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L'enseignement de la lecture en Afrique noire. Cas de quelques collèges de Brazzaville

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par Martin GUIMFAC
Université Marien Ngouabi - Diplôme d'études approfondies 1999
  

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B. Méthodes d'apprentissage

Au sortir de l'enseignement primaire, les aprenants auraient pu être déjà des lecteurs compétents or, ils ne le sont pas toujours. En analysant les causes de leur échec, la question de méthodes est évoquée. Elle mérite donc d'être abordée.

Les méthodes d'apprentissage de la lecture sont le résultat des recherches sur les mécanismes mis en jeu dans l'acte de lecture pour faire d'un apprenant un lecteur. Faire d'un apprenant un lecteur consiste à l'aider à développer les habiletés qui rendent efficace le travail de l'oeil et du cerveau.Trois méthodes d'apprentissage de la lecture sont en concurrence : la méthode synthétique, la méthode globale et la méthode mixte. Nous les présentons d'abord avant de nous prononcer sur la validité de chacune d'entre elles.

La méthode synthétique

Nous rappelons que la méthode synthétique, que les pédagogues appellent aussi méthode syllabique, part de la lettre, passe à la syllabe, puis au mot et à la phrase. Nous constatons qu'elle propose les éléments, les réunit et les synthétise.

Il lui est reproché de ne pas tenir compte de la psychologie et des intérêts des apprenants, de les habituer à une lecture monotone et souvent hachée. Toutefois, elle présente quelques mérites : premièrement, elle est d'un emploi facile. Deuxièmement, en communiquant aux apprenants la connaissance ferme des lettres et des syllabes, elle forme à une bonne orthographe.

La méthode globale

A l'inverse de la méthode synthétique, elle part de la phrase pour descendre au mot, puis à la syllabe et à la lettre. Elle est d'un maniement délicat. Sa mise en oeuvre requiert une initiation particulière de l'enseignant, une classe à effectif réduit, et un matériel didactique important.

L'un des inconvénients de la méthode globale est qu'un apprenant qui apprend les phrases, finit par savoir le texte par coeur. Son attention est davantage attirée par la vue globale des graphismes que par la décomposition écrite. C'est ce qui semble expliquer certaines difficultés des apprenants en orthographe. Cependant, en présentant des mots que l'apprenant comprend, cette méthode a l'avantage de lui inculquer le goût et le plaisir de lire.

La méthode mixte

Elle fait des emprunts à la méthode globale et à la méthode synthétique. Le mot est présenté dans son contexte. L'apprenant s'habitue à le reconnaître dans sa physionomie propre. Par la suite, il faut l'amener à l'analyser afin que les éléments en soient solidement acquis, pour qu'il sache en faire la synthèse et retrouver la forme globale.

Nous remarquons que chacune de ces méthodes, présente des avantages et des inconvénients. Les instructions officielles laissent toute liberté de choix aux enseignants. Pour nous, la vraie solution se trouve dans une méthode vivante et active qui requiert constamment la participation de l'apprenant, sa contribution effective dans la construction et la consolidation de son savoir-lire.

Dans tous les cas, le succès de l'enseignement-apprentissage de la lecture dépend à la fois de la compétence et du dévouement de l'enseignant. Le milieu de vie de l'apprenant et sa fréquentation scolaire comptent également pour beaucoup dans l'apprentissage de la lecture comme dans celui des autres disciplines scolaires. Lorsque ces conditions sont réunies, les progrès dans l'apprentissage de la lecture sont assurés quelle que soit la méthode employée.

Il convient d'avancer lentement en apprentissage de la lecture, de varier les procédés, d'user largement de la répétition, de préférer la lecture individuelle à la lecture collective et de diversifier les formes et les types de textes car personne ne peut lire de la même manière un dialogue, un texte narratif ou un poème. Chaque type de texte ayant sa structure interne et son mécanisme particulier de fonctionnement du matériau de communication qui le constitue, mérite d'être abordé de façon spécifique. Les stratégies d'appropriation d'un texte sont en cohérence avec la nature de celui-ci, celle qui semble efficace pour un texte peut se révéler inefficace pour un autre.

En définitive, il n'existe pas de méthodologie unique et valable pour tous les textes, il y a des démarches spécifiques à chaque type de texte. Le professeur ne doit pas appliquer une méthodologie figée et unique quel que soit l'écrit mais il doit utiliser des techniques adaptées au type de texte pour lire et donc comprendre plus rapidement.

Les grandes articulations d'une leçon de lecture restent cependant les mêmes. Il s'agit d'observer le texte pour reconnaître sa forme et le type auquel il appartient, et construire du sens à partir d'indices prélevés du texte. Un accent particulier doit être mis sur la cohérence sémantique, le repérage des structures d'articulation logique pour mieux rendre compte du sens qu'est censé véhiculer un texte.

L'apprenant de la classe de 3ème est censé maîtriser la combinatoire. Il a des attitudes de lecteur, on peut dire qu'il sait lire. Quand on sait lire, les objectifs d'apprentissage de la lecture doivent être différents : identifier avec sûreté le type de texte. Lire vite. Adapter sa vitesse de lecture à ses intentions. Lire des textes longs. Dire un texte.

Identifier avec sûreté un type de texte : avoir en mémoire suffisamment d'indices (silhouette, emploi des temps...) pour reconnaître un texte de type narratif, descriptif, argumentatif, injonctif, informatif, fonctionnel ou historique.

Lire vite : prélever le plus possible d'indices dans un minimum de temps et les associer pour avoir une compréhension plus rapide d'un texte.

Adapter sa vitesse de lecture à ses intentions : lire vite en diagonale pour rechercher une information dans un texte, lire rapidement la table des matières d'un livre pour retrouver la page qui correspond à une attente, à un besoin d'information ou lire lentement un poème pour en apprécier le rythme.

Lire des textes longs pour dédramatiser le passage de la lecture des extraits à celle des contes, des nouvelles, des romans, des pièces de théâtre ou des recueils de poèmes.

Dire un texte : transmettre oralement ce qu'on a appris d'un texte à un tiers. Cela sous-entend qu'il faut lire silencieusement d'abord un texte avant de le dire.

Dans ces conditions, toute explication de mot ou expression doit être succincte, puisque le professeur vise à obtenir une bonne compréhension du texte en vue d'une meilleure lecture, et non l'acquisition de mots nouveaux et encore moins des termes apparentés. La leçon de lecture ne doit pas se transformer en un exercice de vocabulaire pour lequel l'emploi du temps assigne un temps précis.

Pour habituer les apprenants de la classe de 3ème à une lecture personnelle, le professeur peut indiquer la veille le texte du lendemain. Les apprenants auront le loisir de le lire attentivement, de noter les mots et expressions qu'ils ne saisissent pas très bien.

Le professeur doit faire prendre conscience que bien lire ne consiste pas seulement à adopter le ton qui convient au texte, à réaliser les inflexions que réclame le sens du texte, mais aussi à ne pas omettre les liaisons indispensables et à s'abstenir d'en faire d'autres par erreur.

Le professeur doit savoir insister sur la lecture expressive car elle fait valoir les mots essentiels de la phrase, traduit les sentiments par les intonations, les inflexions et les pauses suggérées par le sens et non toujours indiquées sur le texte. Tout en exigeant une articulation nette, une prononciation impeccable, le professeur proscrira le ton déclamatoire qui paraît ridicule, bannira toute précipitation dans le débit comme toute lenteur exagérée. A ce propos, Frère Macaire (1980) affirme que le rythme moyen d'une bonne lecture expressive « se situe entre 130 et 140 mots à la minute »113(*).

Le professeur n'oubliera pas que l'acquisition aisée de la lecture expressive repose sur un processus d'audition et d'imitation plutôt que d'explication. Il s'appliquera à la prononciation, au rythme et au débit de la phrase que doivent mettre en valeur les faits et les sentiments.

Au cours de la lecture, le professeur se gardera d'arrêter un apprenant pour de légères peccadilles, mais il attendra la fin de la lecture ou du paragraphe pour lui signaler ses erreurs. Une bonne pratique consiste à intéresser tous les élèves de la classe à la lecture de leur camarade, en leur chargeant une fois le texte lu, d'en faire la critique.

En contexte d'enseignement-apprentissage, le professeur a l'obligation de veiller à ne pas aborder que des textes se référant à la vie quotidienne et à leur environnement immédiat. Aux textes descriptifs, il préfèrera les autres types de textes.

Comme il est souhaitable de développer chez les apprenants le goût et le sens du beau, le professeur se préoccupera de l'illustration, des dessins, des photographies et des reproductions des tableaux. Pour un professeur, évaluer de manière réfléchie ses stratégies, ses méthodes et ses techniques, permet d'accroître et d'étoffer son répertoire d'approches pédagogiques et, partant l'efficacité de son enseignement-apprentissage.

Il existe cinq principales stratégies d'enseignement-apprentissage parmi lesquelles l'enseignant est tenu de choisir celle qui s'adapte le mieux à la phase de la situation d'enseignement-apprentissage qu'il se propose de mettre en oeuvre. Il s'agit de l'enseignement direct, l'enseignement indirect, l'enseignement interactif, l'étude ou pratique indépendante, et l'apprentissage expérientiel.

L'enseignement direct est fortement axé sur le professeur et comprend une vue d'ensemble, un mini-exposé (enseignement magistral), des exercices d'entraînement, des comparaisons, des démonstrations, des activités de pré-lecture, pré-écoute et pré-projection.

L'enseignement indirect est une stratégie axée sur l'apprenant. Les méthodes d'enseignement indirect sont très efficaces lorsqu'il s'agit de chercher à faire réfléchir les apprenants ; lorsqu'on cherche des résultats touchant les attitudes, les valeurs ou les relations interpersonnelles des apprenants.

Dans l'enseignement direct, faut-il le rappeler, la démarche est aussi importante que le produit, et l'accent est mis sur une compréhension personnalisée et sur la rétention à long terme des concepts ou des généralisations. Il s'agit pour un apprenant de développer la capacité de poursuivre sa formation durant toute sa vie car nous l'avons déjà mentionné, la lecture est un comportement en devenir, c'est-à-dire qui ne saurait être acquis une fois pour toute la vie.

L'enseignement indirect se focalise sur la résolution de problèmes, les techniques de lecture, la discussion guidée, la réflexion personnelle, le schéma conceptuel, et l'acquisition de concepts.

En apprenant aux apprentis lecteurs des techniques de lecture, on les aide à mieux comprendre et interpréter ce qu'ils lisent. Ils apprennent à distinguer l'information pertinente de l'information qui ne l'est pas, à trouver les idées-clés, les thèmes, les implications, etc.

L'enseignement interactif s'adresse à des groupes d'apprenants. Avant de se mettre à l'ouvrage, les membres du groupe doivent savoir ce que l'on attend d'eux, de combien de temps ils disposent pour mener leur tâche à bien, et quels sont les critères et les méthodes d'évaluation. L'enseignement interactif se pratique avec les pairs et dans les groupes d'apprentissage coopératif. Il se réalise à l'aide du remue-méninge, des discussions ouvertes, des tables rondes et des entrevues.

L'étude ou pratique indépendante fait référence à la gamme de méthodes d'enseignement qui encouragent chez l'apprenant l'initiative personnelle, la confiance en soi et l'auto-perfectionnement. L'étude ou pratique indépendante peut consister à apprendre en coopération avec un autre apprenant ou au sein d'un petit groupe ; elle comprend également les activités entreprises par un apprenant seul.

L'apprentissage autonome a des implications dans le domaine de la prise de décision, car les individus sont censés analyser des problèmes, réfléchir, prendre des décisions et agir selon l'objectif qu'ils se seront fixé. Pour pouvoir prendre la responsabilité de leur vie à une époque de changement social aussi rapide, les apprenants ne devront jamais cesser d'apprendre. Comme la plupart des aspects de la vie de tous les jours sont sans doute appelés à changer profondément, l'apprentissage autonome devrait permettre aux apprenants de mieux s'adapter aux contraintes qu'imposent le travail, la famille et la société.

L'étude ou pratique indépendante est constituée d'une trousse d'activités, des contrats d'apprentissage, des devoirs, des projets de recherche, des apprentissages et des pratiques autonomes ainsi que de l'enseignement assisté par ordinateur.

L'enseignement expérientiel est un enseignement axé sur l'apprenant.Il met l'accent sur la démarche, et non sur le résultat ; il favorise beaucoup la compréhension et l'assimilation. Il motive davantage les apprenants en faisant appel à leur participation active et en leur demandant de décrire mutuellement ce qu'ils font.

Ce type d'enseignement procède par induction. Selon l'approche inductive, à partir d'illustrations ou d'exemples, on tire une règle, un concept ou une généralisation. Cette approche repose sur l'activité ; il amène l'apprenant à réfléchir sur une expérience et à appliquer ses conclusions à d'autres contextes.

L'enseignement expérientiel comprend trois étapes : la préparation, l'expérience et l'objectivation. La préparation renvoie à l'amorce, aux objectifs, aux règles de conduite, et à l'introduction du vocabulaire essentiel. L'expérience fait référence à ce que l'apprenant fait une activité. L'objectivation désigne le partage, l'analyse, l'inférence et l'application de l'information.

Ainsi, les stratégies à adopter pour enseigner-apprendre la lecture doivent être tributaires de l'objectif que l'on vise, du type de lecture, du genre de lecture, de la modalité de lecture ainsi que de la situation et du contexte dans lesquels la lecture a lieu. Les types de lecture sont  la lecture pour la recherche, la lecture pour l'exploration, la lecture pour le repérage. Les genres de lecture sont la lecture en diagonale, la lecture sélective, et la lecture intégrale. Les modalités de lecture sont la lecture compréhension et la lecture communication.

A la suite de la présentation de ces stratégies d'enseignement-apprentissage, notre attention est particulièrement retenue par l'enseignement expérientiel. En se fondant sur cette stratégie, nous constatons que l'on pourrait retenir une situation d'enseignement-apprentissage à trois temps. Il s'agit de retenir pour toute situation d'enseignement-apprentissage trois phases : la préparation, la réalisation et l'intégration.

La phase de préparation consiste en une prise de contact avec l'objet d'apprentissage qui, dans le cas de notre étude est le texte de lecture. Cette phase vise à motiver l'apprenant à construire ses savoirs. Alors que l'apprenant s'apprête à construire ses savoirs, le professeur joue le rôle d'agent catalyseur. Dans cette phase, les actions de l'apprenant et du professeur concernent principalement le contrat didactique - c'est-à-dire les dispositions particulières que prendra chaque acteur de la relation pédagogique à la suite de la communication de l'objectif du cours -, le contrôle des pré-requis cognitifs et affectifs, la tâche d'apprentissage, les conditions de réalisation, les critères d'évaluation et la planification du travail c'est-à-dire l'anticipation des stratégies.

En somme, les anciennes appellations (communication de l'objectif d'apprentissage, motivation, révision fonctionnelle, contrôle des pré-requis) fusionnent pour constituer ce qui convient d'être appelé phase de préparation.

La phase de réalisation correspond quant à elle, à l'ancienne appellation de leçon du jour ou d'acquisitions nouvelles. Cette phase consiste en l'appropriation de l'objet d'apprentissage, c'est-à-dire la compréhension maîtrisée du texte dans le cadre de la lecture. Cette étape vise à guider l'apprenant dans la construction de ses savoirs : concepts, processus, stratégies, etc. Alors que l'apprenant construit activement ses savoirs, le professeur a un rôle d'agent facilitateur. A cette étape, les actions de l'apprenant et du professeur concernent principalement les apprentissages, l'organisation et la gestion des ressources, les stratégies cognitives et métacognitives, la verbalisation des difficultés et des besoins.

Enfin la phase d'intégration. Dans cette phase, il s'agit de la prise de conscience des apprentissages réalisés. Cette étape vise à guider l'apprenant à intégrer et transférer ses savoirs. Elle est destinée à amener l'apprenant à prendre conscience des apprentissages réalisés dans le but d'un transfert. La capacité de transférer témoigne ordinairement du niveau de développement d'une compétence. Alors que l'apprenant fait le point sur ses nouveaux savoirs, le professeur a un rôle d'agent intégrateur à ce stade du déroulement de la situation d'enseignement-apprentissage.

Les actions de l'apprenant et du professeur concernent principalement les progrès réalisés, la reconnaissance de la justesse des démarches et stratégies utilisées, les activités de réinvestissement ou de transfert.

Ainsi, à la phase de l'ancienne évaluation, on peut désormais réaliser l'intégration qui, en plus du contrôle traditionnel des acquis scolaires, préconise également l'évaluation des stratégies utilisées et consacre la nécessité d'envisager le réinvestissement ou le transfert. Une telle nécessité vise à accroître le sens que l'apprenant peut donner au savoir qu'il acquiert.

La principale innovation que nous apportons aux méthodes d'apprentissage de la lecture tient de ce qu'il faut combiner désormais les différentes stratégies d'enseignement avec les étapes de la démarche méthodologique de la leçon de lecture. En effet, à chaque étape classique du déroulement de la séance, il convient d'y introduire la stratégie d'enseignement la plus adaptée afin de mieux la dynamiser et la rentabiliser.

Une fois qu'une stratégie d'enseignement est introduite à une étape donnée, il importe alors de prévoir la modalité de travail qui convient le plus. Il n'est pas superflu de rappeler que cela doit être accompagné de consignes très précises à l'instar du projet de fiche que nous joignons en annexe.

* 113. Frère, Macaire, Notre beau métier, Paris, Editions Les Classiques africains, 1980, p. 203.

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"Tu supportes des injustices; Consoles-toi, le vrai malheur est d'en faire"   Démocrite