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Les moyens d'existence des populations dans l'interzone réserve de biosphère du dja-parc national de Nki. Compatibilite ou incompatibilité avec les objectifs de conservation.

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par Claude Tatuebu Tagne
Université de Yaoundé I - Master  2012
  

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IV.2. Droit d'accès aux ressources et son chevauchement dans la zone.

Il existe plusieurs catégories de droits aussi bien sur les terres que les ressources qui s'enchâssent: le droit de hache qui confère le contrôle de l'espace à la première personne qui aura débroussaillé la forêt, les droits généalogiques à travers lesquels les premiers occupants transmettent la propriété aux descendants, les droits productifs (droit d'usufruit et droit de hache, droit du planteur) qui permettent aux membres desdites communautés de vivre de leur propre travail, les droits de succession déterminés par les principes de transmission patrilinéaires permettant aux descendants de jouir des biens légués par les ancêtres et le droit moderne. Ces droits sont superposés sur les espaces et les ressources, et exercés par des unités sociales distinctes: la famille, le lignage et le village. Ils sont garantis par l'autorité morale des

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« aînés » (anciens) et les différentes autorités coutumières, à savoir le chef de famille, le chef de lignage, le chef du village avec son conseil de notables, etc. qui interviennent pour régler les conflits et font ainsi office de tribunal coutumier.

Le régime ci-avant schématisé est davantage caractérisé par l'appropriation de l'espace et justifié pour un système de production à dominante agricole chez les Bantou. Chez les chasseurs cueilleurs dont le processus de sédentarisation est récent, l'on a beaucoup plus affaire à un faisceau de droits sur les ressources enchâssées dans un réseau de liens de parenté et d'amitié.

La tenure foncière est principalement basée sur les droits d'usage coutumiers. Le droit foncier moderne qui procède d'une appropriation publique des terres et des espaces forestiers est peu appliqué dans la région, sauf dans les centres villes de Messok et de Ngoyla où il y a une forte pression de la population sur la terre. La terre appartient à tout le monde dans la région. Chacun peut construire et développer ses activités champêtres, de chasse, de piégeage, de ramassage tout en respectant les limites de son voisin.

Selon Bigombé L. (2011) la coexistence du droit positif et de ces différents systèmes fonciers et institutions de gestion des ressources, a inspiré le concept de « pluralisme légal ». Mais de ce pluralisme, chaque acteur a sa perception sur le foncier et les ressources, une situation où l'État et les communautés ont des perceptions divergentes et tiennent des discours différents sur la propriété des terres et des forêts. L'État, ayant le pouvoir et les moyens, impose son organisation de l'espace.

Les études approfondies sur la cohérence des lois forestières avec celles des autres secteurs dont le foncier, les mines, l'eau et l'énergie, l'agriculture et les infrastructures sont peu développées en ce qui concerne le Cameroun méridional. Les deux forums miniers, organisés à Yaoundé en Mai et en Juillet 2009, ont mis en relief des conflits d'intérêts et des chevauchements de droits et obligations qui appellent, de toute urgence, une telle étude suivie des décisions idoines. En effet, selon Dkamela G.P.(2011)15 on observe une incohérence entre loi forestière et minière, notamment dans l'attribution des titres d'exploration minière dans des parties du réseau national des aires protégées (Parcs nationaux de Lobeke et Boumba-Bek, segment de la TNS en passe de devenir site du patrimoine mondial.) »

Ces chevauchements remettent fondamentalement en question le zonage du Cameroun forestier méridional adopté en 1995. C'est pour cette raison que des travaux pour le zonage définitif de cette zone sont en cours. Nguiffo et Nguepjouo (2009) ont énuméré des aspects

15 Dkamela, G.P. 2011 Le contexte de la REDD+ au Cameroun : causes, agents et institutions. Papier Occasionnel 57. CIFOR, Bogor, Indonésie.

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des droits des titulaires des permis miniers, forestiers et des droits des communautés qui se chevauchent.

Tableau N°8 : Chevauchement des droits forestiers et miniers

Droits des titulaires des

permis miniers

Droits des titulaires des

permis forestiers

Droits des communautés

-Garantie d'accès à la

- Droit de prélever le bois

- Protection des usages sur les

ressource sur le long terme ;

dans la superficie attribuée ;

espaces et sur les ressources ;

 

- Obligation de ne pas

 

-Droit de prélèvement, en

s'opposer à d'autres usages

-Protection de la santé ;

utilisant les techniques les

dans la concession (y

 

plus appropriées (implique

compris aux usages

-Participation aux retombées

souvent l'abattage de la

miniers) ;

économiques.

végétation) ;

- Obligation de garantir

l'aménagement forestier à

 

-Obligation de compenser.

long terme.

 
 

Source : Nguiffo et Nguepjouo (2009)16

Le plan de zonage de cette zone risque de créer un « stress foncier » important, car dans certaines localités où les populations vivent il n'existe pas de bande agro-forestière. De plus certains plans de zonage proposés ne tiennent pas compte des usages et des droits des peuples autochtones. A cet effet, Freudenthal E. et al. (2011)17 signale que « Le projet de plan de zonage pour Ngoyla Mintom (conçu par le WWF) ne tient pas compte de l'usage coutumier des terres par les peuples autochtones et les communautés locales et risque ainsi d'ignorer leurs droits. Le projet prévoit la mise en place d'une nouvelle aire protégée (catégorie 1 de l'UICN) ainsi que de concessions forestières et minières, lesquelles empièteraient sur les zones de ressources utilisées traditionnellement par les peuples autochtones et communautés locales. Ce zonage défectueux risque d'entraîner des restrictions d'accès aux ressources naturelles qui pourraient avoir de graves conséquences sur les moyens de subsistance locaux.»

16 NGUIFFO, S. et NGUEPJOUO, D. 2009 : Mines et forêts et droits : bref aperçu des chevauchements. Communication au Forum national sur la gestion intégrée des ressources forestières et minières, Yaoundé, Cameroun, 16-17 juillet.

17 FREUDENTHAL E., NNAH S. ET KENRICK J., 2011 La REDD et les droits au Cameroun. In Forest Peoples Programme. 35p

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"L'imagination est plus importante que le savoir"   Albert Einstein