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Ethnicité et pouvoir politique en côte d'Ivoire.

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par Harkité Hippolyte SIB
Université Générale Lansana Conte/Conakry - Master II 2015
  

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CONCLUSION

Le but de ce mémoire était de comprendre la place de l'ethnicité et du pouvoir politique ivoirien et d'en faire une analyse. Pour y arriver, nous nous sommes demandé si le sentiment d'appartenance ethnique a été utilisé dans la vie politique de la Cote d'Ivoire. Nous avons par la suite émis l'hypothèse que la vie politique de la Côte d'Ivoire, le sentiment d'appartenance ethnique a été régulièrement instrumentalisé et reconstruit à partir d'une mobilisation qui prolonge, renforce et met en cause les frontières ethniques ou régionales. Nous avons donc présumé que l'arrivée massive des migrants-étrangers et la crise économique ont contribué à une crispation des ethnies qui ont été instrumentalisées par les politiciens dans leur conquête du pouvoir.

Au cours de cette étude, nous avons été amenés à faire une revue de la littérature pour permettre une meilleure compréhension de notre travail. Nous avons ainsi fait la recension de quelques études effectuées à travers le monde sur les relations ethniques puis nous avons regroupé les différentes positions en deux approches: l'approche clientéliste et l'approche ethnocratique.

L'approche clientéliste est sous-tendue par le postulat que le clientélisme est une pratique politique officieuse qui tire ses origines des sociétés traditionnelles africaines. Amselle Jean-Loup (1992), Jean-Louis Briquet (1995) et Virginie Martin (1999), le définisse comme une attitude des politiciens qui consiste à accroitre leur influence en se créant une clientèle par des procédés démagogiques.

L'approche ethnocratique est considérée par Mayer Pierre (1990), Alain Pages (2001) et le CPJMO (2013) comme la gestion de l'Etat par l'ethnie au pouvoir au détriment des autres ethnies du pays. Cette approche admet que les politiciens s'appuient sur leur appartenance culturelle voir ethnique pour obtenir des votes.

Au plan méthodologique, la démarche adoptée est la recherche documentaire ou bibliographique et l'analyse de contenu, notamment ceux des discours publiés dans les journaux ivoiriens et internationaux. La recherche documentaire concernait les documents comme les ouvrages, les revues, le journal officiel, les révisions constitutionnelles les mémoires, les monographies et les thèses sur la Côte d'Ivoire. Les résultats des élections présidentielles de 1995, 2000 et de 2010 sont au centre de la présente recherche. Les données utilisées dans ce mémoire ont été tirées des articles de la constitution de 1960 et 2000, les hebdomadaires Novelobs, Jeune Afrique, Revue Africaine, des rapports d'institutions et des archives de RFI.

La composition ethnique de la Côte d'Ivoire fait apparaître quatre groupes ethnolinguistiques (Akan, Kru, Mandé et Voltaïque) dont chacun correspond à une aire géographique très précise. Cette situation rend, à nos yeux, le recours à la mobilisation ethnique facile. De façon

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Mémoire de Master 2. Thème : Ethnicité et Pouvoir Politique en Côte d'Ivoire.
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générale, celle-ci intervient le plus souvent pendant les moments d'intenses mouvements au sommet de l'État.

Dans l'ensemble, il apparaît que la colonisation a joué un rôle capital dans la hiérarchisation des ethnies. Cette hiérarchisation fut possible par l'introduction du café-cacao. Le recours à la mobilisation ethnique quant à elle à deux trajectoires: la légitimation de l'accès au pouvoir des membres de son groupe et la contestation de l'origine familiale de ses adversaires.

Pour l'essentiel, il apparaît que le recours à la dimension ethnique a été plus fréquent en 1995 et en 2000 qu'en 2010. Sur la foi des données collectées, les candidats du PDCI et du FPI ont semblé les plus actifs dans ce domaine lors des élections présidentielles de 1995 et 2000.

Sur la base des données collectées, il apparaît aussi que les candidats aux élections présidentielles de 1995, 2000 et 2010 ont à plusieurs occasions tenue des discours ambigus de dénonciation de la démarche de leurs concurrents pendant les campagnes électorales pour les présidentielles. Cette dénonciation ressemble étrangement à un appel à la solidarité ethnique. Les résultats obtenus par les candidats retenus dans notre étude à l'issus des élections de 2010 montrent qu'à l'exception d'Alassane Ouattara, les deux autres candidats l'ont emporté dans leur région d'origine où d'ailleurs leur ethnie est majoritaire.

Les données de la campagne électorale en vue des élections présidentielles de 2010 suggèrent un profond changement des discours par rapport à ceux prononcés lors de la campagne électorale de 2000 et 1995. Il se dégage de ces données que tous les partis politiques utilisent les mêmes arguments même s'ils l'expriment différemment.

La leçon tirée des deux dernières élections présidentielles de 2010 et de 2000 est sans équivoque. Les candidats à la Présidence doivent prendre le risque de faire des alliances régionales et ethniques s'ils veulent obtenir le soutien de la nation. Il se dégage d'expérience que les candidats qui sont apparus comme les défenseurs des intérêts de leurs communautés ne peuvent espérer conquérir le pouvoir par les urnes qu'avec leur soutient ethnique. On ne saurait pour autant en conclure que le candidat victorieux des présidentielles de 2010 et son parti ont eu une démarche non ethnique, ni que leurs soutiens sont neutres du point de vue ethnique. Aussi, la performance de certains candidats dans des zones qui leur sont ethniquement défavorables ne signifie pas que le vote y fut moins ethnique qu'ailleurs. Pour expliquer ce phénomène, il est plus pertinent de noter que les grandes villes ivoiriennes sont demeurées ethniquement hétérogènes.

Après l'interprétation et l'analyse des données, nous arrivons à la conclusion que cette réalité tient au fait que les acteurs politiques, dans leurs luttes pour le contrôle du pouvoir d'État appellent à la solidarité ethnique des membres de leurs groupes ethniques. Il se dégage cependant des données que les démarches diffèrent. Quelques-uns des acteurs de la scène politique ivoirienne

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l'on fait eux-mêmes alors que d'autres ont eu recours à la mobilisation de solidarités ethniques hétéroclites avec l'appui des fonctionnaires qui apparaissent comme des élites locales représentant leurs communautés. Il apparaît de manière générale que la stratégie adoptée était celle qui mettait en avant le clientélisme tout en mettant en cause la crise économique due à la forte présence des "migrants étrangers" afin de placer à la tête de l'État un membre de leur groupe ethnique.

Par cette recherche, nous avons voulu participer à la compréhension du phénomène ethnique et du pouvoir politique en Côte d'Ivoire en identifiant les différents éléments qui favorisent cet état de fait. Ce travail devrait permettre d'entreprendre d'autres études dans ce domaine pour mieux saisir les différents canaux qui mènent à l'ethnicisassions de la vie politique en Côte d'Ivoire et d'en saisir toutes les implications. Il y a en effet plusieurs autres aspects de cette réalité politique qui n'ont pas été considérés dans ce mémoire. Une étude de la mobilisation ethnique dans un processus électoral devrait, par exemple, aborder la question de la relation entre l'élite et la communauté, mener un entretien auprès de la population en âge de vote d'une part, et auprès des acteurs de la vie politique et de quelques membres de société civile d'autre part ou encore intégrer dans la recherche une étude de la composition du bureau politique national des partis ayant présenté des candidats aux différentes élections. Une étude complémentaire qui prendrait en compte ces éléments serait pertinente. Si nous avions la possibilité d'entreprendre des études approfondies, nous poursuivrons ce travail avec plus de détermination. Un financement de la part d'une institution qui s'y intéresserait serait également la bienvenue.

La réflexion que nous faisons du pouvoir politique en Côte d'Ivoire, est des candidats indépendants de gagner des élections. Sur la base d'une analyse qui extrapole nos données est que si, celui-ci change de démarche en ne cherchant pas à édifier des alliances avec des groupes et des individus, c'est qu'il bénéficie d'un soutien local et extérieur assez important.

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