I.2. Revue empirique
Cette partie va essayer de faire passer en revue la
littérature existante au sujet de la diversification des produits dans
les IMF à travers le monde, en vue déduire les différents
facteurs qui poussent les instituions à la diversification des produits.
I.2.2. Les déterminants
de la diversification des produits dans les IMF
I.2.2.1. La capacité
de l'institution
Dans une stratégie de diversification, l'institution
gère des marchés et des produits dont elle n'a pas ou peu
l'expérience ; la poursuite de cette stratégie a toutes les
chances d'exiger des efforts managériaux très importants, des
ressources humaines et financières considérables, ainsi que des
changements dans les systèmes et dans la structure institutionnelle
(CGAP, 2007).
Selon (Philip KOTLER et Bernard DUBOIS, 1992),
c'est à la direction générale que revient la
responsabilité finale du lancement des nouveaux produits. Elle ne peut
en effet se contenter de faire appel à des spécialistes et les
laisser développer leurs idées. L'élaboration de nouveaux
produits suppose une identification de la stratégie globale de
l'entreprise, notamment sous l'angle des couples produits marché qu'il
convient de priviligier. Une telle identification est necessaire si l'on veut
éviter aux chefs de produits d'élaborer des projets qui ne
correspondent pas au domaine d'activité souhaité par la
hierarchie.
I.2.2.2. La
diversité des besoins des exclus
Les produits et services financiers offerts ne suffisent pas
pour résoudre tous les problèmes de financement de la
micro-entreprise (Souleiman Soulama,2010).
La microfinance a marqué ses débuts par la
pratique du microcrédit. Cependant la diversification des
activités assignées aux institutions est devenue une
évidence au fur et à mesure qu'on admettait la diversité
des besoins des exclus. Comme l'écrivait Guérin (2000),
la microfinance permet aux plus pauvres de diversifier leurs sources de
revenus pour faire face aux risques. Les services des institutions vont ainsi
actuellement du microcrédit qui est sans doute l'activité phare,
aux produits d'épargne de plus en plus proposés, jusqu'aux
services d'assurance qui se développent de plus en plus. (Mariam
Sangare, N.D)
Dans les pays en développement,
l'exclusion n'est pas seulement bancaire ou financière, les pauvres sont
également exclus des services de base tels que l'éducation, la
santé. C'est pourquoi la diversification des activités des IMF
est plus marquée dans ces zones, avec des activités de formation,
d'alphabétisation ou d'éducation à l'hygiène
domestique se combinant aux services financiers. La microfinance s'est
ancrée dans ces sociétés (Servet 2006), et la mesure des
impacts ne peut ignorer ce fait. L'effet revenu des microcrédits n'est
qu'une partie minime de l'effet que la présence d'un programme de
microfinance peut avoir sur la vie des villageois. Cet argument est moins
valable pour la microfinance dans les pays les plus aisés, où
l'exclusion prend essentiellement trois formes : l'emploi, le logement et le
crédit. La microfinance agit ici dans des domaines bien
identifiés, ce qui rendra la mesure d'impact moins complexe à
élaborer. (JEANNIN & Mariam SANGARE, N.D)
la commercialisation de la microfinance
trouve ses fondements dans les préoccupations de pérennité
financière et de stabilité institutionnelle des IMF d'une part,
et dans le constat de besoins encore non couverts par les IMF d'autre part.
L'analyse de ces éléments montre la commercialisation, comme un
processus de pérennisation financière des IMF et de couverture
des besoins à travers la stratégie de diversification des
produits financiers et non financiers par les IMF et le développement de
la mésofinance (Louise Tchamanbé Djiné,
2009).
De plus en plus les IMF proposent des produits financiers
diversifiés afin de répondre au mieux à la
demande, mais à cause de leur statut institutionnel, les
IMF marocaines n'ont pas encore le droit de collecter de l'épargne
(Clara ATALLAH & Omar EL HYANI, 2009). La microfinance
n'est pas seulement le microcrédit. Lespopulations non
bancarisées ont aussi besoin de produits d'épargne et d'assurance
leur ouvrant la possibilité de planifier leurs dépenses et de
faire face aux aléas de la vie. Elles ont aussi besoin d'instruments de
transfert, notamment pour les travailleurs migrants, et de crédit pour
l'habitat.De leur côté, les IMF elles-mêmes peuvent trouver
les ressources nécessaires au financement des crédits en
empruntant à des banques ou en collectant l'épargne de leurs
clients. La construction du secteur doit prendre en compte cette
complémentarité, en encourageant l'intégration des IMF
dans le secteur financier global (AFD, 2008). Une
diversification des produits est nécessaire pour répondre aux
besoins d'une clientèle et que la clientèle nécessite une
gamme plus large de produits financiers que le crédit (Xavier
Reille, N.D).
Selon l'optique marketing, les besoins et les desirs des
consommateurs constituent le point de départ logique de la recherche de
nouveaux produits. Ces entreprises peuevent déterminer ces besoins par
des enquêtes, des tests projectifs, des entretiens de groupe, ou bien
à travers les lettres de reclamation ou de suggestion. La meilleure
façon de recueiliir les idées des clients est probablement de
leur demander de parler des problèmes qu'ils rencontrent avec les
produits actuels plutôt que de les inciter à reflechir en terme
d'améliorations (Philip KOTLER et Bernard DUBOIS,
1992).
D'autres auteurs se sont beaucoup focalisés sur les
besoins des femmes et la reduction de la vulnérabilité qui sont
des facteurs pouvant influencer la diversité de produits proposés
par les IMF.
Les produits de la microfinance génèrent des
résultats différents pour les hommes et pour les femmes. Les IMF
devraient donc adapter les spécifications de leurs produits, comme les
montants et les échéanciers des prêts, aux divers besoins
des clients. Les différents prêts spécifiquement
conçus pour les femmes sont aussi importants pour faciliter la
croissance des entreprises. Les produits en matière d'épargne
conçus pour les femmes sont un élément fondamental de la
gestion des risques. Une offre de produits diversifiée de la part des
IMF devrait aussi inclure d'autres services financiers qui aident à
réduire la vulnérabilité, comme la microassurance.
L'adaptation des garanties matérielles et l'encouragement de
l'enregistrement des biens immobiliers au nom des femmes sont d'autres
éléments essentiels de la microfinance axée sur les
femmes. Les services autres que financiers assortis de conditionnalités
pour l'accès au crédit, comme les programmes
d'alphabétisation et de formation des compétences commerciales
pour les adultes, peuvent permettre aux femmes d'obtenir plus facilement des
emplois de meilleure qualité et des possibilités de gains et
constituent peut-être le moyen le plus efficace de promouvoir
l'égalité entre les sexes (BIT, 2007).
Selon (Claudia Benedetto, 2011), le
microcrédit a pour objectif de lutter contre la pauvreté et de
participer à l'émancipation des femmes par l'empowerment ou
l'autonomisation c'est-à-dire rendre l'individu autonome et capable de
se prendre en charge, de prendre en charge sa destinée
économique, professionnelle, familiale et sociale. Des groupes
de pression féministes ont démontré le rôle
économique important exercé par les femmes. Dans la
majorité des cas, elles gèrent correctement leur argent. Elles
l'utilisent pour l'éducation des enfants et la collectivité. Les
IMF ont donc ciblé les femmes par souci d'efficacité et pour
maximiser les retombées sociales issues du microcrédit et
d'autres services financiers. Les femmes ont pu en tirer des avantages
: elles ont développé une identité propre, on a reconnu
leurs capacités et cela a développé l'estime qu'elles
avaient d'elles-mêmes. Enfin, elles ont acquis une autonomie
économique qui leur a permis de mieux exercer leurs droits
économiques et sociaux. Aujourd'hui, les IMF diversifient de plus en
plus leurs activités pour répondre aux besoins des femmes.
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