WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Connaissances locales et modes d'utilisation des plantes médicinales dans le traitement du paludisme et de la fièvre jaune dans la région des cascades. Cas du village de Diarrabakoko.

( Télécharger le fichier original )
par Saliou SANOGO
Université de Ouagadougou - Mîtrise 2014
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

CHAPITRE III : Connaissances locales, procédures d'utilisation et stratégies de conservation des plantes médicinales dans la cure du paludisme et de la fièvre jaune.

La connaissance des plantes médicinales tout comme la connaissance d'autres phénomènes s'inscrit dans un champ bien défini et varie selon la culture locale, voire les "structures sociales" étant donné qu'elle dérive des expériences sociales. En effet, parler de la connaissance locale des plantes médicinales et des procédures thérapeutiques, c'est faire référence avant tout à la pharmacopée traditionnelle qui relève elle-même de la médecine "traditionnelle" ou ancestrale. Différentes de la médecine "conventionnelle" ou "formalisée" par son mode d'acquisition et de transmission, par sa pluralité, son hétérogénéité et sa variabilité, ces pharmacopées traditionnelles ont une particularité, selon Kerharo. Elles sont « toujours faites à base de drogue végétale, prennent leur sources non seulement dans la diversité des groupements humains, des langues, des coutumes et des techniques, mais aussi dans la diversité du climat, du sol, de la flore (Kerharo (1974 :11)». Ainsi, il sera question dans ce chapitre, de la thérapie de ces maladies par les plantes médicinales qui se range naturellement en deux catégories fondamentales : les connaissances et les modes d'utilisations. Les premières sont des états du savoir, les secondes des savoir-faire. Et entre ces deux classes de faits, il y a toute la différence qui sépare les connaissances des modes d'utilisation.

I. Des connaissances locales des plantes médicinales dans la cure du paludisme et de la fièvre jaune

Le paludisme et la fièvre jaune sont des maladies invalidantes de l'ancien régime et plus particulièrement le paludisme qui est aussi du nouveau régime puisqu'elle constitue la principale cause de consultation, d'hospitalisation et de décès dans les formations sanitaires du Burkina Faso d'où un problème de santé publique. Sa transmission reste permanente toute l'année dans les régions du Sud et du Sud-ouest si bien que très peu de personnes s'en échappent, beaucoup en meurt. Cet état de fait traduit non seulement l'impuissance de la biomédecine face à l'épisode pathologique mais aussi les couts directs et indirects d'accès aux soins médicaux qu'ont à supporter les ménages chaque année dans le monde rural où lacapacité de mobilisation des ressources monétaires n'est pas chose aisée. Et, portant, en historicisant ce fait de maladie et sa gestion, il ressort de nos différentes lectures que cette alarmante pathologie était combattue par l'usage des plantes avant même que « Don Francisco Lopez de Cannizare puisse se rendre compte lui-même de l'heureux effet de l'écorce de l'arbre "kinkina" (Lapeysonnie 1988 : 46) d'où est extrait la pure quinine active dans le traitement de l'accès palustre. Un informateur atteste que :

La quinine extrait du kinkena qui est un arbre retrouvé chez les indiens d'Amérique du Sud. En Guinée Conakry, les européens avaient une plantation de cette plante. Seule la quinine est autorisée en monothérapie et qui demeure le remède le plus efficace contre le paludisme (entretien avec DPZ, le 20/04/2012, Banfora).

Ainsi, l'histoire de la médecine moderne tire ses origines de la médecine traditionnelle qui relève d'un « véritable art de guérir dont l'exécutant est le " médecin" et l'instrument, la "pharmacopée"; une pharmacopée riche et nuancée dont la connaissance sans vademcum, formulaire ou codex, se transmet de génération en génération chez les féticheurs, les guérisseurs, les sorciers, par l'enseignement pratique des maîtres et la tradition orale » (Kerharo et Bouquet 1950 : 94).

Cependant, loin d'être seulement une réplique à l'impuissance de la biomédecine, il faut noter que l'utilisation des plantes médicinales est devenue une sorte de phénomène social total qui s'impose à la conscience collective, des "indigents" aux plus favorisés. Leur connaissance émane de la culture somatique et thérapeutique de Diarrabakôkô où il existe un éventail extrêmement varié de plantes médicinales entrant dans la cure du paludisme et de la fièvre jaune, perçus comme deux formes d'une même maladie. A cet effet, le constat de terrain révèle la connaissance d'une abondance de drogues végétales selon le sexe et les maladies.

Tableau 14 : Distribution de la connaissance des plantes par sexe et par maladie

Maladies

Sexes

Paludisme

Fièvre jaune

Maladies

Sexe

 
 

Paludisme

Fièvre jaune

Femmes

Oui

Non

Oui

Non

100%

0%

44,1%

55,9%

Hommes

94,2%

5,8%

46,1%

53,9%

Source: données du terrain du 30 Mars-Avril 2012 à Diarrabakôkô

Cette analyse statistique montre que les enquêtés connaissent plus de plantes dans la cure du paludisme et les femmes en connaissent plus (100%) que les hommes (94,2%). Comparativement à la connaissance des plantes dans le traitement du paludisme, la connaissance des plantes dans celui de la fièvre jaune est moindre chez les enquêtés. En effet, 55,9% des femmes disent n'en pas avoir connu contre 46,1% chez les hommes. La plus grande connaissance des plantes dans la cure du paludisme pourrait s'expliquer par la perception différentielle de ces pathologies.

Le paludisme de par sa nature récurrente et recrudescente fait grever chaque année la bourse des individus. Donc tous les moyens sont bons pour lutter contre, d'où la large diffusion des connaissances sur les espèces propres à y faire face surtout chez les femmes qui sont durablement touchées par cette affection avec leur progéniture. A propos, nous sommes en présence d'un savoir commun populaire partagé dans cette société goin sur les plantes médicinales dans le traitement du paludisme. En ce sens, toute la population est investie de la mission curative même si certains en sont des spécialistes à travers la nature des espèces végétales qu'ils utilisent et les modes d'acquisition de leurs savoirs. Par contre, la moindre connaissance des enquêtés sur les espèces entrant dans la cure de la fièvre jaune proviendrait de son caractère inhabituel et dangereuse. De ce fait, son traitement incomberait plus aux spécialistes de la médecine traditionnelle dont le savoir médical apparait toujours aux yeux des profanes comme possesseur du pouvoir traditionnelle dont la légitimité découle des ancêtres des génies même si certains enquêtés en connaissent ; ce qui relève dans ce cas d'un savoir commun spécialisé et non spécialisé. Ainsi, après l'étude de la connaissance ou non des plantes entrant dans la thérapie de ces maladies, il s'agit à présent, de déterminer celles que les enquêtés connaissent le plus ou moins à travers leurs fréquences calculées sur la base du nombre de fois qu'elles ont été mentionnées au sein de chaque catégorie d'âge. A cet effet, sont considérées comme les plus connues, les espèces ayant une fréquence supérieure ou égale à 5%. Soit fi = 5% et les moins connues sont celles qui ont fréquence inférieure à 5%. Soit fi < 5

Tableau15 : Connaissance des espèces par âge entrant dans le traitement du paludisme

Espèce connues Ages

[18-35]

[35-52]

[52 et +]

Noms scientifiques

Noms locaux goin/jula

%

%

%

Eucalyptus camaldulensis

Yrii djan

12,16

7,29

7,26

Carica papaya L.

Papayer yrii

14,86

7,29

5,65

Maanguifera indica

Mangoro yrii

10,81

2,08

0,81

Anofeissus leiocarpa

Guamungu/Kerekete

6,76

16,67

12,90

Cassia occidentalis L.

Kinkeliba

6,76

0

3,22

Cassia sieberiana

Guanguamberè/Sindjan

5,41

10,42

9,68

Tamarindus indica

Guanguantchogo/Tomi

4,05

1,04

2,42

Sanna siamea

Cassia

2,70

1,04

3,22

Guiera senegalensis

Tcholipupu/Kunguè

1,35

2,08

1,61

Trichilia emetica

Nicorpiele/Sulafinssan

1,35

2,08

0

Végétal non identifié

Bomboromafian

1,35

6,25

5,65

Nauclea latifolia

Tchofian/Bati

1,35

6,25

4,84

Végétal non identifié

Sonsolon/Ladon

1,35

1,04

4,23

Entada africana

Guampanle/Samanere

0

6,25

2,42

Citrus limon L.

Citron/Lemurukumu

0

1,04

0,81

Vitellaria paradoxa

Musungu/Karite

0

1,04

1,61

Végétal non identifié

Cossafina

16,22

3,96

7,50

Azadirachta indica

Neem yrii

13,51

12,50

10,48

Cola cordifolia

Sulamangoro

0

1,04

0

Piliostigma resticulatum

Pimbemungu/Yama

0

2,08

1,61

Vitex chrysocarpa

Koto yrii

0

2,08

0

Végétal non identifié

Cohilo/Tutu mussoman

0

1,04

1,61

Lannea microcarpa

Tantambilan / Pegun

0

1,04

1,61

Pteleosis suberosa

Djumatcholo

0

0

2,42

Ipomea asarifolia

Gonkagni/Dugumad iala

0

0

2,42

Mitragyna inermis

Anfian/Dun yrii

0

1,04

2,42

Végétal non identifié

Hienfiandjantan

0

0

2,42

Terminalia avicenniodes

Wolon/Wara yrii

0

1,04

0

Végétal non identifié

Karognu/Tutu tcheman

0

1,04

0

Végétal non identifié

Teregue yrii

0

0

0,81

Psidium guajava

Goyaki yrii

0

1,04

1,61

Canthium

Ladjifofana

0

0

0,81

Total

 

100%

100%

100%

Source : données du terrain, Mars-Avril 2012 à Diarrabakôkô

Aussi, les espèces connues dans la cure de ces deux pathologies varient non seulement avec l'âge, le sexe, leur nature, la maladie mais aussi avec les tradis-thérapeutes. En effet, l'observation de ce tableau 15 ci-dessus, relatif à la distribution des espèces connues dans le traitement du paludisme permet de voir une variation en nombre et en nature au fur et à mesure que l'âge augmente. En effet, s'inscrivant dans la tranche d'âge de [18-35[, on dénombre seulement 15 espèces dont les plus connues sont ''cossafina''(16,22%), Carica papaya (14,86%), Eucalyptus camaldulensis ''Yrii djan''(12,16%) et Azadirachta indica ''neemier'' (13,51%), Manguifera indica ''manguier'' (10,81%).Le constat est que toutes ces espèces sont exotiques et se retrouvent pour la plus part dans les espaces socialisés du village. En outre, lorsqu'on s'inscrit dans la catégorie d'âge de [35-52[le constat de terrain relève 11 espèces de plus et celles qui sont les plus connues sont Anofeissus leiocarpa ''Guamungu''en langue goin et ''kerekete''en jula (16,67%), Azadirachta indica (12,50%), Cassia sieberiana ''guanguambere''en goin et ''sindjan''en jula (10,42%). Par contre, dans l'intervalle d'âge [52 et + [, sont inventoriés 2 espèces de plus que la seconde et 15 que la première catégorie d'âge dont les plus connues sont Anofeissus leiocarpa "guamungu" (12,90%) Azadirachta indica (10,48%); Cassia sieberiana "guanguambere" (9,68%). Lorsqu'on essaie d'analyser, on s'aperçoit que le nombre des espèces augmente avec l'âge et les fréquences des plantes les plus connues varient en fonction de leur nature. Azadirachta indica et Anofeissus leiocarpa semble être les plantes les plus connues dans le traitement du paludisme.

Tableau 16: Connaissance par sexes des plantes dans le traitement du paludisme

Espèces connues Sexe

Femmes

Hommes

Noms scientifiques

Noms locaux guoin, jula

Fréquences%

Fréquences%

Eucalyptus camaldulensis

.../Yrii djan

4,44

10,37

Anofeissus leiocarpa

Guamounou/Kerekete

15,56

10,37

Azadirachta indica

.../Neemyrii

13,33

10,37

Végétal non identifié

Bomboromafian/

10

1,48

Cassia sieberiana

Guanguambere/Sindj an

6,67

10,37

Cassia occidentalis L.

.../Kinkeliba

3,33

2,96

Manguifera indica

../ Mangoro yrii

3,33

3,70

Végétal non identifié

.../Cossafina

4,44

7,41

Carica papaya L.

... /Papayeryrii

6,67

6,67

Sanna siamea

.../Cassia

1,11

1,48

Nauclea latifolia

Tchofian/Bati yrii

4,44

6,67

Tamarindus indica

Guanguantchogo/Tomi yrii

3,33

2,96

Vitellaria paradoxa

Musungu/Si yrii

2,22

0,74

Pteleosis suberosa

Djoumatcholo

3,33

0

Ipomea asarifolia

Gonkagni/Dugumadj ala

3,33

0

Végétal non identifié

Hienfiendjantan

3,33

0

Mitragyna inermis

Anfian/Dun yrii

2,22

0,74

Piliostigmo resticulatum

Pembimungu/Yama yrii

2,22

2,22

Guiera senegalensis

Tcholipupu/Kungue yrii

4,44

0,74

Végétal non identifié

Karognu/Tutu tcheman

1,11

0

Terminalia avicenniodes

..../Wolon yrii

1,11

0

Trichilia emetica

Nicorpiele/Sulafinssan

0

1,48

Végétal non identifé

Sonsolon/Ladon

0

4,44

Entada africana

Guampanle/Samanere

0

5,94

Cola cordifolia

.../Sulamangoro

0

0,74

Citrus limon L.

.../Lemurukumuyrii

0

1,48

Psidium guajava

. /Goyaki yrii

0

0,74

Végétal non identifié

Cohilo/Tutu mussoman

0

2 22

Vitex chrysocarpa

/Koto yrii

0

1,48

Lannea microcarpa

Tantambilan/Pegun yrii

0

1,48

Canthium

.../Ladjfofana

0

0,74

TOTAL

 

100%

100%

Source: données de terrain, Mars -Avril 2012 à Diarrabakôkô.

Ensuite, lorsqu'on essaie de voir la fréquence des espèces connues par sexe sur ce tableau 16, on se rend compte que certaines plantes sont plus connues par les deux sexes mais avec une fréquence beaucoup plus élevée chez les femmes au niveau des plantes comme Anofeissus leiocarpa (15,56%), Azadirachta indica (13,37%) contre (10,37%) pour chacune de ces espèces chez les hommes. Par contre, seule la connaissance de Cassia sieberiana (Guanguambere) en locale est élevé chez les hommes (10,37%) que chez les femmes (6,67%). Il faut noter aussi une fréquence égale de la connaissance de Carica papaya chez les enquêtés soit (6,67%). En outre, le constat révèle un taux de connaissance élevé des plantes telles Ecalyptus camaldulensis (10,37%), Cossafina (7,41%) dont nous n'avons pas pu déterminer le nom scientifique, Nauclea latifolia tchofian en goin (6,67%) et Entada africana Guanguambere en goin (5,94%) chez les hommes que chez les femmes qui en ont une moindre connaissance soit respectivement 4,44% pour les trois premières plantes et aucune connaissance de la dernière. Inversement, on note chez les femmes une grande connaissance de la plante appelé en langue locale goin Bomboromafian à 10% et l'est moins chez les hommes soit 1,48%. De plus, il est à signaler que d'autres espèces, connues faiblement par les femmes telles Pteleosis suberosa (Djoumatcholo), Ipomea asarifolia (Gonkagnie), Hienfiandjatan avec une fréquence respective de 3,33% chacune sont en revanche méconnues des hommes car entrant dans la cure de certaines fièvres des enfants tel que la fissure anale comme le souligne cet enquêté :

Bon ! Moi j'utilise 5 plantes que je prépare dans un même canari pour soigner la fièvre des enfants. Tu enlèves les feuilles de Tomi, karité, Djoumatcholo (les tiges) les feuilles de Gonkagnie, Hienfiandjantan (tiges) et tu prépares ensemble ; mais comme je te l'ai indiquée, c'est comme ça il faut mettre dans le canari, bouillir, faire boire à l'enfant et le laver avec matin et soir (entretien avec S.I., le 10/04/2012).

Ce qui justifie aussi ce faible niveau de connaissance des femmes car relevant d'un savoir-faire dans l'association et la mise en canari des plantes. De même, le constat montre que des plantes connues par les hommes comme sonsolon (4,44%), Guampanlè (5,94%) sont méconnues par les femmes surement à cause des règles qui codifient l'accès aux différentes parties indispensables à l'utilisation telles que les écorces, les racines car dans les milieux traditionnels, l'extraction de ces parties est réservée aux hommes a déclaré un enquêté : « C 'est moi-même qui part enlever mes plantes en brousse parce que si tu envoies quelqu'un la personne peut tout mélanger. Souvent aussi, j'achète avec les tradi praticiens surtout les racines car les femmes n'enlèvent pas les racines (entretien avec C.A., le 22/04/2012) ».

Du reste, ce système de classement des parties par sexe relève de ce que Bourdieu appelle la "distinction" où les feuilles symbolisent la féminité et l'écorce et les racines, la masculinité

Tableau17 : Connaissance des plantes par âge dans le traitement de la fièvre jaune

Espèces Ages

Connue

[18-35 [

[35-52 [

[52 et + [

Noms scientifiques

Noms locaux goin/jula

Fréquences %

Fréquences%

Fréquences %

Végétal non identifié

Sonsolon

0

4,26

12,50

Nauclea latifolia

Tchofian/Bati

33,33

14,89

16,07

Cassia sieberiana

Guanguambere/Sindjan

0

10,64

5,36

Cola cordifolia

Sulamangoro

0

2,13

0

Anofeissus leiocarpa

Guamungu/Kerekete

0

17,02

16,07

Entada africana

Guampanle/Samanere

0

6,38

0

Vitellaria paradoxa

Mussungu/Karite

0

2,13

0

Tamarindus indica

Guanguantchogo/Tomi

0

4,26

1,78

Parkia biglobosa

Bwaun/Nere

33,33

6,38

5,36

Végétal non identifié

Kongobarni

0

2,13

1,79

Terminalia aviceniodes

Wolon yrii

0

2,13

1,79

Mitragyna inermis

Afian/Dun yrii

0

2,13

1,79

Daniella oliveri

Gnanle

0

2,13

3,57

Végétal non identifié

Bomboromafian

0

10,64

5,36

Piliostigma resticulatum

Pembinmungu/Yama

0

2,13

0

Azadirachta indica

Neem yrii

0

6,38

3,57

Végétal non identifié

Miminanbwa

0

2,13

3,57

Calotropis porcera

Diaware

0

0

7,14

Lannea microcarpa

Tantambilan/Pekun

0

0

3,57

Végétal non identifié

Siyele/Djoro yrii

0

0

0

Végétal non identifié

Tchatere/Wo yrii

0

0

0

Annona senegalensis

Tobre/Lombolombo

0

0

1,79

Trichilia emetica

Nicorpiele/Sulafinssan

0

0

1,79

Cochlospernum planchonii

N'dribala

33,34

0

3,57

Végétal non identifié

Dabruhain

0

2,13

1,79

Total

 

100%

100%

100%

Source: données du terrain, Mars -Avril 2012 à Diarrabakôkô

Par ailleurs, en s'inscrivant dans la connaissance des plantes médicinales dans la cure de la fièvre jaune, la variation est plus perceptible avec l'âge et le sexe. En effet, le tableau 17 ci-dessus laisse percevoir que les individus dont l'âge est compris entre [18-35[ont une très faible connaissance des plantes, vu les trois (03) espèces que sont Parkia biglobosa communément appelle en jula "néré" et "Bwaun" en goin, Nauclea latifolia "Tchofian" et Cochlospernum planchonii "N'dribala" citée chacune à 33,33%. De [35-52[. On dénombre 18 espèces dont 15 de plus que la précédente et avec une connaissance élevée des espèces comme Anofeissus leiocarpa "Guamungu" (17,02%), Nauclea latifolia (14,89%), Cassia sieberiana "Guanguambere" et "Bomoromafian" (10,64%) chacune. Par contre, en observant dans la catégorie d'âge de [52 et + [, nous remarquons aussi un taux élevé de connaissance de certaines plantes comme dans celle de [35-52[. Il s'agit d'Anofeissus leiocarpa et de Nauclealatifolia connues respectivement à 16,07%. En outre, d'autres espèces plus connues dans l'intervalle [52 et + [telles "sonsolon" (12,50%) et Calotropis procera "Diavare" (7,14%) sont moins ou pas connues dans la tranche d'âge [35-52[. Par contre, dans cette dernière catégorie d'âge l'Azadirachta indica est la seule plante qui est moins connue dans la tranche d'âge de [52 et + [soit 3,57%. Il en résulte que la connaissance va de pair avec l'âge puisqu'elle dérive de l'expérience sociale comme évoqué précédemment. Il est intéressant de noter aussi que les connaissances de ces plantes répondent aux représentations de cette maladie.

En observant le tableau ci-dessous relatif à la connaissance des espèces connues par sexe, on se rend compte que les hommes ont une plus grande connaissance des plantes que les femmes. En effet, 27 espèces ont été citées par les hommes parmi lesquelles figurent trois (03) espèces (Bwaun, Guanmungu, Tchofian,) chez les femmes qui en ont citée 10. Par contre, sur les 10 plantes citées par ces dernières, seulement 6 espèces (Bomboromafian, Neemier, Mininanbwa, Guanguanbèrè, Yama) sont absentes chez les hommes. Il faut noter que parmi les espèces connues par les hommes, les plus connues sont Nauclea latifolia (16,43%), sonsolon (12,34%), Anofeissus leiocarpa (12,33%), Cassia siberiana (8,22%). En revanche, les moins connues sont les plus nombreuses dont fait partie trois (03) espèces telles Siyèté, Tchatèrè, Tobre cité par un guerisseur : « Bon ! Pour soigner le Djokadjo, moi j'associe 3 plantes Tobra, Siyèté; Tchatèrè [...] (entretient avec S.M., le 09/04/2012, Diarrabakôkô)». Contrairement aux hommes, les plantes les plus connues par les femmes sont Bomboromafian (22,86%), Anofeissas leiocarpa (20%), Azadirachta indica (17,14%), Nauclea latifolia (11,43%). L'interprétative qui se dégage de ces données est la perception même de cette pathologie et le statut social des individus qui joue un rôle dans la légitimation et l'acquisition du savoir sur les espèces. Autrement dit, la Connaissance des espèces propres à soigner tient compte du statut social. Ce qui signifie que les hommes sont prédisposés à la connaissance de ces plantes, mais aussi du fait qu'ils sont plus victime de cette maladie.

Tableau 18 : Connaissance des plantes par sexe dans le traitement de la fièvre jaune.

Espèces Sexe

connues

Femmes

Hommes

Noms scientifiques

Nom locaux goin/Jula

Fréquence %

Fréquence %

Parkia biglobosa

Bwaun/Nére

5,71

6,85

Anofeissus leiocarpa

Guamungu/Kerekete

20

12,33

Nauclea latifolia

Tchofian/Bati

11,43

16,43

Végétal non identifié

Bomboromafian

22,86

0

Azadirachta indica

... /Neem yrii

17,14

0

Végétal non identifié

Miminanbwa

8,57

0

Cochlospernum planchonii

... /N'dribala

8,57

0

Cassia sieberiana

Guanguambèrè/Sindjan

2,86

8,22

Piliostigma thonningii

Pembinmungu/Yama

2,86

0

Végétal non identifié

Sonsolon/Ladon

0

12,34

Daniellia oliveri

Gnanle

0

4,11

Calotropis procera

Diaware

0

5,48

Végétal non identifié

Siyele/Djoro yrii

0

1,37

Végétal non identifié

Tchatere/Wo yrii

0

1,37

Annona sengalensis

Tobre/Lombolombo

0

2,74

Bombax costatum

Bumbun

0

2,74

Trichilia emetica

Nicorpiele/Sulafinssan

0

1,37

Végétal non identifié

Kongobarani

0

2,74

Terminalia aviceniodes

Wolon yrii

0

2,74

Entada africana

Guampanle/Samanere

0

4,11

Végétal non identifié

Dabruhian

0

2,74

Mitrgyna inermis

Afian/Dun yrii

0

2,74

Lannea microcarpa

T antambilan/Pekun

0

1,37

Tamarindus indica

Guanguntchogo/Tomi

0

4,11

Vitallearia paradoxa

Mussungu/Si yrii

0

2,74

Cola cordifolia

Sulamangoro

0

1,37

Total

 

100%

100%

Sources : Données de terrain, du 30 Mars au 22 Avril 2012 à Diarrabakôkô

Du reste, tout comme la connaissance de ces maladies, la connaissance de ces plantes médicinales n'est pas une réalité, un fait en soit mais plutôt un rapport social étant donné que la santé se mesure aux trames relationnelles. Ce qui nous amène à parler des différentes sources d'acquisition de connaissances des plantes médicinales dans la cure de ces pathologies.

1.1- Des sources de connaissance ou d'acquisition des connaissances locales des plantes médicinales

Les connaissances/savoirs sur les plantes médicinales dans le traitement du paludisme et de la fièvre jaune sont en général acquises et transmises en milieu traditionnel de génération en génération par initiation ou par apprentissage mais aussi dans le cadre même des relations interpersonnelles ou par expériences. En effet, l'individu n'acquière des connaissances sur un phénomène donné qu'en étant en interaction avec ses pairs dans la société. Ainsi, pour faire face à la récurrence de certaine pathologie comme le paludisme, il est indispensable surtout dans cette zone endémique de Diarrabakôkô pour lui d'avoir un minimum de connaissance sur les espèces appropriées à assurer sa propre guérison et celle des autres. Et cette connaissance, il ne peut l'acquérir qu'en objectivant sa maladie lors de ses multiples interactions avec ses semblables. Ce proverbe Bambara qui dit que "Bana loba yèrè féré, kènèya loba yèrè sân" (la maladie se vend et la santé s'achète) illustre bien cette idée dans la mesure où la vente et l'achat s'effectue dans un même espace relationnel. De cet effet, observons le tableau 21 ci-dessous relatif à la distribution des sources de connaissances des enquêtés sur les plantes médicinales dans la cure du paludisme et de la fièvre jaune.

Tableau 19: Distribution par sexe et par maladie des sources de connaissances des plantes médicinales

Sources de connaissances

Maladies

Sexe

Parents

Voisins

Expérience

Mari

Non Réponses

Total

Paludisme

H

56,2%

27,5%

16,3%

0%

0%

100%

F

40,3%

40,3%

10,4%

09%

0%

100%

Fièvre jaune

H

44,90%

22,45%

14,28%

0%

18,4%

100%

F

38,56%

25,58%

11,6%

20,9 %

20,9%

100%

Sources : Données de terrain, Mars-Avril 2012 à Diarrabakôkô

L'observation de cette distribution statistique témoigne de l'origine sociale des connaissances sur les plantes médicinales. En effet, une maladie aussi invalidante et récurrente que le paludisme entraine nécessairement dans le milieu rural comme celui de Diarrabakôkô une implication de tous les membres de la famille voire même de toute la société dans sa gestion car elle est toujours au stade de la "solidarité mécanique" fait d'interdépendance. On remarque donc, que le réseau parental et l'environnement social interviennent plus dans la connaissance des espèces chez les enquêtés. Mais la parentèle intervient plus dans la connaissance des espèces entrant dans la cure du paludisme et de la fièvre jaune chez les hommes soit respectivement 56,25% et 44,90% que chez les femmes soit40,30% et 38,56%. Par contre, chez ces dernières c'est l'environnement social (voisinage) qui intervient le plus soit aussi respectivement 40,30% et 25,58% que chez les hommes où il intervient respectivement à 27,5% et 22,45%. En outre, il est à noter que les époux interviennent plus dans la connaissance des espèces chez les femmes en cas de fièvre jaune (11,63%) qu'en cas de paludisme (8,95%), vu la perception différentielle de ces maladies. Ce qui explique du même coup les réponses non obtenues qui sont d'ailleurs plus élevées chez les femmes (20,93%) que chez les hommes (18,37%). L'interprétation qui se dégage de ces données est que dans cette société rurale, les individus sont insérés dans des réseaux de relations qui leur permettent d'acquérir des connaissances sur les plantes médicinales indispensables par moment pour les premiers soins, « Cependant, la société est organisée de manière à lutter de son mieux contre l'hostilité de l'ambiance. Elle exploite les moindres possibilités de la nature. Elle est d'une contexture serrée. L'individu n'est point abandonné au hasard. Il appartient à un clan hiérarchisé. Il obéit à la coutume qu'établirent ses aïeux pour s'adapter aux luttes et aux nécessités de la brousse, comprendre ses exigences, prévoir et éviter l'évènement fortuit » (Dim Delobsom : 1934 :200). A propos, cette analyse nous amène à concevoir la société comme une « configuration d'interdépendance » selon les expressions d'Elias (1970).

Par ailleurs, on ne saurait procéder à l'analyse des connaissances locales et modes d'utilisations des plantes médicinales dans le traitement du paludisme et la fièvre jaune à Diarrabakôkô sans parler des thérapeutes qui sont des guérisseurs, agriculteurs pour la plupart, des chasseurs Dozo comme les autres habitants du village ou des "sokalas" voisines. « De la même façon que les croyances médicales et les traitements varient selon les contextes socioculturels de même ce qui caractérise les thérapeutes en tant qu'individus, leur comportement, leur formation changent selon les systèmes (Genest 1978 :18) ». Au regard de ce qui précède, nous pouvons dire que le savoir des thérapeutes relève soit de l'initiation (maitre et initié), soit de l'hérédité (petits-fils, grands-parents, petits-enfants, oncles, neveux...) au cours d'un long processus de pérégrination ou de l'achat. Trois guérisseurs s'expriment à propos :

Moi je n'ai pas choisi d'être guérisseur. C'est mon papa qui m'a choisi. Il ne m'a pas mis à l'école et il m'a préparé pour le remplacer. Je peux dire que j'ai hérité ça de lui. Mais j'ai appris aussi avec ses collaborateurs parce que un père ne veut pas tout apprendre à son enfant par peur de son comportement. (Entretien avec S.M., le 09/04/2012, Diarrabakôkô)

« Moi je suis un dozo et je fais un peu de l'agriculture. Le dozo et la connaissance des plantes m'ont été donnés par le papa. Lui-même était un grand chef dozo. J'ai aussi appris d'autres mais ça prend la tête de certaines personnes et pas d'autres. J'ai fait 3 ans au Mali pour ajouter à ce que mon père m'a enseigné. Tu sais, on ne finit jamais d'apprendre si ce n'est dans la tombe. (...). Pour être dozo, tu travailles pour le maître pendant des années et s'il est satisfait, il décide de t'apprendre à connaître les secrets de la brousse et la vertu des plantes. Le dozo et la connaissance des plantes sont liée. (Entretien avec B.Z., le 10/04/2012, Diarrabakôkô)

« Bon ! Ce métier, je l'ai appris auprès d'un maître coranique pour une somme de 1800F et c'est tout. Il n 'y avait pas de rituel autour et il m'a appris ça car sans le connaître, je l'ai hébergé chez moi ». (Entretien avec S.I., le 10/04/2012, Diarrabakôkô)

Il en résulte que les modes d'acquisition des connaissances de ces guérisseurs demeurent la base de la reconnaissance de leurs qualités au sein de la société puisqu'elles émanent des sources diversifiées qui sont en général la règle. Pour ce faire donc, il faut séjourner à l'étranger, se familiariser avec les nouvelles pratiques ou en acheter. Comme l'ont montré Kerharo et Bouquet dans leur étude que : « Les guérisseurs de savane sont surtout détenteur d'un secret hérité ou acheté et souvent, même les plus réputés ne connaissent pas dix (10) plantes en dehors de celles entrant dans la composition de leur médicaments (Kerharo et Bouquet 1950 :32) ». En outre, il est à signaler que l'apprenti guérisseur n'est habilité à aller cueillir seul les drogues végétales que lorsque la « science des reconnaissances botaniques » est jugé suffisante par le père ou le maître. Ce qui sous-tend que la connaissance est progressif et cela demande de la patience et de la mémoire. Toutefois, la connaissance dans la médecine traditionnelle qu'elle soit transmise par hérédité (de père en fils) ou par initiation (maître et initié) revêt toujours un caractère sacré, ce qui légitime la spécialité de leur savoir auquel s'ajoute la nature locale des espèces qu'ils emploient.

Cependant, le constat révèle l'acquisition des connaissances par achat qui est la méthode la plus simple, mais devenu de plus en plus cher. Ce qui peut avoir un impact sur les honoraires des guérisseurs. Cette assertion est illustrée par informateur :

Bon !les plantes que j'ai apprises ont été payantes. Je me suis déplacé pour aller connaître deux plantes à Bamako, j'ai payé 500.000F là-bas, à Korhogo aussi, j'ai payé 600.000F ; Ghana où j'ai fait trois (03) mois là-bas, j'ai payé 300.000F. C'estcher parce qu'ils savent que tu t'es déplacé et tu en a besoin. "i macogno yrii lo ". Bolo fla lobi djen ka gnogon ko"( ce sont les deux mains qui se joignent pour se laver ». (Entretien avec S.D., le 09/04/2012, Diarrabakôkô)

Il ressort de ce discours que l'achat des connaissances peut aboutir à la formation des pseudos spécialistes de certaines plantes médicinales et entraîner du même coup le sur enrichissement des honoraires qui se limitent en général dans cette médecine traditionnelle aux gestes symboliques ainsi qu'à la satisfaction. Trois guérisseurs déclarent :

Moi mon travail n'a pas de prix car il arrive souvent que le malade n'a pas d'argent, tu prends avec Dieu et tu lui donne le médicament, s'il reconnaît après tant mieux. Chez moi l'humanisme doit précéder l'argent "Adamadenga binwari gna" car les retombées peuvent être sur tes enfants (...). Bon ! Pour soigner le paludisme, je prends 7000F et Djokadjo 12000F mais c'est jusque-là à la guérison totale (entretien avec S.D., le 09/04/2012, Diarrabakôkô).

« Chez moi un canari de médicament du paludisme n'est pas cher. Si réellement c'est le paludisme, je demande le prix de l'essence pour aller chercher les plantes ou un poulet et on soigne le malade jusqu'à la guérison. On s'entre aide ici. Pour la fièvre jaune c'est aussi la même chose. (Entretien avec O.D., le 09/04/2012, Diarrabakôkô)

Bon ! Moi je n'ai pas le prix fixe, que tu me donnes 25F ou 50F, je prends. Ce que le malade gagne, c'est ce que je prends. Généralement beaucoup d'entre nous parlent de difficultés d'apprentissage pour rendre cher leur traitement. Moi mon grand-père ne m'a pas appris pour vendre mais pour servir. Ce que tu as appris, n'a pas de prix. Il faut servir telle est la règle de mon grand-père. La guérison d'abord et l'argent après. (...). Moi mon traitement de paludisme et Djokadjo, c'est juste un poulet. C'est ceux qui sortent pour acheter leur connaissance qui ont un traitement cher ; souvent même c 'est plus cher que le traitement du toubab (entretien avec S.S, le 10/04/2012, Dirabakôkô) ».

Il en résulte de ce fait que les honoraires varient en fonction des sources d'acquisition des connaissances et du lien de familiarité que chaque membre de la société entretient avec ses thérapeutes. D'autres part, les modes de transmission de leurs connaissances est fonction des modes d'acquisition d'où des règles codifiant le rite de passage des néophytes. Trois guérisseurs résument ces règles présidant le rite de passage :

Aujourd'hui, si tu veux avoir des connaissances sur les plantes tu vas enlever beaucoup d'argent. Toutes choses est affaire d'argent maintenant. Pour apprendre chez moi, il y a des connaissances dont le rituel demande un mouton, d'autres un poulet plus l'argent. Je n'ai pas de prix fixe. Un prix bas pour quelqu 'un que je connais et le prix normal pour les étrangers (entretien avec H.B, le 12/04/2012, Diarrabakôkô).

Bon ! Peu importe ton ethnie, chacun peut exercer ce métier. Si l'initiative vient de toi, on va t'initier. Bon ! (...) l'initiation consiste à enlever le "tomsso" (galettes faite à base de la farine de haricot) dans l'huile chaude sur le feu 3 fois ; si c'est un homme et 4 fois si c'est une femme. Hum ! Pour les femmes c'est quatre parce qu'en plus d'être Homme qui fait 3 elles sont nos mamans voilà pourquoi c 'est 4. Si tu as pu enlever les "tomso ", on saura que le secret te conviendra et tu es tenu de garder ça. Si non on ne trille pas, on peut donner le savoir à tout le monde pourvu que la personne soit intéressée. Avant, les "flatigui"(guérisseurs) gardaient jalousement leur secret mais aujourd'hui avec la modernité on est eu peu ouvert mais dans la méfiance à cause du mauvais comportement des enfants (entretien avec S.M, le 09/04/2012, Diarrabakôkô).

Comme moi je ne fais pas de ces connaissances mon métier, si quelqu'un veut apprendre avec moi je lui demande juste de payer un prix forfaitaire car mon papa ne m'a pas appris pour que je garde pour moi seul. Il m'a donné pour que je puisse m'aidé et aider les gens ; pour cela, je te montre pour qu'à ton tour tu fasses la même chose ou que tu seras et qui tu es. La connaissance est faite pour être partagée mais ceux qui en font un métier, c'est normal que l'apprenant paye de l'argent et sois soumis au maître. C'est comme pour les "toubabs'' (blancs), il faut payer pour aller à l'école, apprendre pendant des années à côté du maître. Lorsqu'il est sûr que tu as bien appris, il peut te donner la route accompagné de sa bénédiction (entretien avec H.T, le 11/04/2012, Diarrabakôkô).

En considérant tous ces discours, nous pouvons conclure que dans le domaine de la médecine traditionnelle, le rite de passage nécessite un certain nombre de qualités tel le courage, la patience et la mémoire malgré le prix à payer sans qu'il y ait prédestination. Pour le dire autrement, en reprenant la formulation de Kalis : « Les qualités exigées de l'élève sont le courage, la discrétion, la patience, la maîtrise de soi et une obéissance sans faille ». (Kalis 1997 : 188).

Par ailleurs, les données empiriques révèlent l'existence des règles dans le milieu même des guérisseurs. Et ces règles vont de l'interdiction à la vente sur le marché des produits émanant d'un savoir ancestral en passant par les médias pour la promotion ou toute forme de publicité comme le note un enquêté :

"Lonigna sir a ka Tchà", (la connaissance a plusieurs chemins).Vendre la connaissance sur le marché le rend méprisable. Le vendeur de pharmacies (pharmacien) tout comme le docteur n'a pas besoin de se vendre. Les doigts sont gros et grand, la connaissance est ainsi faite. Si tu connais, tu connais ; si tu ne peux pas réfère le malade à un plus compétent. La publicité nuit à la connaissance selon moi. Les ancêtres n'ont pas dit ça. Dieu n'a pas dit ça. "Li ta foka lé kadi, Ni ya nènè Lo ibi sôrô kalon kaakadi " (le miel ne dit pas qu'il est bon. C 'est lorsque tu vas le goutter que tu sauras qu'il est bon) tel est la connaissance. (Entretien avec S.D, le 09/04/2012, Diarrabakôkô)

Envisager de façon interprétative ce qui vient d'être développé, il convient de mentionner avec Bibeau que : « Dans ces systèmes non formalisés comme le sont les médecines traditionnelles, tout le savoir est agi tout est acté, tout est dit en situation et il n'existe pas une science de concepts qui se maintiendrait par elle-même et qui pourrait être reconstitué en dehors des situations de maladie (Bibeau 1978 : 92-93)».

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Je voudrais vivre pour étudier, non pas étudier pour vivre"   Francis Bacon