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Attutide et pratique de la population locale face aux dégats causés par les animaux protégés de la reserve de faune a Okapi (RFO)


par Jacques MIDUANDULE MAMU
Université de KISANGANI - Licence 2020
  

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INTRODUCTION

0. 1. Contexte et justification

L'intégration de la conservation avec les autres usages de terre est particulièrement difficile dans la région à grand potentiel agricole où les activités agricoles touchent une région protégée qui contient des animaux potentiellement dangereux (Dudley et al. 1992).

En effet, de tendances globales concernant la démographie humaine, l'évolution de l'habitat, ainsi que la distribution et le comportement de la faune, ont contribué à accroître les conflits humains-faune.

Parmi les principales causes des conflits humains-faune, il y a (i) les besoins du développement humain, qui se caractérise notamment par la compétition entre une population humaine croissante et la faune sauvage pour des espaces et des ressources naturelles en diminution ; (ii) la migration de populations humaines pour des raisons de sécurité physique ou alimentaire. Cela est particulièrement vrai en Afrique, où d'une part la population humaine a pratiquement triplé en quatre décennies à partir de 1960 et en conséquence, l'emprise agricole a colonisé les terres les plus marginales, empiétant ainsi sur les habitats de la faune sauvage (Siex et Struhsaker, 1999) et d'autre part, le nombre annuel de situations d'urgence alimentaire et de guerres civiles a presque triplé en Afrique depuis les années 80. Ce qui fait que dans l'ensemble de l'Afrique subsaharienne, une personne sur trois est sous-alimentée (Carthy, 2006).

Ces facteurs génèrent une migration continuelle des populations rurales vers les zones où elles peuvent trouver des ressources naturelles. Or ces zones sont souvent occupées par la faune sauvage. Ceci exacerbe les conflits humains-faune. La guerre et les troubles de l'ordre civil peuvent pousser les populations à se réfugier dans les aires protégées, où elles exercent une forte pression sur les ressources naturelles et entrent en compétition avec la faune. On estime par exemple que plus de 120 000 personnes déplacées par la guerre civile vivent actuellement dans les aires protégées du Mozambique (Gouvernement du Mozambique, 2006).

En RDC, quoi que les statistiques officielles ne soient pas formellement établies, le nombre de personnes vivants dans les A.P. et même celui de rebelles des différents pays voisins ne restent pas moins et ne cessent d'augmenter. Ceci crée donc une situation de conflit presque permanant entre homme et faune.

Bien plus, les paysans africains éprouvent peu de sympathie pour la faune sauvage et voient simplement les animaux sauvages comme source de viande. Cela est illustré par le fait que, dans plusieurs langues bantoues, le mot nyama utilisé pour désigner la faune signifie aussi « viande », ce qui signifie : nourriture, bêtes etc. Les populations rurales considèrent la conservation de la faune sauvage, en particulier les grands mammifères, comme une menace pour leur sécurité physique et alimentaire, si cela n'est pas bien expliqué. Cette perception négative est particulièrement marquée au voisinage des A.P., où les coûts quotidiens supportés par les populations riveraines en raison de la présence de populations de faune peuvent expliquer que cette dernière soit de moins en moins tolérée. Les communautés peuvent alors développer une attitude négative vis-à-vis des réserves et de la faune, ce qui exacerbe les conflits et compromet les efforts de conservation. C'est donc dans ce contexte que cette étude est réalisée particulièrement dans la RFO en RDC.

0.2. Problématique

Depuis 1970, la multiplication des aires protégées (A.P) au niveau local, régional et mondial mais également des divers modèles de conservation ont été mis en place oscillant entre une protection stricte de la nature et des formes plus participatives (Thomas, 1991). Les A.P. habitées, ou celles incluant à divers degrés les populations voisines, ont ainsi connu l'une des plus fortes progressions depuis les premières expérimentations du projet Man and Biosphère (Thomas, 1991).

Avec ce dispositif de « protection intégrée » de la nature, les grandes instances internationales et les gouvernements locaux pensent pouvoir éviter un certain nombre de conflits sociaux liés à l'implantation de mesures de « protection intégrale », comme notamment l'expulsion de populations locales ou les « populations traditionnelles », pour que les A.P. ne constituent pas « des îlots sanctuaires » déconnectés du reste du territoire, on réglemente certains usages à leur sein ou à leur proche périphérie (WCS-RDC, 2013).

La cohabitation entre les populations locales et la faune sauvage à l'intérieur ou à la périphérie de la réserve ne va pas forcément bien du fait que la population locale est obligée de contribuer à la gestion des espèces protégées qui sont souvent impliquées à la destruction de leurs activités génératrices de revenus, comme leurs champs des cultures, leurs élevages, etc. Ceci crée ainsi un conflit homme-faune.

En effet, la mise en réserve conduit à une plus forte concentration en espèces animales sauvages que dans les zones non préservées, soit parce que les preneurs de décision cherchent à maximiser la viabilité des populations sur des espaces parfois réduits, soit parce que les animaux trouvent refuge dans ces zones.

Parmi ces espèces, certaines peuvent s'avérer problématiques et dangereuses parce qu'elles détruisent les espaces cultivés, s'attaquent aux animaux d'élevage et dans certains cas blessent ou tuent des êtres humains (Guillaume, 2012).

Les populations voient leurs droits d'usage des milieux et des ressources naturelles se réduire drastiquement au nom d'une vision de conservation de la nature qui est souvent exclusive de l'homme local (Neumann, 1998), ce qui soulève plusieurs inquiétudes auprès de la population riveraine. Ainsi, dans le cadre de cette étude les questions ci-après seront abordées.

0. 3. Questions de recherche

La principale question de la présente étude est libellée de comme suit : quel comportement adopte la population locale face à la faune de la RFO responsable des dégâts ? »

Partant de cette question principale, trois questions spécifiques ci-dessous se dégagent :

- Quels sont les animaux qui causent des dégâts aux activités de la population locale ?

- Que fait l'équipe de gestion lorsqu'elle se rend compte que les animaux ont causés des dégâts aux activités agricoles de la population locale ?

- Quel attitude et pratiques adopte la population face aux dégâts causés par animaux de la RFO ?

0. 4. Hypothèses

L'hypothèse principale est la suivante : la population locale développe une attitude de méfiance face aux activités de la conservation de la nature organisée dans la RFO.

Partant de cette hypothèse principale, se dégagent les trois hypothèses spécifiques

suivantes :

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- les grands Mammifères sont à la base des dégâts causés aux activités de la population locale ;

- les gestionnaires des aires protégées dédommagent les paysans victimes et organiseraient le refoulement des bêtes ;

- la population locale refoule les animaux qui menacent leurs activités chasserait les animaux dans leurs champs et enclos d'élevage pour éviter les dégâts.

0. 5. Objectifs

L'objectif principal de cette étude est d'identifier les attitudes et la pratique d'adopte la population riveraine de la RFO face aux dégâts causés par les animaux protégés de la RFO.

De cet objectif principal, se dégagent trois objectifs spécifiques ci-dessous :

- Identifier les espèces des mammifères qui causent des dégâts sur les activités de la population locale ;

- Déterminer les éléments de la correction des dommages des dégâts causés aux activités agricoles de la population ;

- Déterminer les stratégies de protection des activités de la population. 0. 6. Intérêt du travail

Le présent travail présente plusieurs intérêts :

1) Il établit le lien entre la faune sauvage et la population humaine dans la RFO, ce qui facilitera la tâche au gestionnaire

2) Il prone l'approche de la gestion participative en incluant la population locale qui a un rôle efficace à jouer dans la mission de la gestion de l'AP, la préservation des habitats et la protection de la faune sauvage

3) La présente étude vise le développement socio-économique de la population locale en cherchant les voies de sécurisation et de mécanisation des récoltes issus des activités agricoles.

0.7. Subdivision du travail

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Le présent travail comporte quatre chapitres mis à part l'introduction et la conclusion. Le premier chapitre traite des généralités (définitions de concepts clés). Le deuxième présente le milieu d'étude et les méthodes utilisées. Le troisième présente les résultats et le quatrième fait la discussion.

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CHAPITRE I : GENERALITES 1. 1. Quelques concepts de base

- Contribution de la population locale dans la conservation des espèces protégées (CPLCEP).

Le CPLCEP est un terme couramment utilisé dans le milieu de la conservation et par les gestionnaires de la faune et de la flore pour décrire les attributions de la communauté locale dans la gestion de leurs ressources naturelles du milieu.

- Aire protégée

Une aire protégée est une portion de terre, de milieu aquatique ou de milieu marin, géographiquement délimitée, vouée spécialement à la protection et au maintien de la diversité biologique, aux ressources naturelles et culturelles associées ; pour ces fins, cet espace géographique doit être légalement désigné, réglementé et administré par des moyens efficaces, juridiques ou autres (Convention internationale sur la diversité biologique,1992).

- Partie prenante

On entend par partie prenante l'Etat, les institutions chargées des aires protégés et les organisations non gouvernementales agrées exerçant leurs activités statutaires dans le secteur de l'environnement en général et de la forêt en particulier. (Ministère de l'environnement, conservation de la nature et tourisme, 2011).

- Comités locaux de Développement

Ces structures ont pour rôle de proposer des projets de développement communautaire en faveur de la population locale ; ces projets peuvent être de types de construction des centres de santés, les écoles, les marchés, les routes, etc. (MONUSCO, 2013).

- Comité de pilotage

Lorsqu'un milieu naturel est déclaré aire protéger, il doit être préserver et l'état peut le classer en définissant son type de gouvernance et son niveau de catégorie et ces acteurs. Toutes les activités relevant de l'aire protégée ou du parc, devenu déclaré par arrêté ou décret, sont alors strictement réglementé.( ministère de l'environnement Haitii 2006)

- Espèces intégralement protégées

Les espèces animales intégralement protégées sont les espèces qui ne peuvent être abattues, capturées, détenues, transportées, commercialisées, importées ou exportées qu'à des

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fins exclusivement scientifiques, par des institutions de recherche reconnues, conformément à la réglementation. (Arrêté n° 6075 du 9 avril 2011)

Pour RFO, la liste des espèces animales intégralement protégées varie avec les résultats de la recherche. Actuellement 11 espèces sont intégralement protégées dans la RFO (Ohole et Ntumba, 2005). Le tableau qui suit donne ces espèces.

Tableau 1 : Espèces animales intégralement protégées à la RFO ( Mambasa, RDCongo)

Nom français

Noms français

Noms vernaculaires

Chevrotain aquatique

Hyemoschus aquaticus

Alabi

Okapi

Okapia johnstoni

Sindula

Eléphant

Loxodonta africana africane

Tembo

Chat doré

Profelis aurata

Pakamtoro

Crocodile du nl

Crocodylus niloticus

Mamba

Genette aquatique

Osbernictis piscivora

Kasimbasimba

Pangolin géant

Manis gigantea

Kabanga

Oryctérope

Orycteropus afer

Tumba

Chimpanzé à face clair

Pan troglodytes

Sokomutu

Perroquet gris

Psittacus erithacus

Kasuku, Chaku

Tortue géante

Malacochersus torrieri

Kulu

La population de Mammifères de la forêt tropicale humide d'lturi constitue une communauté très diversifiée et fortement endémique. Elle est aussi une importante source de protéine alimentaire pour les populations locales. La RFO abrite d'importantes populations d'éléphants des forêts d'Afrique et constitue également une zone prioritaire de conservation des primates des forêts denses (Gates et al,1987). Elle contient au moins 13 différentes espèces de primates anthropoïdes, la plus haute diversité jamais connue sur place en Afrique

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(Thomas, 1991). L'lturi est également l`habitat principal de " L'espèce vedette" de la réserve : I `okapi (Okapia johnstoni). L'lturi abrite en outre toute une gamme d'autres grands mammifères terrestres, y compris le buffle des forêts (Syncerus caffer) I`hylochère (Hylocoerus meneirzhageni), le Potamochère (Potamochoerus porcus) et les antilopes.

1..2. Aperçu historique de la RFO

L'histoire de la RFO remonte en 1945 avec la création du village d'Epulu par l'Américain Patrick Putnam, qui s'est installé initialement en qualité d'hôtelier et puis qui s'est lancé dans la capture des certains animaux dont l'okapi, chimpanzé et certaines espèces de singes. En 1946 les véritables opérations de capture organisées en « Groupes de Capture des Okapis » (GCO) subsidiées par la Belgique furent entreprises par M. Scholler.

En 1952, M. Jean de Medina, un officier de chasse Portugais, venu de Bafwasende où il avait commencé les activités de captures de quelques espèces animales dans l'actuel parc national de la Maiko, créa la Station de Capture et d'élevage des okapis (SEO) à Epulu.

Pendant son séjour à Epulu, il a pu créer un zoo à différentes espèces animales comme l'okapi, le chimpanzé, le buffle de forêt, le bongo, les crocodiles, les petits singes, différentes espèces de céphalophes et autre animaux (lions et éléphant domestiqués venus de Gangala-na-Bodio au parc national de la Garamba (DRAFT, 2010).

En 1964, toutes les infrastructures touristiques de la SEO furent détruites par la rébellion Muleliste et en 1968, vingt-huit okapis, 14 éléphants et d'autres espèces qu'elle hébergeait furent aussi tués. En 1968 la SEO est devenue propriété d'Institut Zaïrois pour la Conservation de la Nature (IZCN, actuellement ICCN).

Entre 1996 et 2002, la RFO a été le théâtre des guerres civiles qui ont eu un impact très important sur les ressources de la Réserve. En particulier le commerce à grande échelle du gibier, le grand braconnage à main armée (notamment pour l'éléphant et les primates) et l'exploitation minière se sont intensifiés et ont attiré un flux migratoire important des populations vers la Réserve. (WCS, 2010)

1..4. Système de gestion appliqué à la RFO

Le système de gestion appliqué à la RFO est appelé gestion participative ou cogestion des A.P. Nous entendons par là, une forme de partenariat permettant aux différents acteurs impliqués dans la gestion, de se partager les fonctions, les droits et les responsabilités

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relatives à la gestion d'un territoire ou d'une gamme des ressources jouissant un statut de protection. Ces acteurs sont appelés ici parties prenantes (UICN, 1997).

Le diagramme ci-dessous présente les différents types de « parties prenantes » concernées par la gestion d'une réserve et dont les membres seront invités à former le comité de pilotage de la réserve. Chaque groupe peut rassembler plusieurs « sous-représentant », ainsi par exemple, les communautés locales peuvent être représentées par des délégués issus et choisis au sein des « Comités locaux de Développement » (CLD).

Figure 1 : Diagramme de gestion participation de la RFO

Source : Raghunathan et Ansay, 2013).

La figure 1 montre qu'il y a quatre intervenants dans la gestion de la RFO. Il s'agit des décideurs politiques, les populations locales, les scientifiques et les gestionnaires de la réserve proprement dite. Les gestionnaires incluent les administrations, responsables officiels AP ou les chefs de projets ; les décideurs sont aussi bien liés aux autorités locales (chef de territoire, de district...) qu'aux agences gouvernementales. Enfin, la spécificité de la gestion est officiellement confiée à un centre de recherche sous tutelle du Ministère de la Recherche Scientifique, repris ici dans le groupe des « scientifiques ».

1.5. Les problèmes des aires protégées en ROC

La Commission des forêts et de la faune sauvage pour L'Afrique (CFFA, 2000), qui fut précédée par la 13e session du Groupe de Travail sur la gestion de la faune sauvage et des Parcs Nationaux a fait le compte rendu des rapports nationaux présents par les pays membres, mettant en évidence les problèmes majeurs suivants qui leur sont communs :

- Conflits d'intérêt dans l`utilisation de terres dans les AP. ;

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- Recrudescence du braconnage à cause de dures conditions financières et de l'insécurité alimentaire ;

- Réduction des ressources fauniques et floristiques au sein des A.P. ;

- Troubles sociaux et politiques, qui entravent la bonne gestion des ressources ; - Difficulté de participer aux accords internationaux et faible niveau de coordination parmi les participants africains aux négociations internationales ;

- Problèmes institutionnels (y compris formation et recherche) et contraintes financières ;

Ces problèmes ont un impact considérable sur la faune sauvage et la gestion des aires protégées en Afrique. Les expériences positives à ce sujet, mentionnées dans les rapports nationaux connus étant les plus remarquables, sont les suivantes :

- Une tendance à l`augmentation des A.P. dans certains pays de la région, afin de renforcer activement la conservation des ressources naturelles ;

- L'émergence du concept des parcs transfrontaliers et de programmes de la gestion participative supportés par l'aide internationale ;

- L'élevage du gibier et introduction de certains animaux dans les A.P. sont en expérimentation dans un bon nombre de pays (Afrique du sud, RDC, etc.)

- Des études de la situation des ressources de la faune sont en cours, malgré des conditions socio-économiques quelquefois difficiles ;

- Utilisation des ressources de la faune à des fins variées, y compris la médecine traditionnelle, la recréation, le tourisme et l'alimentation ;

- Des études socio-économiques visant à améliorer le développement de la production et l'utilisation de gibier, l'apport de la gestion participative des ressources fauniques dans l'amélioration des conditions de vie des populations dans les zones rurales.

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"Il existe une chose plus puissante que toutes les armées du monde, c'est une idée dont l'heure est venue"   Victor Hugo