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Etude systémique du bassin versant de la rivière N'Djili à  Kinshasa

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par Joseph- Dieudonné Dr LUBOYA KASONGO MUTEBA
Ecole régionale post- universitaire d'aménagement et gestion intégrés des forêts et territoires tropicaux - Présenté en vue de l'obtention du diplôme d'études supérieures spécialisées en aménagement et gestion intégrés des forêts et territoires tropicaux 2002
  

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5.2. CONCLUSION

Le bassin versant de la rivière N'Djili est un système complexe comprenant deux parties distinctes : la partie rurale ou provinciale située dans la province du Bas-Congo possèdant encore une certaine couverture végétale naturelle et le sous -système urbain à Kinshasa presque totalement déboisé qui continue à subir une pression anthropique très forte due à l'occupation systématique de tous les espaces disponibles. On observe dans cette zone une situation caractérisée par la promiscuité l'enclavement les logements précaires l'absence déquipements collectifs et d'infrastructures de base essentiels et la dégradation contine de lenvironnement que rien ne semble freiner. L'ensemble de ces facteurs associés à la pauvreté extrême et aux contraintes éco-climatiques créent un environnement extrêmement vunérables vis-à-vis des aléas naturels.

L'approche systémique s'est révélée indispensable pour l'étude d un systeme aussi complexe. Pour une meilleure efficacité elle a été enrichie par l'emploi des méthodes spécifiques appropriées notamment l'étude documentaire l'analyse des échantillons d'eau au laboratoire au point de vue physico-chimique bactériologique et parasitologique les observations directes sur le terrain soutenus par de nombreuses visites de prospection sur l'ensemble de la partie urbaine du bassin versant et enfin l'élaboration de la cartographie numérique participative qui est l'expression graphique du zonage et de l'application de la méthode systémique.

L'analyse des échantillons d'eau de la rivière N'Djili a été effectuée conformément aux méthodes utilisées au laboratoire de l'Ecole de Santé Publique de l'Université de Kinshasa (Kiyombo 1996) telles que préconisées par divers auteurs (Rodier 1982; HACH, 1983 et Bontoux, 1984). Les résultats obtenus indiquent une pollution de nature biologique, organique et fécale. Ils confirment les résultats des recherches menées antérieurement par Luboya (1997 et 1999), et Golama et Lohaka (1999). D'autres chercheurs travaillant sur la rivière Lukaya, un affluent important de la rivière N'Djili, ont abouti aux mêmes conclusions (Konde, 1993 et Kiyombo et al., 1996).

Les observations directes réalisées sur le terrain au cours de nombreuses visites de prospection portant sur l'ensemble du bassin versant ont permis de recueillir beaucoup de données de terrain à partir des quelles des cartes géographiques spécifiques ont été réalisées grâce aux méthodes et tecniques de cartographie classique et de cartographie numérique participative. La carte numérique numérique donne les indications suivantes:

1. L'ensemble des éléments appartenant au sous-système urbain du bassin versant de la rivière N'Djili notamment les nombreux cours d'eau et l'habitat (communes et quartiers);

2. Les diverses dégradations de l'environnement et leurs localisations précises;

3. Les zonesq à risques des catastrophes naturelles.

La représentation graphique des données a permis d'établir de façon indubitable les liens existant entre les divers types de dégradations du site, les mauvaises conditions de l'environnement et la pollution des eaux et de mettre en évidence l'extrême complexité de la situation.

A la lumière des résultats obtenus, on peut dire que la partie urbaine du bassin versant de la rivière N'Djili est confrontée à une crise écologique et environnementale d'origine anthropique particulièrement aiguë qui s'est installée de manière permanente. Il en est de même de Kinshasa, citée par Giacoutino (1977) parmi les villes tropicales « champignons ». Le bassin de la N'Djili subit la loi inexorable de l'entropie et se trouve en dégradation préoccupante et constante par suite des actions humaines. Dans les zones d'extension appelées également ZAC ou Zones d'auto construction par Pain (1975), la population, très pauvre, vit dans des conditions humainement inacceptables. Elle est victime d'une violation massive des droits humains fondamentaux dans les domaines social, environnemental et du développement. C'est donc un site à haut risque qui met en péril la santé et la vie et ne permet pas l'épanouissement complet et le bien-être des hommes. Les effets des actions humaines sur le bassin versant de la rivière N'Djili sont extrêmement graves.

Ainsi, l'audit environnemental dans le bassin versant de la rivière N'Djili présente un tableau dramatique et très sombre caractérisé par :

1. Une pollution excessive des eaux de surface de nature biologique, organique et fécale  associée dans la partie terminale de la rivière N'Djili à une pollution industrielle localisée surtout au niveau des quartiers Ndanu et Kingabwa dans la commune de Limete;

2. Un approvisionnement en eau potable très déficient qui conduit la population à s'approvisionner dans les rivières et les sources non ou mal aménagées ;

3. L'absence de gestion rationnelle des déchets : d'où l'émergence de nombreux dépotoirs sauvages dans des lieux non appropriés notamment les rues, les marchés, les écoles, les croisements des rues et avenues et transformation des rivières en poubelles publiques et égouts à ciel ouvert .

4. La recrudescence et exacerbation des maladies vectorielles (malaria et trypanosomiase) et celles d'origine hydrique et réveil des maladies jadis éradiquées ou en sommeil ;

5. La détérioration de la qualité de la vie due à la pauvreté absolue des populations provoque une grave polarisation sociale : concentration des pauvres et des autres couches sociales défavorisées, exclus de la vie de la cité,  dans les zones marginales. La pauvreté extrême dans laquelle vit la grande majorité de la population dans le bassin versant de la rivière N'Djili constitue un facteur important de vulnérabilité. Comme l'indique Wilches - chaux (1985), la vulnérabilité aux catastrophes est liée à la pauvreté et le pauvre est à la fois agent et victime des dégradations de l'environnement (Banque Mondiale, 1992)

6. Une crise aiguë de logement due à de grandes distorsions entre d'une part une croissance démographique explosive, l'extension incontrôlée de l'espace bâti et d'autre part, la pauvreté absolue dans laquelle se débat la majorité de la population, le taux exorbitant du loyer, le coût important de la construction ;

7. L'occupation systématique de tout espace disponible par des constructions pour les logements ;

8. La destruction systématique de la forêt et de toute végétation ;

9. L'Intensification de la consommation de l'espace, sans planification préalable, et de l'utilisation des terres aux fins de construction entraînant l'occupation anarchique des zones marginales et à risque (zones inondables et zones collinaires à forte pente) sur un terrain sablo - argileux  et fragile;

10. Des érosions spectaculaires dans les zones collinaires à forte pente : à cet égard, la commune de Kisenso, siège d'une activité érosive intense, présente près de 39 érosions majeures dont vingt-et-un, spécialement étudiée, ont entraîné la perte d'environ 9 097 635,3 tonnes des matériaux du sol arrachés aux collines et emportées vers le bas-fonds par les eaux de ruissellement. Les érosions  constituent le plus grave problème mésologique de l'Afrique et spécialement pour ce site (Kabala, 1994);

11. De graves inondations observées régulièrement dans les zones basses en saison des pluies. Les quartiers suivants sont chaque année affligés par cette calamité : Nzadi, Kingabwa et Ndanu (commune de Limete), Malemba et Maziba (commune de Matete), Dingi-Dingi, Nsola et Kisenso-Gare (commune de Kisenso), Lemba-Imbu (commune de Mont-Ngafula) et quartier Abattoir (commune de Masina) ;

12. L'ensablement et inondations dans les quartiers situés à l'interface Kisenso-Matete notamment les quartiers Totaka, Lubefu, Vivi, Dondo et Général Basuki dans la commune de Matete : près de 1 684 278,5 tonnes de sables provenant des quartiers Révolution, Gomba et Regideso (commune de Kisenso) s'y sont déjà déversés entraînant d'importants dégâts matériels, l'ensevelissement des maisons et des pertes en vies humaines ;

13. La diminution de débit, envasement, exhaussement et étalement des lits des rivières par suite d'une charge solide importante provenant des matériaux arrachés aux collines par les érosions et des divers déchets déversés dans les cours d'eau ou amenés par le ruissellement entraînant l'augmentation des pointes de crues et l'accroissement des risques d'inondations.

14. Sur le plan juridique, comme l'ont constaté Caponera (1985) et Conac et al (1985) dans le domaine de la gestion des eaux, les lois et règlements sont promulgués pour répondre à des situations de fait sans préoccupation pour les intérêts globaux et les besoins futurs du pays. Il s'agit d'un ensemble des décisions hétérogènes dans divers domaines, agricoles, industriel, domestique, et énergétique prises de manière ponctuelle. Il n'y a pas d'harmonisation entre les projets à finalités différentes ni une bonne coordination entre les autorités différentes chargées de les préparer et les exécuter. Les observations de ces auteurs demeurent valables en matière d'environnement en général et d'aménagement dans notre pays. L'absence d'un plan d'aménagement opérationnel complique davantage la situation et ne permet pas une gestion rationnelle et durable du bassin versant de la rivière N'Djili.

Cette situation trouve son origine dans l'absence de gestion rationnelle de l'espace aggravé par la pauvreté absolue de la population et l'inexistence d'un plan d'aménagement intégré, le non-respect et la violation systématique de la législation et des textes réglementaires en matières foncières et urbanistiques. Dans ces conditions, on peut donc dire que ce n'est pas seulement « la qualité de la vie » mais c'est « la vie » elle - même qui est compromise

En fait, comme le constatent Barre et Theys (1985), ce sont les titulaires des bas revenus qui sont affectés par la mauvaise qualité de l'environnement. En effet, les catégories sociales les plus défavorisées cumulent des conditions pénibles de travail, des logements exigus, bruyants et sans confort, la proximité des voies rapides et des zones industrielles, des distances habitat - travail importantes, un manque total d'équipements collectifs notamment l'absence de terrains de jeux, d'espaces verts...Au niveau du bassin versant de la rivière N'Djili, la demande sociale en environnement de qualité se traduit par la recherche des logements salubres, spacieux, calmes et sûrs ; la sécurisation de l'habitat contre les catastrophes naturelles, la création des espaces verts de proximité, des sites et des plans d'eau de loisirs, l'amélioration des conditions de travail et la création d'emplois rémunérés pour lutter contre le chômage, la sécurité alimentaire pour tous et un approvisionnement suffisant en eau potable ainsi que la lutte contre la pauvreté.

Sur le terrain, de nombreuses organisations non gouvernementales (ONG) nationales et internationales s'efforcent d'atténuer et de combattre les effets néfastes des catastrophes naturelles par des interventions humanitaires sous forme de secours d'urgence chaque fois qu'une catastrophe se produit (assistance en nourriture, médicaments, eau potable et en divers non vivres). Cependant, ces interventions tout en étant utiles et louables demeurent néanmoins inefficaces et sans impacts réels sur le terrain en raison de leur caractère purement sectoriel ne prenant en considération que les dimensions relatives à l'alimentation et à la santé sans tenir compte des questions liées à l'aménagement du territoire et au bien-être complet des populations victimes. Elles se caractérisent, en outre, par la dispersion des efforts, le manque de coordination et de planification et l'absence d'une vision globale à moyen et long terme.

La population prend progressivement conscience de la dangerosité de la situation et se mobilise pour lutter contre ces dégradations de l'environnement et les calamités qui en résultent en créant des associations, des syndicats d'initiatives et parfois des regroupements momentanés. Mais sans moyens conséquents ni expertise éprouvée dans un domaine aussi complexe, leurs actions revêtent un caractère dérisoire. L'Etat doit créer des conditions pour la jouissance pleine et entière de tous les droits humains fondamentaux: seul l'Etat peut mobiliser des ressources matérielles, financières et humaines suffisantes pour assurer l'amélioration des conditions de vie, la réhabilitation et l'amélioration de la qualité de l'environnement global ainsi que l'assainissement du milieu. Des efforts énergiques et planifiés sur le court, moyen et long terme avec la participation consciente et active de la population sont indispensables pour l'édification d'un environnement de qualité pouvant répondre aux besoins essentiels des hommes et capables de favoriser l'épanouissement des individus et des collectivités ainsi que l'harmonie entre les groupes sociaux (Maldague et al, 1997).

Pour assurer à tous une meilleure qualité de la vie, les droits à jouir d'une meilleure prise en charge des catastrophes par la collectivité avec l'aide de la communauté internationale, les droits à un environnement sain et au développement doivent être garantis pour tous sans discrimination. Selon la Commission des droits de l'Homme des Nations - Unies citée par Vichninc (1981), le droit au développement comprend « le droit à la vie, le droit à un niveau minimal d'alimentation, d'habillement, de logement et des soins médicaux, le droit à un minimum de sécurité et à l'inviolabilité de la personne, le droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion et le droit à la participation, condition essentielle à la jouissance de tous les autres droits. Il faut un développement qui respecte l'Homme et sa culture et qui vise la satisfaction de ses besoins essentiels. De plus, le droit à un environnement sain est un élément important de la qualité de la vie. En effet, comme le disent Kabala et Maldague (1993), il n'y a pas de développement humain et durable sans environnement de qualité. En République Démocratique du Congo, on croit à tort que les Droits de l'Homme sont liés uniquement aux libertés civiles et politiques ; on ne pense généralement pas aux autres Droits notamment au Droit à un environnement sain et au droit au développement.

En effet, le développement est un processus par lequel les individus et les sociétés se dotent de la capacité de satisfaire leurs propres besoins et d'améliorer leur qualité de vie (Durning, 1989); d'autres estiment que c'est la modification de la biosphère et l'emploi des ressources humaines, financières, vivantes et non vivantes, pour satisfaire aux besoins des hommes et améliorer la qualité de leur vie (UICN, 1980). Pour la Banque mondiale (1992), « qui dit développement, dit forcément amélioration des conditions de vie des populations ». Dans tous les cas, deux éléments principaux doivent être retenus : la satisfaction des besoins essentiels des hommes et l'amélioration de la qualité de la vie. Un tel développement doit être compatible et en équilibre avec les exigences d'un environnement écologiquement sain pour être durable et être réellement bénéfique pour l'homme. La République Démocratique du Congo doit s'orienter vers une société plus humaine où l'homme, jouissant de tous ses droits fondamentaux, trouve toutes les conditions propices à son développement et à son bien - être ainsi qu'à ceux de sa famille. Tels sont les défis à relever pour un aménagement rationnel et l'amélioration de la qualité de vie des populations dans le bassin versant de la rivière N'Djili.

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"Piètre disciple, qui ne surpasse pas son maitre !"   Léonard de Vinci