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Enjeux fonciers et stratégies d'acteurs dans la moyenne vallée de la Tarka (Dakoro/Niger)

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par Moustapha Hiya Maidawa
Université Abdou Moumouni de Niamey - Master 2011
  

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5.3.2.2 Stratégies des agro éleveurs

Ces éleveurs ont développé le habbanayé, l'entraide, la main d'oeuvre agricole et le contrat de berger comme stratégies face aux crises alimentaires et pastorales. Ils pratiquent aussi l'agriculture combinée soit au petit élevage (caprins et ovins) et d'autres activités (petits commerces, exode, etc.).

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5.3.2.3 Eleveurs pratiquant le système de grande mobilité (bergers moutonniers)

Le déplacement vers les zones pourvues de pâturages verts est la principale stratégie développée par les moutonniers. En cas des catastrophes naturelles (sécheresse, crise alimentaire et pastorale) et pour leur ravitaillement en nourriture, ces derniers procèdent à la vente des animaux les plus fatigués. Raison pour laquelle leur déplacement est toujours guidé par la présence du marché sur les parcours de transhumance.

5.3.2.4 Eleveurs pratiquant le système camelin

C'est le système le plus résistant parmi ces systèmes parce que ces animaux peuvent faire plusieurs jours sans s'abreuver et ne profitent que du pâturage aérien. Mais en cas des crises pastorales ou alimentaires aigues, ces éleveurs se déplacent vers les zones pourvues du pâturage aérien avec la diversification du cheptel (caprins et ovins). Ces éleveurs utilisent cette deuxième stratégie parce qu'une chamelle prend deux (2) à trois ans avant de mettre bas. 5.3.3 Stratégies adoptées par les associations et les projets de développement Les associations et les projets de développement ont développé plusieurs stratégies pour aider les éleveurs à surmonter les difficultés en cas de crises pastorales et alimentaires. Il s'agit entre autres de déstockage des animaux pendant la période de soudure, la création des Banques d'Aliment Bétail (BAB) et Banques d'Intrants Zootechniques (BIZ). Ces associations en partenariat avec les partenaires techniques et financiers procèdent aussi à la vente à prix modéré des aliments bétail et la recapitalisation des ménages vulnérables à travers le habbannayé.

5.3.4 Stratégies développées par l'État.

Face à des crises, l'Etat du Niger à développé des stratégies pour assister les éleveurs. Ces stratégies sont entre autres la vente à prix modéré des aliments bétail et des produits vivriers, la récupération des terres dégradées et la distribution des petits ruminants aux femmes les plus démunies.

5.4 Discussion des résultats

Les résultats de cette étude fait ressortir plusieurs enjeux fonciers et d'énormes stratégies des acteurs. Parallèlement, les résultats d'enquête ont ressorti des conflits liés à l'utilisation des ressources naturelles.

Après analyse, il ressort que les principaux enjeux autour de la Tarka sont liés à l'historique de l'occupation de l'espace, la mobilité pastorale et le sérieux problème de la limite nord des cultures. Cette occupation s'est effectuée à travers la création des villages et des champs par des éleveurs et agropasteurs suite à des sécheresses chroniques. Ces constats confirment les

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résultats d'Abdoulaye (2009) sur la décentralisation et pouvoir local au Niger. Ceci, a poussé les agriculteurs eu aussi à pratiquer l'agriculture au-delà de la limite des cultures. Les chefs traditionnels ignorent les textes relatifs au foncier et font croire aux administrés qu'ils ont le monopole du foncier dans la vallée de la Tarka. Ces chefs locaux, procèdent souvent à des transactions foncières. Ainsi nos résultats confirment aussi ceux de Dagobi (2004) qui montent qu'à Dessa, la chefferie et les grandes familles de la chefferie distribuent les terres aux dépendants. Contrairement à Dakoro, les chefs perçoivent la fakurma (dîme locative), assurent la régulation foncière et s'adonnent aux spéculations de tous ordres.

En effet, Arifari (1999) montre que dans la région de Gaya, le foncier est revendiqué de façon symbolique par les chefs traditionnels dans leurs stratégies d'auto-réhabilitation. Ainsi, leur participation au règlement de litiges fonciers est le principal privilège de la chefferie traditionnelle discuté selon les cas avec les pouvoirs officiels. Ce même auteur, montre qu'au Bénin, à partir du cas de la région de Gomparou, il y a plutôt une politisation négociée par le bas avec une faible présence de l'Etat. Ce ne sont pas les conflits fonciers en eux-mêmes qui ont conduit à la politisation, mais les itinéraires informels de la résolution des conflits, et les stratégies de partage de pouvoir au sein des différentes fractions de l'élite locale. Malheureusement, les différents acteurs sur le terrain ne perçoivent pas les enjeux de la même façon et ne sont surtout pas conscients des implications sur les conditions de vie dans les années à venir.

La mal gouvernance sur le foncier et la cohabitation entre différents acteurs provoquent des conflits entre acteurs. Les conflits les plus fréquents sont à 46% liés aux dégâts champêtres, 13,33% aux réclamations des champs et 4,44% liés à l'accès aux points d'eau. Selon Sougnabé (2003), dans la zone méridionale du Tchad, ces conflits dans la plupart des cas trouvent leurs origines dans la gestion des ressources naturelles et de l'espace.

Cette mauvaise gouvernance foncière rend difficile la mobilité des éleveurs qui traversent la vallée de la Tarka. En effet, les éleveurs rencontrés sont à 73% des transhumants. Les premiers problèmes évoqués par ces éleveurs sont l'occupation de l'espace pastoral par les agriculteurs, les feux de brousse et la monétarisation de l'accès à l'eau. Ces résultats confirment en partie ceux de PSSP (2009), qui montrent que les conquêtes des espaces pastoraux par le front agricole ; la privatisation et la monétarisation de l'accès aux ressources pastorales et le non-respect des droits de personnes et les droits de mobilité sont autant des problèmes qui rendent difficile la mobilité. Selon Bodé (2011), ces difficultés de déplacement et d'exploitation pastorale des ressources naturelles par les transhumants entrainent une exacerbation des conflits fonciers.

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Les résultats de cette étude montrent aussi que plusieurs acteurs interviennent directement ou indirectement dans cette question foncière qui est très complexe. Il s'agit des acteurs internes et externes (les élus, les autorités administratives, la COFO, les projets et les associations). Ces acteurs ont développé beaucoup de stratégies dans la gestion du foncier et des catastrophes naturelles. Selon Thréance (2010), l'évolution des stratégies des acteurs influence et complique la gestion du patrimoine foncier rural de la commune de Klouékanmé au Burkina Faso.

Cette situation d'insécurité foncière et des difficultés liées à la mobilité rend les ménages pastoraux vulnérables.

Vu la tendance actuelle de la gestion foncière dans la Tarka, les éleveurs risqueront de se transformer en agriculteurs dans un avenir proche.

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"La première panacée d'une nation mal gouvernée est l'inflation monétaire, la seconde, c'est la guerre. Tous deux apportent une prospérité temporaire, tous deux apportent une ruine permanente. Mais tous deux sont le refuge des opportunistes politiques et économiques"   Hemingway