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L'entrepreneuriat féminin au Sénégal: obstacles et essais de solution

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par Abdoulaye WANE
Université Cheikh Anta Diop de Dakar - Maitrise 2009
  

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Section 2 : Rôle et statut de la femme

I- Dans la société traditionnelle

Dans l'histoire du Sénégal, les femmes ont été de toutes les luttes au coté des hommes ou au premier rang, que ce soit contre l'envahisseur colonial ou pendant la période pré et post indépendance, elles se sont toujours impliquées dans la lutte de services en périodes de disettes ou dans les moments difficiles.

Dans tous les événements de la vie, les femmes sénégalaises ont été présentes comme actrices, en jouant des rôles déterminants en assumant des responsables importants dans la vie du pays, comme le montre l'exemple de Aline Sitoé Diatta. Cette dernière demandait à son peuple le refus catégorique de toute activité imposée par les colons (refus de payer l'impôt en espèces ou en nature, le rejet delà culture de l'arachide au détriment de celle du riz, recrutement/enrôlement pour la guerre) et engageait celui-ci sur le chemin de la résistance.

Nous remarquons cette même bravoure au walo avec Ndatte yalla Mbodj qui était un chef d'Etat, une résistante, une nationaliste, une mère et une éducatrice.

On ne peut aussi oublier les femmes de Nder qui ont refusé le déshonneur, allant jusqu'à s'immoler collectivement dans une case.

Malgré la résistance de certaines d'entre-elles, force est de constater que la femme est considérée dans la société traditionnelle comme une véritable «bête de somme »

C'est-à-dire l'instrument de production majeure, exploité comme tel par les hommes de la famille .C'est ainsi que les femmes n'existaient que par le lignage d'appartenance qu'il s'agissent de leur propre famille ou celle de leur époux, la femme n'était que la fille, la soeur, l'épouse ou la mère de l'homme dominant, c'est d'ailleurs les raisons pour lesquelles les femmes en générales surexploitées au sein de leur propre clan, n'eurent longtemps pas le droit d'aller gagner leur vie.

Des rumeurs "non contrôlées" attribuent cette discrimination envers les femmes à la tradition sénégalaise. Il n'en est rien car la nouvelle version de l'histoire africaine3(*) démontre qu'au 15ème siècle, dans le royaume du Cayor, ce sont des femmes, les lingéér (femme, soeur ou mère du souverain) qui furent les plus grandes bénéficiaires des concession territoriales (apanages). Ce don du souverain leur conférait un titre et la responsabilité d'administrer et de collecter l'impôt sur ces communautés. Pour cette époque, H.Baumann4(*) décrit les tribus africaines où prédominait l'économie de subsistance. L'auteur parle de "division complémentaire du travail", l'homme ayant pour rôle la chasse, la préparation des champs et la protection des membres de la communauté des invasions tribales. Quant à la femme, son rôle consistait à cultiver la terre pour nourrir la famille. Une analyse croisée de Baumann, de Diouf et de la tradition orale permettrait d'affirmer que l'accès à la terre dans la tradition africaine était déterminée à la fois par la hiérarchisation de la société, les rapports de production au niveau du ménage et le système de production. Les femmes ayant accédé aux hautes sphères dans les sociétés traditionnelles du Sénégal, travaillant en complémentarité avec les hommes, rien ne laisse alors supposer qu'elles étaient exclues de l'accès à la terre, à l'exception des sociétés castées où les classes au bas de l'échelle n'avaient pas de droit foncier. L'arrivée des Européens a marqué le déclin de la chasse et la domination coloniale a imposé la paix entre les différentes communautés, d'où la fin des guerres tribales. Dans ce nouveau contexte, la tâche de l'homme se trouva réduite à la seule préparation des champs, d'où l'image du "Lazy African Man"(homme africain paresseux), préjugé transmis par l'histoire coloniale aux générations actuelles. La colonisation agricole va trouver une occupation au "Lazy African Man" en le spécialisant dans les cultures d'exportation (arachide, coton, etc.) qui doivent approvisionner les industries de la métropole.

C'est ainsi qu'a commencé la division sexuelle du travail en Afrique, les hommes tant spécialisés dans les cultures de rente (économie marchande) et les femmes, dans les cultures vivrières (économie non marchande). L'intéressement matériel et l'appétit du gain qui règne dans ces sociétés5(*), ont poussé les hommes à accaparer toutes les terres et à ne plus en affecter aux femmes.

Cette situation est encore d'actualité au Sénégal et "si de manière générale, la femme ne souffre pas d'ostracisme pour son accès à la terre, on ne lui en concède pas souvent la propriété ou même la gestion."6(*) La différence entre le droit et la pratique, ainsi que l'analyse des codes régissant les rapports entre les individus et la terre, expliquent plus en détail les causes de l'éviction et de l'inéligibilité des femmes de l'héritage des terres de leurs parents.

"Le seul problème auquel est confronté la femme est celui del'héritage de la terre, même si elle a servi de courroie de transmission de celle-ci entre générations : la femme en effet, devant rejoindre une autre famille, risque de transférer la terre familiale en d'autres mains---Ainsi, elle n'avait pas toujours le droit d'hériter de la terre. L'homme a tout le temps cherché à maintenir cette dernière dans les liens masculins, ceci tenant au fait qu'il détient en même temps le pouvoir économique et le pouvoir de décision, mais constitue aussi la principale force de travail dans la famille"7(*).

La monétarisation de l'économie sénégalaise a encore rendu plus importante et plus forte la mainmise de l'homme sur les terres. Après trente années d'indépendance et malgré la détérioration des termes de l'échange que connaissent les cultures d'exportation (et la dégradation des sols qui accompagne cette pratique), les autorités publiques hésitent pour des raisons politico électorales à rétablir un équilibre dans cette division coloniale du travail qui, dans le contexte actuel, se fait au détriment de l'économie nationale en général et des femmes en particulier. Il aura fallu les invectives des organisations internationales pour que les Sénégalais (les Africains en général) se rendent compte de l'efficacité et de la créativité féminine et mettent en place des stratégies qui intègrent les préoccupations des femmes.

Malgré l'accroissement des migrations masculines ces 20 dernières années au Sénégal, situation qui rend les femmes de plus en plus responsables de la survie familiale et villageoise, ces dernières ne peuvent prétendre aux champs de leur mari, à l'exception de quelques lopins de terre prêtés par les communautés villageoises ou rurales en quête de voix électorales.

* 3 Voir Diop, C.A. : L'Afrique précoloniale, Paris, Présence Africaine, 1960, sans oublier la tradition orale.

* 4 Baumann, H: "The division of work according to sex in African Hoe culture", in Africa, vol I, 1928.

* 5 Bathily, A, "Aux origines de l'africanisme. Le rôle de l'oeuvre ethno-historique de Faidherbe dans la conquête française du Sénégal", Cahiers de Jussieu, No 2,

Paris 1976, p. 96.

* 6 Samb, M. : "Problèmes de l'accès des groupements de femmes à la terre. Proposition et étude", Dakar, DAT, Ministère de l'Intérieur, juillet 1990.

* 7 Samb, op. Cit.

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"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon