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Mutations et devenir des paysanneries de l'opération Yabassi Bafang.

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par Basile TENE
Université de Yaoundé - Maîtrise 1 2016
  

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ABSTRACT

Operation Yabassi-Bafang is an oriented agricultural colonization, launched by the - government in 1966. The outcome of this Project has benefited from favorable human and physical conditions, above all from the present of a managment organism. The immigration that followed has touched almost all the regions of Cameroon and even neighboring countries. Thanks to the dynamism of the pioneers, above 50 000 ha of forest has been put to use. The evaluation of this scheme at the eve of the dissolution of SODENKAM presented a mitigated balance sheet.

In 1988, SODENKAM is dissolved. The consequences of this dissolution go beyond tii»1 Operation Yabassi-Bafang and affect the whole Nkondjock region, in other to deal with the new situation in this zone of the schem, the pioneers abandoned suddenly, organize themselves following their own way, but the difficulties of the region continue to increase.

The future, of this region which has for a long time benefited from state subventions depends on the geographical and demographical situation of each village, and on external factors. Though some of the villages offer favorable perspectives as concerns the future, others on the contrary express uncertainty. Some solutions of the problem of the region some from the peasant's self-guidance, the diversification of activities and a good network infrastructure.

xiv

Figure 1 : Localisation de l'opération Yabassi Bafang

INTRODUCTION GÉNÉRALE

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Notre sujet clé de recherche formulée ainsi: Mutations et Devenir des Paysanneries de l'Opération Yabassi-Bafang est l'aboutissement d'un long processus.

La région que couvre notre sujet est située dans l'arrondissement de Nkondjock, et plus précisément dans la zone de 1 ' Opération Yabassi-Bafang. Elle est comprise entre 10010' et 10°20'de latitude Nord, et entre 4°40 ' et 4° 60° de longitude Est. Cette région, au Sud-est du plateau Bamiléké est délimitée au Nord par la courbe de niveau 1000, au Sud par la forêt de Yingui, à 1 ' Est par le fleuve Makombé et à l'ouest par le f1euve Nkam. Elle couvre une superficie d'environ 501 m2.

Le projet de mise en valeur agricole, qui a effectivement démarré en Janvier 1966, a été placé sous la tutelle d'un organisme d'encadrement des immigrants. (la SODENKAM) chargé d'assumer la gestion de la zone. En 1988 cette société d'encadrement est dissoute. Cette dissolution, marque le point de départ de notre recherche, avant de faire les perspectives de la région.

Bien des travaux de recherches sur la région nous ont précédés. Ainsi les premiers travaux sur l'Opération Yabassi-Bafang remontent à 1963 et sont surtout les rapports de faisabilité du projet, réalisés par les différents ministères1. Les recherches qui s'en sont suivies jusqu' en 1973 n'ont été pour l'essentiel que des articles de journaux2. DONGMO Jean Louis3 a étudié le groupe ethnique majoritaire (les Bamiléké) de la région. D'autres études menées sur la région ont surtout un caractère sociologique4 avec parfois des connotations historiques. Le plus récent travail est celui D'ESSECK David5 explique l'évolution en dents de scie de la région du Nord du Nkam. De tous ces auteurs, Barbier Jean Claude a le plus contribué à la connaissance de la région grâce à ses nombreuses publications : (1971, 1973, 1977)

1 Ministère du plan, l'opération Yabassi-Bafang, Yaoundé 1963.

2 Vene, M., « Yabassi-Bafang ; une opération intégrée de la colonisation » in coopération et développement N°26 Juillet-Août 1969, pp 33-41

3 Dongmo J. L., le dynamisme Bamiléké, vol I, Yaoundé, CEPER, 1981, 424p.

4 Barbier, J C, A propos de l'opération Yabassi-Bafang, Yaoundé, ONAREST, ISH, 1977, 122p

5 Esseck D., Déprise et reprise humaine dans les campagnes du Cameroun : l'exemple du nord du département du Nkam, Université de Yaoundé, 1985, 305p.

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Notre contributif dans ce champ de connaissance de la région est d'évaluer l'Opération Yabassi-Bafang à une période charnière de son évolution. Nous tenterons d'analyser la situation de transition que vivent les paysanneries abandonnées et d'envisager leur avenir. Ce travail se veut de jauger le degré, les effets cl ' une assistance extérieure prolongée et mesurer l'impact des sociétés de développent sur leur région.

Un certain nombre de faits et de considérations nous ont guidés dans le choix de notre sujet d'étude. En effet, 1 'Opération Yabassi-Bafang des particularités difficiles à étudier.

C'est une zone de colonisation agricole orientée, organisée par le gouvernement. L'immigration qui a suivi a concerné presque toutes les régions du pays, ainsi que certains paysans voisins (Nigeria, Niger). Ceci s'oppose aux autres zones de colonisation agricole spontanée ou ancienne (Moungo, Nkogam ,Galim). Un autre fait et non des moindre est l'accès des jeunes de moins de 20 ans à la propriété foncière, ainsi que les femmes au même titre que les hommes. Le choix du Nkam comme cadre do travai1 ne relève pas du hasard ; la région a été longtemps marginalisée par les autorités coloniales. Aujourd'hui, avec 1a dissolution des organismes de développement, il serait intéressant de savoir comment la région évolue et plus et plus particulièrement la zone de 1 'Opération Yabassi-Bafang. Les paysanneries de l'Opération Yabassi-Bafang sont pour la plupart des immigrants d'origines diverses. Dès leur arrivée dans la zone de l'Opération l'État leur accorde un encadrement moral et matériel, à travers la SODENKAM. La dissolution de celle-ci sans l'avis des paysans marque également la fin de l'assistance à ces derniers. Désormais ils doivent assurer leur propre destin. Une question se pose d'emblée à l'esprit : les paysanneries survivront-elles à la disparition du tuteur? Auquel cas comment ces paysans abandonnés, s'organisent-t-ils pour aborder l'avenir ?

Pour répondre à notre problématique, nous avons formulé des réponses anticipées sur lesquelles s'appuie notre travail :

- Les principales mutations paysannes sont une suite logique de la dissolution de la SODENKAM.

- La dissolution de la SODENKAM hypothèque l'avenir de l'Opération Yabassi-Bafang. - L'avenir de chaque village est fonction de sa structure interne et l'influence les facteurs extérieurs.

L'aboutissement de ce travail vise des objectifs bien précis. Nos recherches s'inscrivent dans 1'une des préoccupations du sixième plan quinquennal du Cameroun (1986-1991). Ce plan prévoit que la « SODENKAM devra poursuivre son programme d'encadrement des pionniers dans le département du Nkam. Les études en cours pourront permettre d'envisager, de réorienter les activités de cette société ». Ceci n'a pas été réalisé, puisque la SODENKAM est dissoute

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avant la fin du quinquennat. À ce titre nos recherches ont pour but d'analyser les activités et les difficultés de la zone de l'Opération et d'envisager les perspectives et les solutions concrètes pour les pionniers abandonnés.

Pour mener ce travail à terme, nous avons élaboré une stratégie qui s'appuie sur le travail en Laboratoire et le travail de terrain

Sur le plan bibliographique, nous avons consulté les archives de la mairie et de la : Sous-préfecture de Nkondjock. Nous y avons obtenu les données relatives à la population de l'arrondissement et aux infrastructures de la région. Le service de la documentation de la SODENKAM en disso1ut i on, nous a fourni les données sur la population pionnière, sur les pionniers et leur production agricole, ainsi que sui la société elle-même.

En outre, nous avons exploité de nombreux documents administratifs dans les ministères de tutelle (agriculture, plan et aménagement du territoire), nous avons, rencontré les différents membres de la commission de liquidation de la SODENKAM. Nous y avons obtenu les informations sur les résultats de leurs travaux, notamment le décret de la dissolution de la société, l'effectif des pionniers 3 ans après, ainsi que l'état des équipements sur place. Nous avons également effectué des lectures dans plusieurs bibliothèques de Yaoundé, où nous avons lu mémoires et thèses portant sur le Nkam et la zone de L'Opération Yabassi-Bafang. La typologie des colonisations agricoles, la sociologie et l'histoire de la région de Nkondjock nous est connu grâce à la lecture de Barbier Jean Claude et de Raison Jean Pierre6 principalement. Notre bibliographique a été complété par la lecture des articles de journaux pouvant nous intéressé dans notre étude.

Notre méthodologie qui s'appuie particulièrement sur le travail de terrain a consisté au choix de l'échantillon et à la méthode de collecte des données sur le terrain. Les paysans de l'Opération Yabassi-Bafang sont ceux sur gui se joue 1'avenir de la région. Nous avons sollicité leur concours et ceci au moyen d'un questionnaire d'enquête.

Notre enquête, qui s'est déroulée du 15 Mars au 20 Avril 1991, a été précédée par une phase de pré-enquête en Décembre 1990. Nous avons également eu de nombreux entretiens de groupes avec les paysans. Compte tenu de L'hétérogénéité de la population et la dispersion des villages constituer un échantillon n'a pas été facile pour nous.

L'Opération Yabassi-Bafang compte 18 villages pionniers et une population pionnière estimée à 7000 personnes en 1985. Nous avons franchi 2 étapes dans le choix de l'échantillon : le choix des villages à enquêter et le choix des paysans.

6 Raison, J.P. « la colonisation des terres neuves tropicales » in étude rurale n°31, Juillet-Septembre1968

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Pour le choix des villages, les critères suivants ont été pris en compte :

> La date de la création. Parmi Les anciens villages créés entre 1966 et 1971, nous avons retenu N'jingang le premier village créé le 17 Janvier 1966 Parmi les villages de création récente (1976-1981) nous avons retenu Didipé, le dernier village créé le 09 Février 1981.

> La position géographique ; nous avons choisi un village situé le long de la route principale : N'dock-Samba et un village à l'écart de la route comme Didipé, situé à 4 km de la route. D'après la position par rapport au centre administratif de la région, nous avons choisi un village éloigné de 21 km de Nkondjock : N'jingang, et un village rapproché du centre : Malé situé à 2 km de Nkondjock.

> Le poids démographique parmi les villages les plus peuplés nous retrouvons N'dock-Samba et parmi ceux qui le sont moins, nous avons encore retenu N'jingang.

Ainsi plusieurs critères ont été appliqués sur un même village. En ce qui concerne le choix des paysans, en plus d'interroger les hommes, nous nous sommes attelés à interroger les femmes pionnières. Ce sont elles qui font la spécificité même de cette colonisation agricole.À ce moment, nous estimons que notre échantillon est représentatif de l'Opération Yabassi-Bafang

La méthode de collecte des données sur le terrain a été une étape importante sur les études. Nous avons opté pour une enquête par sondage systématique. En définitive, l'échantillon a été constitué de 207 questionnaires à raison d'un questionnaire par paysan. Bien avant son placement, notre questionnaire a été testé lors d'une pré-enquête dans 2 villages : Matoubé et Kouedjou.

Notre voie d'investigation a été l'enquête direct compte tenu de la complexité de notre échantillon, le processus consiste à interviewer directement les paysans et nos questions ont été en majorité des questions ouvertes pour permettre à ce dernier de nous renseigner davantage sur leurs perspectives et partant, celle de la région. Pour chaque village, le taux des enquêtés est le suivant :


·

N' jingang

30%


·

Malé

52%


·

Ndock-Samba

57%


·

Didipé

60%

Le dépouillement manuel des questionnaires s'est fait suivant les grandes rubriques : état matrimonial, état antérieur à Nkondjock, les champs et perspectives. Pour une question nous avons procédé au comptage direct et au calcul des pourcentages correspondants. Au

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décompte, nous retenu 190 questionnaires, certains ayant été incomplets. C'est sur cette base en principe que nous avons effectué notre étude.

Avant d'aborder effectivement notre étude, ainsi que notre plan de travail, il serait important d'apporter quelques précisions et définitions sur notre sujet d'étude. L'opération Yabassi-Bafang est le cadre physique et l'environnement humain dans lequel le gouvernement a organisé une colonisation agricole et y a favorisé l'immigration. La SODENKAM est l'organisme d'encadrement des immigrants et de gestion de la zone de l'opération.

Dans le vocabulaire régional on utilise couramment le terme « pionnier », pour désigner les paysans de la zone de l'opération. A l'article 2 titre 2 du cahier de charge, on a la définition suivante : « a qualité de pionnier celui qui volontairement recruté et inscrit au registre de la SODENKAM accepte de :

? S'installer comme exploitant agricole dans le périmètre des mises en valeur Yabassi-Bafang

? Se soumettre aux objectifs de la société ».

Plus que pour des raisons de commodité, nous allons substituer par moment au terme de "pionnier", celui de "paysan". Car les habitants de la zone de I ' Opération ne sont plus des immigrants, qui font la conquête d'un espace dont ils ignorent totalement l'extension. Nous réservons le terme "mutation" à tout changement qui assure le passage d'une structure à une autre, d'un système à un autre.

Trois parties principales constituent l'ossature de notre mémoire :

? La première partie présente l'état des lieux au moment de la dissolution de la SODENKAM, et fait un bilan des 22 ans de l'Opération.

? La deuxième partie traite de la dissolution de la SODENKAM, de ses conséquences sur le milieu et des réactions de la population.

? Enfin la troisième'
· partie analyse les perspectives de la région, sans encadrement étatique.

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Figure 2 : Les villages pionnier de l'opération Yabassi-Bafang

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"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon