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Croissance urbaine et enjeux fonciers dans le nord du département de rufisque: cas des communes de Tivaouane-Peulh-Niague et Bambilor


par Alassane Niang
ESEA ex ENEA - DESS 2016
  

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Chapitre I: REVUE CRITIQUE DE LA LITTERATURE

Plusieurs auteurs se sont prononcés sur les questions de croissance urbaine et des enjeux fonciers, il y en a parmi eux qui ont travaillé dans la zone des Niaye et particulièrement les communes ciblées. Ces auteurs se sont appuyés dans leurs réflexions sur le transport, la démographie, les coûts fonciers, et même l'action des pouvoirs publics pour expliquer les facteurs d'étalements désordonnés des villes et leur croissance dans leurs périphéries. Ainsi, le développement du transport et des infrastructures routiers sont à prendre en compte pour expliquer l'étalement de la ville sur sa périphérie, ce qui cadre bien avec les nouvelles lignes de transports qui relient notre zone d'étude et les axes routiers qui facilitent son accessibilité. Pour Wackermann (2000) l'extension des transports dans les zones les plus reculées et la motorisation individuelle constitue aussi un facteur d'étalement urbain dans les périphéries, ces deux points facilitent l'accessibilité au centre et encouragent les populations à s'installer dans les périphéries.

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Au-delà d'être un facteur de l'étalement urbain, le transport peut aussi être un facteur de développement économique dans les zones rurales. Diabang Ndeye Fatou (2014) dans son mémoire sur « l'impact du système de transport dans le développement socioéconomique de Bambilor » a rappelé l'importance des infrastructures routières dans une zone à forte urbanisation. Ces infrastructures jouent un rôle important dans le développement de la filière agricole avec le transport des produits agricoles vers les villes alentours, cela renforce la vocation agricole de la zone.

Le déplacement de la population rurale vers les villes est aussi un facteur explicatif de l'étalement des villes. Les jeunes et les femmes sont plus concernés, ils sont majoritaires à migrer vers d'autres horizons, en ville notamment. Ces jeunes et femmes sont victimes d'une discrimination due au « caractère patriarcal de l'exploitation familiale dominée par le chef de concession qui ne leur permettent pas l'accès à la propriété foncière et la liberté d'user de la terre à leur guise » (M. Bara 2012, p 197). Dans le cadre des villes africaines, P. VANNETIER (1991), auteur de plusieurs ouvrages sur l'Afrique, souligne un aspect fort important propre aux villes africaines et sur le rôle de la ville comme réceptacle des espoirs des ruraux. Selon lui, les néo-citadins sont pour la plupart accueillis par des parents proches dans les quartiers populaires péricentraux, un phénomène bien connu en Afrique. Les citadins, quant à eux, sont animés par le souci d'être propriétaire d'une parcelle, du coup de nouveaux quartiers apparaissent, alimentant ainsi l'extension périphérique des villes. Ngom Cheikh Abdou Lahat (2013) dans son mémoire sur « l'urbanisation et problématique de l'aménagement urbain dans la périphérie de Dakar : le cas de la localité de Tivaouane-Peulh-Niague » est revenu sur l'impact de la croissance dakaroise sur la commune de Tivaouane-Peulh-Niague. Les causes de la périurbanisation dans cette zone sont dues selon lui à deux facteurs, la poussée démographique locale et la croissance de l'agglomération dakaroise. Mais les raisons qui ont poussé l'arrivé massif des citadins dans la zone de Tivaouane-Peulh-Niague sont dues au coût abordable du foncier, à la volonté des populations de disposer d'une propriété individuelle, mais surtout de la décision des pouvoirs politiques de reloger certaines personnes déplacées ou sinistrées.

En outre ces facteurs explicatifs l'étalement urbain dans ses périphéries ne se fait pas sans impacts .Les impacts touchent le secteur agricole. Dans la périphérie nord les espaces résidentiels se substituent aux terroirs agricoles. De nouveaux morceaux de villes émergent dans les terroirs de Kounoune, de Niacoulrap et de Tivaouane Peulh M. Diongue (2010).

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Y .Diallo(2014) dans sa thèse sur « Dakar, métropole en mouvement. Recomposition territoriale et enjeux de la gouvernance urbaine à Rufisque » est revenu sur l'impact des dynamiques urbaines dans le département de Rufisque surtout sa partie nord, qui risque de perdre sa vocation agricole et « bientôt qualifiée d'ex-grenier des villes ». Cette situation s'explique par l'extension géographique des agglomérations qui se fait avec l'absorption de zones rurales, cette absorption dérègle toute une chaîne. Ainsi, l'incidence de la croissance démographique sur le foncier périurbain se traduit par la progression du front d'urbanisation et le recul de l'espace agricole.

Les espaces agricoles serviront de socle pour le bâti P. DUBBY (1991). Ainsi cette transformation du terroir agricole en terrain de construction impact sur l'activité des producteurs locaux et fait émerger d'autres activités qui démontrent les capacités d'adaptation des populations. Certains jeunes ont aujourd'hui davantage recours aux activités non-agricoles telles que la maçonnerie et la fabrication des briques cuites, afin de conquérir le marché de construction créé par cette nouvelle donne.

Également, la périurbanisation et l'étalement urbain ont des effets négatifs sur l'environnement et le milieu naturel. Les atteintes de l'urbanisation sur l'environnement sont incontestables. A.T.Diagana (2013) dans son mémoire : « Analyse des effets de la périurbanisation dans les zones humides : cas de la communauté rurale de Bambilor » explique comment l'étalement urbain impacte négativement sur l'équilibre écologique de la zone. Les dunes de sable sont exploitées et utilisées dans les constructions d'infrastructures. Ainsi le sable fin des dunes intérieurs et des côtières sont prélevés jusqu'à leur épuisement. Ces prélèvements abusifs transforment certaines carrières en bassin de rétention d'eau. Alors que les prélèvements le long de la cote détruisent la bande de filao et favorise l'érosion côtière. Cette artificialisation des sols conduit également à des inondations. Mbow Dame (2014) l'évoque dans son mémoire « la croissance urbaine et des enjeux fonciers dans la commune de Bambilor, avec comme cas le conflit sur le TF R.1975 ». En effet, dans cette commune de Bambilor, l'installation sur d'anciens marigots et l'occupation par les constructions des voies de passage des eaux sont l'une des causes des inondations. Plusieurs cités construites sur d'anciens marigots, sont inondées en période d'hivernage.

Cependant « la présence du sol Dior favorable à l'urbanisation explique le dynamisme démographique de la périphérie nord ». Le sol Dior réputé moins inondable, encourage même cette quête effrénée du logement par les populations d'où la forte spéculation foncière dans la zone. Ainsi le foncier en plus d'être une nécessité devient de facto un instrument de

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convoitise. De l'avis de M. PAGES (1980) qui apporte un autre aspect particulier résultant de la privatisation des sols : « c'est la spéculation qui défavorise le logement social et repousse la population hors des limites de la ville ». Ainsi poursuit-il, « cela conduit à une opposition très prononcée entre villes légale conforme aux textes et ville réelle plus large qui fait fi aux logiques urbanistiques. Les autorités refusent encore d'y investir du fait des risques (cuvettes, zones inondables...) et du coût élevé, mais contraints tout de même de la régulariser par l'octroi de titre foncier, si elles veulent disposer davantage de fiscalités ».

Y .Diallo(2014) relève cette impuissance de l'Etat dans la partie Nord du département de Rufisque, disant que « la tentative de l'Etat de faire une main mise sur ses terres de cet ensemble territorial en les affectant aux paysans regroupés en section rurale a très vite montré ces limites dans la mesure où le mouvement de colonisation amorcé par les citadins s'est étendu sur une large part des terres ».Seulement En essayant de s'approprier de la gestion foncière des espaces ruraux périurbains, l'Etat soustrait aux instances locales leur légitimité dans la maîtrise foncière. Mais cette lutte d'autorités, cache également un système de dépossession des terres au détriment des populations locales.

En effet les pratiques des monarchies anciennes, surtout celles de Cayor en vue de satisfaire sa clientèle politique s'est substituée à cette lutte dans la gestion des terres. Cette pratique n'est pas rompue elle est aujourd'hui perpétuée par l'Etat moderne pour un même objectif, satisfaire aussi « la clientèle politique en vue de la reproduction du pouvoir » (M. Bara ,2012).

Mbow Dame (2014) confirme cette thèse d'accaparement des terres à Bambilor à travers l'étude qu'il a fait sur le conflit du domaine général Chevance Berthin .En effet, selon lui le domaine qui englobait les 7 villages dans la commune Bambilor a été exproprié par l'Etat et revendu à des hommes d'affaires, des promoteurs immobiliers, et même des députés et en méprisant des exploitants agricoles locaux natifs de la zone menacés d'expulsion sur des terres hérités de leurs ancêtres. Y. Diallo (2013) abonde dans le même sens tout en relevant les pratiques rentières des citadins sur les terres qui se situent dans les périphéries « le paradoxe est que l'écrasante majorité des citadins ont pour seul objectif de se procurer de vaste espaces afin de les parcelliser et de les revendre dès qu'une opportunité d'une hausse de la valeur du foncier s'offre à eux. Ainsi de grands commerçants et de cadre supérieur de la fonction publique, privée et de professions libérales ont réussi à s'accaparer une plus grande part des terres sans se fier aux exigences des autorités ».

Même si leurs réflexions ont été fécondes et pertinentes, les auteurs n'ont pas abordé la problématique des limites entre les collectivités territoriales surtout que le découpage administratif de 2011 qui a bouleversé l'équilibre de la zone, du point de la cohérence

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territoriale. La reconfiguration du département n'a été que très peu effleurée même si Y. Diallo (2013) a abordé dans un angle totalement centré sur la ville de Rufisque et ses influences sur ses périphéries. Il aurait été plus pertinent de l'actualiser avec une vue globale axée sur l'équilibre du département avec les projets actuels de l'Etat prônant de nouveaux centres autres que la ville de Rufisque qui décline, ce que M .Diongue (2010) a évoqué dans son ouvrage : Périurbanisation différentielle : mutations et réorganisation de l'espace à l'est de la région dakaroise (Diamniadio, Sangalkam, Yène) même si là aussi l'avenir des vieilles villes Bargny et Rufisque qui font face à l'avancée de la mer n'a été que peu abordé. En outre, c'est une partie de ces difficultés qui touchent le foncier que la commission nationale de la réforme foncière (2016) a voulu corriger dans son document de politique foncière adressée au président de la République. La CNRF a émis une batterie de recommandation en fonction des zones rurales et urbaines.

Mais au-delà des imprécisions notées sur beaucoup de points dans le Document de Politique Foncières, les recommandations de la CNRF n'ont porté que très peu d'intérêt sur la question du littoral. La commission n'a pas jugé peut-être pertinente de faire un parallélisme entre les communautés ces pécheurs vivant sur les terres du littoral, comme elle l'a si bien fait avec les communautés paysannes et leur terre de leur terroir. Cette omission s'expliquerait par la rédaction de la loi sur le littoral qui devait être adopté en même temps que celle sur le foncier après les travaux de la commission. Mais cette volonté n'est restée que dans un cadre d'annonce. Dans ses recommandations, la CNRF ne prend pas aussi en compte la capacité des communes à se départir des ressources tirées du foncier, surtout, celles qui n'ont que ces revenues pour rester viables.

En effet, l'obligation de ces communes à exploiter ces sources de revenues tirées du foncier fait face à la nécessité de pérenniser les activités agricoles surtout dans les communes à caractères rurales situées dans les périphéries des grandes villes qui ont une croissance urbaine rapide et une forte consommation foncière. Ce paradoxe posera la question de l'efficacité de la protection des activités agricoles telle que préconisée dans les recommandations de la CNRF. Les recommandations avaient omis aussi l'importance de rendre l'activité agricole bénéfique aux communes à telles sortes qu'elle puisse être une source de revenue pour elles. Ce qui pouvait permettre à ces communes de tirer des revenues alternatives et trouver ainsi un intérêt financier à protéger les activités agricoles et protéger les espaces agricoles.

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"Le doute est le commencement de la sagesse"   Aristote