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La gestion durable de la filière cacao dans la région du centre du Cameroun : le cas du bassin de production de la Lékié.

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par Dieudonné MBARGA
Intitut des Relations Internationales duCameroun-IRIC/Yaoundé 2 - Master 2 « Coopération internationale, Action humanitaire et Développement Durable »  2011
  

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Conclusion

Les entraves endogènes à une gestion durable de la cacaoculture, imputables à la fois à l'Etat et au producteur de cacao, auxquelles s'ajoutent celles découlant de l'environnement international tel que sus-évoquées, se perçoivent à l'évidence comme des handicaps incontournables. Pourtant à l'analyse, celles-ci revêtent davantage un caractère d'hypothèques (c'est-à-dire quelque chose de surmontable) plutôt que d'obstacles au sens de barrières infranchissables et peuvent ainsi être contournées si des modalités précises, objet de la deuxième partie de notre étude, sont implémentées.

IIème PARTIE : LE CADRE GENERAL D'EXPERIMENTATION D'UNE GESTION DURABLE DE L'ECONOMIE CACAOYERE DANS LA LEKIE

L'histoire de l'activité cacaoyère, dans le bassin de production de la Lékié, met en exergue les riches potentialités de cette région propice à la cacaoculture, en tant que source potentielle d'épanouissement et de bien-être des planteurs et des populations de ce bassin d'une part, de même que les facteurs endogènes et exogènes qui freinent cet essor, d'autre part.

Ces facteurs limitants sont en réalité des hypothèques qu'il convient de maitriser et de lever pour permettre un essor optimal de l'activité cacaoyère et la transformation de cette zone de production.

En effet, la gestion de l'activité cacaoyère en vigueur jusqu'alors, peu performante, du fait de l'ensemble de facteurs à la fois endogènes et exogènes que nous avons indiqués dans nos précédents chapitres, se révèle impropre à impulser le développement escompté des bassins de production et l'épanouissement des producteurs de cacao. A titre illustratif, Jean-Joël Aerts, dans un ouvrage collectif révèle que : « les exportations de cacao qui représentaient 94 milliards de francs en 1984/1985 tombent deux ans plus tard à 72 milliards et ne constituent plus qu'une trentaine de milliards en 1992/1993. »34(*)

Le cadre général d'expérimentation de la gestion durable de l'économie cacaoyère dans la Lékié que nous formulons ici s'appréhende comme l'aménagement de l'opérationnalisation d'une gestion empreinte de toutes les exigences du développement durable. Il s'articule autour de deux axes majeurs. Il s'agit des considérations théoriques sur la gestion durable de la cacao culture, qui convoquent un ensemble de notions et concepts empruntés à divers champs scientifiques (sociologie, économie, anthropologie, développement...) d'une part, et la formulation de propositions concrètes pour la gestion durable de l'activité cacaoyère au Cameroun, notamment dans la Lékié d'autre part.

Chapitre 1 : Les considérations théoriques sur la gestion durable de la cacaoculture dans le bassin de production de la Lékié

Les considérations théoriques sont l'ensemble des préalables idéologiques et conceptuels, empruntés à plusieurs domaines du savoir, sur lesquels il est important de prendre appui pour donner vie à la gestion durable en vue de l'épanouissement de l'économie cacaoyère et par l'économie cacaoyère.

A ce sujet, on peut relever que la gestion de la filière cacao a eu jusqu'ici, pour idéologie le capitalisme avec comme concepts opératoires la libéralisation et la privatisation. Ce qui a résulté à reléguer les bassins de production à un statut de zone de pur prélèvement financier et condamné les planteurs à une posture de force de travail, sans préoccupation véritable pour leur bien-être et l'amélioration de leur environnement immédiat. Loin de congédier la donne libérale et l'idéologie capitaliste qui la fonde, il nous semble opportun, dans une perspective de développement durable, de la nuancer pour corriger ses excès et l'adapter aux réalités du terrain. Dans cette visée, des pratiques empruntées au socialisme et/ou au constructivisme peuvent être convoquées, dans le sens de repositionner le producteur de cacao au centre de son activité et le responsabiliser davantage, en vue de son épanouissement et de l'amélioration de son cadre de vie.

Section 1 : L'intégration et la promotion du concept de durabilité dans le management des politiques agricoles au cameroun

Le rapport Brundtland de la Commission des Nations Unies pour l'Environnement de 1987, définit le développement durable en termes de capacité des générations présentes à satisfaire leurs besoins, sans toutefois compromettre les chances des générations futures à satisfaire les leurs.

La gestion durable est, pour sa part, à l'aune des éclairages de la Fondation Allemande pour le Développement International35(*), une manière d'organiser et d'administrer empreinte des piliers et principes du développement durable. Le Code forestier gabonais du 31 décembre 2001 en son article 13 précise par gestion durable, on entend une gestion qui maintient la diversité biologique des forets, leur productivité ; leur faculté de génération, leur vitalité et leur capacité à satisfaire de manière pérenne les fonctions économiques, écologiques et sociales pertinentes sans causer de préjudices à d'autres écosystèmes.

Sur le fondement de ses préalables, une analyse en filigrane de l'histoire de l'activité cacaoyère dans le bassin de production de la Lekié révèle que la non intégration et la non systématisation du concept de durabilité dans le management de l'activité cacaoyère jusqu'ici implémentée, est la cause fondamentale du délabrement de la filière et de la paupérisation continue du monde rural. D'où l'urgence de l'intégration et de la promotion de ce concept dans la gestion sus-évoquée objet de la présente section qui s'articule autour de la présentation des conditions et des exigences de la durabilité (paragraphe 1) et ses implications (paragraphe 2).

Paragraphe 1 : les enjeux et les conditions de la durabilité

Gérer durablement la cacaoculture dans le bassin de production de la Lékié est indispensable, si l'on veut offrir aux producteurs de cacao la possibilité de se libérer du joug de la misère et de la pauvreté, grâce au juste bénéfice des fruits de leur labeur ; et à ce bassin de production la possibilité de se développer et d'améliorer son cadre de vie en termes d'infrastructures et davantage d'opportunités à offrir en termes d'emplois et d'offres de services de qualité, etc.

Point 1 : Les enjeux de la durabilité dans la gestion de la filière cacaoyère dans la Lékié

La gestion durable est un concept globalisant qui prend en compte la solidarité sociale, la responsabilité écologique, l'efficacité économique et la responsabilité culturelle, bref tout ce que sous-entend la notion des piliers du développement durable36(*).

A cet effet, suivant les éclaircissements du chercheur français Ignacy-Sachs37(*), il ressort globalement que la durabilité, qui est considérée comme un appel à laisser à nos enfants un héritage qui ne soit pas pire que celui que nous avons reçu des générations précédentes, a cinq dimensions : sociale, économique, écologique, spatiale et culturelle, qui s'imbriquent mutuellement pour la construction de la gestion durable, dont la réalisation repose sur les exigences de planification et de suivi évaluation, proposés par l'Agenda 21 Local et/ou d'entreprise d'une part ; et d'approche participative, dans l'analyse des situations et des prises de décisions, d'autre part.

En économie cacaoyère, la gestion durable convie à mettre en oeuvre des mécanismes et des pratiques visant à stimuler les acteurs intervenants dans la filière à quelque niveau que ce soit dans l'optique de maintenir et booster sans cesse leur motivation et leur implication et partant, améliorer la productivité.

Point 2 : les conditions de la réalisation d'une gestion durable dans la Lékié

Les conditions ou modalités de réalisation de la gestion durable définissent l'approche méthodologique à adopter pour la rendre effective c'est-à-dire traduire son existence dans les faits. Dans le cadre précis de l'économie cacaoyère, ces conditions concernent les trois grands groupes d'acteurs et se traduisent notamment :

Pour l'Etat, à la fois régulateur et acteur, en une meilleure définition des politiques agricoles et notamment cacaoyère à l'aune d'une approche participative, et donc imprégnée des aspirations réelles des principaux concernés aux rangs desquels les producteurs de cacao ; leur implémentation grâce à des stratégies ingénieusement conçues en termes de ressources humaines, financières, logistiques s'y rapportant, de leur déplacement spatio-temporel, et affinées grâce à la systématisation de l'évaluation.

Pour les acteurs privés notamment le planteur, il s'agit de définir préalablement et ajuster continuellement ses buts dans et pour l'activité cacaoyère, c'est-à-dire ce qu'il y investit et ce qu'il en attend, ses projets, la gestion des ressources générées par l'activité, la modernisation de son activité bref l'adoption d'une posture de Business Manager. Et même si ceci peut paraitre un peu irréaliste dans un contexte paysan, c'est cependant possible grâce à un encadrement opportun des pouvoirs publics à travers une démarche informative et formative constante.

Et pour le groupe des acheteurs qui englobe aussi bien les acheteurs stricto sensu que les transformateurs et industriels, il est question de sortir de la logique du profit à tout prix voire à tous les prix, en ayant toujours à coeur la situation et le cadre de vie des producteurs de la précieuse fève pour adoptant la logique rationnelle du commerce équitable seul véritable gage d'une satisfaction partagée.

* 34 AERTS Jean-Joël, COGNEAU Denis, HENERA Javier, GUY de Monchy, DOUBAND Français, L'économie camerounaise : un espoir évanoui, édition Karthala, 2000, P 40

* 35 Rapport du cours de la Fondation Allemande pour le Développement International, sur l'organisation et gestion des coopératives et autres organisations d'autopromotion, 2e édition, Août 1987,P 17

* 36ESOH ELAME ;  « Histoire et fondements du concept de développement durable. Unité 6 : Développement durable et interculturalité ; concepts et outils, Master Course, Coopération internationale, Action Humanitaire et Développement Durable »,CIRDA, 2011.

* 37 SACHS Ignacy, Stratégie de l'écodéveloppement, Ed. Privart, coll. regard, 1980

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"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld