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Appartenance de la république démocratique du congo à  la conférence internationale sur la région des grands lacs: atout ou obstacle pour son émergence ?


par Charles Duhanel BILOKO
Université de Kinshasa - Sociologie 2019
  

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II.2.2. La CIRGL face à la rébellion du M23

a) Contexte et chronologie des événements

La rébellion du M23 est le copier-coller de l'ex-rébellion du CNDP.

- Le 29 Avril 2012, des soldats de l'ex-rébellion du CNDP, intégré dans l'armée congolaise après les accords du 20 mars 2009 évoqués précédemment, désertent et lancent une mutinerie. A la tête des mutins, on retrouve des proches du général Bosco NTANGADA, un ancien du CNDP, nommé général après les accords de paix avec le gouvernement congolais, aussi recherché par la CPI pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité53(*).

- Le 6 mai 2012, un communiqué annonce la création du M23, en référence aux accords du 23 mars 2009 entre le gouvernement congolais et le CNDP, dont les membres demandent l'application intégrale. Certes officiellement, souligne C. Rigaud, le M23 exige du gouvernement congolais l'intégration au sein de l'armée régulière des combattants de l'Ex-CNDP, la transformation du mouvement en parti politique et le maintien des anciens rebelles dans leur fief du Kivu, mais officieusement, le M23 protège son chef Bosco NTAGANDA contre une extradition vers la CPI54(*)...

- Le 06 Juillet 2012, les rebelles du M23 s'emparent de BUNAGANA, une importante ville frontalière avec l'Ouganda et poumon économique de la région. L'armée congolaise, inefficace, peu ou pas payée, mal équipée et commandée, oppose une maigre résistance. Les rebelles avancent vers la capitale provinciale Goma, qui a déjà failli tomber entre les mains de L. Nkunda en 2008.

- Le 08 juillet 2012, le M23 continue son offensive et prend les localités de Rutshuru et Rumangabo et le 20 Novembre 2012, après plusieurs jours d'offensive, les rebelles font tomber Goma, capitale du Nord Kivu, la chute de Goma devient ainsi un symbole, mais surtout une véritable humiliation pour l'armée congolaise et les Nations-Unies censées la protéger.

- Le 24 Novembre 2012, la CIRGL intervient comme la première organisation Africaine et cadre régional de résolution de tous les problèmes sous-régionaux. Lors d'un sommet à Kampala, en Ouganda, la CIRGL demanda au M23 de se retirer de Goma en échange de l'ouverture de négociation avec le gouvernement congolais55(*). Une déclaration qui produira certes des fruits, les rebelles se replient au Nord de la ville après dix jours d'occupation.

Par cette déclaration de la CIRGL, la pression internationale s'accentue à cet effet sur le M23, et surtout le Rwanda soupçonné d'aider les rebelles, des allégations toujours niées par le Rwanda. Un rapport de l'ONU a indiqué que les rebelles avaient reçu, à plusieurs fois le soutien de ce pays alors qu'il fait partie, à la surprise générale, de la CIRGL56(*).

Du côté de la RDC, alors que le pays croupi devant une rébellion avec des visions sécessionnistes clairement affichées ; le président congolais Joseph Kabila, lors de son discours sur l'Etat de la nation souligne ce qui suit : « c'est depuis Mars 2012 que des éléments à la solde des intérêts étrangers ont entrepris de semer le trouble et la désolation dans la province du Nord Kivu. A l'origine, ce fut une mutinerie, justifiée par des allégations de non-application par le gouvernement de la RDC de l'accord de paix du 23 Mars 2009 conclu entre le gouvernement et une trentaine de groupes armés. Aujourd'hui l'accord n'est contesté que par un seul d'entre eux ; cette mutinerie s'est ensuite muée en une rébellion, aux motivations fluctuantes et élastiques, variant en fonction des alliances et des circonstances. La stratégie mise en place est simple : susciter des foyers de tension, provoquer l'insécurité à plusieurs endroits de la république, décourager les investissements et empêcher la mise en oeuvre du programme de reconstruction nationale. Bref, créer le chaos et justifier la balkanisation de notre pays. Pour mettre fin à cette nouvelle guerre que nous n'avons ni directement, ni indirectement provoquée, nous nous sommes, dès le début déployés sur trois fronts : diplomatique, politique et militaire57(*) ».

Après un premier échec de l'armée congolaise ayant cédé la ville de Goma, la voie diplomatique et politique revêtent une grande pertinence. Sur le plan diplomatique, poursuit Joseph Kabila, « la guerre au Nord Kivu et la situation humanitaire qu'elle a engendrée ont justifiée, notamment la convocation en sept mois de cinq sommets extraordinaires de la CIRGL... ».Le 09 Décembre 2012, les pourparlers de paix débutent à Kampala entre le gouvernement congolais et le M23 sous l'égide de la CIRGL, mais rapidement, les discussions s'enlisent et butent sur la légitimité des délégations.

Le président Kabila poursuit : « grâce à cette offensive diplomatique, les Etats de la CIRGL ont officiellement et unanimement identifié toutes les forces négatives qui y sévissent. Vu la dégradation de la situation et l'érosion conséquente de la confiance entre notre pays et le Rwanda, reconnait Joseph Kabila, l'intervention d'une force internationale neutre a été décidée par la CIRGL avec, pour mission, la surveillance de la frontière entre notre pays, le Rwanda et l'Ouganda d'une part, et d'autre part l'éradication des forces négatives. Sur le plan politique, poursuit-il, poursuivant la quête d'une solution à ce conflit armé, le gouvernement a accepté de rencontrer, sous l'égide de la CIRGL, ceux qui ont agressé la RDC afin de vider le prétexte de la déstabilisation »58(*).

Cependant, une délégation officielle représentative de toutes les institutions politiques de la RDC et de la société civile, a été dépêchée à Kampala pour des échanges amorcés sous l'égide de la CIRGL. Reconnaissant ainsi l'implication de l'Ouganda et le Rwanda dans la pérennisation de ce conflit, soutenu par plusieurs rapports de l'ONU, un accord est signé par onze Etats membres de la CIRGL le 24 février 2013 pour la pacification de l'Est de la RDC. L'accord prévoit notamment la non-ingérence des Etats voisins (Rwanda, Ouganda et le Burundi), l'envoie d'une force internationale pour neutraliser les groupes armés et la nécessité de faire des reformes pour le gouvernement congolais59(*). Cet accord constitue ainsi un tournant majeur dans la crise du Kivu.

Ainsi, le 21 Octobre 2013, les négociations de paix de Kampala sont suspendues. Le gouvernement congolais, fort de ses avancées militaires avec le soutien de la force internationale neutre issu de l'accord d'Addis-Abeba, recommandée par la CIRGL et soutenue par l'ONU, refuse d'accorder l'amnistie aux principaux chefs rebelles. L'offensive de l'armée congolaise et ses alliées s'intensifie.Le 30 Octobre 2013, victoire armée pour les forces gouvernementales. Les FARDC s'emparent de Bunagana, le quartier général du M23, à la frontière Ougandaise. Tous les fiefs de M23 ainsi récupérés, le M23 annonce le 5 Novembre 2013 la fin de son mouvement, 18 mois après avoir tenu tête face aux FARDC60(*).

b) Contribution de la CIRGL

Dans ce conflit, la CIRGL s'était mobilisée en quête d'une solution. Il y a eu la tenue de sept sommets extraordinaires des chefs d'Etat de la CIRGL à Kampala dits Kampala 1 jusqu'à Kampala 7 avec plusieurs résolutions qui ont permis à résoudre ce conflit.

C'est à l'issue de ces sommets respectifs que la CIRGL proposa l'idée du déploiement d'une force internationale neutre pour désarmer les groupes et milices armés encore actifs dans l'Est de la RDC. C'est d'ailleurs sous la pression des chefs d'Etat de la CIRGL que le M23 avait été sommé de quitter la ville de Goma qu'il avait conquise. Cette idée de la force internationale neutre émanant de la CIRGL fut récupérée plus tard par le conseil de sécurité des nations unies qui créa, à travers la résolution 2098, la brigade d'intervention de l'ONU incorporée à la Monusco avec un mandat offensif61(*). L'appui de cette brigade aux FARDC a permis à ces dernières de démanteler militairement le M23, la CIRGL a continué à piloter les négociations entre ce mouvement rebelle et le gouvernement congolais. Ces négociations furent clôturées par la déclaration de Nairobi en Décembre 2013 qui a mis définitivement fin aux pourparlers entre le gouvernement et le M23.

Pour ainsi dire que la CIRGL a été au four et moulin pour résoudre la crise sécuritaire de M23. Bien que nouvelle, Elle a le mérite d'avoir déclenché et guidé les négociations de Kampala du début jusqu'à la fin. Elle est devenue le cadre d'échange et de coopération pour la résolution pacifique des conflits régionaux. Inconnue il y a quelques années, la crise du M23 a permis à la CIRGL de devenir, comme la CEDEAO en Afrique de l'ouest, une organisation sous-régionale de référence traitant les questions de sécurité collective62(*).

En dépit d'éradication de la rébellion grâce entre autre aux efforts de la CIRGL, l'insécurité persiste toujours à l'Est de la RDC, caractérisée notamment par la prolifération des groupes et milices armés dans cette partie de la RDC.

* 53 Christophe Rigaud, M23 : Chronologie d'une rébellion, in www.Afrikarabia.com, [en ligne], consulté le 08 octobre 2020, 21h20.

* 54 Christophe Rigaud. art. cit. in www.Afrikarabia.com[en ligne], consulté le 08 octobre 2020, 21h20.

* 55 Communiqué conjoint des présidents Museveni, Kagame et Kabila à l'issue du sommet de Kampala, du 20 au 21 Novembre 2012.

* 56 BBC News, Rwanda supporting DRC mutineers, [en ligne], consulté le 29 Septembre 2020.

* 57 Joseph Kabila, Discours sur l'Etat de la nation, le 15 Décembre 2012.pp. 4-8.

* 58Joseph Kabila, Discours sur l'Etat de la nation. p. 9.

* 59 Accord d'Addis-Abeba entre les onze Etats de la CIRGL sous l'égide de la CIRGL et la SADC, Addis-Abeba, le 24 Février 2013.

* 60 Christophe RIGAUD., « RDC : un nouveau scénario s'écrit au Kivu », sur www.Afrikarabia.com[en ligne], 6 Novembre 2013, consulté le 20 Octobre 2020.

* 61 Monusco, résolution 2098, Res CSNU, Doc.Off. CSNU, 4104e session, Doc.NU/RES/1291/2012.

* 62 A. KILOMBA, art. cit. pp. 204-218.

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