WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Gratuité de l'enseignement primaire et qualité des apprentissages au Cameroun: une perception des enseignants et des parents.

( Télécharger le fichier original )
par Emile MESSI
Université de Yaoundé 1 - Diplôme d'études approfondies 2010
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

II.2.3. Les travaux connexes sur l'éducation

Plusieurs travaux en rapport avec la gratuité de la scolarisation ou la qualité de l'éducation ont été effectués par d'autres auteurs contemporains. Nous présentons ici ceux d'Ivan Illich, de Mvesso, Lessard et Meirieu et de Fonkoua.

Dans son oeuvre Une société sans école, Ivan Illich (1971) décrit le rôle néfaste de l'école dans la société. Selon cet auteur, l'institution école est le vecteur des plus grands maux dont souffre la société d'aujourd'hui. Ces maux sont la concurrence déloyale, l'aliénation et la dépersonnalisation de l'homme. Dans l'un des paragraphes de son livre intitulé « La phénoménologie de l'école » (1971 : 1), il présente l'école tour à tour comme le jeu rituel de la religion du monde nouveau, le mythe des valeurs conditionnées ou le mythe du progrès éternel.

En effet, l'école est la plus grande industrie qui soit. Elle fabrique des produits qu'elle emballe et les vend obligatoirement aux consommateurs que sont les élèves sans leur avis. Il souligne que les programmes scolaires sont comme des drogues. Vous n'avez qu'à goûter le premier paquet en suivant le mode d'emploi qui se termine par l'injonction de passer au suivant. C'est une vraie religion qui a ses mythes et ses mystères.

Illich propose l'abolition pure et simple du système école. Il propose ce qu'il appelle

« les réseaux du savoir». Dans sa thèse, il déclare que : « si l'on veut cesser de dépendre des écoles, ce n'est pas en envahissant les ressources dans un nouveau système destiné à faire apprendre que l'on y parviendra. Ce qu'il faut plutôt faire, c'est créer de nouveaux rapports entre l'homme et ce qui l'entoure, qui soit source d'éducation ».

Il est clair que l'auteur pose les bases des nouveaux canaux d'éducation dont les caractéristiques sont les suivantes :

- Donner accès à tous aux ressources existantes et ce, à n'importe quelle époque de leur existence ;

- Permettre au porteur d'idées nouvelles et à ceux qui veulent affronter l'opinion publique de se faire entendre.

Le monde que façonne Illich dans son oeuvre nous semble chimérique. Ses idées sont celles d'un révolutionnaire utopiste et anarchiste. Si nous convenons avec l'auteur que les programmes scolaires ne cadrent pas très souvent avec les réalités de l'environnement, force est de reconnaître qu'une société « sans école » dans notre temps, où une éducation se passerait dans les fameux réseaux, on ne sait sur quelle base, est inimaginable dans la forme et dans le fond.

Mvesso n'est pas du même avis qu'Illich. Il pense que l'école doit garder sa place dans la société malgré tout.

Dans son oeuvre, L'école malgré tout, Mvesso (1998) présente un tableau pas très reluisant de l'école en Afrique. L'école à l'aube de son entrée en Afrique avait pour mission avouée la civilisation des peuples primitifs. Mais derrière cette façade, l'école était aussi un puissant instrument de conquête et de domestication des peuples colonisés. Elle a contribué à détruire les cultures africaines et à dépersonnaliser ses populations.

En effet, les politiques africaines ont mis au point l'école du « comment », qui est la copie conforme du modèle laissé par le colonisateur. C'est l'univers de l'éducation de surface, où les individus labellisés sortent de l'usine école sans « arêtes » personnelles.

L'auteur propose que l'on substitue cette école du « comment » par une école du « pourquoi » si l'Afrique veut donner un sens à son histoire. Ce sens se situe à l'interface de deux exigences qu'il faut impérativement concilier à savoir, la revalorisation des cultures africaines authentiques et l'ouverture à la modernité. Repenser l'école africaine, c'est répondre à la question du pourquoi l'école ? Et la seule réponse possible est « retrouver la dignité perdue, prendre la place à part entière dans le concert des Nations ».

Cependant, même si l'analyse et la perception de l'école en Afrique de Mvesso sont pertinentes, elles restent néanmoins abstraites, philosophiques, il n'y a pas de propositions concrètes sur le plan pédagogique, sur les programmes et leurs contenus, ceci tenant compte des cultures africaines. Lessard et Meirieu vont approfondir la réflexion.

Dans leur ouvrage, L'obligation des résultats en éducation, Lessard et Meirieu (2005) présentent la nécessité d'une réforme en profondeur du système scolaire. Meirieu dans son article « l'école entre la pression consumériste et l'irresponsabilité sociale » nous décrit l'école comme un vaste marché où tout le monde trouve son compte. Il dit à propos, « le marché scolaire est déjà là. C'est par exemple le marché de construction scolaire, celui des manuels scolaires, du soutien scolaire. C'est aussi le marché des filières, des langues, des établissements scolaires ... marché dans lequel les enseignants se trouvent particulièrement à l'aise quand il s'agit des intérêts de leurs progénitures ». Devant cette situation, les parents exercent une pression sur l'école en terme de résultats de leurs enfants ils exigent les bons résultats. L'auteur souligne que « la pression consumériste amène à céder à l'inquiétude des parents, pour fournir toujours ce que les parents demandent ».

Après avoir fait l'autopsie des maux qui minent l'école, Meirieu arrive à distinguer « l'école service » de « l'école institution »

En effet, l'école service « c'est l'école telle qu'elle a été fondée dans le prolongement de la demande familiale ».

Historiquement, l'école service est née avant l'école institution. L'école était au service des parents qui voulaient en faire un outil pour la promotion de leurs enfants. A l'opposé, « l'école institution » a été proclamée par Jules Ferry (1881) qui affirme que « Seule l'école a le droit d'éduquer », dans ce sens que l'école c'est la raison et la famille c'est la superstition et la religion. Par conséquent, l'école ne peut pas être un service dans la société et que sa qualité ne peut pas être jugée à la satisfaction des usagers. Ainsi, la qualité d'une école ne saurait se mesurer à la satisfaction des élèves et des parents, « mais à sa capacité à promouvoir les valeurs qu'elle affiche et qu'elle cherche à incarner ». Tout comme la qualité d'une justice ne se mesure pas à la satisfaction des justiciables, ou la qualité d'une armée à la satisfaction des militaires, l'école ne saurait être à la satisfaction des parents.

L'école reste un bien commun pour Meirieu. Pour cela, il faut résister à la montée de « l'école marché » du primaire au supérieur. Pour y parvenir, il propose une pédagogie « du monde commun » fondée sur dix principes :

1. Contre une pédagogie bancaire, promouvoir une pédagogie du sens c'est-à-dire une pédagogie qui s'attache à dégager des savoirs qui font sens pour les élèves et non pas simplement qui sont utiles pour celui qui les approprie ;

2. Contre une pédagogie du produit, développer une pédagogie de processus ;

3. Contre une pédagogie des règlements arbitraires, pour une pédagogie de la construction de la loi ;

4. Contre une pédagogie de la sujétion, pour une pédagogie de la construction progressive de l'objet ;

5. Contre une pédagogie de rapport de force parents- professeurs et pour une pédagogie de la complémentarité des rôles : les parents c'est la filiation ; l'école c'est l'instruction ;

6. Contre une pédagogie des parents usagers et pour une pédagogie des parents citoyens ;

7. Contre une pédagogie de la concurrence et pour une pédagogie du recours ;

8. Contre une pédagogie du palmarès, pour une pédagogie de l'évolution plurielle et négociée ;

9. Contre une pédagogie libérale, pour une pédagogie de qualité.

10. Contre une pédagogie de l'isolement dans le confort et pour une pédagogie de la solidarité active ;

Au demeurant, les travaux de Meirieu interpellent tous les acteurs à une réflexion et un dialogue entre les décideurs, les praticiens et chercheurs autour d'un des enjeux les plus importants de l'éducation actuelle à savoir l'obligation des résultats.

Lessard et Meirieu se sont intéressés aux système éducatifs de l'occident et particulièrement de la France, qu'en est-il de l'Afrique ? Pierre Fonkoua prend position.

Dans une publication récente, Fonkoua (2006), dans quels futurs pour l'éducation en Afrique ? fait une autopsie sans complaisance de la crise de l'éducation en Afrique, crise marquée du sceau des vicissitudes et des conjonctures historiques tels que l'esclavage, la colonisation et le néocolonialisme, l'auteur aboutit au constat que la domination des puissances européennes a entraîné le découpage arbitraire des états nations de l'Afrique. La religion et les langues occidentales ont également participé à l'émiettement du continent. Dans cette situation de misère permanente, l'auteur se demande bien « quelle politique d'éducation pour l'Afrique ? » Il suggère un ensemble de propositions stratégiques.

Il préconise d'abord que les décideurs tiennent en compte des spécificités de l'Afrique qui se trouvent dans la diversité culturelle, ethnique et linguistique. La réforme des programmes scolaires devra donc tenir compte de cette diversité pour aboutir à une éducation multiethnique gage du progrès et de la cohésion sociale. Il précise à cet effet qu' « il est urgent que chaque pays africain mette sur pied une politique d'éducation à la pluriethnicité pouvant poser les fondations d'une éducation durable pour une Afrique unie » (2006 : 39). Fonkoua insiste sur la nécessité d'une « veuille prospective en matière d'éducation ». Il s'agit d'avoir une vision futuriste pour mieux anticiper sur les événements. Il préconise également une planification stratégique des systèmes éducatifs africains pour y arriver. La décentralisation du système éducatif est incontournable dans la mesure où elle permet de prendre en compte tous les acteurs de l'éducation dans la formulation des politiques éducatives dans ce sens qu'elle permet et garantit la « rationalité, l'efficacité, la concurrence saine » (2006 : 73).

Par ailleurs, les Etats devront mobiliser les ressources humaines et financières importantes ? Ces ressources permettent de former des cadres ou spécialistes en éducation, la formation des enseignants et leur gestion doivent être efficaces. Un meilleur traitement des Enseignants doit stimuler ces derniers à améliorer le rendement. Une gestion et une planification des établissements doivent permettre un bon quadrillage des dépenses. L'accès aux nouvelles technologies de l'information et la communication doit être vulgarisé en vue de favoriser des formations à distance. Une refonte des contenus des programmes doit tenir compte de l'éducation à l'environnement pour aboutir à une éducation de qualité gage de la formation réussie des africains.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Ceux qui rêvent de jour ont conscience de bien des choses qui échappent à ceux qui rêvent de nuit"   Edgar Allan Poe