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anthropologie des techniques dans la pratique de la pêche au canton Ntem 1


par Cédric ONDO OBAME
Université Omar Bongo - Master 2016
  

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1.2 Le champ de la recherche

1.2-1 Cadre théorique

Notre objet d'étude nous amène à nous inscrire dans deux cadres théoriques correlés. Il s'agit dans un premier lieu de l'anthropologie des techniques. Ce cadre théorique va nous permettre de faire un inventaire des techniques sollicitées par les pêcheurs. Cette déclinaison permetra aussi d'étudier les techniques utilisées par chaque classe d'acteurs. Il nous est important dans ce travail de ressortir le lexique spécialisé relatif à la pêche des Fang Ntumu. Mais pour y arriver, André Leroi Gourhan et André Georges Haudricourt nous sont utiles.

L'anthropologie des techniques est une branche de l'anthropologie qui s'intéresse à l'histoire, à l'usage et aux rôles des objets techniques, y compris leur rôle symbolique. Elle étudie les effets des techniques sur les autres phénomènes sociaux et vice versa. Etant une des méthodes du courant évolutionniste et diffusionniste, elle prend son essence au XIXe siècle où elle a servi au classement des sociétés en fonction de leurs savoir-faire technique ou technologique. L'anthropologie des techniques rend compte du mode de fonctionnement physique et de l'efficacité des techniques. De plus, l'étude anthropologique des techniques et des objets techniques ne se limite pas aux techniques et aux objets considérés comme traditionnels ou anciens, mais également aux faits sociaux contemporains : l'alimentation, le vêtement, la chasse, l'agriculture, le corps, etc.

Dans l'examen des techniques de pêche, la question du rapport aux cours d'eau, aux techniques mais aussi toute la représentation construite autour, nous amènent dans un second lieu à nous inscrire dans l'anthropologie des imaginaires et des représsentations. A ce niveau nous convoquons Cornélius Castoriadis (1999) et Maurice Godelier (2010). Les représentations et imaginaires qui encadrent la pratique de la pêche nous amènent à solliciter les travaux de ces auteurs. Il faut dire qu'une technique implique bien plus qu'elle-même mais tout un imaginaire de la pratique. Il est important de comprendre l'histoire des populations, leur environnement immédiat, l'histoire de leurs techniques et du milieu social en présence. Cela permet de saisir la vision symbolique de l'ethnoculture concernée. D'où la nécessité pour nous de faire doublement appel à ces deux cadres théoriques.

Dans le cadre de la pêche au canton Ntem 1, l'objectif d'une anthropologie des techniques permet de dépasser le simple cadre d'une observation extérieur ou d'une description de la technique pour approcher la pensée de la conception matérielle de celle-ci. Cette approche est éclairée par des théories émises par Cornélius Castoriadis (1999) notamment sur l' « imaginaire instituant » des techniques de pêche chez les ntemois. En reprenant l'auteur, il s'agit d'une performance cognitive créatrice d'une oeuvre sociale. Les pratiques sociales sont instituées parce qu'il y a des besoins sociaux à couvrir tel que celui de se nourrir en aliments halieutiques. C'est aussi à ce niveau le rapport de la technique aux représentations qui l'encadrent. De plus, cette question des rapports corrélés aux techniques et aux cours d'eau amène à saisir les rapports entre « idéel et matériel » au sens de Maurice Godelier (2010).

Les représentations voire les imaginaires sont la constitution des ordres et des rapports sociaux, l'orientation des comportements collectifs et transformations du monde culturel. Ces représentations et imaginaires instituent, soutendent et donnent du sens aux pratiques sociales et particulièrement aux techniques de pêche dans ledit canton. On peut donc comprendre un groupe quelconque en fonction de ses modes de pensées. Ces derniers sont alors ce que nous appelons logiques soujacentes ou constructions mentales qui peuvent encadrer une pratique culturelle donnée.

1. 2.2 Zone d'étude

Notre recherche s'est déroulée au canton Ntem 1 au nord de la province du Woleu-Ntem. Plus précisement, nous avons travaillés sur quatre villages dudit canton. Ce dernier se trouve particulièrement dans le département du Ntem (Bitam). Du point de vue étymologique, Ntem signifie littéralement en fang ntumu ntem (la branche) d'après notre interlocuteur Enguang Emmanuel1(*). Le fleuve Ntem est alors comparé à une grosse branche d'arbre. Ce nom a été donné à cette localité à cause de la présence du grand fleuve de la province qui est le Ntem. Or, on ne peut grimper un fleuve comme un arbre. On peut en revanche le traverser. Notre zone d'étude est donc situé à la traversée dudit fleuve pour accèder au Cameroun et de la rivière Kyè pour accèder à la Guinée Equatoriale.

Le canton Ntem 1 est une des subdivisions des six cantons du département du Ntem. On y trouve des hommes, des femmes et des enfants qui sont des agriculteurs, des pêcheurs-chasseurs, des commerçants et des scolarisés pour les plus jeunes. Le personnel administratif affecté dans certains des soixantes-quatre villages du canton (surtout les districts Eboro-Ntem et Meyo-Kyè) est en majorité hétérogène et respectivement repartie dans les secteurs de la Douane, Gendarmerie, Police, Phito-sanitaire, Education scolaire et Ecclésiastique. Selon le découpage actuel, le canton date d'environ dix ans et a connu l'installation des postes administratifs au fil du temps. Il compte une population d'environ quatre milles (4000) habitants d'après les données reçues à l'assemblée départementale de Bitam en 2014.

Les villages sur lesquelles nous avons travaillé sont entre autres : Eboro-Ntem qui est à trente kilomètres (30 km) de Bitam ; Ndzibap qui est à trente-deux kilomètres (32 km), Bikass qui est à trente-cinq kilomètres (35 km) et Akam-si à trente-huit kilomètres (38 km). Ces villagess sont tous situés dans le même axe routier Eboro-Ntem et Meyo-Kye au Nord-Ouest du canton Ntem1. L'objectif était d'avoir une compréhension large de notre objet d'étude. Dans cette aventure, la préoccupation était de voir si les techniques de pêche utilisées et les représentations culturelles qui les encadrent étaient semblables. Cela nous a aussi permis de compléter nos informations et même de les confronter.

Les six cantons du département sont Ntem 1, Ekorété, Mveze, Mbogha, Kess et Koum. Mais le plus peuplé et le plus fourni en cours d'eaux est le Ntem 1, d'où notre intérêt pour cette localité. Comme nous le verrons, ce canton est dominé par trois grands cours d'eau à savoir : le Ntem, le Kye et le Mvézé. Il abrite l'essentiel de la pratique de la pêche dans le département.

Ci-après, nous présentons la carte de données géographiques et hydrographiques de notre champ d'enquète pour une meilleure localisation.

Carte 1 : présentation géographique de la zone d'étude au sein du canton Ntem1

Cette carte localise la zone d'étude. Elle présente la partie nord-ouest du canton Ntem 1 notamment les villages enquétés : Eboro-Ntem, Ndzibap, Bikass, Akam-si et l'hydrographie de ladite zone (confère légende de la carte).

* 1 Enguang Emmanuel, agé de 68 ans environ, de nationalité gabonaise, du clan essandone, ancien pêcheur permanant, à Eboro-Ntem le 11/09/2014.

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"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"   Corneille