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Les moyens d'existence des populations dans l'interzone réserve de biosphère du dja-parc national de Nki. Compatibilite ou incompatibilité avec les objectifs de conservation.

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par Claude Tatuebu Tagne
Université de Yaoundé I - Master  2012
  

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III LA PRATIQUE DE LA CHASSE DANS L'INTERZONE.

III.1. Quelques moyens de prélèvement interdits par la législation camerounaise. Les moyens captures de la faune prohibés par la loi faunique au Cameroun sont les suivants :

· Les collets ;

· Les animaux vivants utilisés comme appelants aveuglés ou mutilés ;

· Les appareils électriques capables de tuer ou d'assommer ;

· Les sources lumineuses artificielles ;

· Les miroirs et autres objets aveuglants ;

· Des dispositifs pour éclairer les cibles ;

· Des dispositifs de visée comportant un convertisseur d'image ou un amplificateur d'image électronique pour tir de nuit ;

100

· Des explosifs ;

· Le feu ;

· Les filets modernes ;

· Les pièges-trappes ;

· Le poison et appâts empoisonnés ou tranquillisants ;

· Gazage et enfumage ;

· Les armes semi-automatiques dont le chargeur peut contenir plus de deux cartouches ;

· Les véhicules automobiles en déplacement.

De plus, il existe une période de fermeture de chasse qui va du 1er décembre au 30 juin dans les régions du Centre, du Sud, du Littoral et de l'Est (Provot L.,2007)

III.2. Une chasse avec des techniques dominées par le piégeage.

La chasse est une activité très pratiquée dans l'interzone. Elle permet aux populations de satisfaire leurs besoins en protéines animales ; de plus en plus, elle devient une source de revenus. Le matériel utilisé est très diversifié. Il est composé des pièges, du câble d'acier, des fusils, des chiens et des lances. Ce matériel varie en fonction du niveau financier des personnes qui exercent la chasse ; mais il reste presque identique dans toutes les localités enquêtées. Ces différentes techniques permettent aux populations de capturer le gibier.

D'après notre enquête de terrain, les outils de chasse utilisés par les populations de l'interzone sont représentés dans le tableau suivant :

Tableau N°16: Les outils de chasse utilisés par les populations dans l'interzone.

Outils de

chasse

Localité

Piège

Fusil

Câble

Autres outils

Messok

15

14

17

7

Ngoyla

15

9

17

4

Nkondong2

2

1

2

1

Zoulabot1

5

4

5

3

Nkondong1

3

2

3

1

Djadom

3

3

3

3

Etékessang

7

7

7

3

Zoulabot2

4

1

3

1

 

101

Bareko

0

1

1

0

Totaux

54

42

58

23

 

Source : Enquête de terrain, 2011

Ce tableau se traduit par le graphique suivant :

50

Effectifs

40

30

20

10

0

42

58

23

70

60

54

Piège Fusil Câble d'acier Autres

Source : Enquête de terrain, 2011 Figure N°15: Les différentes techniques de chasse utilisées par les populations.

Il ressort de ce graphique que la technique la plus utilisée est le câble métallique. En effet, 58 personnes sur 64, soit 91 % utilisent le câble comme outil de chasse. Les lignes de câbles sont rencontrées autour des cultures, dans les jachères et même dans la forêt. Nous constatons ensuite que 54 personnes soit 84 % des personnes enquêtées utilisent des pièges. Il existe plusieurs types de pièges : les pièges à pattes, les pièges à cou... Le câble d'acier et le piège sont les techniques les plus utilisées par les populations de notre zone d'étude. Le nombre de pièges et de ligne de câble par chasseur sont très nombreux. Ils sont utilisés en saison de pluie. La chasse au piège est pratiquée dans tous les villages, en majorité par les hommes. Ceux qui utilisent le fusil représentent 60 % des personnes enquêtées. On les rencontre plus dans la localité de Messok. L'utilisation du fusil dépend du niveau financier du chasseur. La majorité des ménages de l'interzone dispose d'un fusil de chasse, même si par manque de munitions on ne l'utilise pas à tout moment. Ces fusils sont généralement ceux à canons lisses de calibre 12 et ceux de fabrication locale. Bien qu'il soit en marge de la législation il est plus solliciter car il permet de vite abattre l'animal. Il est très utilisé surtout en saison sèche. Ceux qui utilisent les autres techniques représentent quant à eux 36 % . Ces techniques sont constituées de la chasse aves les chiens, la chasse à courre, la chasse à la lance...

102

Ces différentes techniques sont utilisées de manière complémentaire. Il est difficile de rencontrer dans la zone une personne qui utilise une seule technique de chasse. Les techniques les plus utilisées comme nous l'avons constaté sont le câble d'acier et le piège ; d'autres utilisent le câble et le fusil. Selon plusieurs personnes enquêtées, la technique utilisée est souvent fonction des objectifs à atteindre par le chasseur. Par exemple, si on a un enfant malade à la maison et qu'il faut trouver de toute urgence de l'argent pour lui acheter des comprimés, il faut utiliser le fusil car il permettra de vite avoir le gibier. Certains chasseurs nous disent qu'ils utilisent toutes les techniques qui peuvent leur permettre d'avoir le gibier.

Au niveau de l'impact que peut avoir ces techniques de chasse sur la faune, nous pouvons dire qu'il est fonction de la quantité d'animaux abattus par chaque chasseur que de la technique elle-même. Du piège au fusil en passant par le câble, chacune des techniques peut rendre la chasse non durable et compromettre les objectifs de conservation. En effet, le piège et le câble ne font pas de distinction entre les espèces capturées. Ils capturent aussi bien les mâles que les jeunes animaux et les femelles (qu'elles soient en gestation ou qu'elles soient en lactation) les espèces protégées et même celles que la culture interdit la consommation. L'intensification des captures par ces outils pourrait réduire considérablement le potentiel faunique de la zone. Selon Nkomo, (1989) « Le piégeage capture toutes les espèces des petits rongeurs aux artiodactyles de la taille du Sitatunga voire le Buffle en passant par les Potamochères et les Panthères » Le fusil quant à lui permet d'abattre tous les animaux que l'on rencontre ; qu'il soit de grande ou de petite taille, protégé ou non. Mais cependant, il peut être différent dans la mesure où il permet de sélectionner l'animal à abattre. L'enclavement, l'intensification de la répression, les faibles densités des populations réduisent les pressions de la chasse sur la faune. Il est à noter qu'il existe dans la zone des braconniers de profession qui pourraient par leur actes porter atteinte au potentiel faunique de l'interzone. Seul le renforcement des capacités de contrôle par les responsables du MINFOF et du projet de conservation tant au niveau local que transfrontalier pourrait atténuer les impacts de la chasse sur la faune.

La mise en place des projets de conservation, l'intensification de la répression et la rareté du gibier autour des zones habitées ont amené certaines populations à changer de technique de chasse. En effet, 25 % des personnes enquêtées disent qu'ils ont changé de technique de chasse. Ces personnes se rencontrent plus à Messok, 37 % et à Ngoyla, 44 %. A Messok , la majorité des personnes qui ont changer de techniques l'ont fait parce que le gibier devenait trop rare surtout en saison sèche. Ils ont dû remplacer les pièges et le câble par le fusil afin de pouvoir obtenir le gibier. C'est sans doute l'une des raisons qui explique la forte

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utilisation du fusil à Messok comme nous l'avons constaté plus haut dans le tableau n°15. Dans la localité de Ngoyla (siège de l'ONG de conservation : WWF), les personnes qui affirment avoir changé de technique l'ont fait parce qu'il y a trop de répressions, de

sensibilisations et des saisis. Ils affirment que les gardes écologiques appuyés par les
employés du WWF sillonnent la forêt pour enlever les lignes de câble et les pièges ; et s'ils vous surprennent en possession d'une espèce protégée, ils vont vous inculpé pour braconnage. Ils utilisent désormais les techniques qui sont conseillées par les conservateurs. Les autres localités où on rencontre les personnes qui ont changé de technique sont : Etékessang, Zoulabot 1et 2. Toutes ces localités se trouvent dans le massif forestier en conservation. Ceci nous permet de dire que les alternatives qui sont très réclamées par les populations pourraient contribuer à la réduction des pressions sur la faune dans la zone.

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