WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

La conception de l'éducation chez les betsimisaraka: analyse à  travers les proverbes. Cas du village de Rantolava

( Télécharger le fichier original )
par Anonyme
Université de Rouen - Master 2 en Sciences de l'éducation 2014
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

CONCLUSION

Au terme de cette étude, nous pouvons dire que dans les villages betsimisaraka, avec l'exemple de Rantolava à l'appui, l'éducation par les proverbes (une école sans murs) est au coeur du quotidien. Alors que le Centre de Formation Pédagogique de Rantolava est réservé à des lettrés, à des élites, à une poignée de privilégiés du système éducatif mis en place par l'Etat, l'école de la vie par les proverbes est une école pour tous et ouverte à l'individu tout au long de sa vie. La société de l'oralité qu'est la société traditionnelle betsimisaraka a toujours veillé à l'éducation de tous les membres du groupe (sans exception) car chacun doit avoir sa place dans le groupe. Aucun individu ne doit pas être laissé en chemin. A chacun son rythme, il est vrai, mais tous doivent cheminer progressivement. Dans cette société de l'oralité, toute personne qui a un statut d'aîné doit être un maître, un modèle, un repère pour son cadet. Ici, faire c'est de refaire, c'est suivre les traces de l'aîné car ce dernier est censé sentir les écueils : « Ny alöha : mahita fôtotro» (celui qui est à l'avant, trouve la racine ou l'origine). Les aînés sont donc individuellement et collectivement responsables de l'éducation des cadets, et ce, dans un esprit de partage : « Mason-tsokiñy, masom-balavo : ny hita hely hientiñy mihiratra amin-kavaña » (oeil d'hérisson, oeil de souris : on regarde nos proches avec le peu ce qu'on a). Et c'est là que réside, entre autres, la différence dans la démarche pédagogique entre l'Ecole emmurée et de l'écrit qui est implantée par les autorités de l'éducation nationale depuis les années soixante-dix à Rantolava et l'Ecole sans murs et de l'oralité qui est initiée par les ancêtres (pédagogie de la parole tout au long de la vie) et modernité (pédagogie des livres et de la sélection qui n'est réservée qu'à telle ou telle élite seulement. L' « Ecole emmurée des formateurs pédagogiques » avec ses bâtiments vétustes (le Centre pédagogique) semble en rupture avec son lieu d'implantation (le village de Rantolava). Car ici, une autre type d'école, l' « Ecole sans murs des aînés » a toujours existé et se renouvelle de génération en génération

97

Le proverbe renvoie à toutes les dimensions de la vie : aucun sujet n'y échappe71. Il nous permet de constater les structures, le modèle et le concept de la

société betsimisaraka. A travers de ceux-ci, les jeunes comprennent le
fonctionnement de leur société, de la critiquer et/ou de l'améliorer. Nous ne prétendons pas, durant la présentation de ce travail, être en mesure de tout savoir ou de tout comprendre : loin de là ! Notre intention était de dégager ces quelques orientations éducatives, inculquées dans l'esprit de la population betsimisaraka.

Sur ce qu'on a pu dégager de la société betsimisaraka, on remarque qu'elle est organisée autour des aînés, considérés comme détenteur du savoir compte tenu de leur expérience de la vie. Pourtant, il ne s'agit pas de négligence ou de l'exploitation du cadet comme l'on pense souvent : la raison est surtout d'ordre affectif. En d'autre terme, il s'agit d'un principe du «protectionnisme familial ». De l'autre côté, en ce qui concerne la question du genre, et puisque la famille, disait Rousseau, est la plus ancienne de toutes les sociétés, et la seule naturelle72, ce projet nous a permis d'en déduire que si en apparence on observe une sorte de subordination féminine, au fond, ce n'est que les conséquences de la répartition des tâches et de responsabilité entre homme et femme. Le concept est alors différent de celui qui a été évoqué par Herbert SPENCER. La femme betsimisaraka est une namaña et non un objet.

En matière d'éducation, les proverbes abritent simultanément deux éléments de base : le fond-contenu et les moyens de transmission ; « il dévoile tout [contenu] en le voilant [méthode]», disait FANONY à cet effet. En fait, les proverbes, bien qu'ils se présentent sous forme d'une « formule toute faite », nécessitent réflexion et analyse, avant d'en déduire leur signification : le décodage de l'apprenant. Et, dans le

71 FANONY Fulgence, Öhabölaña betsimisaraka (Proverbes betsimisaraka) [en ligne]. Disponible et

téléchargeable en cliquant : www.anthropomada.com/bibliotheque/ FANONYFulgence-
ohabolanabetsimisaraka ou proverbes.com

72 ROUSSEAU Jean-Jacques, op.cit.

98

cadre de ce travail, nous nous sommes intéressé aussi bien à leurs significations dans le sens propre du terme, donc autant sur le contenu que sur les méthodes. A travers ces deux dimensions, nous avons pu avancer certaines hypothèses concernant les finalités éducatives du peuple betsimisaraka. Le tout constitue un « un référentiel éducatif ». Or, étant les reflets des pratiques réelles au quotidien ou des réalités jugées naturelles, les proverbes font partie de ce qu'on appelle la pédagogie de l'image (à l'image de) et du symbolique. Cette pédagogie de l'image se manifeste par une forme d'une recommandation directe ou indirecte. Le choix de ces approches est lié soit par rapport au contexte, soit par rapport à l'âge, donc à la maturité de la personne à qui elles s'adressent.

Par ailleurs, étant donné que les proverbes ne sont pas les seuls moyens éducatifs, les hypothèses avancées présentent certainement de limites. Un grand nombre d'autres éléments culturels à vocation pédagogique n'ont pas été développé. Nous faisons ici allusion à des contes, aux devinettes, etc. Peut-être, dans les recherches futures, nous aurons l'occasion de faire une analyse comparative de ces différents éléments cultures afin de nous permettre d'en déduire une conclusion plus complète. Cette recherche n'en est que le début.

Enfin, il faut noter également qu'avec l'évolution de la société et les conséquences de la mondialisation, cette école de type traditionnelle commence à se dégrader. Bien que les programmes scolaires mentionnent son importance, son champ d'application devient de plus en plus limité.

99

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

ANDRIAMANJATO Richard, Le Tsiny et le Tody dans la pensée malgache. Paris, Présence Africaine, 1957.

BLAIS Marie-Claude, GAUCHET Marcel et OTTAVI Dominique, Pour une philosophie politique de l'éducation. Pluriel, Editions Bayard, 2002.

CHARRIER Jean-Paul, L'inconscient et la psychanalyse. P.U.F 108, Paris, 1968.

DANDURAND Renée et DULAC Germain, Les nouvelles familles et l'école : répercussions des changements familiaux en milieu scolaire, dans Comprendre la famille, 1991.

DEZ Jacques, Proverbes betsimisaraka in, Bulletin de Madagascar, Tananarive, 1967.

DOMENICHINI Jean-Pierre, La chèvre et le Pouvoir. Première approche historienne d'un interdit. In, Omaly sy Anio. Revue d'Etudes historiques, N°9, Antananarivo, 1979.

DOMENICHINI-RAMIARAMANANA Bakoly, Du Ohabolana au Hainteny : Langue littéraire et politique à Madagascar, Karthala, Paris, 1983.

DUFOUR Stéphane, FORTIN Dominic et HAMEL Jacques, L'enquête de terrain en sciences sociales. L'approche monographique et les méthodes qualitatives, 1991.

FANONY Fulgence. L'oiseau grand-tison et autres contes des Betsimisaraka du Nord (Madagascar), Littérature orale malgache, tome 1. L'Harmattan, 2001.

HART Sura, HODSON Victoria. Parents respectueux, enfants respectueux : sept clés pour transformer les conflits en coopération familiale. La Découverte, Paris, 2005.

100

LAHADY, Pascal, Le culte betsimisaraka et son système symbolique. Fianarantsoa, Editions Librairie Ambozontany, 1979.

LAIMIJAY Joël, Ny ohabölaña betsimisaraka sy ny heviny marina. Antananarivo, Editions Imprimerie Iarivo, 1962

LEIF et RUSTIN, Philosophie de l'éducation. Tome 1, Pédagogie générale, Delagrave, 1970.

LOUBET DEL BAYLE Jean-Louis, Initiation aux méthodes des sciences sociales. Paris - Montréal : L'Harmattan, 2000.

MANGALAZA Eugène Régis, Sensibilités malgaches in, Revue Hermès, N° 40. Paris, 2004.

MAUSS Marcel, Essai sur le don. Forme et raison de l'échange dans les sociétés archaïques, Paris, PUF, 1960.

MALINOWSKI Bronislaw, Les Argonautes du Pacifique occidental, Paris,

Gallimard, 1963 ; Les jardins de corail, Paris, Maspero, 1974.

PAUVERT J. C., Facteurs sociologiques de la planification de l'éducation. In: Tiers-Monde. 1960, tome 1 n°1-2. pp. 135-144

PRONOVOST Gilles, Famille, temps et culture, dans Comprendre la famille, 1991.

RAKOTOZAFY-HARISON Jean-Baptiste, Développement : Pratiques et projets sociaux. Cours du module 6, MSFD. ENS, Université de Fianarantsoa, 2005.

RAVOLOLOMANGA Bodo, Education, famille et société : cas de l'enfant Tanala. Taloha n°12, Archéologie des Hautes Terres, Paris, 1994

101

SAMSON Robert, Ohabölaña betsimisaraka. Tamatave, Editions Imprimerie Tamatavienne, 1965.

Sociologie et Éducation. In: Enfance. Tome 12 n°3-4, 1959. Psychologie et Éducation de l'Enfance. pp. 324-333 (Article extrait des Cahiers Internationaux de Sociologie, 1951)

TEMPORAL Franck et LARMARANGE Joseph, Déroulement des enquêtes quantitatives et/ou qualitatives. Laboratoire Ponter, Département des Sciences sociales, Facultés de Sciences Humaines et Sociales, Université Paris 5, 2006.

ZURFLUH Anselme, Un monde contre le changement. Une culture au coeur des Alpes, Uri en Suisse, XIIe - XXè siècle. Zurich Loriens Books/ Paris Economica pour la version française, 1993.

Webographie

DE SARDAN Olivier, L'enquête socio-anthropologique de terrain : synthèse méthodologique et recommandations à usage des étudiants. Disponible sur : www.anthropomada.com/ bibliotheque/sardan.pdf

Définition de pédagogie - Concept et Sens. Disponible sur : http://lesdefinitions.fr/ pedagogie#ixzz3OUFrM9VA

EVANS-PRITCHARD Edward Evans, Anthropologie sociale (1950). Ouvrage

disponible sur :
http://classiques.uqac.ca/classiques/Evans_pritchard/Anthropo_sociale/anthropologie sociale.html

FANONY Fulgence, Öhabölaña betsimisaraka (Proverbes betsimisaraka).

Université de Toamasina. Article disponible sur :

102

www.anthropomada.com/bibliothèque/ FANONYFulgence-ohabolana betsimisaraka ou proverbes.pdf, p.3

Groupe La Poste, disponible sur http://stagelaposte.2010.free.fr/wp-content/documents/ synthese valeurs.pdf

MANGALAZA Eugène, MERIOT Christian. Anthropologie générale n°04 (Cours du

:

premier semestre 2012-2013). Disponible sur

http://www.anthropomada.com/bibliotheque/ Anthropologie- Generale-4.pdf

MANGALAZA Eugène, MERIOT Christian. Anthropologie générale n°02 (Cours du

premier semestre 2012-2013). Disponible sur
http://www.anthropomada.com/bibliotheque/ Anthropologie-Generale-2.pdf.

MANGALAZA Eugène, MERIOT Christian. Anthropologie générale n°03 (Cours du

premier semestre 2012-2013). Disponible sur
http://www.anthropomada.com/bibliotheque/ Anthropologie-Generale-3.pdf.

Pédagogie et didactique. Disponible sur : http://www.eduquer-respect.fr/pedagogie-et-didactique/

ROUSSEAU Jean-Jacques, Du Contrat Social, ou Principes du droit politique ; in Collection complète des oeuvres, Genève, 1780-1789, vol. 1, in-4° édition en ligne

www.rousseauonline.ch version du 7 octobre 2012. Disponible sur
http://www.rousseauonline.ch/Text/du-contrat-social-ou-principes-du-droit-politique.php

103

GLOSSAIRE

Fihavanana A Madagascar, le fihavanana est un système de règles, normes et

coutumes qui régissent la dynamique de la société locale, édictent les comportements interpersonnels, les modes de sociabilité et les stratégies anti-risque (SANDRON Frédéric, 2008)

Fokontany Il s'agit d'une structure administrative de base. Plusieurs

Fokontany forment arrondissement et l'ensemble de plusieurs arrondissent constitue un district.

Razaña A Madagascar, ce terme possède deux significations différentes.

En prenant l'exemple de « Tanindrazana » (littéralement : terre des ancêtres) pour désigner la patrie, le razaña est pratiquement synonyme des ancêtres. Alors qu'en se référant au proverbe : « Raha razana tsy hitahy : miheteza hiady vomanga » (si les razana n'aident pas les vivants : qu'ils creusent de patates), le razana est en quelque sorte la force surnaturelle des personnes décédées et qui peut intervenir dans le monde du vivant.

Tangalamena Personne qui détient l'autorité traditionnelle au sein du village.

Pour DEZ, il s'agit d'un personnage que l'on pourrait appeler « prêtre de village », dont la fonction offre cette particularité de constituer à leur profit un droit exclusif d'invocation aux ancêtres. Nous pouvons dire qu'il assure également la fonction de gardien de traditions, moeurs et coutumes.

Tsaboraha Coutume ancestrale pratiquée généralement en pays des

Betsimisaraka. Le tsaboraha nécessite le sacrifice d'un boeuf.

104

Table des matières

REMERCIEMENTS

RESUME 0

SOMMAIRE 2

LISTES DES CARTES, GRAPHIQUES, PHOTOS ET TABLEAUX 3

INTRODUCTION 4

PREMIERE PARTIE - THEMATIQUE, TERRAIN D'ETUDES ET APPROCHES

METHODOLOGIQUES 8

CHAPITRE I -JUSTIFICATION DU THEME ET METHODOLOGIE DE TRAVAIL 9

I.1. La présentation de la recherche 9

I.1.1. Le contexte de la société étudiée 9

I.1.2. La problématique de la recherche 11

I.1.3. L'objectif général de la recherche 14

I.1.4. Les objectifs spécifiques de la recherche 18

I.2. Les approches méthodologiques adoptées et leurs justifications 19

I.2.1. L'entretien libre et semi-directif 19

I.2.1.1. L'enquête par entretien au niveau des ménages 20

1.2.1.2. Un échantillonnage de type « de convenance » 21

I.2.2. L'observation, participante ou non 21

I.2.3. La recherche et analyse documentaire 22

I.2.4. Quelques concepts clés 23

CHAPITRE II - NOTRE TERRAIN D'ETUDES : LE VILLAGE DE RANTOLAVA 27

II.1. Une brève présentation historio-géographique 27

II.1.1. Historique 27

II.1.1.1. Naissance de la confédération betsimisaraka 27

II.1.1.2. Origine du village de Rantolava 28

II.1.2. Présentation géographique 28

II.2. Place de l'éducation au village de Rantolava 30

II.2.1. Le système éducatif de type occidental 31

II.2.2. L'éducation traditionnelle au village de Rantolava 34

105

II.2.2.1. Les genres narratifs 35

a) L'angano (contes) 35

b) Le korambe (légendes) 38

c) Le rasavölaña (discours) 41

d) Le jijy karazana (généalogies) 41

II.2.2.2. Les genres poétiques : le jijy et le tökatoka 42

II.2. 2.3.Les genres sapientiaux 43

a) L'ankamantatra (les devinettes et contes-devinettes) 43

b) L'öhabölaña (les proverbes) 43

DEUXIEME PARTIE : RESULTATS ET INTERPRETATIONS 45

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus