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La bête du Gévaudan, l'animal pluriel.

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par Laurent Mourlat
Université d'Oslo - Maitrise 2016
  

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Conclusion de la troisième partie

Au cours de la troisième partie de cette étude, j'ai tenté de mener une analyse sectorielle des croyances attachées à la figure de la Bête du Gévaudan. Le travail effectué en rapport à la noblesse et aux populations éduquées montre que ces dernières n'ont pas de croyances particulières. De plus, il semble que ces couches sociales, qui appartiennent à des cadres sociaux distincts, veuillent se démarquer en dénigrant l'approche traditionnelle des autochtones. Il apparaît donc que les classes fortunées en cette moitié du XVIIIè siècle aient déjà tourné le dos aux valeurs du passé et qu'elles aient adopté un modèle fondé sur l'analyse et l'intérêt.

En plein essor, la presse nous montre une autre réalité. Fonctionant en réseau, elle propose une narration particulière qui met en scène des créatures mythologiques en rapport aux croyances du petit peuple. Les images imprimées à l'époque réintègrent la figure de la bête du Gévaudan dans un cadre traditionnel la reliant à l'imaginaire des bestiaires du Moyen Âge 514. Le récit alors proposé transforme un fait-divers en une histoire tout droit sortie des contes et par la même occasion favorise l'augmentation des tirages.

Le Tiers-Etat, composé pour la majeure partie d'illettrés ayant des rapports avec les prêtres locaux, est lui victime du cadre sociétal dont il est issu. Ici, le dogme religieux participe au renforcement d'un référentiel mythologique et la presse, véhicule d'une incertitude interprétative avérée, propose un monde imaginaire où le merveilleux fait place à l'analyse. Aussi, le fait que les créatures évoquées par les autochtones soient toutes associées à la métamorphose et à une histoire qui précède le XVIIIè siècle, indique que l'origine des croyances qui sont révélées par les archives est antérieure à l'arrivée de la Bête. Enfin, comme il a été possible de le constater au cours de la lecture de la troisième partie de ce travail ainsi que dans celle qui lui précède, il semble bien que la création de l'objet des croyances en général suive un processus similaire et qu'il ne soit pas circonscrit aux époques 515.

513 MEURGER Michel. Loc. cit., p. 179.

514 Pour certaines des images, les références sont, comme nous l'avons vu, bien plus anciennes.

515 En effet, l'élaboration de la figure du « puma du Gévaudan » et celle de la figure de la « Bête du Gévaudan » semblent suivre un processus similaire. Des « signes anomaliques » donnent naissance à un « puzzle spéculatif » qui est à son tour amplifié par la presse. La différence entre les deux objets imaginés est délimitée par le cadre (dans ce cas, le cadre de l'Ancien régime et celui de la Modernité) dans lequel se déroule le processus.

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"Enrichissons-nous de nos différences mutuelles "   Paul Valery