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Analyse des indicateurs de l'insécurité alimentaire et stratégies paysannes d'adaptation dans la commune rurale de Dogonkiria (département de Dogondoutchi)au Niger.

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par Sanoussi YAGI
Université Abdou Moumouni de Niamey Niger - Diplôme d'études approfondies en géographie 2012
  

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Première partie : Cadre théorique et la zone d'étude

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Chapitre I : Cadre théorique

Ce chapitre retrace la problématique de recherche, les objectifs, les hypothèses et la revue de la littérature.

1.1 : Problématique

« Depuis la fin des années 1960, le Sahel connait une crise climatique caractérisée par un déficit pluviométrique persistant avec quelques années à pluviométrie normale ou excédentaire » (Ouédrago, et al. 2010). A l'instar des autres pays du Sahel, le Niger n'échappe pas malheureusement à cette perturbation du régime pluviométrique. En effet, la variabilité spatio-temporelle des précipitations au Niger et leurs caractères incertains, imprévisibles et irréguliers se sont traduits par de profondes modifications dans les pratiques paysannes. Ces modifications combinées à la dégradation des terres, à la fragilité des systèmes agricoles et à la pauvreté ont eu des incidences sur les écosystèmes agricoles. Ce qui a provoqué la chute des rendements moyens et le déficit des productions agricoles entrainant les populations rurales dans une situation d'insécurité alimentaire, jadis conjoncturelle devenue aujourd'hui chronique.

La commune rurale de Dogonkiria, qui se localise dans l'extrême Nord du département de Dogondoutchi, n'a pas été épargnée de cette situation. En effet, cette zone, la plus désertique du département, avec une moyenne pluviométrique annuelle variant de 250 à 450 mm (DDDA, 2008) est caractérisée par une faible pluviométrie, la dégradation et la pauvreté des sols, le manque de dynamisme des producteurs (qui s'exprime par une faible diversification des espèces cultivées) et un faible investissement dans les facteurs de production. A cela s'ajoutent une faible pratique des cultures de rentes, une faible présence des ONG et Projets opérant dans la zone et la faible présence des réserves hydriques. Tous ces facteurs concourent à maintenir la population de cette zone dans ce joug d'insécurité alimentaire. En effet, depuis la fin des années 80, la commune rurale de Dogonkiria est confrontée à une récurrence de l'insécurité alimentaire et qui s'est accentuée à partir des années 90. L'insécurité alimentaire étant l'incapacité d'une personne, d'un ménage ou d'une communauté à se procurer ou accéder en quantité et/ou en qualité à une nourriture saine et socialement acceptable pour mener une vie active normale, peut être due à la pénurie d'aliments, à un pouvoir d'achat insuffisant, à une répartition ou une utilisation inadaptée des aliments (RNDH, 2009). Comment les paysans perçoivent et interprètent cette question d'insécurité alimentaire?

La vulnérabilité des populations de cette zone fait qu'au moindre choc, elles sont affectées par une crise alimentaire. En effet, de 1990 à 2010, elles ont fait face à sept (7) crises alimentaires en l'espace de 20 ans: 1991, 1994, 1998, 2001, 2005, 2008 et 2010 (DNPGCA, 2007 et INS, SAP, 2008). L'analyse de ces données montre que la commune est exposée au risque alimentaire fréquentiel tous les trois (3) ans. Si les causes de l'insécurité alimentaire sont plus ou moins identiques à l'échelle nationale, leurs manifestation et sévérité sont au contraire variables en fonction des capacités financières, techniques et organisationnelles des groupes considérés. Elles sont donc variables d'une zone géographique à une autre, d'une commune à une autre et d'un village à un autre. Dès lors, les paysans intègrent-ils la problématique de l'insécurité alimentaire dans leurs activités quotidiennes?

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La conjonction des facteurs physiques et socio-économiques délimitant l'étendue des pratiques agricoles ont eu des impacts négatifs sur les productions agricoles et ont entrainé les populations dans une grande précarité. En effet, le croit net fortement négatif des exploitations observé depuis quelques temps, qui entraine une forte décapitalisation de l'exploitation, accentue la fragilité des ménages et soulève la question de l'adaptation. Quelles sont les stratégies mises en oeuvre par les paysans face à l'insécurité alimentaire? Ces stratégies se définissent comme étant l'ensemble des mécanismes (préventifs et/ou curatifs) déployés par les paysans pour atténuer les effets de la crise. En effet, selon les expériences paysannes, les stratégies les plus courantes sont celles de survie : la consommation de certaines espèces végétales sauvages (feuilles, fleurs, graines), la diminution de la nourriture en quantité et en qualité ainsi que sa non diversification, la vente des biens de production, l'endettement, la fouille des fourmilières et des aires de battage des céréales, l'exode inhabituel, etc. Cependant, il est d'une grande importance d'analyser ces stratégies et leur impact sur les risques à l'érosion et à l'ébranlement des moyens de subsistance. En effet, en milieu rural, les populations assurent l'essentiel de leurs besoins alimentaires à travers les productions agricoles locales. Or, les récentes crises alimentaires répétitives qui imposent aux paysans des comportements se traduisant parfois par la vente du capital productif et au cas extrême à se passer des services sanitaires, entrainent les populations dans un cercle vicieux du déséquilibre alimentaire quasi-permanent. Car lorsque, le paysan ne dispose pas ou perd son potentiel productif, l'insécurité alimentaire devient pour lui la règle. C'est pourquoi, il est important d'engager des réflexions sur le suivi des paysans en période de crise alimentaire. Il ne s'agit nullement pour nous de faire oeuvre originale (car de nombreux travaux existent) ou d'aborder les multiples aspects d'un phénomène aussi complexe et multidimensionnel qu'est l'insécurité alimentaire. Il s'agit de contribuer à mieux comprendre la question à travers ses principaux indicateurs et les comportements paysans face à ce phénomène à l'échelle communale et des ménages.

La problématique de l'insécurité alimentaire a fait l'objet de plusieurs approches (physique et socio-économique) au Niger. Les approches physiques (Care International, FEWS-NET, etc.) mettent l'accent sur la prédominance d'élément biophysiques notamment les conditions climatiques, les zones agro-écologiques homogènes et surtout les zones géographiques vulnérables. Les approches socio-économiques (SICIAV, VAM, etc.) privilégient le contexte politique et socio-économique, le degré de fonctionnalité de l'économie alimentaire, les pratiques de soins, la santé et l'hygiène. L'insécurité alimentaire étant définie comme la non satisfaction des besoins alimentaires de base ne se résume pas donc à une seule variable, mais représente plutôt un ensemble multidimensionnel de comportements et de perceptions. Les conséquences potentielles de l'insécurité alimentaire sont également multiples et multidimensionnelles (Tarasuk, 2001). La perception donc de l'insécurité alimentaire en tant que processus géré évoque une suite d'expériences et d'évènements concrets. Cependant, il est nécessaire de comprendre la fréquence, la périodicité et la durée d'expériences ou de stades particuliers de ce phénomène pour en mesurer la gravité.

Dans ce contexte, la définition d'un certain nombre d'indicateurs de mesure de l'insécurité alimentaire ainsi que leur analyse permettant de mieux aider à prendre des réponses

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appropriées pour un meilleur suivi de ce phénomène présentent un intérêt capital. En effet, les indicateurs permettent de produire une sorte de résumé d'informations complexes et offrant la possibilité à des différents acteurs intervenant dans ce domaine de dialoguer entre eux, par conséquent de mieux coordonner leurs actions pour un meilleur suivi de ce phénomène.

C'est face à cette préoccupation que se présente cette réflexion sur l'analyse des indicateurs de l'insécurité alimentaire et les stratégies paysannes d'adaptation en prenant le cas de la commune rurale de Dogonkiria. Il s'agit d'une géoanalyse qui nous permettra de mettre en évidence les principaux indicateurs de l'insécurité alimentaire ainsi que le comportement paysan face à ce phénomène. Elle permettra également à mieux cerner les menaces qu'encourent les populations de cette zone. Ce qui aidera sans doute les décideurs à mieux élaborer des stratégies compatibles à cette zone, à mieux orienter les ressources mais aussi à un meilleur ciblage des interventions.

Cette recherche s'articule autour des questions principales suivantes: Quelle est l'efficacité de système de production paysan par rapport à la fréquence de l'insécurité alimentaire? Quels sont les indicateurs de ce phénomène ? De quelles manières les paysans s'adaptent à l'insécurité alimentaire qui perturbe leur système de production ?

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"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault