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Le déni de grossesse: revue de littérature ; essai de réflexion sur la prise en charge de patientes en déni.

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par Laure SAINTE-ROSE FANCHINE
Université de Nice Sophia Antipolis IAE - Diplôme d'état de sage-femme 2012
  

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1.2 L'IMAGE DU CORPS, UN CHEMINEMENT EN TROIS TEMPS

S. Marinopoulos, suite à ses nombreuses observations en maternité, a présenté la grossesse psychique comme rythmée en trois parties, que l'on peut relier chacune à un trimestre. [25]

1.2.1 Premier trimestre : « l'état d'être enceinte »

Dans ce premier temps, il n'est pas encore question de l'attente d'un enfant, mais plus d'un « état d'être ». La femme enceinte, dans cette absence de manifestations physiques de celui qui grandit en elle, n'élabore pas de représentation de cet enfant. C'est avant tout son corps psychique qui est chamboulé par l'idée devenue réalité de la grossesse : elle la pousse à revenir sur son propre vécu de l'enfance et de la relation aux parents et à la famille. Cette introspection réactualise de nombreux souvenirs paisibles ou moins heureux, et ce retour aux liens familiaux passés pose des questions laissées en suspens, réveille des conflits infantiles parfois douloureux. La notion d'ambivalence est par là même très présente, oscillant entre désir et peur : si les sentiments plus ou moins conscients d'amour sont bien acceptés, l'hostilité envers le foetus étranger, source d'angoisse, est inavouable et refoulée dans l'inconscient. Cette ambivalence entre acceptation et non acceptation de la grossesse est nécessaire et transitoire : la grossesse est synonyme d'un changement radical de statut tant psychique que social. Toute femme est confrontée à des expériences d'angoisse parfois dépersonnalisante, mais celles-ci doivent rester passagères pour s'avérer structurantes. [13]

Université Nice Sophia Antipolis - École de Sages-femmes de Nice page 12/89

Ainsi concentrée sur les images du passé, la femme enceinte traverse donc une phase d'adaptation au futur enfant. Sorte de nidation psychique maternelle, ce processus la conduit à l'acceptation de sa grossesse et lui permet de se projeter dans une relation mère-enfant, non plus en tant que fille, mais bien en tant que parent.

Au cours de cette période d'ambivalence et de vulnérabilité, la femme exécute une véritable marche vers le « devenir-mère », dans un sens purement symbolique. [24]

1.2.2 Deuxième Trimestre : « l'attente d'un enfant »

Ce deuxième temps voit dans la grande majorité des cas la femme pleinement consciente de sa grossesse, état qu'elle a accepté consciemment et inconsciemment. Les « petits maux » et autres signes sympathiques ont pour la plupart disparu, souvent à la perception des mouvements foetaux : elle éprouve un étonnant bien-être physique, sensation de plénitude qui durera quelques semaines à quelques mois. Les modifications corporelles sont cependant franches, enfin révélatrices : elles permettent désormais une représentation de l'enfant, influencée également par le biais des interactions, des fantasmes et rêveries maternels. Ces moments sont synonymes d'une grande ambivalence chez les parents : pour certains, l'attente chargée d'impatience et de plaisir prédomine, chez d'autres la crainte de découvrir un être qui ne répond pas à leurs espérances est telle que seule l'image échographique leur permettra d'imaginer l'enfant avec sérénité.

Nourri par l'exploration échographique et les examens médicaux, le bébé virtuel fait son apparition, en lien étroit avec le bébé réel, « niché au creux du corps de sa mère » [22], invisible et muet, mais expressif et bien présent dès les premiers mouvements foetaux perçus.

Comme l'a décrit le psychanalyste Serge Lebovici cité par Cécile Grangirard dans son mémoire [13], on assiste à l'émergence de trois facettes du même enfant dans le psychisme parental :

? L'enfant imaginaire, « enfant rêvé » par ses parents qui lui ont déjà trouvé un prénom, préféré un sexe, imaginé telle ou telle ressemblance avec l'un

Université Nice Sophia Antipolis - École de Sages-femmes de Nice page 13/89

d'entre eux. Il est le fruit du désir conscient de la grossesse, et s'inscrit en finalité dans la lignée familiale.

? L'enfant fantasmatique, qui lui émerge et demeure dans l'inconscient de chaque parent. Il prend vie à travers leur histoire individuelle et fait écho aux racines infantiles du désir d'enfant, réactivant transitoirement le complexe oedipien.

? L'enfant mythique, qui est un reflet culturel et médiatique propre aux parents. La culture mais aussi les mythes et idéaux familiaux modèlent cette représentation de l'enfant à naître et, plus tard, influenceront son éducation.

Ce deuxième trimestre, marqué d'un véritable processus d'anticipation de l'enfant à naître, est donc d'une importance certaine. Les représentations qu'il apporte préparent la mère mais aussi le couple à accueillir l'enfant dans le cercle familial et dans les meilleures conditions possibles.

Cette importance est davantage mise en lumière lors de grossesses marquées par une annonce de suspicion d'handicap, infirmée par la suite. Une telle rupture dans le lien imaginaire et fantasmatique traduit chez les parents un mécanisme de protection face à une éventuelle mauvaise nouvelle, voire à une pathologie pouvant nécessiter le recours à une IMG. Une fois le danger écarté, la rupture plus ou moins consciente persiste : le foetus, bien que normal, « a failli la confiance accordée » en décevant les espoirs de ses parents ; il perd à leurs yeux son statut de fils ou fille potentiel. Un clivage s'opère, et l'enfant réel se développe hors de la rêverie de ses parents ; chez la mère une telle effraction dans sa fantasmatique provoque un état de sidération, qui peut empêcher par la suite la mise en place d'une préoccupation maternelle primaire efficace.

C'est en finalité le lien à l'enfant réel qui en souffrira plus tard, avec des parents qui généralement sont en demande de soins psychiques en raison d'une relation difficile avec l'enfant. [25]

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