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La conception de l'éducation chez les betsimisaraka: analyse à  travers les proverbes. Cas du village de Rantolava

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par Anonyme
Université de Rouen - Master 2 en Sciences de l'éducation 2014
  

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VI.2.2. La pédagogie des proverbes et l'approche mixte

Si auparavant, l'apprentissage par les proverbes se faisait à travers les écoles sans murs, c'est-à-dire dans la nature par le biais des différents regroupements villageois, des actions sociales et de l'entraide familiale, la question se pose maintenant quant à sa continuité. Le mariage traditionnel-ôrimbato commence à ne plus pratiquer. Et, s'il y en a encore, on a tendance à négocier pour faciliter la procédure ou le rasavölaña. Nous avons écrit plus haut que seuls les tsaboraha et les veillées mortuaires constituent actuellement un motif de regroupement villageois. Mais, là encore, son aspect éducatif commence à disparaître. Compte tenu de l'insécurité qui règne presque sur la totalité du territoire national, un grand nombre de personnes hésite à quitter leur foyer pour rester toute la nuit chez la famille du défunt.

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En plus, puisque la plupart des enfants fréquentent aujourd'hui un autre type d'école, l'école de type occidental, ils devraient se réveiller tôt pour aller à l'école. Donc, leur participation à une veillée mortuaire est généralement déconseillée.

Nous comprenons maintenant que les principes éducatifs véhiculés à travers les öhabölaña pourraient se situer actuellement en phase de disparition si nous ne trouvons pas de solutions afin de fusionner la « pédagogie des proverbes » et celle des autres pédagogies modernes. Et, c'est ce que nous allons proposer maintenant.

Nous considérons qu'un objectif éducatif est de faire intervenir les proverbes dans le processus d'apprentissage en classe. Notre analyse montre que cette approche-mixte est compatible avec certaines matières enseignées comme le Malagasy, le Civisme et l'Histoire, notamment lorsqu'on veut mettre en évidence la relation de cause à effet. Si dans les deux premières disciplines, cette approche n'est pas vraiment nouvelle, sa mise en application dans l'enseignement de l'histoire, quant à elle, est un phénomène assez-nouveau et ne se voit pas souvent.

Voici quelques exemples qui reflètent ce que nous venons de proposer. En étudiant les origines de l'insurrection de 194769 à Madagascar, par exemple, on apprend aux élèves du collège que la promesse non tenue du Général De Gaule lors de la Conférence de Brazzaville en 1944 constitue un des principaux facteurs cette insurrection. En effet, selon les Betsimisaraka, voire les Malagasy en général : « Aza mañano ririñin-dasaña tsy tsaroaña » (ne fait pas oublier l'hiver de l'année dernière). Une allusion est faite à quelqu'un qui a traversé un moment difficile dans le passé et qui fait semblant de l'oublier une fois le problème résolu. Pendant la guerre, lorsque la France et les alliés étaient en difficultés, De Gaule a promis qu'il accordera l'indépendance aux colonies françaises qui participeraient à la guerre contre les Allemands. C'est une promesse qui n'a pas été tenue à la fin de la guerre. On pourra

69 L'insurrection de 1947 est un des remarquables mouvements de lutte contre l'ordre colonial à Madagascar.

également avancer d'autres raisons comme la création du parti MDRM70 qui a été considéré comme l'initiateur du mouvement. « Ny hitsikitsika tsy mandihy foaña fö ao raha » (une crécerelle ne danse pas pour rien, si elle danse, c'est parce qu'elle a ses raisons). Toute initiative de créer une organisation quelconque doit être motivée par un objectif. Si les Malagasy ont décidé de créer un parti politique, c'est pour faire de la politique, donc de prendre le pouvoir.

Les exemples sont multiples et nous pouvons dire que cette approche mixte est valable dans tous les domaines de l'enseignement de l'histoire. C'est aussi le cas dans la création de la confédération betsimisaraka. En épousant la princesse du clan Tatsimo, Ratsimilaho, chef de clan Tavaratra a pu combattre facilement le clan des Tsikoa, au centre. « Izay mitambatra vato, izay misaraka fasika » (ceux qui s'unissent forme une pierre, ceux qui se séparent deviennent sable) ou encore « Ny firaisankiña no hery » (l'union fait la force). Les Tsikoa se trouvent seuls face aux Tavaratra et aux Tatsimo qui ont déjà uni leur force.

L'intérêt de cette approche est double. D'abord, elle permet aux élèves, donc à la jeunesse de toujours se familiariser avec les proverbes ainsi qu'avec les messages qu'ils tentent de transmettre. Ensuite, elle offre de nouvelles pistes éducatives quant à l'objectif de l'enseignement de l'histoire. En apprenant l'histoire, les jeunes sont également en mesure de choisir une attitude face à une situation similaire.

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70 MDRM : Mouvement Démocratique pour la Rénovation de Madagascar.

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"Tu supportes des injustices; Consoles-toi, le vrai malheur est d'en faire"   Démocrite