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Les personnages burlesques dans les productions Pixar

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par Laurent Baudry
Université Paris 1 - Master 1 2010
  

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CHAPITRE III : LE CORPS DANS L'ESPACE

Sujets à toutes sortes de brutalités physiques, les personnages des productions Pixar sont le lieu de l'action autant que le monde dans lequel ils évoluent. Mais comment se situent-ils dans ce décor qui les entoure ? La liberté de mouvement qui les caractérise imprime souvent à l'image la marque de leur passage. En cela, le plan d'ensemble est un moyen d'inscrire ces corps agités dans un cadre précis, même s'ils s'échappent parfois du champ, pour exister en dehors des limites imposées.

III.1/ Laisser sa trace

Bien que subissant les foudres d'un monde cruel, tous ces corps semblent, à terme, ne pas en garder trace. Ce rapport aux coups, aux marques, n'est pas réciproque, puisque le monde qui les accueille est sans cesse transformé par l'action de ces personnages. Cette manie de marquer le territoire du sceau de son incompétence, de sa maladresse ou de son inconscience, est un trait fondamental de l'existence du héros burlesque. Laurel et Hardy, par exemple, sont passés maîtres dans l'art de la destruction progressive, quant à Monsieur Hulot, il déclenche un feu d'artifice imprévu (Les Vacances de Monsieur Hulot, Jacques Tati, 1953), ou laisse involontairement des traces de pas sur le sol, puis sur le bureau d'une secrétaire (Mon Oncle, Jacques Tati,1958). Quoiqu'il en soit, le décor sort rarement indemne du passage d'un personnage burlesque. Et lorsque celui-ci est animé, le risque de ne pas rendre les choses dans leur état d'origine est encore plus grand.1

Pendant que les humains attendent patiemment à bord d'un immense vaisseau spatial (L'Axiom), Wall-e, dont le rôle est de nettoyer la terre de ses déchets, , tombe amoureux de Eve, un robot en quête d'une forme de vie. Alors que Eve montre sa puissance en tournant sur elle-même à une vitesse folle, Wall-e se rapproche un peu trop et reçoit un coup qui le projette contre la paroi métallique de son abri. Un peu étourdi, il se laisse tomber, dévoilant l'empreinte de son corps sur le mur.2 Mais Wall-e ne se limite pas à

1 Félix le Chat est l'exemple le plus flagrant de la transformation du monde selon la volonté du héros.

2 Dans Toy Story 2, Buzz l'éclair laisse une marque identique contre un jeu prévu à cette effet (annexe 23).

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ce genre de maladresse, car à bord de L'Axiom, sa fonction de compresseur de déchets attire l'attention de M-O, un robot chargé du nettoyage d'un vaisseau déjà aseptisé. Dès que Wall-e avance, ses chenilles laissent la preuve de sa saleté. L'impudence de cet être impur est aussitôt effacé par le robot obsédé par sa mission. Wall-e, comme pour vérifier ce qu'on lui reproche, se permet d'avancer délicatement un pied pour le poser sur le sol, tout juste nettoyé par M-O. Ce geste, outre l'impertinence qu'il sous-tend, n'est qu'une manière d'appréhender ce nouveau monde en en testant les limites. Mais l'importance de cette mission de nettoyage systématique n'est pas assimilée par Wall-e qui poursuit son chemin, suivi à la trace par M-O. Ce motif de l'empreinte laissée comme une piste derrière son auteur est d'ailleurs repris par un robot-peintre déréglé, un peu plus tard dans le film.

Bob Parr, dans The Incredibles, modifie également le décor par une force surhumaine qu'il a du mal à contrôler. Et quand son odieux patron dépasse les bornes, Bob le saisit par le cou et lui fait traverser plusieurs murs, abolissant les barrières entre les espaces impersonnels de la compagnie d'assurance pour laquelle il travaille (annexe 24). Plus tard, en sortant de sa voiture, ce même personnage manque de tomber à cause d'un skateboard abandonné près de la portière. En se rattrapant au toit du véhicule, Bob se crispe et déforme la carrosserie. Cette tendance à adapter le monde par la destruction, le remodelage, est commune à Playtime (Jacques Tati, 1967), où il est « nécessaire de modifier l'espace pour se l'approprier, de le re-découper à la mesure de l'homme »1

Le décor serait-il insuffisant pour laisser s'exprimer le personnage burlesque, au point que celui-ci s'emploierait à le modifier ? Rien n'est moins sûr. Mais ce qui semble ce dégager de cette fâcheuse tendance à l'altération de l'objet ou de la surface, c'est le désir de s'affranchir des contraintes physiques susceptibles d'enfermer le corps dans une routine du mouvement à laquelle il se refuse.

1 Stéphane GOUDET, Like Home (2004), documentaire d'analyse de Playtime.

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