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Ethnicité et pouvoir politique en côte d'Ivoire.

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par Harkité Hippolyte SIB
Université Générale Lansana Conte/Conakry - Master II 2015
  

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SOUS SECTION II : DE L?ORDRE CONSTITUTIONNEL AUX ALLIANCES POLITIQUES (20002010)

La politique de refondation du FPI s'explique par le fait que le Président Laurent Gbagbo n'a jamais caché son aversion pour l'"Houphouétisme" et la France qui ont tous deux contribué

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Mémoire de Master 2. Thème : Ethnicité et Pouvoir Politique en Côte d'Ivoire.
SIB Harkité Hippolyte. hyppolytesib@gmail.com . Année académique 2013-2015.

d'une part à exclure les Bété de la production du café-cacao jusque dans les année 80 et d'autre part favorisé l'ethnocratie Akan. C'est ainsi que dès son arrivé à la présidence, le Président Laurent Gbagbo renoue avec un nouveau système clientélisme inclusif, composée d'une minorité Kru et Akan. Pour assoir son pouvoir, le Président et sa clientèle ont monopolisé les sphères militaires, politiques et économiques en l'occurrence la filière café-cacao. C'est dans cette perspective qu'Arsène Mankou (2007 ; 52) affirmait:

Le clientélisme revêt plusieurs aspects lorsqu'il est utilisé par les leaders politiques. Les différentes thèses ou aspects que sont l'ethnicité, le népotisme, la corruption, l'intérêt économique, le racisme et le dépendantisme sont complémentaires dans l'utilisation du clientélisme.

La rébellion du 19 septembre 2002 s'explique par le fait que les soldats qui ont mené le Général au pouvoir ont été plus tard exclus de sa clientèle. Ceux-ci se sentant trahis dans leur projet, sont revenus à la charge en décriant l'ivoirité, l'illégalité des élections 2000 qui ont porté le Président Laurent Gbagbo au pouvoir et la nouvelle politique clientéliste de celui-ci qui exclu les groupes Mandé, Voltaïque et une majorité Kru. C'est dans ce contexte qu'est survenue la division du pays en deux. Les zones Centre, Nord et Ouest habités par les groupes Mandé, Voltaïque et Kru occupées par les FAFN et les zones Sud et Est composées de minorités Akan et Kru, contrôlées par les FDS.

On peut logiquement dire que cette division militaire du pays est devenue civile dans la mesure où les habitants des territoires occupés soutenaient la politique du leader qui influençait ce territoire. De la sorte que les populations en provenance d'un territoire adverse étaient mal perçues voire discriminer. C'est ce qui explique les représailles contre les migrants étrangers et entre les populations des différents groupes ethniques.

Les médiations de la CEDEAO et de la France s'expliquent par le fait que la communauté internationale s'est engagée à résoudre la crise, en proposant le débat sur la nationalité, l'instauration d'un gouvernement de transition et la nomination d'un Premier ministre de consensus. Le Président Laurent Gbagbo n'aurait probablement pas voulu se soumettre aux accords issus de la médiation de la France pour qui, il a toujours eu des réserves. Il s'est donc employé à résoudre la crise à sa manière. C'est dans ce contexte que "l'opération dignité" a été lancée par le Président Laurent Gbagbo dont l'objectif était de bombarder les positions rebelles en Novembre 2004.

La France quant à elle, voulant soumettre le Président aux accords signés à profiter de cette situation pour détruire la flotte aérienne des FDS, qu'elle a accusé d'avoir bombardé une position des militaires français lors de "l'opération dignité". On peut dire que la France a imposé ses vues au

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Président Laurent Gbagbo pour sortir de la crise, en lui montrant sa suprématie en tant que puissance coloniale.

Dans la même foulé en 2005, Henry Konan Bédié et Alassane Ouattara scellent leur rapprochement politique par le Rassemblement des Houpouétistes pour le Progrès et la Démocratie (RHPD). Indubitablement, ce rapprochement sonne comme le réveil de l'alliance historique des populations Mandé, Voltaïque et Akan qui représentent ensemble la majorité de la population. Ainsi, chacun a promis à l'autre d'aller seul à la prochaine présidentielle mais s'engageait à se désister en faveur du gagnant à l'issue du premier tour.

Les nombreux accords signés s'expliquent par le fait que les belligérants de cette crise ne trouvaient pas des points de convergences pour la résoudre. C'est dans ce contexte que 4 ans plus tard à Ouagadougou, après le premier accord de 2003, que le Président Laurent Gbagbo à nommé Guillaume Soro comme Premier Ministre. Pour sortir de la crise le Président Laurent Gbagbo a aussi usé de son pouvoir illimité en période de crise afin de permettre à la CEI d'organiser des élections démocratiques libres et non controversées.

C'est ainsi que le problème des origines discutées du candidat Alassane Ouattara a été contourner, ce qui a permis au Conseil Constitutionnel de valider la candidature de ce dernier (CERAP ; 2004). En Outre, Le candidat Henry Konan Bédié a lui aussi bénéficié de cette « faveur présidentielle ». Car l'art 35 de la Constitution limite à soixante-quinze ans l'âge des candidats à la présidence. Or, Konan Bédié, né en 1934, avait 76 ans depuis le 5 mai 2010. On a réalisé ainsi et provisoirement un changement dans les dispositions de la constitution sans révision de celle-ci.

Enfin, la candidature du comédien Adama Dolo, s'explique par le fait que le Président Laurent Gbagbo aurait probablement voulu démontrer sa sympathie à l'égard des étrangers résidants en Côte d'Ivoire. En effet, le candidat d'origine malienne a été naturalisé ivoirien en 2004. Or, il ne peut être éligible que dix ans après sa date de naturalisation conformément à la loi no 61-415 14 de décembre 1961 portant « Code de la Nationalité Ivoirienne », modifiée par la loi no 72-852 du 21 décembre 1972, en son article 43.

La campagne électorale d'Henry Konan Bédié à l'Est et à l'Ouest de la Côte d'Ivoire, s'explique par le fait que celui-ci voulait renouer avec son électorat Akan qui a été désabusé suite au coup d'Etat de décembre 1999 et récupérer l'électorat du Général Robert Gueï dans le groupe Kru. Quant au Président Laurent Gbagbo, son discours tenu à Bongouanou s'explique par le fait que, le Président comptait sur les chefs traditionnels pour capitaliser les voies des territoires maintenus par les FDS après la division du pays. C'est ce qui expliquerait son retard dans la campagne électorale.

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Puisqu'il aurait eu la certitude d'avoir gagné la confiance des chefs traditionnels tout en fustigeant ses adversaires politiques d'être à l'origine de la crise.

Quant à Alassane Ouattara, son discours de Ferkessédougou explique clairement qu'il se réclame du Nord et mobilise ainsi les groupes Mandé et Voltaïque dont il est issu à voter en sa faveur. C'est ce qui explique pourquoi les résultats de la carte géographique électorale du premier tour des élections du 31 Octobre 2010, était marquée d'une part par la division militaire du pays en 2002 et d'autre part par le vote des groupes ethniques des leaders politiques. C'est ce que Quentin (2000 ; 30) fait remarquer en ses termes :

Ainsi, faute de choisir des programmes, les électeurs africains ont souvent

été capturés par des entreprises de mobilisations ethno-régionales en

choisissant des personnes. Celles-ci s'appuient au départ sur des

mécanismes clientélistes et se renforcent grâce à l'instrumentalisation, par

les politiciens, des identités locales et claniques [...].Ici, le vote devient

sentimental, une expression d'identification. Le candidat mise sur les

affinités qu'il a avec son électorat pour accéder à une responsabilité

élective.

Les résultats du premier tour des élections le 31 octobre 2010, s'expliquent par le fait que Laurent Gbagbo, Alassane Ouattara et Henry Konan Bédié ont tous bénéficié du vote de leurs entités ethniques. En plus de La répartition ethnique des votes, la division militaire a aussi imprimé sa marque à la carte des résultats. Ainsi, les Mandé et les Voltaïque constituant la quasi-totalité des électeurs du Nord-Ouest, occupés par les FAFN ont tous accordé leurs suffrages à Alassane Ouattara, tandis que le Centre et le Sud-Est du pays, peuplé essentiellement d'Akan, ont accordé une nette majorité à Henry Konan Bédié. En revanche, l'Ouest, le Sud-Est et l'Est du pays marqués par la présence des FDS, livrent un vote massif en faveur du président sortant Laurent Gbagbo.

Les résultats du second tour des élections du 7 novembre s'expliquent quant à eux du fait que d'Henri Konan Bédié, du PDCI décident à travers le RHDP, de voter massivement pour Alassane Ouattara afin d'assurer au RHDP une victoire éclatante. Ce rapprochement du RDR et du PDCI, explique l'ethno-stratégie entre les deux partis pour faire front contre Laurent Gbagbo. C'est ce qui explique les résultats de la carte géographique électorale du second tour des élections du 28 Novembre 2010.

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Ainsi le Centre, l'Est, le Sud-Ouest et le Nord qui représentent respectivement les groupes ethnolinguistiques Akan, Mandé et Voltaïque ont voté pour Alassane Ouattara. Le Sud et l'Ouest constitués de Kru et de minorité Akan ont quant à eux portés leur choix sur Laurent Gbagbo.

Les affrontements sanglants de la crise post-électorale du second tour des élections, s'expliquent par le fait que les résultats proclamés par la Commission Electorale Indépendante (CEI) furent contestés par les partisans du FPI et la Cours Constitutionnelle. Ceux-ci accordaient la victoire à Laurent Gbagbo après invalidation des votes dans sept départements du Nord (soit 13 % des votants). L'opposition dénonçait un « putsch électoral », tandis que la représentante de la diplomatie de l'UE et le secrétaire général de l'ONU, puis l'ensemble de la communauté internationale considéraient que le vainqueur de l'élection est Alassane Ouattara (Novelobs ; 2011).

C'est ainsi que les résultats du vote ont finalement été « certifiés » par le représentant spécial de l'ONU en Côte d'Ivoire, Young-Jin Choi, qui affirme que ses services ont recomptés trois fois les procès-verbaux des votes dans les régions contestées et que :

Même si toutes les réclamations déposées par la majorité présidentielle auprès du Conseil Constitutionnel étaient prises en compte, (...) le résultat du second tour tel que proclamé par le président de la CEI le 2 décembre ne changerait pas (Figaro ; 2010).

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"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon