Economic Growth: Essays in Honor of Moses Abramovitz, Academic Press, New York, 1974.

5 C'est à dire l'augmentation de la criminalité, l'augmentation du taux de divorce, le nombre croissant de dépressions et la maladie qui fait des ravages dans les sociétés modernes, contribuent à la croissance du PIB. Mais les gens sont moins heureux et tout cela nuit largement à l'estime de soi.

6 Sarkozy N., (2009) : Mesure de la performance économique : Nicolas Sarkozy plaide en faveur d'une révolution statistique mondiale.15

Septembre. [ http://www.gouvernement.fr/gouvernement/mesure-de-la-performance-economique-nicolas-sarkozy-plaide-en-faveur-d-une-
revolution-s]

-' 8 -'

gouvernementales atteignent effectivement leurs objectifs (OCDE, 2005). Par exemple Gadrey & Jany-Catrice (2005) et OCDE (2011), en contestant le PIB, proposent de rechercher et de présenter de nouveaux indicateurs synthétiques7, fondés sur des visions alternatives de ce qui fait la richesse des nations. Gadrey & Jany-Catrice (2007) précisent que ces indicateurs s'intéressent selon le cas au développement humain, à la santé sociale ou au bien-être économique d'une organisation ou d'une collectivité, mais aussi au développement durable. Ils permettent aussi de compléter les indicateurs économiques en tenant compte de dimensions qualitatifs afin d'obtenir une image plus globale du bien-être. Ainsi, ces instruments pourraient servir de guide à d'autres politiques économiques et sociales (Bodin, 2004).

Dans cette même vision, une déclaration commune (regroupant les institutions comme: Organisation de coopération et de développement économiques « OCDE », Organisation des Nations Unies « ONU », la Commission Européenne « CE », l'Organisation de la Conférence Islamique « OCI » et la Banque mondiale « BM ») recommandait aux bureaux des statistiques, organismes publics et privés, experts, politiciens et aux universitaires de travailler conjointement avec les représentants de leurs communautés afin de définir avec la population ce que signifie `'le progrès» au XXIe siècle, et de produire des informations fiables, rigoureuses permettant de se faire une vision commune du niveau de leur bien-être et de son évolution au fil du temps (Istanbul, 2007). Le président de la République Française (Sarkozy, 2009) dans son plan révolutionnaire8, il a décidé de prendre en compte le degré de bonheur subjectif des Français en tant qu'indicateur clés du succès économique.

Effectivement, les études sur les limites du PIB ont montré qu'il ne prend pas en compte les autres aspects liés au bien-être subjectif de l'individu. Pourtant certains chercheurs ont bien souligné qu'il y a deux concepts extrêmes du bien-être (bonheur) : le bonheur objectif et le bonheur subjectif (Frey & Stutzer, 2002). L'analyse de Fitoussi (2009) montre que le PIB est une mesure du présent, et que le PIB ne donnera jamais ni une mesure de la qualité de vie ni une mesure de la soutenabilité. Les questions de la mesure et de l'évaluation de la soutenabilité ont été au coeur des préoccupations de la Commission Stiglitz & al (2009). Cette commission a même souligné qu'il est donc important que les Etats cherchent à « améliorer le bien-être global, actuel et futur, des citoyens en tenant compte d'autres

7 Une sorte de baromètre qui mesure et compare l'évolution de la perception du bien-être des individus et le progrès des sociétés dans le temps et dans l'espace.

8 Nicolas Sarkozy veut mesurer le bonheur des Français : [ http://www.gentside.com/bonheur/nicolas-sarkozy-veut-mesurer-le-bonheur-des-francais_art7947.html]

~ 9 ~

facteurs ayant trait notamment à la redistribution et à la qualité de vie » (Johansson & al, 2006 : 1).

La Martinique et la République Centrafricaine sont deux territoires avec des situations différentes. Il existerait différentes dimensions de bien-être et mal-être chez les peuples de ces deux pays. Le mal-être est susceptible d'entrainer des faits suivants : l'inquiétude, la tristesse, l'angoisse, la dépression, la violence, le suicide, la délinquance, l'échec scolaire, un nombre élevé de dépressions, un fort clivage entre les différentes communautés, des mouvements sociaux, des grèves des salariés. Ces faits montrent que la population semble être insatisfaite et malheureux de leurs conditions de vie. Ce pendant, l'état de bien-être peut révéler certains sentiments tels que : la fierté, l'enthousiasme, la satisfaction, la joie, qui peut soit être du à quelque chose qu'on a accompli ou reçu, etc. Pour mesurer le bien-être d'une nation, la littérature à insisté sur le faite que le bien-être est une combinaison complexe de plusieurs facteurs qui diffèrent d'un individu à un autre, d'un pays à un autre et les résultats ne sont pas applicables de façon universelle mais propres à un Système bien défini (Conceição & Bandura, 2008).

Le bien-être repose à la fois sur des caractéristiques objectives (telles que les conditions de vie, le temps de loisirs, les rapports sociaux ou la sécurité personnelle, etc..) et des éléments subjectifs (Stiglitz & al, 2009). Les indicateurs traditionnels de mesure de la croissance économique comme le PIB par tête en Parité de Pouvoir d'Achat (PPA) ont montré leurs limites. Ce qui a conduit à la construction d'autres indicateurs dont l'Indice du Développement Humain (IDH) (Fall, 2007 ; Pnud, 2010). Cet indicateur représente actuellement l'un des indicateurs qui attirent le plus l'attention de la communauté internationale (gouvernementale, privée et civile) : il a fait également l'objet de quelques controverses (Fall, 2007).

Le nouvel indicateur de l'OCDE publié le 24 mai 2011 a aussi fait l'objet des débats. Pour certains chercheurs « cet indicateur est orienté vers le bien-être individuel, et pas du tout vers ce que l'on pourrait appeler la qualité d'une société » (Gadrey, 2011)9. Selon ce dernier, le nouvel indicateur de l'OCDE manque de mesures de « santé sociale », comme le pourcentage de personnes pauvres, de personnes couvertes par l'assurance maladie ou encore, le revenu des dix pour cent les plus riches divisés par le revenu des dix pour cent les plus pauvres (un indicateur d'inégalité utilisé par les Nations unies). Fitoussi (2011)10 résume, en

9 L'indicateur du « mieux vivre » de l'OCDE

[ http://alternatives-economiques.fr/blogs/gadrey/2011/05/25/l'indicateur-du-«-mieux-vivre-»-de-l'ocde/]

10 La difficile Mesure du Bien-être des populations : Un thème qui fait florès parmi les décideurs politique : [ http://www.lemonde.fr/economie/article/2011/05/25/la-difficile-mesure-du-bien-etre-des-populations_1527397_3234.html]

~ 10 ~

disant « L'OCDE a fait un très bon travail, mais ce n'est vraiment qu'un début, avant que nous aboutissions à quelque chose d'achevé, il faudra du temps ; "c'est un premier essai d'application ; [...] pour l'instant, on tâtonne ». Aujourd'hui, on assiste à des débats intenses sur la question de la mesure du bien-être. Il y a donc confrontation entre les deux approches : approche objective et approche subjective du bien-être.

L'objectif de ce travail est de faire une étude empirique en confrontant les approches objectives et subjectives du bien-être dans le contexte particulier de la Centrafrique et de la Martinique. L'objectif est double. D'une part, il est question de voir au sein de chaque pays s'il y'a un décalage entre les mesures objectives et subjectives de bien-être. C'est-à-dire étudier s'il y a un écart entre le PIB moyen par tête et les perceptions subjectives que les gens ont de leur propre bien-être. D'autre part, l'autre point est d'examiner si le décalage qu'il y a entre les deux types de mesures est équivalent dans deux pays profondément différents d'un point de vu économique : Un pays développé et sous développé. La finalité de cette étude est de savoir quelles sont les politiques à mettre en oeuvre dans le but d'accroitre le bien-être en prenant en compte la situation économique de chaque pays.

L'idée c'est de comparer au niveau de notre échantillon des mesures objectives (celles que l'on peut calculer) aux mesures subjectives et le tout comparé aux mesures objectives nationales. Pour y parvenir, nous avons établi un questionnaire qui va nous permettre de mener des enquêtes dans les deux pays afin d'obtenir les informations dont nous avons besoin. Les méthodes de la comparaison des moyennes et des régressions simple et multiples nous permettront d'analyser les données récoltées. Cette étude nous permettra aussi de mieux comprendre les différentes méthodes utilisées pour mesurer le bien-être objectif et subjectif d'une part, et de permettre aux acteurs locaux de faire un meilleur choix entre ses deux approches afin de suivre l'évolution de la qualité de la vie de leur population, et éventuellement d'éclairer leurs décisions d'autre part. A notre connaissance, aucune étude empirique de ce genre n'a été menée en Martinique et en Centrafrique.

Ceci étant, le chapitre 1 sera consacré à la revue de la littérature sur le bien-être objectif d'une part et le chapitre 2 sera consacré à l'approche subjective du bien-être d'autre part. Puis, le chapitre 3 sera destiné à la présentation socioéconomique des deux territoires et le choix méthodologique. Ensuite, le Chapitre 4 est réservé aux résultats : l'analyse comparative des mesures du bien-être. Et enfin, la conclusion fera ressortir notre vision sur cette étude.

~ 11 ~

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon