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Les jeunes mahorais et comoriens à  la Réunion : Stratégies d'adaptation et moyens de communication

( Télécharger le fichier original )
par Jean Kraemer
Université de la Réunion - Master Sciences et techniques de l'Information et la Communication 2012
  

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PARTIE II - METHODOLOGIE

1. La population étudiée : Les jeunes mahorais et comoriens

1.1. Mahorais ou Comoriens ?

Mahorais et Comoriens, quelle différence ?

En apparence, même religion musulmane, même caractéristiques phénotypiques (apparence physique), langue étrangère et incompréhensible, tenues vestimentaires « folkloriques » chez les femmes, origine africaine assumée...

Il n'y aurait guère de différence entre les originaires de l'archipel des Comores pour de nombreux créoles qui les regroupent généreusement dans l'appellation péjorative de « ban'Comores ».

Mahorais et Comoriens ont certes des points communs mais aussi de notables différences. A commencer par le fait que les Mahorais sont Français, alors que les Comoriens sont... Comoriens.

En fait la réalité est un peu moins simple dans la mesure où les Comoriens d'origine peuvent devenir Français de nationalité, notamment par un mariage mixte. Par exemple avec un conjoint Mahorais.

Dans l'autre sens, ils sont nombreux, Mahorais comme Comoriens à entretenir des liens avec des membres de la famille restés aux Comores, ou Malgaches.

La vraie différence, chacun d'entre eux en détient la clé : leur rattachement préférentiel ou exclusif à l'un ou l'autre groupe. La filiation en explique une partie, mais dans les nombreuses familles recomposées, le rattachement se fait souvent par unité d'habitation, les deux groupes ne sont pas socialement exclusifs mais nettement distincts dans leurs pratiques, notamment culturelles et associatives, comme nous le montrerons dans la troisième partie.

Pour des raisons de pratique, nous appellerons Comoriens les originaires de la République des Comores installés à la Réunion qu'ils aient ou non gardé leur nationalité d'origine.

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La dénomination de Mahoro-Comorien (utilisée par Marc Franck, 2011) est appliquée à l'ensemble du groupe considéré, lorsque les similitudes dans un critère d'analyse le permettent.

Dans le cas où un individu est cité comme « Mahoro-Comorien », cela signifie que ses origines sont duelles, à la fois mahoraises et comoriennes.

1.2. Les jeunes participants à l'étude

1.2.1. Les jeunes mahoro-comoriens interrogés

Les quinze participants à cette étude sont des jeunes mahorais et comoriens de la Réunion, ils sont nés à la Réunion, ou ont été élevés à la Réunion, arrivés à un âge tel qu'ils n'ont pas participé à la décision de migrer, scolarisés avec les jeunes réunionnais. Ils font partie de la deuxième génération ou de ceux que l'INSEE a appelé génération « un et demi ».

Ils ont entre seize et vingt et un ans, sont élèves ou étudiants à Saint Denis de la Réunion, La Possession ou Sainte Marie, en lycée général et technologique, en classes de première ou terminale ; étudiants en BTS, ou à l'Université.

Ils sont représentatifs des catégories socioprofessionnelles des Mahoro-Comoriens de la Réunion, (croisement d'informations des fiches individuelles, données CR-CSUR, INSEE) mais ne se trouvent pas en situation d'échec scolaire, celui-ci se rencontrant plutôt en collège (où les enfants sont plus jeunes donc leur analyse moins poussée, sur leur situation et leur avenir) ou en lycée professionnel (où nous aurions rencontré des jeunes plus conflictuels, moins accessibles à un questionnement sur leur situation, donc des réponses plus affectives, moins réfléchies).

Cela constitue un biais assumé ; les jeunes participants ne constituant pas un échantillon représentatif de tous les jeunes mahoro-comoriens de la Réunion, leurs réponses ne peuvent pas être considérées comme celles de l'ensemble, mais plutôt comme un témoignage.

Ils ne sont notamment pas représentatifs des immigrants les plus défavorisés, derniers arrivants n'ayant pas stabilisé leurs conditions d'habitation et de ressources, résidant dans la famille ou « bidonvilisés », la presse s'en fait parfois l'écho, mais il n'y a guère de statistiques indiquant s'il s'agit d'un épiphénomène ou d'une situation durable concernant des nombres importants d'individus.

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1.2.2. Les autres participants : éléments de comparaison et de cadrage

Un seizième étudiant, Comorien venu poursuivre ses études supérieures à la Réunion (sans intention d'immigration) a participé en tant que témoin de la migration à but estudiantin.

Les élèves d'une classe de première technologique tertiaire (STG), très majoritairement Créoles (à l'exception de deux élèves Mahoro-Comoriens et deux Malgaches sur un effectif de 33) ont également répondu aux questions d'avenir, de pratiques de télécommunication, TIC et médiatiques, pour permettre d'établir des comparaisons.

Ces jeunes Créoles présentent des caractéristiques très similaires avec les jeunes mahoro-comoriens participant à la recherche en termes d'âge, de niveau et filière d'études, de catégories socioprofessionnelles (CSP) (croisement des fiches individuelles d'information).

Leur participation a permis de préciser des points de différence culturelle mahoro-comorienne dans le premier cas, de comparer les pratiques TIC et médiatiques des jeunes Créoles par rapport aux Mahoro-Comoriens dans le second.

1.3. Le contexte relationnel, facteur de limitation des biais

Parmi les seize participants, sept sont des élèves de l'enquêteur, dans deux classes de première STG (Technologique tertiaire) au lycée de Bellepierre à Saint Denis de la Réunion, issus de divers quartiers de la ville ; cinq sont d'anciens élèves, actuellement étudiants en classes de BTS ; deux, étudiants à l'Université, ont accepté de participer sans contact préalable, les deux autres se sont jointes spontanément à l'étude en accompagnant leur camarade participante.

Le contexte préalable est cordial, dans le cadre de la classe et avec les anciens élèves avec qui nous avons participé à une épreuve sportive populaire l'année précédente.

La différence d'âge (enquêteur faisant partie de la génération de leurs parents) et le statut d'enseignant, connu ou rapidement identifié, peuvent influencer les réponses dans un sens de conformation sociale et scolaire. Il a été clairement établi que la recherche se situait hors cadre scolaire et que les témoignages apportés resteraient totalement anonymes.

Dans la mesure où les réponses et informations fournies par les différentes catégories de participants (élèves, anciens élèves et jeunes sans connaissance préalable) ne présentent pas de

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différence notable, cela permet de penser que les biais potentiellement introduits par la relation enseignant-élève ne sont pas significatifs.

La conformation à une image que l'enquêté veut donner de lui ou qu'il pense qu'on attend est par contre inhérente à toute recherche, difficile à mesurer et à corriger. C'est par l'établissement de relations de confiance et une attitude d'ouverture que nous avons tenté de la réduire.

Le contact a été pris dans un premier temps avec les anciens élèves encore présents au lycée, et ceux avec qui le contact était maintenu via Facebook.

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2. Les outils d'étude empirique

2.1. Un premier questionnaire, guide d'entretien

Malgré le contact préexistant, les premiers rendez-vous, pris via le réseau facebook et confirmés par sms, pour des entretiens semi-directifs, spontanément acceptés, n'ont pas été suivis d'effet.

Une médiation a donc été nécessaire par la reprise de contact facebook et l'envoi de questionnaires par courriel, au format traitement de texte standard (cela implique un téléchargement, la réponse à l'écran hors ligne ou impression et réponse sur papier, pour éviter une réponse directement en ligne, plus spontanée mais certainement incomplète et moins réfléchie).

Cela a nécessité la rédaction d'un questionnaire qui permettait une auto-administration à distance de l'enquêteur, donc suffisamment simple et court (2 pages), non intrusif sur les sujets sensibles, et permettant le recueil d'informations authentiques (nombreuses questions ouvertes, 18 sur 46). L'objectif était d'utiliser ce premier support comme guide d'entretien pour un deuxième contact ultérieur.

Les autres questionnaires ont été soit auto-administrés par les participants en présence de l'enquêteur, avec des précisions et des échanges d'informations complémentaires, soit en autonomie complète, ou encore administrés par l'enquêteur au cours d'un entretien semi-directif.

Les thèmes d'étude sont consultables ci-dessous, le questionnaire de base se trouve à la fin de la partie méthodologique, les réponses sont présentées en annexe. La transcription en est littérale.

2.2. Des entretiens semi-directifs

Ils ont été réalisés sur la base des questionnaires, en complément des réponses écrites quand elles étaient disponibles, en contact direct, entre mars et avril 2012.

Dans le cas où le questionnaire avait été complété, l'entretien consistait à préciser les points qui le méritaient, et aller plus en détail sur les relations établies entre les interviewés et leur famille restée au pays, leur utilisation des moyens de communication, des TIC et des médias.

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Dans le cas inverse, le questionnaire a été administré en direct, rempli par l'enquêteur avec prise de notes et/ou enregistrement sur les informations complémentaires évoquées.

Certains entretiens ont eu lieu sur le lieu de formation des participants (lycée, université), d'autres à domicile. Certains ont eu lieu à huis clos, avec ou sans enregistrement vocal, les autres dans des lieux ouverts (bibliothèque universitaire), ou d'habitation commune (domicile familial en présence de la famille) n'ont pas donné lieu à enregistrement.

Dans la mesure où les réponses sont remarquablement cohérentes d'une catégorie d'âge à l'autre, ainsi qu'entre élèves, anciens élèves et participants inconnus au préalable, nous pouvons en conclure que l'environnement de l'entretien ne modifie pas sensiblement les réponses apportées

Ont ainsi été menés six entretiens complémentaires au questionnaire (notes d'entretien présentées en annexe), avec dix participants de la population étudiée (dans l'ordre chronologique) :

1 entretien avec deux lycéennes mahoraises (élèves de première technologique), réalisé au lycée, dans une salle réservée.

1 entretien avec deux étudiantes de BTS mahoraises ou mahoro-comoriennes (anciennes élèves), réalisé à domicile

1 entretien avec une étudiante mahoraise de l'Université (entretien direct, sans contact préalable), réalisé dans la salle de presse de la B.U.

1 entretien de cadrage avec un étudiant comorien, venu seul à la Réunion le temps de ses études (hors population-cible) ; entretien direct sans contact préalable, réalisé dans la salle de presse de la B.U.

1 entretien avec des lycéennes (une ancienne élève comorienne, étudiante en BTS, deux élèves de classe terminale du lycée, l'une comorienne, l'autre mahoraise, sans relation avec l'enquêteur) ; réalisé au lycée, dans une salle réservée.

1 entretien avec un étudiant de BTS mahorais (ancien élève), réalisé au lycée, dans une salle réservée.

Le choix des participants interviewés a été effectué dans un souci de représentativité : élèves, anciens élèves ou contacts spontanés afin de vérifier l'existence ou non de biais ; jeunes de 16 à 21 ans, élèves en classe de première, terminale, BTS, Université afin d'obtenir le plus large échantillon de situations, correspondant à l'ensemble des participants.

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Les comptes-rendus d'entretien tiennent compte également des informations écrites recueillies par le questionnaire, dans la mesure où cela permettait d'apporter des précisions.

Les citations des informations ou opinions exprimées par les élèves ont également été choisies comme représentatives. Les citations sont attribuées à leurs auteurs mais recoupent les avis exprimés par les autres participants, sauf indication inverse.

2.3. Pages personnelles de réseau social (Facebook) : amis, iconographie, langages

Le réseau Facebook est très utilisé par les jeunes participants. Intéressant comme complément d'analyse de leur sociabilité, c'est un outil ambivalent basé sur la confiance mutuelle et une certaine « confidentialité partagée » qu'il est nécessaire de respecter.

En excluant par principe toute analyse des contenus qui s'avérerait intrusive, la recherche s'est attachée à caractériser les réseaux amicaux (nombre et typologie des amis) de quelques jeunes mahoro-comoriens (participants ou non), ainsi que l'iconographie (type de photos publiées, autres illustrations) et les langages utilisés (langues, niveau de langue, recours au langage sms). Seules des pages « amies » ou accessibles à tous ont été visitées.

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3. Les thèmes d'étude

Pour aborder la question de l'utilisation des TIC dans leurs stratégies d'adaptation à l'environnement réunionnais, le sujet a été divisé en 8 thèmes :

Sentiments d'appartenance et mode de vie

Ressenti des relations avec la population majoritaire

Langues d'échange, langues identitaires

L'avenir : Attentes et projets

Le maintien des relations avec le pays ou la culture d'origine

Les réseaux affinitaires physiques et virtuels

Le secteur associatif

Les pratiques médiatiques

4. Modalités d'enquête de terrain

Période d'étude terrain : janvier à avril 2012

Questionnaires (46 questions dont 18 questions ouvertes), pouvant servir ultérieurement de guides d'entretien pour un complément d'information (14 questionnaires complétés) Entretiens semi-directifs, réalisés sur la base des questionnaires, en contact direct (6 entretiens individuels ou collectifs, 10 participants)

Garantie d'anonymat pour les participants, dont les noms ont été changés

Dépouillements manuels, analyse sémiotique des données recueillies

Consultation des pages Facebook des participants ayant donné leur accord pour l'accès à leurs données, ainsi que des pages librement accessibles de leurs « amis » ; analyse sémiotique des éléments linguistiques, iconographiques, des réseaux amicaux numériques présentés.

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"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius