WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

L'expérience comme interprétation des faits dans la " théorie physique " de Pierre Duhem

( Télécharger le fichier original )
par Héritier Mbulu
Université catholique du Congo - Gradué en philosophie 2010
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

I.2. La Théorie physique comme représentation

La théorie physique, dans sa conception métaphysique développée ci-haut, est confrontée à un problème qui lui est interne et inhérent : celui du degré de perfection. A ce titre, on ne peut pas en connaître la vraie nature. Cette dernière consiste en la représentation de la réalité. Mais en quoi consiste cette représentation et comment celle-ci se réalise-t-elle ?

I.2.1. La Représentation : véritable nature de la théorie physique

Voulant dépasser les conflits conceptuels introduits dans la physique par les systèmes métaphysiques, nous nous donnons pour tâche de montrer la nature d'une théorie physique.

En paraphrasant notre auteur, nous nous proposons de poser dès maintenant la définition de la théorie physique. Laquelle définition nous révélera sa nature véritable. P. Duhem écrit : « Une théorie physique n'est pas une explication. C'est un système de propositions mathématiques, déduites d'un petit nombre de principes, qui ont pour but de représenter aussi simplement, aussi complètement et aussi exactement que possible, un ensemble de lois expérimentales »21(*).

En effet, cette définition renferme quelques opérations caractérisant la construction d'une théorie physique. Remarquons cependant que l'ordre de ces opérations accentue la particularité et l'originalité de notre auteur dans l'histoire des théories physiques, parce que la théorie se constitue de manière autonome, par rapport à l'expérience qui aura énormément besoin de la théorie pour sa réalisation, dans une sphère toute formelle et mathématique. Il se laisse établir quatre étapes à réaliser pour aboutir à une théorie dans la conception duhémienne, à savoir : « La définition et la mesure des grandeurs physiques ; le choix des hypothèses ; le développement mathématique de la théorie ; et la comparaison de la théorie avec l'expérience »22(*).

Il est certain que notre auteur défend l'idée d'une physique théorique qui soit une physique mathématique, pour qu'« (...) elle devienne une science claire, précise, exempte des perpétuelles et stériles disputes »23(*). Sa construction théorique le prouve clairement. C'est pourquoi, P. Duhem propose que l'on fasse correspondre aux symboles mathématiques les propriétés physiques susceptibles d'être représentées par un calcul approprié. Dans cette perspective, ces symboles ne remplacent pas les propriétés qu'ils représentent, et ne prétendent même pas nous révéler la nature intime des choses ; mais plutôt, ils entretiennent avec les propriétés physiques une relation référentielle. C'est ce que confirme H. Poincaré, lorsqu'il dit : « (...) les théories mathématiques n'ont pas pour objet de nous révéler la véritable nature des choses ; ce serait là une prétention déraisonnable »24(*). Ce caractère mathématique se trouve, en outre, dans la troisième étape où, après avoir élaboré les hypothèses qui servent de principe aux déductions mathématiques engendrant la théorie physique, il faudrait passer au développement mathématique de la théorie qui lui confère un caractère abstrait et général, parce que les représentations concrètes sont fragiles dans une théorie ; ce qui subsiste plutôt, ce sont des formes symboliques et abstraites auxquelles ces représentations sont conduites. En fait, cette troisième opération « (...) a pour objet de nous enseigner qu'en vertu des hypothèses fondamentales de la théorie, la réunion de telles circonstances entraînera telles conséquences ; que tels faits se produisant, tel autre fait se produira...en vertu des hypothèses de la Thermodynamique, que si nous soumettons un bloc de glace à telle compression, ce bloc fondra lorsque le thermomètre marquera tel degré »25(*). D'ailleurs, nous savons bien que cette mathématisation de la nature nous offre un consentement universel de la connaissance de la réalité physique ; et aussi, elle confère un progrès technoscientifique à l'homme moderne.26(*)

Disons, enfin, que la dernière opération est un apport le plus intéressant de P. Duhem. Ladite opération nous paraît très utile, puisqu'elle dépasse la problématique épistémologique entre rationalisme et positivisme, en conciliant la théorie et l'expérience dans les sciences physiques.

Notre objectif, dans ce chapitre, était de préciser la nature de la théorie physique en tant que représentation des lois expérimentales, comme la définition de P. Duhem le stipule. Alors reprenons une grande question de notre problématique : pourquoi représenter au lieu d'expliquer ? C'est la question à laquelle il convient de répondre sans plus tarder.

* 21 P. DUHEM, o. c., p. 24.

* 22 P. DUHEM, o. c., p. 26.

* 23 Ib., 158.

* 24 H. POINCARE, Science et hypothèse, Paris, p. 245.

* 25 P. DUHEM, Ib., p. 214.

* 26 Cf. J. C. AKENDA, Analyse critico-comparative des théories husserlienne et habermassienne du monde de la vie. A la recherche des fondements pratiques de la conceptualité scientifique, dans Revue philosophique de Kinshasa XI (1997) n. 19-20, p. 39-40.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Ceux qui rêvent de jour ont conscience de bien des choses qui échappent à ceux qui rêvent de nuit"   Edgar Allan Poe