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Politique environnementale et développement durable en Côte d'Ivoire

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par Brou Alexis KOMENAN
Université catholique de l'Afrique de l'ouest- Unité universtaire d'Abidjan ( Côte d'Ivoire) - Maà®trise 2009
  

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CONCLUSION GÉNÉRALE

Au terme de ce périple intellectuel, il apparaît indiqué de caractériser la ligne de la politique environnementale de l'Etat de Côte d'Ivoire, avec ses bases, ses forces et ses faiblesses.

Le système de gestion de l'environnement est intégré dans la vision développementaliste que promeut l'Etat. Cette vision est notamment perceptible et contenue dans le préambule de la loi fondamentale de la Première République, tel que libellé :

« Le peuple de Côte d'Ivoire proclame son attachement aux principes de la Démocratie et des Droits de l'Homme, tels qu'ils ont été définis par la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen de 1789, par la Déclaration Universelle de 1948 et tels qu'ils sont garantis par la présente Constitution. Il affirme sa volonté de coopérer dans la paix et l'amitié avec tous les peuples qui partagent son idéal de justice, de liberté, d'égalité, de fraternité et de solidarité humaine190(*). » En outre l'article 2 alinéa 1er stipule : « La République de Côte d'Ivoire est une et indivisible, laïque, démocratique et sociale. »

Cependant, les dispositions constitutionnelles de la Première République ne posent pas explicitement le caractère basal et fondamental de la terre, de l'environnement comme fondement et condition du développement. Les traits de la politique de l'environnement en Eburnie ne sont donc pas à rechercher dans la Constitution mais dans la pratique adoptée par l'Etat dans le cadre de son action politique et sociale. Cette pratique a développé d'une façon admirable, non sans quelques errements, un cadre de gestion qui manifeste l'intérêt porté par l'Etat à la chose environnementale dans l'ensemble. Cependant, un bond est franchi au plan textuel dans la vision développementaliste ivoirienne sous la Deuxième République, à travers le préambule de la Constitution :

« LE PEUPLE DE COTE D'IVOIRE, (...)

Conscient de sa diversité ethnique, culturelle et religieuse, et désireux de bâtir une nation unie, solidaire et prospère ;

Convaincu que l'union dans le respect de cette diversité assure le progrès économique et le bien-être social ;

Profondément attaché à la légalité constitutionnelle et aux Institutions démocratiques, à la dignité de la personne humaine, aux valeurs culturelles et spirituelles ;

Proclame son adhésion aux droits et libertés tels que définis dans la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme de 1948 et dans la Charte africaine des Droits de l'Homme et des Peuples de 1981...191(*) »

Plus encore l'article 28 énonce : « La protection de l'environnement et la promotion de la qualité de la vie sont un devoir pour la communauté et pour chaque personne physique ou morale. »

Ainsi, la loi fondamentale montre que l'Etat de Côte d'Ivoire possède de sérieux critères pour une vocation écologique, condition sine qua non du développement normal et véritable de ses composantes. La base constitutionnelle montrant d'une façon éloquente le caractère fondamental de l'environnement ainsi que son respect gage du développement souhaité constitue, avec le cadre juridique et institutionnel assez exemplaire adopté en la matière, les forces d'entretien et d'inspiration de la politique environnementale ivoirienne. Malheureusement, celles-ci sont niées par la non-application et le non-respect des textes aussi bien par les pouvoirs publics que par les populations. Où trouver l'origine d'une telle attitude ? Elle est à rechercher dans les structures de la société tant traditionnelle que moderne, bases de la nation. Celles-ci ne perçoivent ni n'intègrent assez parfaitement le caractère responsabilisant et pratique, développementaliste, d'une vision holistique de l'environnement dans leur système. Vision qui prend en compte tous les fondements scientifiques, moraux et spirituels de la terre. Ajouté à cela le contexte politique et économique international qui, d'une façon générale, ignore les principes écologiques, système dans lequel a baigné la Côte d'Ivoire avant sa naissance en tant qu'Etat et dans lequel elle vit depuis192(*).

De ce qui précède, il ressort, comme il a été vu plus haut, que la politique environnementale de l'Etat de Côte d'Ivoire comporte des bases constitutionnelles et juridiques assez solides bien que perfectibles, à même d'asseoir la voie d'un développement durable du pays, mais dont la mise en oeuvre est malheureusement viciée par les insuffisances sociologiques analysées précédemment.

En conséquence, comme éléments de réponse pour un développement raisonné et soutenable de l'Etat, la correction des faiblesses des conceptions culturelles et des structures sociales ivoiriennes ainsi que la réforme des mentalités s'imposent comme une incontestable et pressante nécessité.

Pour y aboutir ; il faudra, au plan structurel, s'atteler d'une part à construire chez les habitants de ce pays une éthique environnementale. En cela, il s'agira d'assumer, d'exploiter, de réveiller dans les mentalités toutes les valeurs culturelles et spirituelles qui conçoivent une harmonie de l'homme avec la nature et toutes ses composantes, avec son cadre de vie. Il faudra d'autre part orienter l'économie ivoirienne vers un modèle écologiquement viable, modèle dont la faisabilité ni l'efficience, largement abordées dans les pages précédentes, ne peut aucunement souffrir d'utopie.

Au plan fonctionnel, les modalités pour établir un système de gestion environnementale inspirateur du développement de l'Etat pourraient se résumer essentiellement dans le tryptique « informer, éduquer, communiquer » appliqué de la plus humble association villageoise aux grandes institutions de la République. De courageuses politiques d'incitation et des investissements environnementalement faisables seront en outre nécessaires pour aider l'Etat à entrer progressivement mais résolument dans une direction économique et politique salutaire.

Ici s'offre pour la Côte d'Ivoire l'occasion d'amorcer, après des années de crise sociopolitique, sa réalisation économique, mais aussi et surtout morale et spirituelle. Il n'y a pas d'autre alternative pour le développement que de bâtir une nation avec pour idéal la paix et l'harmonie entre l'homme ivoirien et tous les éléments de son environnement, de la Nature, et bien entendu avec ses semblables. Il y va de la raison d'être de la nation et de l'exemple à donner à l'humanité souffrante, comme l'affirme expressément l'hymne national193(*). Car la construction d'une nation repose sur le rêve de bonheur, sur la vision d'un avenir heureux à réaliser. Aussi André Malraux dira : « L'esprit donne l'idée d'une nation ; mais ce qui fait sa force sentimentale, c'est la communauté de rêve194(*). »

Pierre Teilhard de Chardin exprime les pensées suivantes dans son ouvrage L'Avenir de l'Homme :

« Jusqu'ici l'Homme avait pratiquement vécu, dans l'ensemble, sans analyser bien loin les conditions de légitimité et de développement requises par son effort. Il agissait au jour le jour,- pour des intérêts plus ou moins proches et limités,- instinctivement, plus que rationnellement. Et voici que, autour de lui, l'atmosphère se fait portante, consistante et chaude (...) Tout s'illumine. Tout se dilate. Tout s'imprègne d'une saveur essentielle d'absolu (...) Réajustement général et irréversible des valeurs de l'existence : de nouveau les deux indices qui (non plus cette fois dans le domaine de la vision, mais sur le terrain de l'action) trahissent notre accession, par delà toutes idéologies et tous systèmes, à un milieu différent et supérieur, à une dimension spirituelle nouvelle.195(*) »

Les populations et les gouvernants de l'Etat de Côte d'Ivoire auront-ils la volonté d'opérer les changements nécessaires à leur développement véritable ? à leur progrès ?

L'Histoire en jugera...

* 190 Constitution de la République de Côte d'Ivoire du 3 novembre 1960.

* 191 Constitution de la République de Côte d'Ivoire du 1er août 2000.

* 192 Voir en particulier les paragraphes intitulés « La primauté de l'écologie sur l'économie », p. 19-23, et « Le cadre sociologique » (p. 43-47) de la première partie, ainsi que la section 1 (p. 50-58) du chapitre premier de la deuxième partie.

* 193 L'hymne national dit : « Notre devoir sera d'être un modèle de l'espérance promise à l'humanité en forgeant unis dans la foi nouvelle la patrie de la vraie fraternité. »

* 194 André MALRAUX, La Tentation de l'Occident, 1926, cité par Georges BURDEAU dans l'article « Nation », in Encyclopædia Universalis, 1982, vol. 11, p. 565.

* 195 L'Avenir de l'Homme, op. cit., p.73.

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"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit"   Aristote